Les antitheses dans le roman « pelandrova » de pelandrova dreo une approche semiotique

Nombreux sont les études qui montrent les particularités de l’espèce humaine au sein de la nature. Parmi celles-ci, le langage compris comme la faculté de raconter ce qui s’est passé et qui ne doit plus se reproduire. C’est ainsi que l’interdit de l’inceste n’est pas seulement une prescription de l’exogamie, mais surtout une interdiction du meurtre . De la même manière, si notre roman raconte la vie au quotidien de l’Androy sous le signe de la misère, une négativité mise en évidence par antithèse à la civilisation européenne, c’est pour empêcher aux pareilles misères de se reproduire.

Dans l’existence de l’être humain, depuis son origine, le système de représentation conduit à appauvrir l’image que l’on a de l’autre à partir d’un ethnocentrisme, ou d’un égocentrisme. De la sorte, l’Afrique est toujours comprise comme sauvage par rapport à la civilisation occidentale. Pourtant, il nous semble qu’il faille admettre que l’Afrique profonde refuse d’entrer dans une logique commerciale qui aliène l’homme comme un simple outil de production au service de l’intérêt et du profit. Il nous semble qu’il soit permis de croire que l’homme africain est lié par la double transcendance verticale qui le lie avec les ancêtres et le divin et la transcendance horizontale qui le lie avec tous les membres de la communauté.

L’œuvre de Pelandrova, à partir de la peinture des us et coutumes des Antandroy, mise en évidence par sa confrontation avec la civilisation occidentale nous apprend deux choses fondamentales. La transcendance horizontale fonctionne comme un interdit du meurtre, en même temps qu’une prescription d’assistance à l’autre. La transcendance verticale est un interdit de la désacralisation de la nature en même temps qu’une prescription de préservation, de la sorte, il est interdit de prendre dans la nature ce qui n’est pas immédiatement nécessaire, afin d’éviter de faire d’elle un objet marchand.

Les descriptions minutieuses des us et coutumes de l’Androy ont pour mission de nous faire rendre compte de cet état de symbiose de l’Antandroy avec la nature. La peinture en antithèse de la civilisation des Blancs donne une complétude à la première, en permettant de saisir ce qui fait défaut dans la tradition antandroy et ce qui manque dans la modernité.

Généralité sur l’approche

Comme son intitulé l’indique, cette approche va nous situer au cœur même du roman. Il s’agit de comprendre que l’œuvre est une expansion d’une matrice. Cette matrice peut ne pas avoir d’existence lexicale dans le texte, elle peut être seulement sémique ou structurale comme dans le cas de l’antithèse que nous entendons explorer .

Rappelons pour mémoire que la sémiotique propose une lecture à plusieurs niveaux. D’abord l’œuvre en tant que fait de langage possède un signifiant et un signifié qui renvoient à un objet du monde. En tant qu’œuvre d’art, cette première signification est relayée de deux manières par d’autres sémiotiques :

Une sémiotique connotative dans laquelle le plan du signifiant est déjà une sémiotique. Pour reprendre la formulation de Louis HJELMSLEV nous avons la formule suivante :

(E R C) R C

Dans laquelle E = Expression ; R = en relation et C = Contenu.

Et une sémiotique métalinguistique pour laquelle c’est le plan du contenu qui est un langage, nous avons alors la formule :

E R (E R C)

En ce qui concerne l’antithèse, la méta-signification ou la connotation viendra de l’analyse qui attachera un nouveau sens dans le système d’opposition entre la civilisation blanche et la civilisation noire, la trame narrative étant cette forme d’autobiographie que prétend l’œuvre dans son procédé analeptique. Le roman s’ouvre sur la description de l’agonie de Pélandrova, justifiant la célèbre intuition de saint Augustin, selon laquelle une minute de récit peut contenir cent ans d’histoire. C’est à ce moment de l’agonie que le récit de Pélandrova prend forme, dans la mesure où la naissance et la mort se constituent en bornes absolues qui peuvent contenir une histoire. Nous dirons pour notre part que le récit finit avant de pouvoir commencer. Il faut que les péripéties de la vie touchent à leur fin pour que l’histoire puisse être racontée. C’est ce que nous constatons, à une autre échelle, dans les oraisons funèbres.

La conceptualisation de la recherche 

Avant de travailler la problématique majeure qui est de donner suite à ces investigations, il serait important de bien conceptualiser certains termes pour éviter les ambiguïtés. Sur ce, il serait intéressant de poser la question suivante : Qu’est-ce qu’on entend par ces mots ci-après dans ce travail ?

