Généralités sur l’élevage de porc au Sénégal et en Afrique subsaharienne
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Effet sur le poids et le rendement carcasse des porcs
À Sédhiou, il a été constaté après abattage que les porcs ont un estomac volumineux, contrairement à ceux de Ziguinchor et de Kolda. Ceci pourrait expliquer le rendement carcasse significativement faible enregistré chez les porcs dans cette région de Sédhiou. Le rendement carcasse moyenne (65,08 %) obtenu chez les porcs à l’issu de cette étude est pratiquement le même (64,30 %) que ARMAH (2011) avait noté chez les porcs Large White au Ghana, en utilisant une ration contenant un taux identique de drêche ou pulpe de pomme de cajou. Mais CODJO (2003) au Bénin, AGBOHON (1995) au Sénégal et HOFFMAN et al. (2005) en Afrique du Sud ont rapporté des rendements plus élevés chez les porcs de race locale (71,55 % ; 72,90 % et 80,15 %).
Evaluation de la rentabilité économique de l’engraissement des porcs locaux
Coût de production d’un porc charcutier vif
Le coût de production de porc charcutier de 32 000 F CFA est largement inférieur à ceux trouvés par AYSSIWEDE (2004) au Bénin, TRA (2009) en Côte d’Ivoire, UMUTONI (2012) au Burkina Faso et NIMBOMA (2016) au Sénégal. Ceci pourrait s’expliquer par la différence de poids vif des porcs charcutiers produits, qui dans notre essai constitue presque la moitié du poids vif des porcs de ces auteurs. A l’opposé, le coût de production du kg de poids vif de 1068 F CFA a été supérieur aux résultats trouvés par ces différents auteurs mais il est inférieur à celui rapporté par TRA (2009) pour la production du porc charcutier à base d’aliment complet fabriqué à la ferme par l’éleveur lui même.
Répartition du coût de production d’un porc charcutier vif
Les charges alimentaires et d’acquisition des porcelets à engraisser ont constitué les deux postes les plus importants dans le coût de production du porc charcutier. En tête, les charges alimentaires ont représenté 43 % des charges totales. Ce dernier résultat concorde avec ceux obtenus par plusieurs auteurs mais reste largement inférieur (BOAD, 1984 ; AYSSIWEDE, 2004 ; TRA, 2009 ; UMUTONI, 2012 ; NIMBONA, 2016). Ceci pourrait s’expliquer par le fait que la plupart de ces auteurs n’ont pas pris en compte dans la détermination du coût de production du porc charcutier les charges liées à l’acquisition des porcelets à l’engrais. Les charges fixes qui s’élèvent à 3 % des charges totales restent nettement inférieures à celles trouvées par ces auteurs au détriment des charges variables (97 % des charges totales). Cette différence s’expliquerait par le faible investissement consenti par les éleveurs dans notre étude.
Marges bénéficiaires
La marge brute de 1 389 F CFA dégagée par la vente du porc charcutier vif au bout de 90 jours est très inférieure à celles trouvées par AYSSIWEDE (2004), TRA (2009), DOUMANA (2011), UMUTONI (2012), NIMBONA (2016). Ceci pourrait être expliqué par la différence de prix de vente des porcs charcutiers et les charges variables. En effet, cette marge étant en fonction du revenu brut du porc charcutier et des charges variables engagées, une marge brute importante signifie que les charges variables sont moindres tandis que le prix de vente des porcs charcutiers est important. Des charges variables moindres supposeraient que ces différents auteurs n’avaient pas pris en compte toutes les charges variables engagées dans l’évaluation de leur marge bénéficiaire. La marge nette de 294 F CFA dégagée par la vente du porc charcutier vif reste nettement inférieure à celles obtenues par AYSSIWEDE (2004) et NIMBONA (2016) mais elle demeure largement supérieure à celle obtenue par TRA (2009).
Cette marge étant positive, on peut affirmer que dans la région naturelle de la Casamance, la vente du porc charcutier vif a été rentable. Cependant, cette vente demeure une perte pour les éleveurs des régions de Ziguinchor et de Kolda du fait que la vente des porcs ne s’effectue qu’à l’estimée et par conséquent le prix de vente du kg de poids vif est inférieur à son prix de revient. Par contre Sédhiou, la majorité des éleveurs ont vendu leurs porcs au kg de poids vif (1 250 F CFA). Les marges bénéficiaires dégagées par la vente du poids carcasse du porc charcutier ont affiché des valeurs négatives. Ceci a montré que la vente du poids carcasse dans la ladite région demeure non rentable. Mais, elle reste rentable à Ziguinchor où la vente du kg de viande a été intéressante (1 975 F CFA), laquelle a été supérieure au coût de revient du kg de viande, à l’opposé des deux autres régions Kolda (1 780 F CFA) et Sédhiou (1 564 F CFA).
RECOMMANDATIONS
Vue la place qu’occupe l’élevage porcin dans la vie socio-économique des milliers d’éleveurs au Sénégal en général et en particulier en Casamance, il est important pour son développement durable que tous les acteurs concernés travaillent main dans la main afin de trouver des stratégies d’amélioration des pratiques actuelles. Ainsi, nous recommandons Aux Eleveurs de : améliorer leurs techniques d’élevage en adoptant progressivement la technologie qui leur est proposée dans cette étude et abandonner la divagation des porcs qui ne profite pas à la bonne croissance des porcs et constitue un facteur de persistance et de résurgence de maladie infectieuse dont la peste porcine africaine ; fabriquer eux-mêmes les aliments de porcs à base des ressources alimentaires locales disponibles tout en faisant des approvisionnements pendant les périodes favorables de ces ressources afin d’échapper à l’inflation de leur prix à la période de soudure ; enregistrer toutes les dépenses engagées afin de déterminer le coût de production du kg du poids vif ou kg de viande puis procéder à la vente des porcs par poids vif avec comme objectif que le prix de vente du kg de poids vif soit supérieur à son coût de production.
