Le projet Collèges « tout numérique » et ses spécificités

Le projet Collèges « tout numérique » et ses spécificités

Rappel des principales étapes du projet Collèges « tout numérique » Octobre 2010

vote d’un Plan Exceptionnel d’Investissement (PEI) par l’assemblée départementale de 703 millions d’euros dont 529 millions pour la construction ou la reconstruction de 20 collèges au total. Deux raisons principales motivent ce PEI : répondre à la poussée démographique (nécessité d’accueillir 7 000 collégiens supplémentaires entre 2010 et 2018) et rattraper le retard accumulé dans la modernisation du parc existant. Il s’agit aussi de rattraper le retard en matière d’équipements sportifs en construisant de nouveaux gymnases et de grandes salles de sports. Le Département entend « poser les bases d’une nouvelle architecture scolaire, à même de répondre aux besoins démographiques, aux enjeux éducatifs et aux exigences fonctionnelles du collège du 21e siècle » (Site Internet du département de Seine-Saint-Denis, 2014). L’exécutif du Conseil Général (devenu par la suite Conseil Départemental) s’oriente, non sans débats, vers la réalisation d’une partie du programme en partenariat public-privé (« collèges PPP »), seule solution pour faire face à l’afflux de collégiens. La décision est prise de construire 12 collèges PPP pour un investissement de 340 millions d’euros. Dans le PEI, le Conseil Général a inscrit 29 millions pour le développement du numérique, soit environ 6 à 7 millions par an, répartis à part égale entre le développement du haut débit (tous les collèges seront raccordés d’ici 2017), le câblage des établissements et l’acquisition du matériel. Mars 2012 : dans le cadre d’un marché public, 8 collèges sont attribués au groupe de construction Eiffage, 4 collèges et une passerelle d’accès au groupe de construction Fayat (découpage en 3 lots de 4 collèges de 110 millions chacun). Rentrée 2014 : ouverture officielle des 12 « collèges PPP ». Il convient d’emblée de distinguer deux types de collèges : ceux qui sont construits ex nihilo où les équipes sont entièrement nouvelles et ceux qui font l’objet d’une reconstruction sur le site ou à proximité de l’ancien collège, héritant d’une équipe et d’une organisation scolaire pré existantes. Cependant le fort turn-over des personnels dans le département de Seine-Saint-Denis reste une donnée importante à prendre en compte y compris dans les nouveaux collèges construits à neuf. Fig. 1 : Affiche pour l’ouverture du collège international de Noisy-le-Grand « La Seine-Saint-Denis à la reconquête de ses collèges » La répartition détaillée des 12 collèges est la suivante (cf fig. 2 pour la localisation géographique) : Le projet Collèges « tout numérique » et ses spécificités 7 – les 5 collèges construits à neuf : le collège Césaria Evora (Montreuil-sous-Bois), le collège Dora Maar (Saint-Denis) le collège Simone Veil (Aulnay-sous-Bois) le collège international (Noisy-le-Grand), le collège Jacqueline de Romilly (Blanc Mesnil) – les 7 collèges reconstruits : le collège Barbara (Stains) le collège Jean Moulin (Aubervilliers) le collège Pierre Curie (Bondy) le collège Anatole France (Les Pavillons-sous- Bois) le collège Louise Michel (Clichy-sous-Bois) le collège Jean-Baptiste Corot (Le Raincy) le collège Jean Jaurès (Villepinte) Fig. 2 : Carte de localisation des 12 collèges « tout numérique » de Seine-Saint-Denis Collèges nouveaux Collèges reconstruits Les délais souvent très serrés (environ 18 mois) entre le début des travaux et la livraison effective des bâtiments entraînent quelques difficultés dans la prise de possession des lieux. 