Place et la coordination d’un système d’intelligence économique

L’Intelligence économique

 L’environnement économique mondial conduit l’entreprise à affronter une multiplicité de risques et menaces mais aussi à saisir d’innombrables opportunités. Cette réalité fonde et justifie l’engagement en faveur de l’Intelligence Economique d’Entreprise (IEE). La compréhension des enjeux exige de toutes les parties prenantes de l’entreprise une démarche proactive et une vision prospective qui ne trouvent leur accomplissement que dans la mise en place et la coordination d’un système d’intelligence économique, adapté au monde de l’Entreprise. Conduire une démarche d’intelligence économique, c’est adopter une nouvelle logique de l’informatisation de l’entreprise axée sur l’anticipation des besoins et des attentes des utilisateurs. La maîtrise de l’intelligence économique est essentielle au déploiement du management de la performance (Business Performance Management). Il appartient désormais à tout acteur économique de comprendre et d’anticiper les mutations qui affectent un marché mondial animé par une concurrence exacerbée. De plus, ce marché est caractérisé par l’omniprésence de l’information, constituant une matière première stratégique à tous les niveaux. Le défi à relever est, d’une part, d’obtenir l’information grâce à des outils dédiés, afin de la corréler à d’autres et de l’exploiter en temps opportun et, d’autre part, de protéger les données stratégiques détenues par toute organisation. L’intelligence économique (IE), définie comme « la maîtrise et la protection de l’information stratégique pertinente pour tout acteur économique », est avant tout une grille d’analyse indispensable à la lecture de ces enjeux. Elle a pour finalité la compétitivité de l’économie et la sécurité de l’État et des entreprises. Elle représente une démarche pluridisciplinaire : analyser les informations suppose de combiner des compétences techniques, économiques, commerciales, financières. La protection de données ou de sites sensibles fait appel à des spécialités multiples. C’est pourquoi la mise en place d’une organisation particulière, notamment au sein de l’entreprise, est nécessaire, de même que le recours à toutes les ressources utiles, en particulier celles que l’administration met à disposition de tous. Le marché ne connaît pas de frontières. De même, l’intelligence économique exige une grande ouverture d’esprit. Connaître ce qui se fait à l’étranger permet d’éviter des erreurs. Coopérer avec des partenaires est aussi une attitude naturelle pour toute entreprise.

Définition de l’intelligence économique 

Ce qu’est l’Intelligence économique ?

