EVACUATION DES EAUX DOMESTIQUES ET PLUVIALES

EVACUATION DES EAUX DOMESTIQUES ET PLUVIALES

 ASPECTS SOCIO-DEMOGRAPHIQUES 

Historique et peuplement 

L’histoire de Cambérène, capitale de la confrérie Layène, se confond avec celle de son fondateur Seydina Limamoulaye. Ce dernier est né à Yoff (Dakar) en 1843. Il a grandi dans ce village lébou où il exerça le métier de pêcheur. Il ne fréquenta aucune école et demeura ainsi illettré jusqu’à l’âge de 40 ans où il fut secoué par une forte inspiration. Limamou proclama partout qu’il était investi d’une mission divine, qu’il était le « Mahdi, l’envoyé de dieu que l’on attendait » et se mit à enseigner les pratiques religieuses qui à l’époque était révolutionnaire, mais qui étaient pourtant d’une véritable orthodoxie musulmane. Très vite, de nombreux fidèles, venant de partout, adhérèrent à la doctrine du Mahdi. Ce regroupement autour du Saint homme fait craindre le colonisateur, qui dépêcha des émissaires à Yoff pour surveiller les activités de Limamou. Finalement, il fut arrêté par le pouvoir colonial français et déporté à Gorée, durant trois mois. En 1887, il fut jugé et acquitté devant le tribunal de Dakar. En effet l’autorité coloniale s’est rendue compte que les agissements du Mahdi n’avaient rien de semblable à des préparatifs d’une guerre sainte. Limamou, au contraire, enseignait la crainte de Dieu, l’obéissance aux parents et au maitre, la fidélité conjugale, bref aucune doctrine subversive. Toutefois, pour annihiler la puissance du saint homme, l’autorité coloniale ordonna au chef du village de Yoff d’interdire le séjour aux étrangers. Et pour contourner cette persécution dont ils font l’objet lui et ses fidèles à Yoff, le marabout créa dans la brousse environnante le village de Kem Medina, dont la déformation donna Cambérène. A cette époque, la presqu’île du Cap-Vert était couverte de végétation, les cambérènois eurent à leur disposition de vastes terres qu’ils débroussaillèrent et cultivèrent. De 1894 à 1904 le village s’était considérablement agrandi à cause de nombreux migrants venus adhérer à la doctrine Layène. En 1909, Seydina Limamou Laye s’éteignit et eut pour successeur Seydina Issa Laye, son fils. Mais en 1914, une meurtrière épidémie de peste s’abattit sur le Sénégal. Le village de Cambérène (Ndingala) n’y échappa pas. Les concessions qui étaient regroupées, favorisèrent la propagation de la maladie. Ainsi le site de Cambérène (Ndingala) était devenu effrayant pour les habitants, qui dès lors cherchèrent un endroit plus gai, plus salubre afin d’y mener une existence calme et d’oublier les morts liés à la peste. C’est ainsi que Cambérène sur Mer fut créé par Seydina Issa Laye en 1914. 30 A l’époque, la population n’était pas nombreuse et le village était composé de quelques concessions disposées en forme de « U » (Img.1). C’est plus tard qu’on assiste à une arrivée massive de populations soit pour répondre à l’appel du Mahdi, soit pour des raisons économiques ou sociales. Aujourd’hui, le village layène de plus d’une dizaine de « Eutt11 » en 1914, a laissé place à une agglomération urbaine de quinze quartiers en 2014 : Abdou Karim Sarr ; Cayor ; Deggo ; Diamaguène ; Islam ; Kawsara ; Keur Goumak ; Mbane ; Mbane ; Médine ; Ndiambour ; Pal ; Peul ga ; Thiokholane ; Cambérène 2 et Cité des Nations Unies. Image 1 : Kem-Médine (Cambérène), la première cité layène Source : https://layenefamily.org/kem-medine-la-premiere-cite-layene/ 

Occupation de l’espace 

L’occupation de l’espace à Cambérène s’est caractérisée par une extension rapide du bâti du fait d’un besoin en logement consécutive à une démographie en pleine croissance. Le village qui comptait une dizaine de concessions a laissé place au fur et à mesure à une agglomération urbaine importante. Aujourd’hui, les surfaces non bâties sont de plus en plus minimes en comparaison à l’importance des surfaces bâties (Fig14). Il n’existe quasiment plus de terrain non bâti mis à part la plage qui est une zone protégée et quelques espaces qui correspondent souvent à des terrains de football. 11 Eutt : Mot wolof signifiant cour de maison voire concession. 

