Etude de la vulnérabilité des populations
face aux inondations dans le bassin versant
de Grand-Yoff.

LES CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES DU BASSIN VERSANT DE GRAND-YOFF

 Le bassin versant ou bassin hydrographique en une section droite d’un cours d’eau, est défini comme la totalité de la surface topographique drainée par ce cours d’eau et ses affluents à l’amont de cette section considérée comme son exutoire (Mussy. A, 2005). Plusieurs techniques d’études peuvent être appliquées dans un bassin, comme caractériser sa superficie, sa topographie, sa structure géologique, la nature de ses sols et sa végétation. Ces divers paramètres interviennent le plus souvent de façon combinée dans les processus d’écoulement. Ce chapitre est consacré à l’étude des facteurs géologiques, lithologiques qui conditionnent l’écoulement par la nature du terrain, c’est-à-dire le sol. Les cartes 1 et 2 indiquent la situation du bassin versant de Grand-Yoff dans la presqu’île du Cap-Vert et dans la commune de Grand-Yoff. C’est une unité hydrologique qui s’inscrit dans un cadre urbain. Le bassin versant de Grand-Yoff ne se limite pas seulement dans la commune de Grand-Yoff car il est à cheval sur les communes de la SICAP, de Hann et de la Patte-d’Oie (carte 2). Le bassin se caractérise par sa géologie, sa pédologie, sa végétation et le réseau hydrographique. Aujourd’hui ce dernier est totalement fossilisé du fait de l’urbanisation rapide et anarchique. Néanmoins il devient actif durant l’hivernage. En effet il draine l’ensemble des eaux pluviales provenant des quartiers de Libertés V et VI, de Grand-Médine, de la cité Khadim, de la Scat-Urbam etc…. Presque la totalité du bassin est urbanisée à l’exception du parc de Hann aujourd’hui menacé par l’extension de la commune d’arrondissement de Hann. 1.1 Géologie et géomorphologie L’étude de la géologie et des sols qui en dérivent renseigne sur l’aptitude ou non des terrains à absorber de l’eau et de la retenir. La géomorphologie analyse les formes héritées de la géodynamique qui ordonne le relief et favorise facilement ou non l’écoulement des eaux de pluies. Le bassin de Grand-Yoff se trouve dans la presqu’île du Cap-Vert ; il fait partie du bassin sédimentaire sénégalo-mauritanien qui s’étend sur 500 000km 2qui a pris naissance au début de l’ère Secondaire. La structure géologique du bassin versant de Grand-Yoff se distingue par deux principales formations d’âge tertiaire et quaternaire (Michel, 1973). 

Les formations tertiaires

 Les formations continentales correspondent au « Continental terminal ». Le Tertiaire est caractérisé par une sédimentation marine accompagné d’un volcanisme basique dans la zone de Dakar-Thiès. On y retrouve les formations suivantes : • Des formations argileuses à attapulgites d’âge Éocène inférieur : elles se présentent en talus de 8m avec des microfailles. • L’Éocène moyen est représenté par des calcaires argileux à lits de marnes (calcaires de Bargny), marnes à lits de calcaires argileux et marnes grises à radiolaires. • Les marnes brunes localisées sous les coulées de larves des Mamelles datent de l’Éocène supérieur. Ces roches recouvrent la partie nord de la presqu’île du Cap-Vert. • Le miocène se caractérise par des manifestations volcaniques et le recul de la mer. Cette activité volcanique est matérialisée par des coulées et des tufs volcaniques. • Au pliocène ancien, il y a eu montée de produits volcaniques de nature basaltique dans la zone instable du Cap-Vert. Les coulées volcaniques des mamelles, constituées de scories, de dolérites, couvrent une partie de Grand-Yoff, elles reposent sur des sables infra basaltiques. 

Les formations quaternaires 

Le Quaternaire est représenté par deux transgressions, celle de l’Aioujien et du Nouatchottien : ❖ La transgression de l’Aioujien C’est au cours de la longue période humide que les bassins ont entaillé profondément leur lit et les principales déformations tectoniques coïncident avec le retrait de la mer. • L’Ogolien : cette période correspond à la régression marine qui a atteint au moins 50m ; Au Sénégal le climat devenu désertique a permis la mise en place des dunes longitudinales de direction Nord-est – Sud-ouest, à l’intérieur desquelles se trouvent la dépression des niayes. • La période post-Ogolienne, quant à elle, correspond à une forte pluviosité. C’est une phase importante de la pédogenèse car tous les sols du nord du Sénégal se sont mis en place en ce moment-là. Elle marque le début de la formation des sols diors à GrandYoff. «,)  •:* La Transgression du Nouatchottien Elle se caractérise par une nouvelle transgression marine de plus de 3.5 m Les sables vont s’humidifier avec l’intrusion de la mer dans les dépressions inter-dunaires et les zones déprimées : c’est le cas de Grand-Yoff qui est une vaste cuvette plus ou moins circulaire. 

La pédologie 

Le sol représente la couche superficielle, meuble, de la croûte terrestre, résultant de la transformation de la roche mère enrichie par des apports organiques. Les sols du bassin de Grand-Yoff appartiennent à la série de Dakar selon la classification de Magnien (1950). A partir de la carte pédologique on a retrouvé 3 types de sols dans le bassin à savoir : • Les sols ferrugineux faiblement lessivés ou sols diors : ils dominent dans le bassin. Ils recouvrent le sommet des dunes continentales constituées lors de la phase sèche de l’Ogolien. Ils présentent une texture sableuse avec une faible capacité de rétention et pauvre en matière organique et humus. Leur perméabilité permet la recharge des nappes. • Les sols hydromorphes : appelés sol des niayes, ils sont localisés dans les dépressions dunaires inondées par la nappe phréatique. Ils ont une bonne teneur en matière organique ; on y pratique du maraichage. • Les sols ferrugineux tropicaux roux : la tête de la presqu’île de Dakar est recouverte de vertisols issus de laves basiques, ils se présentent dans les zones les plus argileuses. Ils sont lourds et mélangés à l’argile, l’infiltration y est impossible. Les facteurs lithologiques constituent un important facteur d’écoulement, le sol est sableux malgré la présence par endroit d’argile. Aujourd’hui il n’est plus naturel ; il est recouvert de matériaux fortement hétérogènes (gravats) résultant de la stratégie des populations pour se prémunir des inondations. De même, les ordures ménagères et les constructions en dur réduisent les possibilités d’infiltration en concentrant les flux (Diagne. K, 1993). Dans l’ensemble les sols imperméabilisés dominent dans le bassin versant, cela favorise le ruissellement qui est facilité par sa situation topographique. 

Occupation du sol

Le couvert végétal joue un rôle prépondérant dans l’écoulement, la densité de la végétation réduit la vitesse d’écoulement et protège le sol de l’érosion. La végétation était constituée de savane et une partie était défrichée servant de champs de manioc et de mil pour les lébous. Mais avec la sécheresse des années 70 et l’urbanisation brutale, le couvert végétal est remplacé progressivement par le bâti. Actuellement le bassin versant est totalement urbanisé, seul le parc de Hann subsiste dans la partie aval du bassin ; il est d’ailleurs menacé par l’extension de la ville. La carte d’occupation du sol montre la composition de l’habitat qui est dense presque dans la totalité du bassin.