médiactns (ré)inscrire la visite à l’agenda des loisirs ordinaires

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Dans l’enquête menée en 2014 auprès des 18-25 ans, la majorité des visiteurs a connais- sance de la gratuité avant de venir au musée (65,6%). De même, ces jeunes bénéficiaires ont majoritairement déclaré que cette mesure a eu une incidence sur leur décision de se rendre au musée le jour de l’enquête (73,9%). Publics, quatre formes de réactivité à la gratuité se font jour dans l’enquête selon que les visiteurs ont ou non connaissance de cette mesure et selon son incidence sur leur décision de visite. La plus forte réactivité est celle dite de l’« hypermobilisation » par la gratuité (20,9% des répon- dants) : ces visiteurs ont connaissance de la mesure avant de venir et déclarent qu’elle a constitué la condition sine qua none de leur visite. À un degré moindre, les « incités » (35,7%), eux aussi informés de l’existence de cette mesure avant leur venue, estiment que la gratuité a été l’une des motivations à leur venue sans pour autant être la seule. Les visiteurs « déclenchés » (17,2%) sont, à l’inverse des deux premiers groupes, ceux qui ont appris l’existence de la gratuité en arrivant au musée et qui se sont laissés convaincre par elle à la visite. Enfin, 26,1% des visiteurs déclarent ne pas avoir été mobilisés à la visite par la gratuité : ils avaient décidé d’effectuer leur visite quoiqu’il en coûte. Les deux tiers de ces visiteurs « non-mobilisés » ont découvert la mesure de gratuité une fois arrivés au musée.

Dans cette enquête, moins d’un visiteur sur cinq n’a jamais visité en contexte de gratuité (toutes mesures confondues) ou seulement à une ou deux occasions avant le jour de l’enquête. La gratuité catégorielle est la mesure la plus utilisée pour visiter : 8 visiteurs sur dix en avaient déjà profité à plusieurs reprises auparavant. Ce point peut expliquer au demeurant que les visi- teurs aient été majoritairement informés de cette politique tarifaire avant leur visite. Les usages des gratuités événementielles (Journées européennes du patrimoine, Nuit européenne des musées, 1ers di- manches du mois) sont quant à eux moins répandus : 45,3% n’en ont profité qu’à une ou deux reprises pour visiter.

Par croisement, il apparaît que les habitués de la gratuité pour les moins de 26 ans le sont tout autant des gratuités événementielles : chez eux, 52,1% des visiteurs ont déjà saisi ce type d’occasions pour visiter. À l’inverse, les jeunes qui n’ont jamais visité lors d’un événement gratuit sont surreprésentés chez les visiteurs qui, le jour de l’enquête, bénéficient pour la première ou la seconde fois de la gratuité pour les moins de 26 ans. Les mesures de gratuité ne fonctionnent pas de façon isolée et les usages variés et réguliers qu’en font les visiteurs donnent à voir ce que J. Eidelman et B. Céroux qualifiaient dès 2008 de « culture de gratuité ».

Cette culture de la gratuité est de nature addictive. Elle fonctionne suivant un cercle cu- mulatif par lequel les plus mobilisés par la gratuité sont également ceux qui en font le plus usage et qui se saisissent par ailleurs de tout l’éventail des offres de gratuité pour visiter. En effet, près de 9 visiteurs sur dix chez les « incités » et chez les « hypermobilisés » ont déjà effectué plusieurs visites grâce la gratuité pour les moins de 26 ans. La moitié des visiteurs dans ces deux groupes environ a également déjà fait plusieurs visites lors d’événements gratuits. À l’inverse, les jeunes peu habitués de la gratuité pour les moins de 26 ans sont surrepré- sentés dans les deux groupes des « déclenchés » et des « non-mobilisés ». Chez eux, les usages des gratuités événementielles sont aussi plus rares : 50,6% des « déclenchés » et 45,1% des « non-mobilisés » n’en ont jamais profité pour visiter.

La visite gratuite : une visite en régime de familiarité

Premièrement, cette mesure mobilise avant tout un public local et favorise la visite à proximité de chez soi. En effet, la part des publics locaux dans l’enquête auprès des bénéficiaires de la gratuité est plus forte qu’elle ne l’est en moyenne (+15,3 points par rapport à 2012 ; +7,3 points par rapport à 2015), tant dans les musées parisiens et franciliens (+21 et 11 points par rapport à 2012 et 2015) que dans les musées situés en régions (+16 et 15 points par rapport à 2012 et 2015). La part des visiteurs qui effectuent une visite de proximité est d’autant plus grande que la gratuité a constitué une motivation pour se rendre au musée. Chez ces visiteurs mobilisés, près de 7 sur dix visitent près de chez eux contre 5 sur dix chez les visiteurs pour qui la gratuité n’a pas du tout été la raison de la visite le jour de l’enquête.

visiteurs déclarent mettre cette mesure à contribution pour revisiter des musées qu’ils connais- sent : ils sont surreprésentés pour cette déclaration avec des écarts allant de 15 à 30 points par rapport aux visiteurs moins usagers de cette mesure. De même, et bien que le résultat ne soit pas statistiquement significatif, cet usage de la gratuité est plus prononcé parmi les visiteurs « hypermobilisés » et « incités » : il rassemble près de la moitié des visiteurs dans ces deux groupes contre un peu plus d’un tiers chez les visiteurs moins fortement mobilisés par la gratuité. Corroborant ce résultat, les visiteurs qui se sont déjà rendus dans le musée où ils ont été ren- contrés sont surreprésentés chez les « hypermobilisés », les « incités » et les habitués de cette mesure. Leur dernière visite est généralement récente : elle a été réalisée dans l’année ou l’année précédant l’enquête pour une majorité ou une part significative des visiteurs les plus mobilisés ou les plus familiers de cette gratuité catégorielle. Enfin, à l’issue de leur visite, l’intention de revenir dans ce même musée est plus souvent exprimée par ces habitués de la gratuité (jusqu’à 26 points d’écarts) et par ceux qu’elle mobilise le plus fortement (de 3 à 17 points d’écarts).

 

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