Hématopoïèse et mégacaryopoïèse

Au même titre que toutes les cellules de l’organisme, celles du sang peuvent faire l’objet d’un processus cancéreux, appelé pour cette raison hémopathie maligne. Les plaquettes, troisième type de cellule sanguine, n’en sont pas épargnées. La thrombocytémie essentielle est effectivement la prolifération maligne chronique de ces cellules impliquées dans l’hémostase. Relativement rare par rapport aux autres hémopathies malignes, l’évolution est marquée par l’apparition de thromboses veineuses ou artérielles, sources d’hémorragies et d’embolies, principales causes de décès. Le diagnostic différentiel se pose avec certaines thrombocytoses réactionnelles. Le problème réside essentiellement dans la prévention de ces thromboses.

A Madagascar, cette maladie reste encore mal connue aussi bien par le public que par les praticiens, alors que dans les pays développés comme la France, elle est en passe de devenir le premier syndrome myéloprolifératif.

CONSIDERATIONS THEORIQUES 

Hématopoïèse et mégacaryopoïèse

L’hématopoïèse constitue l’ensemble des phénomènes physiologiques qui concourent à la fabrication et au remplacement continu et régulé des cellules sanguines (globules rouges, globules blancs, plaquettes). Le mode de fabrication est homogène, il faut toutefois distinguer les éléments myéloïdes des éléments lymphoïdes. Les besoins de l’organisme en cellules sanguines sont considérables alors qu’il s’agit de cellules très différenciées (éléments terminaux et fonctionnels de lignées). Elles n’ont pas ou peu de possibilité de synthèse protéique et de division cellulaire du fait de leur durée de vie relativement courte (quatre mois pour les hématies, une semaine pour les plaquettes, quelques heures pour les polynucléaires). A la fin de la vie fœtale, l’hématopoïèse se déroule dans la moelle osseuse rouge, à l’exception des lymphocytes T qui prennent naissance dans les organes lymphoïdes (ganglions lymphatiques, rate, thymus, amygdales, plaques de Peyer). Elle assure une production quantitativement importante à raison de 10¹³ cellules sanguines par jour (2 millions d’hématies par seconde) pour pouvoir compenser la durée de vie des cellules sanguines et ce chiffre peut être augmenté si besoin par 10. Cette activité considérable de production est assurée par une petite population de cellules de la moelle osseuse : les cellules souches hématopoïétiques dans la population des cellules CD34+ .

Caractéristiques

En général, elles sont exclusivement présentes dans la moelle osseuse, à faible pourcentage (0,01 à 0,05% des cellules médullaires) mais, elles peuvent être aussi présentes de façon temporaire dans le sang. Ces cellules se trouvent en dehors du cycle cellulaire en G0 et par conséquent, elles ne sont pas identifiables morphologiquement. Cependant, elles présentent certains marqueurs immunologiques :
– CD 34+, Thy1+, CD 33 -,
– Récepteur à la transferrine négatif,
– HLA DR faible, Rhodamine 123 faible.
En plus, elles conservent leurs propriétés après congélation à – 196°C.

Les progéniteurs 

Sous l’influence des facteurs stimulants, une cellule souche totipotente va s’engager dans la différenciation d’une lignée cellulaire. Elle devient alors un progéniteur ou cellule souche différenciée ou  » engagée « . Il s’agit de la première différenciation d’une cellule souche totipotente après sa mise en cycle. Elle se fait vers la lignée lymphoïde ou vers la lignée myéloïde. La cellule souche lymphoïde exerce une potentialité de différenciation vers les deux types de lymphocytes (T et B). La cellule souche myéloïde, appelée CFU-GEMM exerce une potentialité de différenciation vers les lignées myéloïdes granuleuse, érythrocytaire, monocytaire et mégacaryocytaire. A ce stade, les progéniteurs perdent progressivement leur capacité d’auto renouvellement mais ils sont encore peu nombreux et non identifiables morphologiquement. Ils acquièrent tout de même les marqueurs immunologiques CD 33 et HLA-DR en plus du CD34. Chaque progéniteur, dont le nom est fait de CFU (Colony Forming Unit) suivi de(s) lettre(s) caractérisant les lignées, garde le potentiel de différenciation. Il va poursuivre son programme de différenciation et donner naissance à des progéniteurs encore plus engagés. Par exemple, le CFU-GEMM Granulo-ErythroideMacrophagique-Mégacaryocytaire donnera les polynucléaires neutrophiles, les érythrocytes, les monocytes et les plaquettes.

