Impact de la naissance du premier enfant sur la reprise de la sexualité du couple

La sexualité

La sexualité est un sujet complexe et souvent tabou que beaucoup d’entre nous n’osent aborder. Complexe de part son aspect subjectif qui émane de la personnalité de chaque individu. Freud confiera : «La vie sexuelle de la femme est encore un continent noir pour la psychologie…» La sexualité d’une femme est unique, chacune a une entité, une vie sociale et relationnelle qui lui sont propre. Les désirs et les attentes sont façonnés par les origines culturelles, sociales, spirituelles et par les expériences personnelles qui à leur tour, influencent leur vie sexuelle. Il ne peut y avoir une seule définition de la sexualité.
La santé sexuelle, telle que la définit l’OMS, est « un état de bien-être physique, mental et social dans le domaine de la sexualité. Elle requiert une approche positive et respectueuse de la sexualité et des relations sexuelles ainsi que la possibilité d’avoir des expériences sexuelles qui soient sources de plaisir et sans risque, libres de toute coercition, discrimination ou violence » . La sexualité et les relations sexuelles s’inscrivent dans le quotidien de chacun où divers besoins s’impliquent à différents stades de la vie. La sexualité peut être exprimée par des pensées, des fantasmes et non pas seulement par des comportements sexués à visée reproductive. C’est ce qui distingue l’homme de l’animal. « La sexualité est influencée par des facteurs biologiques, psychologiques, sociaux, économiques, politiques, culturels, éthiques, juridiques, historiques, religieux et spirituels. » . L’Homme a su faire de la sexualité une fonction érotique où le plaisir tient une place essentielle.

Le rapport sexuel

Le rapport sexuel ne se limite pas seulement au coït. C’est un dialogue charnel entre deux individus permettant d’atteindre l’orgasme quel qu’en soit le moyen. Dialogue charnel auquel s’ajoutent la sensualité, l’imagination, la liberté d’esprit et la volonté de donner et recevoir du plaisir. C’est ce qui donne le côté magique d’un rapport sexuel. Il est défini par V.Johnson et W.Master comme une succession de 4 phases distinctes : l’excitation, le plateau, l’orgasme et la résolution . La phase d’excitation chez la femme se caractérise par la lubrification vaginale et la tumescence de la muqueuse du vagin.
Le plateau est un moment plus ou moins long où le degré d’excitation reste stable. S’ensuit l’orgasme. C’est une manifestation globale de l’organisme engendrant un plaisir intense. Cette intensité est variable selon la zone excitée, les partenaires, l’environnement. Une femme peut avoir plusieurs orgasmes durant un rapport.
Enfin, la phase de résolution n’apparaît qu’après le dernier orgasme chez la femme et après l’éjaculation chez l’homme. Il correspond à la période où les phénomènes d’excitation diminuent. Le corps est totalement apaisé et la conscience est détendue : « C’est le bonheur avec un sentiment de plénitude » .

La communication et l’image de soi

Instaurer un climat de confiance, d’affect et d’émotion est essentiel à la bonne entente du couple. En effet, cela influence les relations sexuelles, notamment pour la femme qui a besoin de temps et d’une ambiance calme pour pouvoir se détendre et laisser son corps s’exprimer . Par ailleurs, la communication est importante dans un couple.
Elle permet d’échanger sur des ressentis, d’améliorer certaines situations lorsque des difficultés apparaissent. Elle permet aux deux membres du couple d’être en phase. Outre la communication, la confiance passe également par l’image de soi. Cette image que nous renvoie notre corps ou le regard de l’autre et l’interprétation que chaque individu en fait permettent une certaine acquisition de l’estime de soi et ainsi de la confiance en soi. Cela permet à chacun d’aller vers l’autre, de s’ouvrir à l’autre et d’engendrer une relation qui relève de la séduction laquelle ouvrira la sphère de l’action sexuelle.
L’estime de soi, la confiance en soi et la communication sont trois aspects fondamentaux dans la construction puis la bonne entente du couple et ainsi dans la satisfaction sexuelle. Cependant, des dysfonctionnements peuvent apparaître et être source de tension dans l’intimité du couple.

