Etude chimique et toxicologique des extraits toxiques de feuilles de Pittosporum senacia (PITTOSPORACEAE)

On appelle poison, toute substance toxique qui, après son administration dans un organisme vivant, entraîne des effets néfastes, voire mortels pour ce dernier.

L’histoire de l’humanité est marquée par l’usage des poisons. En effet, malgré les dangers provoqués par ces poisons, l’homme a toujours su tirer profit des propriétés toxiques de certains végétaux et animaux. Ainsi, il utilise :
● des extraits des plantes vénéneuses, comme par exemple «Famamo » (Crotalaria coursii) ; « Famamobe » (Cadia rubra Viguier) (RASOANAIVO et coll, 1993) pour préparer des poisons de pêche.
● d’autres plantes, pour lutter contre les animaux nuisibles : les extraits de bulbes de « Tongolomboalavo » (Dipcadi cowanii) sont utilisés contre les rats (BOITEAU, 1986) ;
● certains animaux venimeux, pour traiter certaines maladies : le venin de crapaud est utilisé pour soigner les maladies du cœur et l’ascite (HABERMEHL, 1981) ;

La toxicologie (science des poisons) est devenue une science diversifiée, qui touche de nombreux secteurs d’activité : biochimie, pharmacologie, chimie, médecine, agriculture. Cette diversification témoigne de son essor. De nombreuses toxines ont été isolées de différents organismes animaux, végétaux, microbiens, et leur nature chimique ainsi que leurs propriétés biologiques sont connues. Certaines d’entre elles ont été utilisées à des fins thérapeutiques et pour élucider des voies métaboliques et des phénomènes biologiques.

On peut citer à titre d’illustration :
➥ La toxine botulinique, isolée de Clostridium botulinum, une protéine qui bloque la contraction musculaire en inhibant la formation de sympathine qui est nécessaire à la synthèse de l’acétylcholine (OTENG-GYANG, 1984). Cet effet de la toxine a été mis à profit dans le traitement des troubles dûs à une hyperactivité musculaire.
➥ La toxine cholérique, isolée du bacille Vibrio cholerae (BENNET et CUATRECASAS, 1971), un activateur universel de l’adénylate cyclase. Elle constitue un outil important pour éclaircir les différents effets biologiques de l’AMPC ainsi que les mécanismes de régulation de l’adénylate cyclase.
➥ La roténone (isoflavonoïde), isolée de plusieurs Papilionacées, a contribué à la compréhension de la structure et du fonctionnement de la chaîne respiratoire (MORELAND, 1980).
➥ La toxine tétanique, protéine isolée de la bactérie Clostridium tetani, est un outil utilisé dans l’exploration du fonctionnement du système nerveux central (BIZZINI, 1977).
➥ La morphine, extraite de la plante Papaver somniferum, est utilisée comme analgésique. Elle constitue un outil biomédical important (BRUNETON, 1993) ;
➥ La cobrotoxine du serpent Naja naja, qui présente aussi une activité analgésique puissante comme celle de la morphine est utilisée dans le traitement de cancer au stade terminal (HABERMEHL, 1981 ; ROCHAT et coll ; 1976) ;

MATERIELS

La plante

Classification (Judd et coll., 1999) 

Règne : Végétal
Embranchement : Spermaphytes
Sous-embranchement : Angiospermes
Classe : Dicotylédones
Sous-classe Euasterides II
Ordre : Apiales
Famille : Pittosporaceae
Genre : Pittosporum
Espèce : Senacia
Noms vernaculaires : Maimbovitsika, Ambovisika .

Description botanique

La description botanique détaillée de la plante Pittosporum senacia (figure 1 p.6) est donnée en annexe 1.

Distribution géographique 

Pittosporum senacia a une large distribution géographique à Madagascar, figure 2 (p.7) et annexe 2. Cette plante pousse dans la forêt ombrophile, littorale, sur les pentes rocheuses et les alluvions, sur les terrains à calcaire et à granite de la côte, depuis le niveau de la mer jusqu’à 300 m d’altitude, mais rarement jusqu’à 1200 m d’altitude (dans le bassin supérieur du Sambirano) .

Date et lieu de récolte

La plante a été récoltée dans la région d’Andasibe (25 km de Moramanga) au mois de janvier 2005, période où la plante est au stade végétatif.

Préparation et conservation du matériel végétal

Les feuilles fraîches et l’écorce de tige sont séchées au soleil pendant une semaine. Elles sont ensuite broyées à l’aide d’un mixer PHILIPS (Cucina HR 1731/6). La poudre fine ainsi obtenue est conservée dans des bocaux à la température ambiante. Elle constitue notre matériel de départ.

Les produits chimiques

La plupart des produits chimiques utilisés sont de qualité pour analyse et de marque MERCK, PROLABO ou BDH. Le support utilisé pour la chromatographie sur couche mince est le gel de silice 60F254 de marque MERCK. Ce gel est étalé sur des feuilles plastiques, qui peuvent être découpées aux dimensions voulues.

