Etude de la potentialite grainiere de quinze (15) especes a ambatovy en vue de la restauration ecologique de l’empreinte miniere

La dégradation des écosystèmes forestiers, représente une des plus importantes causes de la réduction de la biodiversité dans le monde. De 1990 à 2000, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a évalué la perte forestière mondiale nette à 9,4 millions d’hectare par an (FAO, 2007 in RABEVAZAHA, 2008). Pour le cas de Madagascar, reconnu comme l’un des hotspots mondiaux (80 % d’endémisme pour la faune, 90 % d’endémisme pour la flore), l’un des facteurs qui menacent la biodiversité et la fragmentation des forêts est la déforestation, avec un taux moyen de l’ordre de 0,53% par an entre 2000 et 2005 (CONSERVATION INTERNATIONAL, 2011) ; 0,40 % entre 2005 et 2010, soit plus de 180 000 ha de forêts perdues et 36 000 ha de perte annuelle (CONSERVATION INTERNATIONAL, 2013).

De nombreuses raisons sont à l’origine de cette déforestation, entre autres, la culture sur-brûlis, l’exploitation forestière et l’exploitation minière. Selon, CARRIERE & al (2007), les activités humaines sont multiples et complexes dans les forêts, allant de l’exploitation industrielle, de grande envergure, des bois ou minéraux précieux, à la simple exploitation familiale par les paysans, des produits forestiers ligneux et non ligneux à proximité de leur habitat. Durant les dernières décennies, l’exploitation minière a été mentionnée comme l’un des principaux facteurs qui pourraient porter atteinte à la biodiversité. (CONSERVATION INTERNATIONAL, 2011). Autrement dit, elle a une importance particulière dans le développement économique par le biais de la valorisation des ressources naturelles notamment pour les pays pauvres comme Madagascar, mais présente un grand inconvénient sur le défrichement de très vastes superficies.

Devant la dégradation et la raréfaction des milieux naturels, et le constat qu’une protection passive ne suffisait pas, des initiatives de restauration écologique se sont multipliées ces dernières années aux quatre coins du globe (JULIEN, 2005). De ce fait, l’adoption de principes et la mise en place d’un certain nombre d’actions visant à promouvoir l’aménagement, la restauration, la réhabilitation et la gestion durable des ressources forestières au niveau des paysages est fortement recommandée (UICN, 2009). D’où l’émergence du nouveau concept de restauration écologique ou restauration de paysage forestier (RPF) qui pourrait être défini comme étant : « Un processus visant à rétablir l’intégrité écologique et améliorer le bien-être des populations humaines dans les paysages forestiers déboisés ou dégradés » (OIBT, 2005). La forêt ainsi restaurée devrait permettre à la fois de satisfaire les besoins humains et de préserver la diversité écologique (WWF et LAFARGE, 2001 in RAVELOSON, 2004). Une des approches clés pour assurer la survie des espèces est leur conservation dans leur milieu (conservation in situ), ou la conservation des plantes hors de leur habitat naturel (conservation ex situ) (ENSCONET, 2009).

MILIEU D’ETUDE

Situation géographique et cadre institutionnel

Le site d’étude est localisé dans la partie Est de Madagascar entre les longitudes Est 580 000 et 610 000 UTM et les latitudes Sud 795 000 et 815 000 UTM . Il appartient aux subdivisions administratives suivantes : Région Alaotra Mangoro, District Moramanga, et entouré par trois communes : Ambohibary, Andasibe et Morarano Gare. Il est situé à environ 25 km au nord-nord-est du centre régional de Moramanga en bifurquant vers le Nord sur la RN 44 (RN reliant Moramanga – Ambatondrazaka).

La Mine d’Ambatovy est située au cœur de l’une des régions particulièrement riches en espèces tant floristiques que faunistiques, dans l’extrémité Sud de ce qui reste du corridor forestier de l’Est, situé entre les terres basses de l’Est et la forêt de Montagne (Entreprise HANITRINIALA, 2010 in MIARISOA, 2012). Située dans les parties septentrionale et orientale de l’aire de la mine, la zone de conservation, objet de cette étude comprend en grande partie des forêts (forêt zonale, fourré zonal, forêt azonale et forêt de transition) au sein desquelles, des zones d’utilisation contrôlée sont localisées. Quelques activités des populations y sont installées avant l’arrivée du projet. Cette zone occupe une superficie de 4 828,53 Ha.

Milieu biologique

L’aire de la mine est une vaste étendue couverte de divers types de végétation dont les composantes présentent une variabilité de taille selon le substrat qui les supporte. Avec des reliefs accidentés, des caractéristiques édaphiques allant du ferralitique à argileuse, les habitats sont très variés et présentent une richesse particulière en matière de ressource minière.

La couverture végétale de l’aire de la mine du Projet Ambatovy est constituée par deux grandes formations végétales alternées par une forêt de transition (AMBATOVY, 2012) :
• Formation de type azonale sur sol ferralitique, dominée par les végétations buissonnantes sclérophylles dont les principales familles sont : LAURACEAE, ERICACEAE, ASTERACEAE et SARCOLANENACEAE ;
• Formation de type zonale, caractérisée par des forêts denses humides de l’Est de moyenne altitude, sur des zones pédologiques argileuses où les espèces sont très variées avec des différentes strates, et dont les principales familles sont : LAURACEAE, MYRTACEAE, CUNNONIACEAE, CLUSIACEAE, EUPHORBIACEAE, MORACEAE, SARCOLENACEAE, FLACOURTIACEAE, RUBIACEAE, STERCULIACEAE, PANDANACEAE, CYATHEACEAE (GERP, 2008).
• Formation de transition entre les deux, sur les carapaces peu ferralitiques argilacées et dont les familles SARCOLENACEAE, ASTERACEAE, EUPHORBIACEAE, et RUBIACEAE prédominent.