Les dysfonctions sexuelles féminines

Différents facteurs peuvent être la cause de vulnérabilité chez les partenaires engendrant des troubles sexuels réels. Ces troubles peuvent eux-mêmes avoir des répercussions sur l’entente du couple.
L’anaphrodisie : L’anaphrodisie ou l’hypo désir sexuel se définit comme « la réduction ou la disparition de toute une partie des motivations érotiques de la femme ou de l’homme . La femme expose des sentiments négatifs et présente une aversion pour la sexualité. C’est un trouble du désir sexuel. Liée à une problématique personnelle, l’anaphrodisie peut être induite par des maladies, l’absorption de certaines substances ou encore un environnement protecteur tel qu’un contrôle parental surdimensionné .
Le vaginisme et les dyspareunies : Le vaginisme est un mécanisme de défense contre toute intrusion vaginale. C’est un réflexe qui s’opère par la contraction involontaire des muscles releveurs de l’anus et des adducteurs empêchant ainsi toute pénétration. Il existe deux sortes de vaginisme. Primaire ; la pénétration s’est toujours avérée impossible. Les causes sont la crainte de la douleur ou l’existence d’une phobie par l’ignorance de son corps, culpabilité ou antécédent de traumatisme sexuel. Secondaire ; le vaginisme s’explique par l’impossibilité de pénétration suite à un traumatisme, une maladie ; la pénétration ayant été préalablement possible. Ces femmes font abstraction de leur féminité de par la non intégration de leur vagin dans leur schéma corporel. Le vaginisme n’exclut pas toute sexualité : il existe des couples vivant une sexualité épanouie sans pénétration. Des jeux sexuels restent possibles : des caresses, pratique de la sodomie etc. Il existe des vaginiques enceintes.
La dyspareunie est une douleur vulvaire vaginale ou pelvienne persistante ou récurrente associée à la pénétration vaginale. Cette douleur peut survenir à l’intromission, durant les mouvements, au contact profond ou dans les suites du rapport.
La sécheresse vaginale : C’est la conséquence d’un trouble d’hydratation du vagin. Les sécrétions vaginales varient en fonction de l’activité sexuelle et du cycle menstruel. Toute perturbation hormonale peut altérer les sécrétions et entrainer une sécheresse occasionnelle. Les causes sont multiples : hormonales, médicamenteuses, infectieuses ou encore psychologiques. C’est parfois un trouble de l’excitation sexuelle.
Si dans la majorité des cas, la ménopause est le moment le plus opportun aux sécheresses vaginales de par la carence en oestrogènes, la grossesse, le post-partum et l’allaitement maternel n’en sont pas moins une période de déséquilibre hormonal et émotionnel entrainant des plaintes de sécheresse vaginale de la part de ces futures et nouvelles mères.

La sexualité pendant la grossesse

La grossesse est un moment unique dans la vie d’une femme, dans celle de son conjoint et ainsi dans celle du couple. C’est une période de bouleversements aussi bien physiques que psychologiques où la sexualité peut se trouver perturbée. L’harmonie sexuelle existant avant la grossesse joue un rôle important dans la manière d’appréhender la sexualité durant cette période. Il en est de même de la bonne entente et de la communication au sein du couple . Durant cette période, une nouvelle identité se construit consciemment ou non puisqu’il y a ébauche du passage du statut de femme à celui de mère.
Beaucoup de croyances sont présentes dans l’imagination des couples concernant la sexualité pendant la grossesse. La peur de blesser le fœtus, de le sentir ou de le « salir » sont des témoignages fréquents des pères. Les rapports sexuels ne sont pas interdits pendant la grossesse. Il n’existe même que de rares contre indications aux rapports sexuels: MAP sévère, placenta praevia et RPM .