Littérature : La littérature étant un ensemble d’œuvres réalisées par les moyens du langage oral ou écrit, considéré tant au point de vue formel et esthétique qu’idéologique, qui traite d’un sujet, étant un art d’écriture .

Civilisation : État de ce qui est civilisé à l’antonyme de barbarie ; ensemble des phénomènes sociaux, religieux, intellectuels, artistiques, scientifiques et techniques propres à un peuple et transmis par l’éducation. À ce titre, aucune civilisation ne peut être sauvage. Seul un individu peut être sauvage par rapport à sa propre civilisation, mais il n’y a jamais de population sauvage.

Analphabétisme : le fait de ne savoir ni lire ni écrire.

Primitivisme : Il s’agit d’un état d’une société primitive, un caractère appartenant au premier état des choses : initial, originel. Le caractère peut être grossier, frustre, rudimentaire. Se dit également des sociétés restées à l’écart de la civilisation moderne et industrielle.

Acculturation : Ensemble des phénomènes résultant du contact direct et continu entre des groupes d’individus de cultures différentes.

Stéréotype : Se dit d’un caractère de conformité de tous les éléments d’un ensemble. Il s’agit d’un caractère que l’on met en évidence presque par réflexe, en dehors de toute analyse.

Interculturalité : Lors de contact de cultures, l’interculturalité désigne leur partie commune.

Démarcation : Affichage d’une position tranchée qui ne suit pas la topique ou les lieux communs dans le raisonnement.

Roman ethnologique : C’est une littérature qui entend mettre en évidence les particularités d’une ethnie ou d’une région géographique.

Lorgnon : Instrument de vision qui améliore la vue, il est ici pris au sens figuré pour signaler une manière particulière de voir les choses. C’est la trace de la subjectivité dans le langage.

Stylisation : Effet de sens produit par la manière de dire les choses.

Bicorne mythique : Désigne la permanence des mythes dans toute œuvre selon une perspective intertextuelle.

Pragmatisme : Au sens Charles Sanders PEIRCE, il désigne l’adoption d’une attitude par la force de l’habitude.

Ethnologie : Étude d’une ethnie bien que la définition du mot ethnie fasse problème.

Antithèse : Figure de rhétorique qui prend à la fois le simple attelage et l’oxymore en passant par la relation des contraires.

Table des matières

INTRODUCTION
– Problématique de la recherche
– Hypothèse de la recherche
– Présentation du plan
Ière PARTIE : APPROCHE THÉORIQUE DE LARECHERCHE
I.1 Généralité sur l’approche
I.2. La conceptualisation de la recherche
I.3.- La contextualisation de la recherche
La géographie du roman
I.3.1. Cadre géographique de l’Androy
I.3.2. L’Androy d’après le roman Pelandrova
I.3.3. Qui est la romancière ?
I.3.4. La relation entre la romancière et l’héroïne
I.3.5. Analyse thématique
I.3.5.1. Images de l’Androy
A) Androy, terre ensoleillée
1) L’omniprésence du soleil dans l’Androy
2) L’interdépendance soleil et chaleur dans le roman
3) Qualifications de la chaleur
B) Androy, terre riche
C) Androy, terre maudite
a) La famine
b) La malédiction : Androy, terre de Cham
I.3.5.2. Le primitivisme
A) Androy, terre des primitifs
B) Androy, terre des analphabètes
I.3.5.3. L’interculturalité
A) L’acculturation systématique ou la première assimilation
B) L’assimilation des Blancs ou la pétrification
C) Les vices devant l’interculturalité
a) La déshumanisation
b) Le phénomène de rejet
I.3.5.4. La question de goût dans le roman
I.3.5.5. La conception de la mort
Conception de la mort
IIème PARTIE : APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE
Forme et fond
II.1. Approche linguistique de l’œuvre (selon la forme)
II.1.1. De quelques investigations linguistiques
II.2. La littérarité du roman selon le contenu (le fond)
II.2.1. Le “ je ” de l’écriture
II.2.2. Le cachet d’authenticité
II.2.2.1. Pélandrova, épouse et mère
II.2.2.2. Pélandrova, amante répudiée
II.2.2.3. Pélandrova, sorcière
II.2.2.4. Pélandrova, bonniche
II.3. Les aventures des personnages du roman
II.3.1 Les aventures de Pélandrova et de Renjahana
II.3.2 Les aventures de Pélandrova et de Mouché
II.3.3 Les aventures de Madamou et de Rémy
II.3.4 Jeanne fréquente Davet
II.4. La raison d’être du roman
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES

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