Les précurseurs 

C’est un compartiment de division et de maturation qui apparaît après plusieurs divisions des progéniteurs avec une potentialisation de différenciation de plus en plus limitée. A ce stade, les précurseurs sont spécifiques d’une seule lignée et sont morphologiquement identifiables par des examens complémentaires comme le médullogramme et la biopsie ostéo-médullaire. Ils ont perdu toute capacité d’auto renouvellement.

Les précurseurs les plus immatures sont :
– les myéloblastes (à l’origine des polynucléaires),
– les proérythroblastes (à l’origine des hématies),
– les monoblastes (à l’origine des monocytes),
– les lymphoblastes (à l’origine des lymphocytes),
– les mégacaryoblastes (à l’origine des plaquettes).

La maturation

Les modifications morphologiques communes et générales liées à la maturation sont représentées par la diminution de la taille cellulaire, la diminution du rapport nucléo cytoplasmique, la disparition des nucléoles et la condensation de la chromatine. Mais, la maturation de chaque lignée induit également des modifications spécifiques comme au niveau du noyau (polylobulation dans la lignée granuleuse), du cytoplasme (granulations spécifiques de la lignée granuleuse), de la membrane (apparition de protéines membranaires spécifiques reconnaissables par des anticorps monoclonaux).

La multiplication

Parallèlement à la maturation, chaque stade cytologique correspond à une division cellulaire. Selon les lignées, il se produit entre 3 et 5 mitoses de sorte qu’un précurseur peut donner naissance à 32 cellules filles. Cependant, il existe une particularité des précurseurs mégacaryocytaires où il n’y a pas de division cellulaire mais une endomitose (polyploïdie) où la cellule double chaque fois son ADN. Suivant la différenciation des cellules souches immatures en précurseurs engagés dans une phase de différenciation, on peut noter l’apparition d’antigènes spécifiques de lignées :
– antigène CD36, antigènes du système ABO et du système rhésus lignée érythroïde pour le lignée érythroïde,
– antigène myéloïde CD15 pour la lignée myéloïde,
– antigène plaquettaire GP IIb/IIIa pour la lignée mégacaryocytaire.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CONSIDERATIONS THEORIQUES
I.1- Hématopoïèse et mégacaryopoïèse
I.1.1- Les compartiments de l’hématopoïèse
I.1.2- La maturation
I.1.3 – La multiplication
I.1.4 – Les cellules matures
I.1.5 – La régulation
I.1.6 – La mégacaryopoïèse
I.2 – Physiologie des plaquettes
I.2.1 – Structure et anatomie fonctionnelle des plaquettes
I.2.2- La fonction plaquettaire
I.3 – Les syndromes myéloprolifératifs chroniques
I.3.1 – La thrombocytémie essentielle
DEUXIEME PARTIE : LES CAS DE THROMBOCYTEMIE ESSENTIELLE
II – 1. Objectif
II. 2 – Matériel d’étude
II. 2. 1 – Hémogramme
II. 2. 3 – Médullogramme
II. 2. 4 – VSH
II. 2. 5 – Détermination du taux de réticulocytes
II. 2. 6 – Les tests d’hémostase de base
II-3. Les cas de thrombocytémie essentielle
II. 3.1 – Observation 1
II. 3.2 – Observation 2
II. 3.2 – Observation 3
II. 3.2 – Observation 4
TROISIEME PARTIE COMMENTAIRES ET DISCUSSIONS
III .1- Epidémiologie
III .2- Oncogenèse
III .3- Données physiopathologiques
III .4- Etiologie
III .5 – Diagnostic positif
III .5.1 – Diagnostic clinique
III .5.2 – Diagnostic biologique
III .5.3 – Diagnostic différentiel
III .6 – Evolution
III .7 – Traitement
III .7 – Les limites de cette étude
SUGGESTIONS
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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