Le « Moodleur » acteur des son développement professionnel

Le « Moodleur » acteur des son développement professionnel

Le développement professionnel : un concept, une multitude d’expressions

Le DP retient depuis ces dernières années l’attention de nombreux chercheurs. C’est un sujet très présent dans les écrits professionnels et scientifiques et ces derniers ne cessent de se multiplier. De ce fait, comme le souligne Marcel, cette abondance de publications « met à jour une grande diversité dans les modalités d’approches, les cadres théoriques ou les choix méthodologiques, mais également dans les visées des travaux et les postures de ceux qui les conduisent » (2009a, p. 157). En effet, certains écrits favorisent des « interventions planifiées qui ont pour visée de transformer les pratiques et les représentations des acteurs professionnels. D’autres, à l’inverse, se concentrent sur les expériences d’apprentissage naturelles au sein du milieu professionnel » (Lefeuvre, Garcia, & Namolovan, 2009, p. 277). Nous comprenons alors qu’il est compliqué de définir le DP. D’une part parce que le concept est polysémique, et, d’autre part, parce qu’il renvoie à une multitude d’expressions et de significations. La littérature scientifique montre qu’il existe une multitude d’expressions pour qualifier le DP. Nous rencontrons (entres autres) les expressions suivantes : développement Première partie : Analyse du développement professionnel dans une configuration sociale interconnectée Page 69 sur 311 professionnel ou de développement professionnel continu (Daele, 2013 ; Marcel, 2009b ; Stumpf & Sonntag, 2009 ; Donnay & Charlier, 2008), perfectionnement professionnel (Goddard, 2005 ; Soular, 2001), développement pédagogique (Savoie-Zajc & Dionne, 2001), développement de carrière (Huberman, 1989), professionnalisation (Wittorski, 2007). Nous voyons ici que le caractère polysémique revêtu par l’objet « développement professionnel » engendre une confusion entre la signification du concept lui-même et les procédés par lesquels il s’opère. Dans un premier temps, voyons ce qui se cache sous la notion de professionnalisation.

La notion de professionnalisation

Dans son article « À propos de la professionnalisation » Wittorski, (2009) explique que ce concept suscite de nombreuses discussions tant dans le milieu de la formation que dans celui du travail. Afin de mieux saisir ce qui se cache sous cette notion, il propose de l’analyser à partir des « enjeux sociaux qui l’entourent » et d’en identifier « les principaux sens repérables au travers des pratiques sociales ». Selon lui, le discours managérial actuel soutient que nous sommes entrés dans : un nouveau paradigme social prônant un « individu acteur et auteur de sa propre vie » ainsi qu’une « efficacité immédiate de l’action concrète » (professionnelle, sociale, voire privée), signe sans doute d’un nouveau mode de « gouvernance sociale » mettant en avant un sujet doué d’une autonomie (2009, p. 781). Certes, nous retrouvons ici le discours libéral actuel tenu par les ouvrages de management et dénoncé par Boltanski et Chiapello dans le « Nouvel esprit du capitalisme » (2011). Mais, même si ce n’est pas un discours « scientifique », il nous fait comprendre que dans ce contexte, il s’agit de rendre les individus plus « professionnels107 » ; c’est-à-dire ayant des « connaissances approfondies de leurs actions et de leur métier en général, sachant s’adapter à des situations variées et complexes et développant leur autonomie » (Daele, 2013, pp. 23-24). Uwamariya et Mukamurera, rejoignent la définition de Daele puisque pour elles, les individus sont « amenés à maîtriser [leur] métier, à se responsabiliser et à s’approprier tous les enjeux de la profession pour ainsi agir comme des professionnels compétents [ayant] la capacité de résoudre des problèmes complexes et variés » (2005, p. 140). Comme le souligne Daele « La professionnalisation s’inscrirait donc 107 Wittorski parle de « salarié professionnel » (2007, p. 16) Chapitre 3 : Le Moodleur acteur de son développement professionnel Page 70 sur 311 dans un mouvement (…) par lequel les professions (et les professionnels) visent à développer leur identité, la qualité de leurs savoirs-faire, leurs outils et leurs techniques. » (op. cit., p 24). Wittorski précise qu’il faut penser « les liens entre activité/développement professionnel (relevant du sujet) – compétence/professionnalisation (relevant du tiers, de l’organisation) – négociation identitaire (sujet-tiers) » (2009, p. 783). Ses travaux, réalisés dans différents secteurs, le conduisent à dire que la « professionnalisation » et le « développement professionnel » sont intimement liés dans un triptyque qu’il modélise de la manière suivante : 1- La professionnalisation relève d’une intention organisationnelle « de mise en mouvement » des sujets passant par la prescription de compétences par l’organisation et par la proposition de dispositifs permettant de les développer. Wittorski parle « d’identité prescrite » ; 2- le développement professionnel est un processus de transformation des sujets au fil de leur activité dans ou en dehors des dispostitifs organisationnels proposés. Il s’agit ici « d’identité agie et vécue » ; 3- un processus de négociation de nature identitaire (entre le sujet et l’organisation) s’opère alors dont l’enjeu est l’attribution par l’organisation (ou un tiers « qualifié ») de compétences à l’individu à partir de l’évaluation des résultats de l’activité qu’il a déployée, valant attribution/reconnaissance de place dans l’organisation. L’auteur parle ici « d’identité reconnue/ attribuée » (Wittorski, 2009, pp. 783-784).

Le développement professionnel

définitions Marcel, rappelle que dans son acceptation la plus large le concept de DP « englobe la construction des compétences lors de formations individuelles ou collectives, mais aussi la construction de compétences nouvelles par la pratique et la réflexion sur la pratique ainsi que les transformations identitaires des individus ou des groupes » (2009a, p. 157). Cette définition peut être précisée par l’apport d’éléments complémentaires. Notamment par ceux que propose Day (1999) qui s’inscrit aussi dans une vision large du DP. En effet, pour ce chercheur le DP, se compose de toutes les expériences naturelles d’apprentissage ainsi que des activités conscientes et programmées destinées au bénéfice direct ou indirect de l’individu, du groupe (…). C’est le processus par lequel, seuls ou avec d’autres, les [individus] acquièrent et développent de façon critique la connaissance, les aptitudes et l’intelligence émotionnelle essentielles pour une bonne réflexion professionnelle, une bonne planification professionnelle et une bonne pratique professionnelle109 (p. 4).

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