L’Evolution des espérances de vie

L’Evolution des espérances de vie

Dans un premier temps, nous allons considérer l’évolution des espérances de vie sur la longue durée. Au regard de l’histoire, et plus particulièrement pour les pays « développés », la durée de vie s’est considérablement allongée : d’environ 25 ans pour les âges préhistoriques, à environ 80 ans aujourd’hui (deux sexes confondus), pour un pays comme la France. Les causes de mortalité ont aussi évolué avec le temps. Nous sommes passés, grosso modo, pour nos sociétés, de l’âge des épidémies, des grandes famines et des guerres pour une large période couvrant le Moyen-âge, à l’âge des maladies cardio-vasculaires et des tumeurs, « fléaux » des temps modernes. Toutefois, nous insisterons bien sur l’idée qu’une histoire de l’espérance de vie et de ses progrès au fil des siècles ne se résume pas à une histoire de la  médecine. Un des objectifs de ce premier chapitre sera donc de souligner l’importance, en matière de santé, que peuvent jouer les facteurs socioculturels – au sens le plus large du terme. Depuis les âges les plus lointains et les époques les plus reculées, la durée de vie des êtres humains a formidablement augmentée. De l’ère préhistorique à aujourd’hui (sociétés modernes, « développées »…), celle-ci a quasiment triplée : l’espérance de vie de nos ancêtres dépassait rarement plus de 25 ans, tandis qu’aujourd’hui, dans la plupart des pays « riches », l’homme moderne peut espérer vivre en moyenne jusqu’à 80 ans – deux sexes confondus. Avant de nous arrêter plus en détail sur cette question de la longévité pour des époques plus récentes, essayons de remonter le fil du temps afin de retracer, dans la mesure du possible, les grandes périodes de l’évolution historique de la longévité moyenne. Nous reviendrons également, bien entendu, sur les facteurs majeurs, « évidents », qui ont contribués à cet accroissement, tout en insistant sur l’idée que ces progrès ne peuvent être compris que de manière dynamique, puisque multiples sont les causes qui, par leurs actions conjuguées, ont joué en faveur de la vie plus longue des hommes. Vie et mort durant la préhistoire Avant d’enfiler, en toute modestie, l’habit d’archéologue, ou d’historien, pour rendre compte de faits humains – relatifs à la mortalité – bien éloignés, rappelons toute la prudence qu’il convient de garder par rapport aux résultats et aux analyses que nous allons présenter.

En effet, c’est une tâche bien complexe que d’évaluer avec quelque précision la durée Bien que nous ne disposions que d’une vision partielle des sociétés préhistoriques, observons pour commencer quelques aspects démographiques propres à ces dernières. D’après l’état des squelettes, la presque totalité des sinanthropes (individus appartenant à une espèce fossile d’Hominidés – homo erectus Pekinensis -, dont les restes ont été découverts en Chine) auraient succombé avant l’âge de 30 ans. Les méthodes utilisées pour évaluer l’âge sont plus imprécises encore que celles utilisées pour le sexe ; elles demeurent, aux dires des préhistoriens, entachées d’erreurs systématiques d’une telle ampleur que « tout ce qui a été écrit sur les décès, dans la fleur de l’âge, des populations historiques, sur les hécatombes des jeunes mères, etc., ne doit être accueilli qu’avec un certain scepticisme »3.

En définitive, le peu qui reste laisse à penser que les populations préhistoriques n’avaient pas de raisons d’être sensiblement différentes des populations modernes de chasseurs-cueilleurs ou même de cultivateurs vivant éloignés de la médecine occidentale. Ces populations ont pu être, sur le plan démographique, proche du paysannat s’apparentent à celles des paysans du 17ème siècle : – une mortalité infantile élevée, quoique très inégalement représentée dans les nécropoles : de l’ordre de 40 % des enfants seraient décédés avant cinq ans. – du fait de cette mortalité élevée aux premiers âges, l’espérance de vie à la naissance aurait été très basse (25 à 30 ans) ; néanmoins, une fois dépassée la période dangereuse des cinq premières années, l’espérance de vie se serait sensiblement relevée : à 20 ans, on aurait même eu, avec des conditions favorables, encore quelque 35 années à vivre. Environ un adulte sur deux aurait dépassé 55 ans et un pourcentage non négligeable aurait connu ce que nous appelons la vieillesse.

 

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