Les différents aspects de l´impact social

Les différents aspects de l´impact social

C´est en ce sens que nous commencerons par expliquer ce qu´est l´impact social avant d´en définir ses principales caractéristiques et particularités. Nous tenterons également d´en préciser sa raison d´être

Impact social vs. Utilité social

L´impact social se confronte à différentes notions, auxquelles il faut les dissocier, telles que les besoins, la performance, la durabilité ou la rentabilité. Selon le groupe de travail du CSESS sur la mesure de l’impact social dans le Rapport présenté lors de la séance plénière du CSESS du 8 décembre 2011,

L’impact social consiste en l’ensemble des conséquences (évolutions, inflexions, changements, ruptures) des activités d’une organisation tant sur ses parties prenantes externes (bénéficiaires, usagers, clients) directes ou indirectes de son territoire et internes (salariés, bénévoles, volontaires), que sur la société en général.

Il permet en effet d´estimer la valeur sociale d´une entreprise ou d´un projet, intégrant ce que l´on appelle également l´utilité sociale, plus large, elle, composée  d’une dimension politique et sociétale, territoriale, sociale, écologique et économique dans une démarche d´évaluation.

Le « pourquoi » évaluer l´impact social

L´impact social sert à avoir une vision partagée, consolidée et pérenne d´un projet ou d´un programme social pour toutes les parties prenantes : l´agence d´ingénierie AVISE définit 12 facteurs qui expliquent l´intérêt d´évaluer l´impact social, entre l’amont, le pendant le l´aval des projets (AVISE, 2017).

EN AMONT
1. Déterminer ou affiner ses champs d´intervention
2. Sélectionner des actions à financer : caractériser l´utilité sociale des actions, arbitrer entre plusieurs actions
3. Contractualiser : se mettre d´accord sur l´utilité sociale, les objectifs et la manière de l´évaluer
4. Labelliser une structure au regard de son utilité sociale et le faire reconnaitre auprès de financeurs .

PENDANT
5. Instaurer une relation partenariale de proximité avec les dirigeants de la structure financée
6. Suivre et accompagner les actions financées dans une démarche d´amélioration continue
7. Promouvoir l´action soutenue
8. Piloter des politiques publiques sur son territoire .

EN AVAL
9. Connaître l´impact de son financement
10. Envisager une poursuite du financement
11. Rendre plus visible et plus lisible l´utilisation des financements
12. Préparer un changement d´échelle .

Thierry Sibieude considère qu’il y a 5 avantages dans l’évaluation de l’impact social, qui sont de 1/ prendre une décision stratégique (lancer une nouvelle activité, en cesser d’autres), 2/ améliorer les pratiques internes, 3/ mobiliser une équipe dans une démarche managériale, 4/ convaincre l’un des financeurs ou lui rendre compte et 5/communiquer vis-à-vis du grand public et des bénéficiaires (ESSEC, 2019).

Impact social vs. Performance et résultats

L´impact social mesure la valeur ajoutée d´une activité comparant la situation d’individus ayant bénéficiés d´un avantage par rapport à ceux n´en ayant pas bénéficiés ou s´ils n´en n´avaient pas bénéficiés eux-mêmes. Ceci distingue l´impact social de celui de résultats, qui ne représentent uniquement qu´un diagnostic des changements observés (sans comparaison) . La performance est déterminée par les indicateurs de réalisation comme la satisfaction ou la quantité de bénéficiaires d’un programme social; on ne parlera que de données qui ne donnent généralement pas d’information sur le processus de changement.

Ainsi, l´impact social se différencie de l´utilité sociale, du besoin, de la durabilité ou de la rentabilité, de la performance et des résultats par sa valeur sociale plus restrictive et ses conséquences portées sur les bénéficiaires eux-mêmes en comparant différentes situations. Dans le même contexte, nous pouvons dissocier l’évaluation de l´autoévaluation.

Evaluation vs. Auto-évaluation

En effet, si l´impact social se distingue entre autre par son côté comparatif, qu´en est-il de son évaluation ? Si l´impact social traite des bénéficiaires, comment le dissocier de l´autoévaluation ?

Evaluation
L´évaluation est « un processus visant à comprendre, mesurer ou valoriser les effets, négatifs ou positifs, générés par une organisation sur ses parties prenantes. On cherche ainsi à dépasser les actions et activités des structures pour se poser la question suivante : quelles sont leurs conséquences, et pour qui, en ne se limitant pas à la seule dimension économique ». L´évaluation de l´impact social cherche donc à mesurer les effets d´un projet sur une population y ayant participé comparativement à leur situation antérieure ou par rapport à une autre population n´y ayant pas participé.

Auto-évaluation
L’Auto-évaluation, elle, consiste en un diagnostic réalisé pour et par les participants eux-mêmes pour définir ses propres besoins, enjeux et problèmes. Cette approche vise à passer d’une dynamique de pouvoir à sens unique (dans laquelle l’information est extraite par un agent différent du bénéficiaire) à une dynamique de co-construction (bilatérale).

Bernholz, dans son ouvrage « Global innovations in measurement and evaluation » explique qu´il est important d´intégrer les participants comme créateurs, analystes et activistes pour eux-mêmes et pour remettre en cause le pouvoir de la traditionnelle dynamique de l´évaluation.

Ce qui dissocie donc l´impact social, mesure comparatrice de la valeur ajoutée d´une activité, de l´autoévaluation, diagnostic réalisé pour et par les participants euxmêmes est bien le fait que les bénéficiaires ne se présentent plus seulement comme des clients mais aussi comme les co-créateurs de leur projet. Dans les programmes de lutte contre la pauvreté, ceci revient à différencier qui on considère comme pauvre de qui se définit lui-même comme pauvre.

Table des matières

I. Des concepts à dissocier
I.1. Les différents aspects de l´impact social
I.1.A. Impact social vs. Utilité social
I.1.B. Le « pourquoi » évaluer l´impact social
I.1.C. Impact social vs. Performance et résultats
I.2. Evaluation vs. Auto-évaluation
I.2.A. Evaluation
I.2.B. Auto-évaluation
I.3. La pauvreté
I.3.A. la pauvreté
I.3.B. la pauvreté relative, absolue et misère
I.3.C. la pauvreté multidimensionnelle
II. Quelles sont les méthodologies existantes aujourd’hui leurs avantages et limites
II.1 Les différentes méthodologies
I.1 A Méthodologies non-expérimentales
II.1.B Méthodologies quasi-expérimentales
II.1.C Méthodologie Expérimentale
II.2 Méthode aléatoire
II.2.A Les principes de la méthode aléatoire
II.2.B SWOT de la méthode aléatoire
II.2.C Les nouvelles technologies et approches « User-centric »
II.3. Différents programmes d´évaluation multidimensionnelle
II.3.A Historique
II.3.B Programme « Poverty Spotlight »
II.3.C « Poverty Spotlight » vs. Randomisation
III. Etude de Cas
III.1. Programme de mobilité géographique
III.1.A. Problématique de la DIHAL
III.1.B. Solutions apportées
III.1.C. Critique méthodologique
III.2. Prototype de l´autoévaluation multidimensionnelle
III.2.A. Qu’est-ce-que la théorie du changement ?
III.2.B. Prototype d´autoévaluation multidimensionnelle adapté à la problématique de la DIHAL
III.2.C. SWOT du prototype
III.3. Proposition pratique de l´outil
III.3.A. Business Model Canvas
III.3.B. Présentation du prototype
III.3.C. Ouverture
Conclusion

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