 L’habitat

 Le paysage de Cambérène du point de vue de l’habitat est assez contrasté tant dans la forme des habitations qu’au niveau du bâti. On peut individualiser d’une part l’habitat, de type villageois et l’habitat régulier, planifié d’autre part (Fig.15). L’habitat de type villageois qui concerne Cambérène 1 est à l’image des quartiers lébous (Yoff, Ngor). Les concessions s’emboitent les unes contre les autres dans un enchevêtrement parfois indescriptible. Selon Diène (2010), cette situation « donne lieu à un paysage reflétant une multitude de formes géométriques reliées les unes aux autres par des ruelles sinueuses, étroites, qui disparaissent brusquement au fond d’un cul de sac ». Cette configuration de l’habitat constitue souvent une entrave à de nombreux projets de viabilisation comme l’installation d’un réseau de tout à l’égout faute d’une urbanisation spontanée et anarchique. Dans cette commune, l’habitat planifié concerne Cambérène 2 et les cités Nations Unies qui sont des extensions vers l’Est du village. Ces quartiers présentent un habitat épousant au mieux les normes d’un aménagement urbain, notamment pour la cité Nations Unies. 32 Pour l’ensemble de ces types d’habitat, les maisons sont construites en dur ou en semi dur. En ce qui concerne le statut d’occupation, les caractères ancien et héréditaire des habitations laissent croire que pour le village de Cambérène, quasiment tous les ménages sont propriétaires, constat d’ailleurs confirmé par l’enquête, 94% des ménages sont propriétaires. Chez les lébous la concession revêt un caractère symbolique d’où leur attachement à celle-ci. Quant à la Cité des Nations Unies, qui est créée pour abriter les travailleurs de ce service, l’essentiel des ménages enquêtés sont des propriétaires. Figure 15 : Croquis urbain et Equipements dans la commune de Cambérène Source : Mairie de Cambérène (2016) I.4 Ethnies Très tôt, les ethnies se sont diversifiées à Cambérène suite à l’appel de Seydina Issa Rohou Laye. La localité a progressivement accueilli plusieurs communautés ethniques venues répondre à l’appel et s’adonner à des activités économiques, dans une région de la Presqu’île du Cap-Vert, fertile aux activités agro-pastorales et halieutiques. Ainsi, les Peuls vinrent pratiquer l’élevage, les Lébous, la pêche, les Walo-Walo et les Sérer, l’agriculture Gandiol-Gandiols, la pêche et l’agriculture. Malgré cette diversité ethnique, les Ouolofs lébou sont les plus nombreux, on compte aussi un nombre important de Peulh et de Sérer, Diola, etc. Ce brassage socioculturel est un des traits de l’égalité préconisée par les fondateurs de la 33 confrérie pour contrecarrer les clivages sociaux et interethniques fortement présents dans la société sénégalaise12. I.5 Démographie Cambérène a connu une évolution rapide de sa population en raison de la proximité de Dakar favorable à un attrait de migrants mais aussi à un accroissement naturel. Face au manque d’espace à Dakar, les quartiers les plus proches de la ville ont subi l’assaut des migrants cherchant à s’implanter en ville. Ainsi de 1961 à 2012, la population est passée de 2435 à 46.441 habitants (Fig.16). Les principales caractéristiques démographiques sont : ♦ Une population majoritairement féminine ♦ Une population caractérisée par son extrême jeunesse : on note la prédominance des jeunes de moins de 20 ans. ♦ Une population mal répartie qui porte la marque du déséquilibre entre les quartiers. Certaines zones abritent la majeure partie des habitants alors que la zone littorale a une densité assez faible par rapport aux autres. Figure 16 : Evolution de la population à Cambérène de 1961 à 2012 Source : Mairie de Cambérène (2016) 12 Diagne M., Pouvoir politique et espace religieux au Sénégal, Université Québec à Montréal, 2001, p. 144 0 5000 10000 15000 20000 25000 30000 35000 40000 45000 50000 1961 1979 1988 1999 2002 2007 2012 Populations Années 