Des zones de conservation ont été érigées pour assurer la représentativité et la sauvegarde de la forêt azonale. Ces zones servent avant tout à conserver les espèces prioritaires de la faune et de la flore. Elles constituent des lieux de refuge pour les animaux déplacés de l’empreinte minière. Les objectifs majeurs sont donc de (i) conserver l’intégrité et les caractères écologiques des zones délimitées, (ii) préserver les espèces de flore sensibles (SOCs) et les espèces animales et végétales menacées classées CR et EN selon IUCN ainsi que leurs habitats et (iii) assurer la pérennité de cette conservation à travers l’élaboration et l’opérationnalisation d’un plan d’aménagement adéquat. (AMBATOVY, 2012).

Climat

Le climat de la zone d’étude est de type tropical humide caractérisé par de fortes précipitations (WCS & MITSINJO, 2004). D’après CORNET (1974), cette zone appartient à l’étage subhumide marqué par des saisons sèches atténuées par les brouillards. Les températures relevées au camp d’exploration de 1997 à 2004 varient de 7,6°C à 31,1°C avec une température moyenne annuelle de 17°C, alors que les données obtenues à partir de la station météorologique du site de la mine, de janvier 2006 à décembre 2010, révèlent une variation de température de 13,2°C à 23,2°C avec une température moyenne annuelle de 18,2°C pour l’année 2009 (AMBATOVY, 2012). La précipitation moyenne annuelle pour le site d’Ambatovy est de 1703 mm de 1928 à 2002 (AMBATOVY, 2012). Selon les données de 1997 à 2004, les précipitations annuelles moyennes au site de la mine étaient d’environ 1400 mm, dont près de 70% survenant entre décembre et mars. Sur la période de 2006 à 2010, les précipitations annuelles ont varié entre 1360 et 2507 mm pour donner une moyenne annuelle de 1756 mm (AMBATOVY, 2012).

L’humidité relative annuelle moyenne au camp d’exploration était de 95%, les valeurs minimales se situant entre 30 et 40%. Les vents de l’Est et du Sud-est étaient prédominants, se produisant à 59% du temps en excluant les périodes calmes. La vitesse moyenne annuelle du vent était de 6 km/h avec des vitesses horaires maximum de 48 km/h et des vitesses de rafales de plus de 80 km/h. Il y avait aussi une fréquence élevée de conditions calmes (14,2%). (DYNATEC CORPORATION, 2006).

Table des matières

INTRODUCTION
I- MILIEU D’ETUDE
I-1 Situation géographique et cadre institutionnel
I-2 Milieu biologique
I-3 Climat
I-4 Relief et hydrographie
I-5 Géologie et sol
II- METHODES DE TRAVAIL
II-1 Contexte et Problématique
II-2 Objectifs
II-3 Hypothèses
II-4 Etat de connaissance
II-4-1 Restauration écologique : Définition et émergence du concept
II-4-2 Importance des graines sur la conservation des espèces forestières
II-5 Matériels et méthodes
II-5-1 Phase préparatoire
II-5-2 Phase de collecte de données
II-5-3 Phase de traitement et d’analyse de données
II-5-4 Cadre opératoire de la recherche
II-5-5 Démarche méthodologique
III- RESULTATS ET INTERPRETATIONS
III-1 Description quantitative et qualitative des espèces
III-1-1 Composition floristique
III-1-2 Structure horizontale de la zone de conservation
III-1-3 Répartition spatiale des espèces dans la zone de conservation
III-1-4 Structure totale de la forêt de conservation
III-1-5 Structure de la régénération naturelle des 15 espèces
III-2 Estimation de la potentialité en graine
III-2-1 Abondance d’arbres semenciers selon les classes de diamètre
III-2-2 Production moyenne de fruit selon les classes diamétriques
III-2-3 Production de graine par strate
III-2-4 Production de graine (Kg) dans la zone de conservation
III-3 Résultats des analyses comparatives
III-3-1 Production moyenne de graine pour chaque espèce
III-3-2 Production moyenne de graine au niveau des strates
III-3-3 Corrélation entre abondance de régénération et production de graine
III-3-4 Classification de la production grainière selon l’Analyse en Composantes Principales (ACP)
III-3-5 Classification des espèces suivant une classification ascendante hiérarchique (CAH)
III-3-6 Corrélation entre taille des graines et production grainière selon l’analyse à classification multiple (ACM)
IV- DISCUSSIONS ET RECOMMANDATIONS
IV-1 Discussions
IV-1-1 Sur la méthodologie
IV-1-2 Sur les résultats
IV-1-3 Sur les hypothèses
IV-2 Recommandations
IV-2-1 Récolte de graine
IV-2-2 Mesures d’accompagnement
CONCLUSIONS
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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