8 L’inachèvement de certains travaux de finition est source de problèmes pour les équipes chargées de mettre en place l’organisation administrative et pédagogique de l’établissement. Les 5 collèges entièrement nouveaux n’ont aucune expérience antérieure, c’est le cas du collège international : feront-ils le pari du zéro papier ? Septembre 2014 : le chef de l’Etat François Hollande annonce « un grand plan numérique pour l’école » lors de sa visite de rentrée au tout nouveau collège Louise-Michel de Clichy-sousBois: « Je l’annonce ici, il va y avoir un grand plan numérique pour l’école de la République. Bien sûr que nous aurons besoin des collectivités locales pour accompagner ce processus. C’est déjà fait. Mais l’État y mettra aussi tous ses moyens pour former les enseignants, pour assurer partout l’arrivée du très haut débit et pour aussi que les éditeurs de livres puissent également mettre les contenus sous forme numérique de manière à ce que chacun puisse y accéder » (Hollande, 2014). Le collège Barbara de Stains et le collège international de Noisy-le-Grand rejoignent le dispositif national des collèges connectés (« collèges Cocon ») dans lequel se trouve depuis 2013 le collège Jean Lurçat de Saint-Denis. Début 2015 : mise en place d’un second plan Ambition Collège baptisé « Collèges 2015- 2020 ». Il s’agit de construire 7 nouveaux établissements et d’engager la rénovation lourde de 90 établissements. Comme le note le Président du Conseil général Stéphane Troussel, le but est d’éviter d’avoir 20 collèges vitrines et 80 autres établissements dans un état correct mais sans plus : « Nous avons engagé dès 2010 un Plan Exceptionnel d’Investissement (PEI) pour construire ou remettre à niveau 20 collèges et redonner confiance en l’École de la République. Le virage numérique s’est imposé comme une obligation, au risque de voir émerger une nouvelle fracture. Au moment de construire ces établissements du troisième millénaire, nous souhaitions montrer qu’il fallait oser le pari du numérique. Nous voulions déclencher ce que nous avons appelé un « choc éducatif » (Communiqué de presse Econocom, 2 septembre 2014). Et Pascal Ribaud, Directeur de l’Education et de la Jeunesse au département, de préciser les implications de ce projet : « Nous avons donc réalisé une refondation totale de nos bâtiments qui place l’outil numérique au centre du dispositif, ce qui implique une accessibilité permanente et des espaces repensés d’un point de vue pédagogique, avec des salles de classe permettant aux élèves de travailler aussi bien en rang qu’en groupe […] Ainsi, à plus longue échéance, nous envisageons d’étendre cette démarche aux 113 autres établissements de la Seine-Saint-Denis. Nous capitaliserons sur les enseignements acquis du projet actuel. »