La sexualité dans le post-partum

Certains définissent le post-partum comme « le temps du bilan, le moment où, après la tempête, l’équipage du « navire-couple » se doit de constater les éventuelles avaries, colmater les brèches, accepter en son sein un nouveau membre, s’il ne veut pas que le navire aille « à vau l’eau » ou que, tout simplement, il coule. Il y va de la vie, non seulement du navire, mais aussi de chacun des membres de l’équipage, et de plus particulièrement du dernier arrivé dont les qualités de navigateur dans l’avenir dépendent fondamentalement de ce rude apprentissage. » L’arrivée d’un nouveau-né « chamboule » le quotidien du couple qui doit se réadapter et réorganiser sa vie. Il est probable qu’après un accouchement, la femme ne soit pas toujours prête à reprendre les rapports sexuels dès la sortie de la maternité. D’abord, la modalité d’accouchement caractérise une sidération des sensations périnéales due aux différents traumatismes de l’accouchement (distension, déchirures, épisiotomie) . Une chute des hormones après l’accouchement entraine une diminution de la libido. Une sécheresse vaginale est plus souvent constatée rendant les rapports difficiles. Des douleurs peuvent apparaître par le manque de lubrification. La présence de pertes vaginales durant les jours voire les semaines suivant l’accouchement est un frein à la reprise de la sexualité . Pour les femmes qui allaitent : les seins changent de fonction. Passant de la fonction érotique à la fonction alimentaire, les seins sont plus sensibles, plus lourds. Parfois les caresses deviennent douloureuses et l’éjection possible de lait durant un rapport sexuel rappelle à cette femme son statut de mère durant un acte où elle est « amante » .
D’autre part, des complications comme les hémorroïdes et/ou les incontinences urinaires, de gaz ou fécales peuvent induire une honte et inhiber le désir.
Enfin, les modifications corporelles dues à la grossesse peuvent entrainer un sentiment de mal être et renvoyer une image de soi qui est, pour la femme, des plus désagréables. La vision de ce corps avec un poids excessif, des vergetures, un ventre mou, un vagin trop large ne la rend pas confiante. L’image de soi érotique est à reconstruire.

Table des matières

Partie 1 : INTRODUCTION
1. La sexualité 
1.1 Définition
1.2 Le désir sexuel
1.3 Le plaisir sexuel
1.4 Le rapport sexuel
1.5 La communication et l’image de soi
2. Les dysfonctions sexuelles féminines 
2.1 L’anaphrodisie
2.2 Le vaginisme et les dyspareunies
2.3 La sécheresse vaginale
2.4 L’anorgasmie
3. La sexualité pendant la grossesse 
3.1 Les modifications physiques
3.2 Les modifications psychologiques
4. La sexualité dans le post-partum 
5. Rôle des sages-femmes 
Problématique 
Partie 2 : ETUDE
Matériel et Méthode
1. Mise en place de l’étude
2. Critères d’inclusion et d’exclusion
3. Traitement des données
Résultats
1. Les femmes interrogées en suites de naissances
1.1 Situation des femmes
1.2 Sexualité avant la grossesse
1.3 La première grossesse
1.4 PNP
1.4.1 Sexualité pendant la grossesse
1.4.2 Sexualité après l’accouchement
1.5 Accouchement
1.6 Reprise de la sexualité
1.6.1 Délai après l’accouchement
1.6.2 Qui est à l’initiative de la reprise ?
1.6.3 La pénétration
1.6.4 Les appréhensions
1.7 Sexualité après l’accouchement
1.8 Communication
1.9 Image du corps
1.10 Allaitement maternel
1.11 Rééducation périnéale
1.12 9 mois après l’accouchement
1.13 Influence de la sexualité
1.14 Informations
2. Concernant les sages-femmes
2.1 Situation des Sages-Femmes
2.1.1 Le sexe
2.1.2 L’âge
2.1.3 La durée de travail
2.1.4 Le lieu de travail
2.2 Formation sur la sexualité
2.3 Sexualité pendant et après la grossesse
2.4 Les connaissances des sages-femmes
2-5 Informations
Partie 3 : DISCUSSION
1. Les forces et les faiblesses de l’étude 
1.1 Les forces de l’étude
1.2 Les faiblesses de l’étude
2. Données générales 
3. La première grossesse 
3.1 Les modifications de la sexualité pendant la grossesse
3.2 Parler de sexualité pendant la grossesse
4. La sexualité dans le post-partum 
4.1 La reprise de la sexualité
4.2 Les appréhensions et les difficultés à la reprise de la sexualité
4.3 L’allaitement maternel
4.4 La rééducation périnéale
5. Communication, image du corps et degré de satisfaction sexuelle 
5.1 Communication avec l’entourage et le professionnel de santé
5.2 Le vécu des modifications corporelles
5.3 La satisfaction sexuelle
6. Un peu plus tard
7. Les informations 
CONCLUSION 
BIBLIOGRAPHIE 
ANNEXE I 
ANNEXE II 
ANNEXE III

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