LE MARCHE ALGERIEN DU BLE

LE MARCHE ALGERIEN DU BLE

L‟Algérie occupe une place importante sur l‟échiquier mondial, tant en ce qui concerne la consommation que les importations du blé. Ces dernières sont, selon l‟avis des spécialistes des marchés du blé, le résultat de la politique agricole mise en place depuis l‟indépendance. En effet au fil des 3 dernières décennies, un champ d‟expérimentation de formules de développement plus ou moins magiques importées toutes, qui de Yougoslavie (Autogestion) qui de Cuba (La révolution Agraire) qui de France ou de l’Espagne (pour l‟élevage avicole) et bien d‟autres exemples se sont avérés inadaptée à un environnement algérien. Et à chaque fois la réalité nous ramenait à un constat d‟échec qui est devenu latent et s‟est collé à la réalité algérienne. Cependant il s‟avère nécessaire d‟étudier l‟évolution de cette politique poursuivit par l‟Algérie depuis l‟indépendance. LE MARCHE ALGERIEN DU BLE 124 5.1/ Le blé et la politique agro alimentaire algérienne : Le système de gestion du secteur agricole a été depuis les années 60 à 80 une gestion socialiste, basée sur des fermes et des coopératives publiques et une forte implication de l‟État en matière de soutien des prix à la consommation et des subventions aux intrants agricoles. Il a existé certes un secteur privé agricole, mais celui-ci n‟a pas été favorisé et n‟a pas eu une utilisation correcte des intrants agricoles. Depuis 1987, la situation a beaucoup changé et il y a eu une profonde restructuration du secteur agricole qui a touché les systèmes de production et le mode de gestion des exploitations agricoles publiques. Cependant l‟Etat algérien n‟a cessé depuis l‟indépendance de considérer l‟alimentation de base de la population comme étant un facteur essentiel de sa politique sociale et économique. Ainsi le rôle nourricier de l‟Etat a suscité une politique céréalière qui est restée constante dans les objectifs, quels que soient les changements de situation et d‟orientation économiques.

Mesures prises après l’indépendance

En 1962 de nombreuses fermes ont étaient abandonnées ; le matériel dilapidé, et les institutions (caisses de crédit…) ne fonctionnaient plus Dépourvus d‟attelage, de semences et de main d‟œuvre, les fellahs ne disposaient plus de moyen nécessaires pour travailler ou remettre en culture leurs terres. Le premier acte du gouvernement installé en septembre 62 est l‟opération labours qui vise à rétablir la fonction approvisionnement en grains de la filière céréales : il s‟agit de relancer la céréaliculture grâce à la mise en commun, sous l‟égide de l‟état, des moyens disponibles ou accordés à titre exceptionnel (matériel yougoslave, prêt français pour les semences). Parallèlement, le Section Algérienne de l‟Office National (Français) Interprofessionnel dés céréales (SAONIC) est transformés dès Juillet 1962 en Office Algérien Interprofessionnel des Céréales (OAIC), qui 125 hérite des fonctions, des installations et de l‟expérience (à travers la conservation des employés et des cadres algériens) se son prédécesseur.

L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et la filière céréale algérienne 