Vers une nouvelle « architecture éducative »

Ces nouveaux collèges mettent l’accent sur trois dimensions importantes et complémentaires, susceptibles de renouveler l’organisation scolaire : le développement durable, l’ouverture sur l’extérieur, le pari du numérique. Le développement durable Les douze collèges visent une performance énergétique. Ils sont à énergie zéro, utilisent la géothermie en lien avec l’énergie solaire ou la biomasse, ou sont raccordés à un réseau de chaleur. Le Conseil général a souhaité que les nouveaux bâtiments servent de supports pédagogiques pour des actions d’éducation au développement durable en faisant appel à deux associations (Ecophylle et Les Petits débrouillards) qui œuvrent dans ce domaine. En amont, lors de la construction des bâtiments (découverte des métiers et construction durable) et pendant 8 ans au moins, celles-ci soutiendront des actions pédagogiques en concertation avec les enseignants (mares et jardins pédagogiques, guide d’usage des bâtiments…). Les jardins et mares pédagogiques constituent un pôle « nature » inclus dans le pôle « collège ouvert ». Le projet affiche un double souci de durabilité et d’insertion urbaine des collèges (construction par exemple d’une passerelle pour franchir le canal de l’Ourcq et assurer l’accès piéton au collège Anatole France aux Pavillons sous Bois). 9 L’ouverture sur l’extérieur L’ouverture sur la ville constitue une orientation forte. Des espaces mutualisés (salles polyvalentes, salles d’expositions…) sont conçus dans l’enceinte de ces établissements afin de mettre ces locaux à disposition des habitants hors temps scolaire, par convention avec la ville. Cette nouvelle architecture éducative permet le fonctionnement d’un Pôle « collège ouvert » pour les parents et les associations. Les Centres de Documentation et d’Information (CDI) sont conçus également comme des lieux ouverts et visibles de la ville. Ils sont identifiés par une excroissance du bâtiment, une teinte ou un matériau différents. Leur salle de lecture s’accompagne de cinq cellules de travail isolées par des cloisons vitrées. Des cloisons séparatives légères permettent de ré-agencer les espaces selon les besoins pédagogiques. Le principe de modularité des espaces est essentiel pour répondre dans le temps à l’évolution des pratiques. L’ouverture de ces nouveaux collèges est relative : la création d’un système de double parvis à l’entrée de chaque établissement est destinée à assurer la sécurité des établissements par rapport à l’environnement extérieur. Un premier parvis extérieur forme un lieu d’attente sécurisé pour les élèves devant les portes du collège, un deuxième parvis intérieur est conçu comme une zone tampon entre l’espace public et l’entrée du bâtiment. Le pari du numérique Le Conseil général a misé sur un équipement massif en déployant plus de 8 000 ordinateurs fixes ou portables, 2 600 tablettes, 250 chariots mobiles avec réseau Wi‐Fi, 365 vidéo projecteurs interactifs (VPI), 12 imprimantes 3D, 24 écrans dynamiques d’affichage d’information. Le déploiement et la maintenance des matériels sont au cœur du sujet et ont nécessité un important effort financier : 22 millions d’euros de loyers par an ont été affectés par le Conseil général sur 20 ans afin d’assurer le financement, la maintenance, l’exploitation et le gros entretien équipement, à l’exclusion de l’entretien courant de niveau 1 réalisé directement par le Conseil général. Les 12 collèges représentent seulement 10% du nombre des collèges de Seine-Saint-Denis, « le vrai sujet c’est la maintenance globale du parc des 113 collèges qui nécessitera des contrats de maintenance globale sur un parc hétérogène » comme le souligne Pascal Ribaud. Pour déployer et maintenir ce parc informatique, le Conseil général de la Seine-Saint-Denis a été obligé d’adopter une solution de gestion « industrielle ». Dans le cadre d’un appel d’offres, la collectivité territoriale a confié à la société Econocom la prestation globale qui couvre la fourniture des équipements numériques ainsi que les services d’intégration, de déploiement, de maintenance et de support de proximité associés. Le volet numérique n’est cependant qu’un des volets du plan éducatif du Conseil Général. La SeineSaint-Denis est l’un des départements les plus jeunes de France (29% de la population a moins de 20 ans), mais aussi l’un de ceux ayant le revenu par habitant le plus faible, celui où les retards scolaires en 6e sont les plus forts, avec le plus grand nombre de familles monoparentales et de familles allophones (48%), et celui où il y a le plus de personnes travaillant hors du département et qui subissent les transports. 27% des jeunes sortent du système scolaire sans diplôme. Ce plan numérique s’inscrit donc dans un Plan éducation jeunesse au service de la réussite scolaire. Ces trois dimensions (développement durable, ouverture sur l’extérieur, pari sur le numérique) sont destinées à créer un nouvel élan, une nouvelle dynamique, une forme de challenge pour toute la communauté éducative. Libérés du poids des héritages et des inerties, ces nouveaux collèges sont potentiellement porteurs de changements tant dans les pratiques pédagogiques (classe numérique, classe inversée, classe sans notes…) que dans la construction d’une communauté éducative (ENT, pôle collège ouvert…) ou l’organisation des espaces (dans les priorités données aux configurations spatiales et matérielles).