Le terme « Intelligence Economique » est apparu en 1985 dans le livre « Competitor Intelligence : How to get it – How to use it » de Leonard FULD qui introduit et développa le terme sous son appellation anglophone « Competitor Intelligence », il a été repris pour la première fois par Ruth STANAT, sous le terme de « Competitive intelligence » dans son ouvrage « Intelligent Corporation » paru en 1990, puis a été de plus en plus utilisé à partir de cette date.1 Les américains, comme les anglais utilisent également le terme de « Business Intelligence », dans cette expression comme celle de « Competitive intelligence ». Le mot intelligence est pratiquement synonyme de renseignement, dans l’acceptation courante de ce terme, sans lien avec l’espionnage. Ce rappel historique est fait pour monter que le terme français « intelligence économique » est utilisé officiellement depuis 1992 année de la création de la SCIP France2 . Il est utile de donner la définition de la compétitive intelligence donnée par l’APQC 3 , en 1999. « Competitive intelligence is a systematic program for gathering and analyzing information about you competitor’s activities and general business trends to further you own compan’s goal » 4 . La définition proposée dans les ouvrages dédiés à l’intelligence économique est souvent celle du Commissariat Général au Plan ; complétée de précisions personnelles. F. JAKOBIAK distingue ainsi l’intelligence économique de la veille technologique : « Dans l’intelligence économique il y a une intention stratégique et tactique avec volonté d’interaction entre tous les niveaux d’action, tous les types d’actions économiques. » B. BESSON et J.C. POSSIN, P. ALLAIN-DUPRE et N. DUHART font exception et préfèrent proposer leurs propres définitions. Pour BESSON et POSSIN : « L’intelligence économique est un outil capable de détecter des menaces et des opportunités de toute nature dans un contexte de concurrence exacerbée. »1 L’univers de l’intelligence économique étant très vaste, il englobe parfois des réalités très différentes. Il y a d’autres définitions, mais nous conservons les deux suivantes: Le rapport Martre2 , intitulée Intelligence économique et stratégie des entreprises, donne la définition suivante : « L’intelligence économique peut être définie comme l’ensemble des actions coordonnées de recherche, de traitement et de distribution, en vue de son exploitation, de l’information utile aux acteurs économiques. Ces diverses actions sont menées légalement avec toutes les garanties de protection nécessaires à la préservation du patrimoine de l’entreprise, dans les meilleures conditions de délais et de coûts. L’information utile est celle dont ont besoin les différents niveaux de décision de l’entreprise ou de la collectivité, pour élaborer et mettre en œuvre de façon cohérente la stratégie et les tactiques nécessaires à l’atteinte des objectifs définis par l’entreprise dans le but d’améliorer sa position dans son environnement concurrentiel. Ces actions, au sein de l’entreprise, s’ordonnent autour d’un cycle ininterrompu, générateur d’une vision partagée des objectifs de l’entreprise. » De son coté, Christian Harbulot3 considère que l’intelligence économique se définit comme la recherche et l’interprétation systématique de l’information accessible à tous, afin de décrypter les intentions des acteurs et de connaître leurs capacités. Elle comprend toutes les opérations de surveillance de l’environnement concurrentiel (protection, veille, influence) et se différencie du renseignement traditionnel par : la nature de son champ d’application, puisque qu’elle concerne le domaine des informations ouvertes, et exige donc le respect d’une déontologie crédible ; L’identité de ses acteurs, dans la mesure où l’ensemble des personnels et de l’encadrement – et non plus seulement les experts – participent à la construction d’une culture collective de l’information ; ses spécificités culturelles, car chaque économie nationale produit un modèle original d’intelligence économique dont l’impact sur les stratégies commerciales et industrielles varie selon les pays. 

Des faits au concept d’intelligence économique

On peut estimer que l’idée d’intelligence économique a existé depuis longtemps et qu’elle est au moins concomitante aux échanges et à la naissance de l’économie de marché. Dans l’histoire, elle a souvent été liée aux explorations, au commerce et aux informations ramenées par les explorateurs et les commerçants… Elle a d’ailleurs été mise en évidence par de nombreuses études et récits sur la montée en puissance des grandes villes marchandes entre le XVè et le XVIIIè siècle. La rivalité entre les villes du nord de l’Italie et les villes flamandes est à l’origine d’offensives commerciales, d’espionnage économique. La Grande-Bretagne à l’époque coloniale n’a fait que reproduire le comportement des Vénitiens qui collectaient, grâce à leurs comptoirs, les informations en provenance du monde méditerranéen. La Première Guerre mondiale a confirmé la juxtaposition d’opérations militaires et de manipulations informationnelles dans ce qu’il est convenu d’appeler « les prémisses de la guerre d’information ». 1.3 De la géopolitique à la géoéconomique L’intelligence économique, se manifeste globalement par un déplacement du centre de gravité de l’histoire de géopolitique vers la géoéconomique. En effet, cette dernière, résulte de trois grands facteurs déterminants. Tout d’abord, la mutation profonde du capitalisme durant les trente dernières années, en d’autres termes, de plus en plus d’acteurs s’affrontent pour la conquête du marché. Ensuite, la fin de la guerre froide avec l’effondrement du bloc communiste et le triomphe du capitalisme a provoqué un profond changement dans les structures économiques et politiques, ce qui contribua à intensifier le déplacement des enjeux de pouvoir sur le terrain économique. Enfin, la transformation des formes de la guerre a parachevé cette mutation. Jusqu’à présent, le détenteur du pouvoir était celui qui disposé de la force militaire. Désormais, c’est celui qui dispose des plus grandes ressources financières et des meilleures stratégies de gestion de la connaissance qui dispose du pouvoir réel. 

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