 ASPECTS POLITICO-ECONOMIQUES

 Équipements et infrastructures

 La commune de Cambérène est moyennement équipée. Sur le plan sanitaire, Cambérène dispose d’un centre de santé et d’une poste de santé, cinq (5) pharmacies et 3 cliniques privées. Sur le plan éducatif, on note la présence de cinq (5) écoles primaires, un (1) CEM et 10 écoles coraniques, 21 écoles privées. Sur le plan socio-sportif, 1 centre socioculturel, 9 ASC, 1 stade et 2 terrains de football, 1 terrain de basket. Pour la voirie, la principale porte d’entrée est la route qui part du rond-point Case vers l’intérieur du village et qui ressort par le croisement Sham II de Golf. On identifie aussi 2 artères secondaires, l’une reliant le cimetière et l’unité 3 des Parcelles Assainies ; l’autre relie Cambérène 2 à l’unité 1 des Parcelles Assainies. 

Gouvernance à Cambérène

 La gouvernance locale à Cambérène est marquée par l’influence des chefs religieux, des chefs coutumiers et des pouvoirs publics. A Cambérène se distingue : ♦ L’autorité khalifale qui représente le pouvoir symbolique de la communauté Layène (chefferies religieuses, héritières du père fondateur, disposant du seul titre foncier du territoire) ; ♦ L’autorité coutumière (chefferie du village qui représente l’autorité khalifale et les délégués des quartiers qui gèrent les conflits sociaux) ; ♦ Et l’autorité municipale représentant l’Etat (les pouvoirs publics élus : le Maire et les conseillers municipaux).

Niveau d’instruction

 La forte présence de structures scolaires à tous les niveaux d’étude, laisse penser que le taux d’alphabétisation est bon. Presque tous les jeunes ont fréquenté ou fréquentent toujours l’école. Selon nos enquêtes adressées aux ménages, un nombre important de chef de ménage est illettré, soit 53%. 

Les activités

 A Cambérène, il y a tout une gamme de métier mais comme à l’image de Dakar, l’activité informelle prédomine assez largement. On trouve de tout à Cambérène : des maçons, mécaniciens, peintres, menuisiers, commerçants, etc. 35 Cambérène présente une dynamique commerciale plus ou moins acceptable avec la présence d’un marché permanent. Les femmes sont très actives dans ce secteur surtout dans les petites et moyennes entreprises telles que le micro-jardinage, le commerce des fruits et légumes, de tissus et d’objets divers. La pêche occupe une place de choix dans les activités économiques de la commune d’arrondissement de Cambérène. Ce secteur d’activités englobe une catégorie d’acteurs à savoir : les pêcheurs, les mareyeurs, les commerçants de poissons … Situé sur la côte nord de la presqu’ile du Cap-Vert, Cambérène est un village lébou rattrapé par l’urbanisation. Il est fondé en 1902 par Seydina Issa Laye. Aujourd’hui la localité est érigée en commune avec l’adjonction de nouveaux quartiers (Cambérène 2 et Nations Unies). La commune se caractérise entre autres par une concentration humaine importante et une forte densification de l’espace avec d’un côté un type d’habitat traditionnel (village de Cambérène) et de l’autre un type d’habitat planifié (Cité Nations Unies et Cambérène 2) ; une gouvernance locale est marquée par la coexistence de différentes autorités : autorités administrative, religieuse et traditionnellle.

Table des matières

AVANT-PROPOS
SIGLES ET ACRONYMES
INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
CADRE CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE
Première Partie : Présentation générale de la commune de Cambérène
CHAPITRE I : ASPECTS PHYSIQUES DE CAMBERENE
CHAPITRE II : ASPECTS HUMAINS DE CAMBERENE
Deuxième Partie: Evacuation des eaux usées domestiques à Cambérène
CHAPITRE I : GESTION DES EAUX DOMESTIQUES
CHAPITRE II : IMPACTS DES EAUX USEES DOMESTIQUES
Troisième Partie: Evacuation des Eaux pluviales à Cambérène
CHAPITRE I : GESTION DES EAUX DE PLUIE DANS LA COMMUNE
CHAPITRE II : IMPACTS DES EAUX PLUVIALES
CONCLUSION

 

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