 Un parc informatique homogène maintenu par un système d’infogérance

Ces nouveaux collèges sont dotés d’un parc informatique homogène : chaque collège est équipé en moyenne de 400 ordinateurs en réseau et de 200 tablettes reliées par réseau Wi-fi, ce qui 10 représente 600 postes informatiques pour une moyenne de 600 élèves par collège (soit un poste par élève en moyenne). Suite à une expérience malheureuse en 2008 de distribution individuelle d’ordinateurs, le Département a choisi de ne pas équiper les familles qui ne faisaient pas toujours valoir leur droit à tirage. Les tablettes numériques restent donc en permanence dans l’établissement et sont mises à disposition sur des chariots mobiles (un chariot pour plusieurs salles de classes). En Sciences de la Vie et de la Terre et en Sciences physiques, le choix s’est porté sur la mise à disposition d’ordinateurs portables moins encombrants mais nécessitant d’être déployés sur les paillasses à chaque séance. Tous les ordinateurs ont été acquis pour une période de 4 ans. La maintenance informatique a été confiée pour une année à la société Econocom qui a été choisie comme interlocuteur unique pour le maintien en conditions opérationnelles de l’ensemble du dispositif. Ce dispositif technologique est soutenu par un système d’infogérance déployé et hébergé par la société Econocom au sein de son datacenter de Noisy‐le‐Grand. La société Novatice fournit la solution réseau (Edutice) pour la gestion du parc. Cette infrastructure en mode externalisé permet de contrôler et de gérer à distance les ordinateurs et les tablettes. Il s’agit d’automatiser la maintenance du parc informatique par des mises à jour régulières des disques durs à partir d’un master (pack de logiciels et de ressources installé sur toutes les machines à partir d’un serveur distant). Cette solution de gestion MDM (Mobile Device Management) permet de gérer à distance une flotte mobile de postes fonctionnant sur différentes plateformes (Windows et Linux) et d’assurer les mises à jour logicielles, les sauvegardes et les restaurations. La gestion des tablettes est ainsi fusionnée avec la gestion des ordinateurs. La mise à jour des machines se fait au sein d’un dispositif global : les enseignants doivent faire remonter leurs demandes pour l’installation de nouveaux logiciels qui sont installés seulement lors des mises à jour. Pour autant cette architecture numérique ne constitue pas une solution entièrement à distance (cloud computing) : chaque utilisateur dispose en local d’un poste semi-léger, ce qui lui permet de travailler en mode déconnecté. Dans 11 collèges, le réseau haut débit (50 Mbits/seconde) est directement accessible, le Conseil général ayant fait le choix d’installer son propre réseau haut débit. Pour le collège non relié au réseau haut débit, un abonnement spécifique a été souscrit auprès d’un opérateur pour assurer les connexions en entrée et en sortie de l’établissement. La solution la plus commode pour protéger les utilisateurs de l’influence des ondes a consisté à faire installer un réseau Wi-fi sur horloge, ouvert uniquement lors de son utilisation et fermé le reste du temps. Chaque salle de classe est équipée de 14 ordinateurs (soit un ordinateur pour deux en moyenne pour des classes de 28 élèves) disposés en fond de classe auquel s’ajoute un poste enseignant (disposé sur un bureau à l’avant de la classe en position latérale pour ne pas gêner la vidéo-projection). Le CDI et les salles de permanence sont équipés d’un nombre d’ordinateurs variable selon les établissements (de 10 à 12 postes en moyenne au CDI, de 3 à 6 postes en moyenne en salle de permanence). Les salles de SEGPA de la taille d’une demi-classe sont équipées de 8 ordinateurs, soit un pour deux élèves. 16 ordinateurs portables ont également été déployés, utilisés alternativement par les élèves de la 6e à la 3 e . L’internat est équipé également d’ordinateurs dans une salle plus petite qu’une salle de classe. Les salles d’arts plastiques sont généralement équipées de 5 ordinateurs Macintosh (assez peu utilisés pour l’instant).

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