L‟Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) était un organisme d‟Etat à caractère administratif, exerçant un monopole sur la collecte, le stockage, la distribution et surtout l‟importation des grains et graines de céréales et de légumes secs. Depuis sa création le 12 juillet 1962, l‟OAIC constitue un instrument important de la politique céréalière de l‟Etat, il a été doté de la puissance publique pour coordonner et gérer les mécanismes de l‟ensemble des dispositifs réglementaires relatifs à la fixation des prix des céréales, leur uniformisation ainsi que la définition des règles de commercialisation, de circulation des grains de céréales et de légumes secs. Il a toujours joué un rôle très important dans l‟organisation des campagnes labours semailles par la mise à la disposition des céréalicultures des crédits pour l‟acquisition des semences et des produits phytosanitaires ; et un encadrement technique d‟appui. Par ailleurs, il a pris des initiatives significatives en lançant la culture de blé sous pivot tout en assurant la collecte de la production (blés dur et tendre, orge, avoine, seigle, sorgho, haricot, pois chiche, lentilles). En matière de commerce extérieur, l‟OAIC se comportait comme une véritable centrale d‟achat qui gérait l‟ensemble des accords passés entre l‟Algérie et les pays exportateurs pour approvisionner le marché national. Il prospectait et achetait sur les marchés à terme des quantités importantes de céréales et de légumes secs désirés en fonction des moyens financiers dont il disposait et les crédits qui lui ont été accordés. Cependant, l‟OAIC développait une politique d‟accords commerciaux bilatéraux avec les organismes étatiques des pays fournisseurs. 126 En tant qu‟organisme public chargé de l‟importation et de la régulation du marché des céréales, l‟OAIC avait toujours bénéficié de subventions importantes allouées par le Trésor public pour le soutien des prix payés tant au producteur qu‟au consommateur. Pour remplir ses missions, l‟OAIC s‟appuie sur un réseau très dense de coopératives céréalières (CCLS et UCA) qui sont au nombre de 46 à travers l‟ensemble du territoire. En plus de la collecte de la production nationale et d‟appui aux céréaliculteurs, les CCLS assurent la réception, le conditionnement et le stockage des grains de céréales importés qu‟elles distribuent et vendent à des agents différents selon le type de céréales : les blés sont essentiellement destinés aux industries de transformation (Eriad et privés) qui les transforment en semoule, farine et autres dérivés ; l‟orge et le maïs sont orientés à une autre clientèle composée principalement d‟éleveurs regroupés en coopératives spécialisés, l‟Office national des aliments du bétail (ONAB) et autres fabricants des aliments de bétail (FAB) ; les semences de céréales sont destinées aux céréaliculteurs qui s‟approvisionnent directement auprès des CCLS implantées dans leur wilaya d‟origine ; enfin les légumes secs étaient cédés en quasi-totalité aux entreprises publiques de commercialisation jusqu‟en 1992. La circulation des grains relevait du monopole accordé à l‟OAIC, les différents intervenants étaient donc soumis à un ensemble de règles délimitant leur droit, à un prix à la production garanti, fixé en début de campagne par décret. Ils bénéficiaient également du droit de voir l‟intégralité de leurs livraisons acceptées par l‟OAIC. Ils étaient cependant tenus de procéder à une déclaration d‟emblavure et une déclaration de récolte. Ces documents devant obligatoirement être produits au moment des livraisons. Pour permettre à l‟OAIC (force publique) la constitution des stocks de sécurité et leur régulation – les CCLS et les industries de transformation (Eriad, ONAB, FAB, privés) devaient déclarer l‟état de leurs stocks à la fin 127 de chaque mois et tenir une comptabilité matière faisant ressortir les entrées et les sorties de céréales. Lorsqu‟ils circulent, y compris dans le cadre de mouvements internes (entre silos d‟un même organisme stockeur ou entre dépôts d‟une même entreprise de transformation industrielle), les grains de céréales sont obligatoirement accompagnés d‟un passe-avant délivré par l‟organisme stockeur.

La période 1963-1979

Durant cette période se met en place le projet centralisé d‟industrialisation, qui s‟appuie, surtout à partir de 1973 (augmentation du prix du pétrole), sur les perspectives d‟investissement offertes par l‟augmentation des revenus pétroliers. La politique d‟industrialisation en amont et en aval de l‟agriculture, est supposée permettre à celle-ci de répondre aux besoins de la population. En ce qui concerne l‟approvisionnement en grains, les attentes reposent sur la mise en œuvre de l‟intensification céréalière, nouvelle doctrine agronomique qui n‟est autre que la fameuse révolution verte) proposée par les organismes internationaux aux pays sous développés. Porteuse d‟une multiplication par 2 ou par 3 dans des délais relativement courts, mais vue l‟état des sols et les contraintes climatiques ce programme était voué à l‟échec. Les comités de gestion des fermes vacantes, apparus spontanément en 1962, sont institutionnalisés par les décrets en mars 1963 qui prévoient leur encadrement par ONRA1 , les anciennes fermes coloniales doivent rester des unités de production modernes et efficaces. Les terres dont les propriétaires ont disparu sont nationalisées par la révolution agraire en 1971. Les terres saisies récupérées demeurent autant que possible réparties en exploitations de taille assez importante de façon à constituer des coopératives de production, qui reçoivent, de même que les autres 1Office National de la Réforme Agraire 128 exploitations agricoles, l‟aide technique et économique des CAPCS1 . D‟autre part, le crédit agricole est organisé. Les intrants industriels : engrais, machines, pompes…) sont fabriqués dans le pays. Dans ce contexte, les importations de céréales apparaissent plus que jamais comme complémentaires et provisoires ; cependant elles continuent de croître régulièrement, ce qui a conduit l‟OAIC à s‟y consacrer toujours d‟avantage (au lieu de s‟occuper d‟avantage des producteurs agricoles en les encadrant…). Pour assurer sa sécurité en matière d‟approvisionnement, à partir de 1973 (quand les ressources procurées par le pétrole le permettaient) et on a commencé à construire des silos portuaires et ainsi on pouvait stocker l‟équivalent de la consommation d‟une année. Quant à la transformation du blé, une société nationale a été créée en 1965 la SN SEMPAC2 qui devait produire toute la semoule et la farine nécessaire à la consommation de la population.

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