METHODES

Méthodes d’extraction des principes toxiques

Extraction à froid

La poudre végétale est délayée dans le solvant d’extraction (eau distillée ou éthanol 75 %) suivant le rapport 1/10 (P/V), (1g de poudre dans 10 ml de solvant). Le mélange, soumis à une agitation magnétique durant 3 h à la température ambiante, est macéré à + 4°C pendant une nuit, puis le macérat est filtré sur quatre épaisseurs de gaze, après avoir été agité de nouveau pendant 1 h. Le filtrat obtenu est centrifugé à 16 000 x g pendant 20 min. Le culot est éliminé, alors que le volume du surnageant est réduit selon le rapport 1/1 (1 ml pour 1 g de matériel de départ) par évaporation du solvant d’extraction au moyen d’un évaporateur rotatif . La solution obtenue constitue l’extrait brut.

Extraction à chaud

La poudre végétale est mise en suspension dans le solvant d’extraction (eau distillée ou éthanol 75%) selon le rapport 1/10 (P/V). Le mélange est chauffé à reflux pendant au moins 2 h sur une plaque chauffante, sous agitation magnétique et à la température d’ébullition du solvant d’extraction. Après refroidissement, on le laisse macérer pendant une nuit à + 4°C. La suite de l’opération est identique à celle de l’extraction à froid.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
1. INTRODUCTION
2. MATERIELS ET METHODES
2.1. MATERIELS
2.1.1. La plante
2.1.1.1. Classification
2.1.1.2. Description botanique
2.1.1.3. Distribution géographique
2.1.1.4. Date et lieu de récolte
2.1.1.5. Préparation et conservation du matériel végétal
2.1.2. Les produits chimiques
2.2. METHODES
2.2.1. Méthodes d’extraction des principes toxiques
2.2.1.1 Extraction à froid
2.2.1.2. Extraction à chaud
2.2.2. Méthodes de purification
2.2.2.1. Précipitation par l’éthanol 50 %
2.2.2.1.1. Principe
2.2.2.1.2. Mode opératoire
2.2.2.2. Dialyse
2.2.2.2.1. Principe
2.2.2.2.2. Mode opératoire
-Préparation de la membrane de dialyse
-Mise en route de la dialyse
2.2.2.3. Précipitation par l’acétone
2.2.2.3.1. Principe
2.2.2.3.2. Mode opératoire
2.2.2.4. Filtration sur charbon actif
2.2.2.4.1. Principe
2.2.2.4.2. Mode opératoire
2.2.2.5. Précipitation par l’acétate neutre de plomb (ANP)
2.2 2.5.1. Principe
2.2 2.5.2. Mode opératoire
2.2.2.6. Fractionnement par le n-butanol
2.2.2.6.1. Principe
2.2.2.6.2. Mode opératoire
2.2.3. Méthode de concentration
2.2.4. Méthodes d’analyse
2.2.4.1. Chromatographie sur couche mince
2.2.4.1.1. Principe
2.2.4.1.2. Mode opératoire
-Dépôt de l’échantillon
-Développement de la plaqu
-Révélation de chromatogramme
2.2.4.2. Réactions de détection des familles chimiques
2.2.4.2.1. Les alcaloïdes
2.2.4.2.1.1. Test de MAYER
2.2.4.2.1.2. Test de WAGNER
2.2.4.2.1.3. Test de DRAGENDORFF
2.2.4.2.2. Les flavonoïdes et les leucoanthocyanes
2.2.4.2.2.1. Les flavonoïdes : test de WILSTATER (test à la cyanidine)
2.2.4.2.2.2. Les leucoanthocyanes : (test de BATE-SMITH)
2.2.4.2.3. Les tanins et les polyphénols
2.2.4.2.3.1. Test à la gélatine
2.2.4.2.3.2. Test à la gélatine salée
2.2.4.2.3.3. Test au chlorure ferrique
2.2.4.2.4. Les Anthraquinones (test de BORNTRÄGER)
2.2.4.2.5. Les désoxyoses (test de KELLER-KILLIANI)
2.2.4.2.6. Les iridoïdes
2.2.4.2.7. Les steroïdes, les triterpènes et les stérols insaturés
2.2.4.2.7.1. Test de LIEBERMANN-BURCHARD
2.2.4.2.7.2. Test de SALKOWSKI
2.2.4.2.8. Les saponines
3. RESULTATS
3.1. EXTRACTION ET PURIFICATION
3.1.1. Extraction
3.1.1.1. Extraction à froid
3.1.1.1.1. Extraction aqueuse
3.1.1.1.2. Extraction éthanolique
3.2.2.2. Extraction à chaud
3.2.2.1.1. Extraction aqueuse
3.2.2.1.2. Extraction éthanolique
3.1.2. Purification
3.1.2.1. Méthodes retenues dans le procédé de purification
3.1.2.1.1. Précipitation par l’éthanol 50 %
3.1.2.1.2. Dialyse
3.1.2.1.3. Fractionnement par le n-butanol
3.1.2.2 Méthodes testées mais non retenues dans le procédé de purification
3.1.2.2.1. Précipitation par l’acétone
3.1.2.2.2. Filtration sur charbon actif
3.1.2.2.3. Précipitation par l’acétate neutre de plomb (ANP)
3.2 DEGRE D’HOMOGENEITE DES DIFFERENTS PRODUITS
3.3. RENDEMENT EN TOXINES
3.4. CARACTERISATION CHIMIQUE
3.4.1. Propriétés physico-chimiques
3.4.2. Nature chimique
DISCUSSION
CONCLUSION

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