LES ALLIANCES STRATEGIQUES

LES ALLIANCES STRATEGIQUES

définition de l’alliance

La mondialisation de l‘économie et l‘internationalisation des marchés ont suscité un développement sans précédent des alliances stratégiques. Depuis prés de vingt ans, les recherches qui ont été menées sur ce phénomène arrivent sensiblement aux mêmes conclusions : ces nouvelles formes d‘organisations apparaissent comme les plus adaptées à l‘environnement économique d‘aujourd‘hui, certains chercheurs postulent mêmes qu‘ils peuvent servir à réduire le fossé entre les pays industrialisés et les pays en voie de développement.1 « Les alliances stratégiques ne sont pas des formes organisationnelles nouvelles »(MESCHI, 2004)

Les firmes ont depuis longtemps eu recours à certains modes de coopération.

Cependant, « les alliances semblent prendre une plus grande importance dans les stratégies de croissance des grandes mais aussi des petites et moyennes entreprises » (OCDE 2001, Fernandez 1993)3 . « De manière générale, une alliance stratégique peut être considérée comme un lien volontaire, formel ou informel, tissé entre plusieurs firmes souveraines afin de conduire conjointement une action sur un espace donné. Pour cela, elles mettent en commun ou échangent des ressources afin d’accéder à des avantages. Les approches théoriques des alliances stratégiques – 10 – attachés à la coopération tout en restant indépendantes en dehors de l’alliance » (Jolly, 2001, p 17)1 . Ainsi, une alliance stratégique est une « association entre deux ou plusieurs entreprises, concurrentes ou potentiellement concurrentes qui choisissent de mener à bien un projet, un programme ou une activité spécifique en mettant en commun les compétences et les ressources nécessaires plutôt que de mettre en oeuvre ce projet, programme ou activité sur une base autonome, en affrontant de manière directe les autres firmes engagées dans la même activité ; de mettre en commun de manière définitive sur l’ensemble de leurs activités, la totalité des ressources dont elles disposent » (Dussauge, Garrette, 1991)

Les alliances stratégiques apparaissent ainsi comme une démarche stratégique volontaire fondée sur le refus total de la concurrence ou l‘acceptation d‘une mise en commun intégrale et définitive de l‘ensemble des ressources. « L’approche des ressources considère les alliances stratégiques comme des relations coopératives avec une double logique : celle d’améliorer une position stratégique vulnérable (besoins de ressources stratégiques) et celle de renforcer ou d’exploiter une position sociale forte (opportunités de ressources Sociales ) » (Eisenhardt, Schoonhoven, 1996). Ces relations représentent ainsi « des flux de ressources entre les organisations » (Van de Ven, 1976).3 Ainsi, en nous inspirant des définitions précédentes, nous pouvons identifier certaines caractéristiques principales des relations inter-entreprises couvertes par le champ des alliances stratégiques : 1- La relation est contractuelle, volontaire et souhaitée par les partenaires. 2- L‘action conjointe vise la réalisation d‘un projet commun avec des objectifs collectifs et des intérêts individuels propres aux partenaires. 

Le processus de négociation entre les partenaires aboutit à des arbitrages en termes d‘apports en ressources et compétences, de leurs utilisations alternatives, de gouvernance de la relation, d‘organisation de la coopération et de modes de sortie.  4- La relation donne lieu à des avantages collectifs partagés et des avantages individuels, déclarés ou dissimulés, que chaque partenaire peut tirer de la relation. 5- La coopération peut être délimitée dans son espace d‘action (géographique, stratégique, temporel) ou non délimitée (durée indéterminée, objectifs évolutifs, couverture sur plusieurs marchés). 6- La relation ne remet pas en cause l‘autonomie des partenaires et leur « liberté de concurrence » en dehors de l‘espace coopératif ainsi que la possibilité de chacun de se retirer et de mettre fin à la collaboration. Dans une perspective de théorie des coûts de transaction, certains auteurs considèrent les alliances stratégiques « comme un mode hybride de coordination et une situation intermédiaire et transitoire combinant des variables de mécanismes de marché et des procédures internalisées »(Mucchielli, 1998)1 . Ainsi, l‘alliance stratégique apparaît comme un « équilibre instable » entre des situations de rupture (retour à la concurrence) et d‘intégration (fusions / acquisitions et internalisations). Dans une analyse des relations entre concurrence et coopération d‘un échantillon de 245 alliances stratégiques formées entre 1980 et 1987,Garrette (1989)2 évoque ainsi la notion de « trêve concurrentielle » pour caractériser les alliances stratégiques. Selon cet auteur, il faudrait ajouter à l‘approche de l‘alliance « trêve » qui viserait à limiter la compétition, deux autres niveaux d‘analyse : l‘alliance « intermédiaire » entre concurrence et intégration et l‘alliance comme nouvelle forme de concurrence interne. D‘autres auteurs considèrent que la multiplication des alliances stratégiques n‘est autre qu‘une remise en cause de la stratégie de l‘affrontement et des explications déterministes des théories des coûts de transaction et de la Resource Based View : « L’alliance serait un moyen efficace de prolonger les frontières organisationnelles de la firme et d’accéder aux compétences tacites de ses partenaires-concurrents » (Halloul, 2001). Cependant, Jolly (2001, p 88), considère que « même si l’alliance ne supprime pas l’affrontement, celle-ci le déplace »

. La concurrence est ainsi maintenue visà-vis des autres acteurs restés en dehors de l‘alliance (affrontement des coalitions). Elle peut aussi le déplacer sur le terrain des vitesses d‘apprentissage au sein même de l‘alliance ». 1 (Hamel, 1991) qualifie les alliances de moyen de « compétition déguisée » mettant en œuvre des courses à l‘apprentissage. Ces courses sont accélérées par des intentions stratégiques cachées des partenaires et des disparités dans les volontés et les capacités de chaque firme d‘accéder aux compétences des autres et de se protéger des transferts non désirés vers ses partenaires. Dans une optique de gestion d‘un portefeuille de relations coopératives ou encore dans une perspective de réseaux, « l’alliance stratégique serait la mise en oeuvre de la stratégie d’alliance dans un espace donné –une partie des activités des alliésse traduisant par l’élimination de la concurrence directe sur ces activités »(Arlandis, 1987)2 .

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