Aux Services et Agents vétérinaires de : accompagner les éleveurs de porcs pour un bon suivi des élevages et de les conseiller sur les maladies fréquemment rencontrées dans leur zone, les mesures de biosécurité à appliquer et les risques de certaines mauvaises pratiques d’élevage ; instaurer une bonne couverture sanitaire au niveau des élevages de porcs à travers des campagnes de vaccination contre certaines maladies porcines, des interventions thérapeutiques vétérinaires comme c’est le cas pour les autres espèces animales ; Aux ONG, Projets, Chercheurs et Pouvoirs Publics de : accompagner, former et organiser les acteurs du sous-secteur porcin sur les techniques de conduite et gestion de l’élevage, la biosécurité, l’alimentation et la production artisanale d’aliments des porcs afin de les rendre plus professionnels pour un meilleur développement de cet élevage ; appuyer le développement du sous-secteur porcin dans la région de la Casamance par la mise en place d’une usine de fabrication d’aliments de porcs pour les éleveurs; appuyer et soutenir aussi les éleveurs de porcs à travers des subventions d’aliments et autres avantages comme c’est le cas pour les éleveurs des autres espèces animales ; mettre en place un centre pilote d’insémination artificielle, d’amélioration génétique des porcs, d’apprentissage des métiers d’élevage et de transformation de porcs.
Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : SYNTHESE BIBLIOGRAPHIQUE
CHAPITRE I : GENERALITES SUR L’ELEVAGE DE PORC AU SENEGAL ET EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
I.1. Cheptel et production de viande de porc
I.2. Systèmes de production porcine
I.2.1. Système d’élevage traditionnel
I.2.2. Système d’élevage semi-intensif
I.2.3. Système d’élevage intensif
I.3. Races porcines exploitées et leurs performances
I.3.1. Races de porcs exploitées
I.3.2. Performances zootechniques des porcs au Sénégal et en Afrique Subsaharienne
I.4. Logement ou habitat porcin
I.4.1. Logement traditionnel
I.4.2. Logement moderne
I.5. Alimentation et valorisation des ressources alimentaires locales en élevage porcin au Sénégal et en Afrique Subsaharienne.
I.5.1. Besoins et apports nutritionnels chez les porcs
I.5.2. Valorisation des ressources alimentaires locales en alimentation de porcs cas de la drêche de pomme de cajo
I.5.3. Autres ressources alimentaires utilisables en alimentation des porcs et leur limite d’emploi
I.6. Contraintes en élevage porcin en Afrique Subsaharienne et au Sénégal
I.6.1. Contraintes zootechniques.
I.6.2. Contraintes sanitaires
I.6.3. Contraintes alimentaires
CHAPITRE II : CONCEPTS DE BASE SUR LE COUT DE PRODUCTION ET RENTABILITE DE L’ELEVAGE PORCIN EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE
II.1. Concepts de pensées économiques positives et normatives
II.2. Notions de production
II.2.1. Fonction de production
II.2.2. Productivité physique totale, moyenne, marginale
II.2.3. Rendements d’échelle
II.2.4. Raisonnement du producteur : la maximisation du profit
II.3. Fonction de coût : évaluation de la rentabilité économique de l’engraissement des porcs locaux
II.3.1. Coût de production d’un porc charcutier
II.3.2. Répartition du coût de production du porc charcutier
II.3.3. Marges bénéficiaires pour un porc charcutier en élevage semi-intensif.
DEUXIEME PARTIE : ETUDE EXPERIMENTALE
CHAPITRE I : MATERIEL ET METHODES
I.1. CADRE ET LIEU DE L’ETUDE
I.2. MATERIEL
I.2.1. Matériels de formulation et de distribution de la ration expérimentale
I.2.2. Porcheries et animaux
I.2.3. Matériel de pesée, de nettoyage et de désinfection des porcheries
I.3. METHODES
I.3.1. Formulation et préparation de la ration expérimentale
I.3.2. Sélection des élevages et animaux expérimentaux
I.3.3. Conduite de l’expérimentation.
I.3.4. Collecte des données et calcul des paramètres
I.3.5. Traitement et analyse statistique des données
CHAPITRE II : RESULTATS, DISCUSSION ET RECOMMANDATIONS
II.1. RESULTATS
II.1.1. Évolution des paramètres d’ambiance dans la zone d’étude pendant l’essai
II.1.2. Effet du traitement alimentaire et sanitaire sur l’état de santé et la mortalité des porcs locaux
II.1.3. Effet du traitement alimentaire et sanitaire sur les performances de croissance et les caractéristiques de la carcasse des porcs locaux
II.1.4. Evaluation de la rentabilité économique de l’engraissement des porcs locaux
II.2. DISCUSSION
II.2.1. Évolution des paramètres d’ambiance dans la zone d’étude pendant l’essai
II.2.2. Effet sur l’état sanitaire et la mortalité des porcs locaux
II.2.3. Effet du traitement alimentaire et sanitaire sur les performances zootechniques et les caractéristiques de la carcasse des porcs locaux
II.2.4. Evaluation de la rentabilité économique de l’engraissement des porcs locaux
II.3. RECOMMANDATIONS
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES