Le CNEN : place au sein d’EDF et rôle dans le dispositif de conception et de construction de nouveaux réacteurs nucléaires en France

Le CNEN : place au sein d’EDF et rôle dans le dispositif de conception et de construction de nouveaux réacteurs nucléaires en France

Vu de loin, le Centre National de l’Équipement Nucléaire n’apparaît que comme une composante parmi d’autres de l’immense groupe EDF, premier producteur mondial d’électricité, cinquième groupe français par le chiffre d’affaires66 et le bénéfice net en 2012, et parmi les plus importants employeurs, avec des effectifs oscillant autour de 160.000 salariés. Le CNEN, avec son millier de salariés-ingénieurs dans leur immense majorité -, représente autour de 1% des effectifs d’EDF en France. Mais, ce chapitre le montrera, cette relative modestie par la taille ne doit pas masquer l’importance de cette unité dans la réussite de la stratégie du groupe. Le CNEN est en effet un maillon essentiel de l’écosystème industriel en charge du déploiement de la stratégie d’EDF et de l’État en matière de nucléaire, écosystème qui, nous le verrons, est loin d’être contenu dans les seules frontières du groupe. Cette unité d’ingénierie fait partie d’un grand ensemble d’unités opérationnelles en charge du système productif de l’entreprise : la Direction de la Production et de l’Ingénierie (DPI), placée sous la responsabilité de l’un des directeurs exécutifs du groupe. La DPI regroupe plusieurs divisions, qui recouvrent l’ensemble des moyens de production traditionnels d’EDF : elle compte ainsi une Division Production Ingénierie Hydraulique (DPIH), ainsi qu’une Division Production Ingénierie Thermique (DPIT). L’ensemble des effectifs de la DPI était, en 2010, de 33.875 personnes67. Trois divisions de la DPI s’occupent plus précisément de la partie nucléaire de la production d’électricité :- la Division Combustible Nucléaire (DCN), la plus petite en taille (192 personnes en 2010), en charge de la définition de la stratégie d’EDF en matière d’approvisionnement en combustible et de contractualisation avec les fournisseurs ; – la Division Production Nucléaire (DPN), de loin la plus importante en effectifs (19.214 personnes en 2010) : c’est la division qui a la responsabilité de l’exploitation des 58 réacteurs en fonctionnement en France ; – la Division Ingénierie Nucléaire (DIN), qui concentre les compétences du groupe dans les trois activités suivantes : la conception et la construction de nouvelles centrales nucléaires, la déconstruction des centrales qui ne sont plus en fonctionnement, et l’appui technique à l’exploitation et à la modernisation des 58 réacteurs exploités par les unités de la DPN. La DIN regroupait 4.301 personnes en 2010. 

Le CNEN : des ressources et une organisation en forte évolution au moment de la recherche collaborative 

Représentation statique de l’organisation projets/métiers du CNEN au moment du début de la recherche collaborative

Au moment où la collaboration entre le Centre de Gestion Scientifique et le CNEN a débuté, à la fin de l’année 2010, le CNEN est organisé en services « Projets » et en services « Métiers » (ou « études, ou encore « techniques »). L’ensemble des ressources de l’unité est donc réparti entre des entités orientées output (les différents projets), et des unités orientées input (les domaines de compétence technique). Notons qu’il ne s’agit pas d’une véritable organisation de type « matriciel », puisque les ingénieurs ne sont pas rattachés fonctionnellement à deux lignes hiérarchiques, mais à une seule : les ingénieurs des services métiers, bien que travaillant l’essentiel de leur temps au service d’un ou plusieurs projets, ne sont pas placés sous l’autorité fonctionnelle d’un chef de projet, et ne reportent qu’au chef de leur service métier. Les services projets en activité sont alors les suivants : – le service projet Flamanville 3 (dit FA3), qui est alors le seul projet correspondant à un chantier déjà engagé, qui est celui qui sollicite le plus la charge de travail des ingénieurs de l’unité ; – le service projet UK, créé en 2009, lorsqu’apparaît la possibilité pour EDF d’être architecteensemblier pour quatre réacteurs EPR en Angleterre (deux tranches à Hinkley-Point, dans le Somerset, et deux tranches à Sizewell, dans le Suffolk), destinés à être exploités par la filiale anglaise d’EDF, EDF Energy69. Notons d’ores et déjà qu’après de longues et conflictuelles négociations, un contrat de fourniture a finalement été passé en octobre 2012 pour deux EPR à Hinkley Point, le projet Sizewell ayant été suspendu ; – le service projet Penly 3, créé à la suite de la volonté affichée par Nicolas Sarkozy, alors président de la République, de construire, à la suite de Flamanville 3, un second EPR en France pour poursuivre l’entreprise de renouvellement du parc national. Le site de Penly est annoncé le 29 janvier 2009 comme ayant été retenu pour ce chantier. Comme nous le verrons par la suite, l’arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012 a changé la donne, et a reporté ce projet à une date ultérieure (ce qui faisait partie des engagements de campagne du candidat) ; – le service des « projets tiers », qui regroupe un ensemble de projets beaucoup plus éloignés d’une véritable concrétisation (aux Etats-Unis, en Afrique du Sud, en Pologne…), ou des projets sur lesquels EDF intervient au titre d’un rôle moindre que celui d’un architecte industriel complet, comme c’est le cas des EPR en construction en Chine actuellement, pour lequel EDF, et le CNEN notamment, jouent un rôle principalement de conseil. Ces services projets sont placés sous l’autorité hiérarchique d’un « chef de projet », qui pilote l’activité du service en s’appuyant sur quatre pôles aux responsabilités distinctes (voir figure 17). Un pôle technique, en charge des choix de conception, et travaillant en lien étroit avec les différents services métiers du CNEN ; un pôle contrôle de projet, principalement en charge de contrôler les dépenses et l’allocation des moyens financiers déployés sur le projet ; un pôle travaux/planification, en charge d’établir le planning détaillé des grandes étapes du projet ; enfin, un pôle aménagement, géographiquement détaché sur le site du chantier, en charge de l’interface entre le CNEN et les fournisseurs présents sur place.

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