Les critères de jugement objectifs et subjectifs 

Les critères de jugement objectifs 

Pad-test 

Cinq études (Aukee and all, Berghmans and all, Fitz and all, Hirakawa and all, Ozlü and all) ont utilisé le pad-test comme critère de jugement, avec des modalités différentes selon les études en termes de variations de durée (20 min, 1h, 24h, 48h), de volume de vessie standardisé ou pas, d’activités provocatrices de fuites ou pas. Sur ces cinq études, une seule (Hirakawa and all) ne montre pas de différence entre les valeurs avant et après traitement intra groupe. Les deux techniques de rééducation semblent donc avoir un effet sur la diminution du poids des protections après traitement, la majorité des études ayant trouvé des résultats significatifs dans ce sens. Pour ce qui est de la comparaison entre les deux techniques étudiées, seule l’étude d’Ozlü indique, avec un p significatif, des résultats en faveur des groupes intervention EMG-BF et PBF. Cependant, l’intervalle de confiance ne donne pas cette conclusion, il est donc difficile de conclure par rapport aux données de cette étude. Les résultats de ces cinq études ne permettent donc pas de conclure quant à un effet supérieur d’une technique de rééducation par rapport à une autre, les deux techniques, PMFT + BF et PFMT seul permettant tout de même une diminution de poids des protections après traitement. De plus, les grandes différences de modalités des pad-test peuvent influencer et fausser les résultats, les fuites seront plus importantes en fonction de la durée et des activités. Les petites populations des études favorisent aussi le fait de ne pas trouver de résultats significatifs, plus une population d’étude est petite, plus elle a de chances de ne pas être représentative de la population générale. 

Force du plancher pelvien 

Suivant les études, la force du plancher pelvien a été évaluée par différentes voies : périnéométrie avec appareil Peritron, évaluation manuelle grâce à l’échelle d’Oxford, évaluation électromyographique au moyen d’un appareil de biofeedback. Sur les sept études incluses dans cette revue, six (Aukee and all, Bertotto and all, Fitz and all, Hirakawa and all, Ong and all, Ozlü and all) ont examiné la force du plancher pelvien. Toutes ont montré de manière significative que le traitement améliorait les performances du plancher pelvien après le traitement par rapport aux valeurs de base. Pour ce qui est de la comparaison entre les groupes, Bertotto and all et Ong an all ont trouvé une amélioration statistiquement meilleure dans les groupes intervention. Il en est de même pour Ozlü avec un p < 0,005 mais l’intervalle de confiance à 95% ne donnant pas le même résultat, il n’est pas possible de conclure. Les résultats de Bertotto and all concernant la durée de contraction du PFM sont applicables à la population générale, l’intervalle de confiance étant significatif et de faible amplitude. Les résultats de l’électromyographie de cette même étude sont aussi significatifs. Cependant, l’intervalle de confiance est beaucoup plus large, il est donc difficile d’extrapoler ces résultats à la population générale. Concernant les résultats de Ong and Analyse des principaux résultats L’analyse des principaux résultats a été faite par critère de jugement. 39 VAQUIE – de LAVERGNOLLE DE 2020 all à propos de la force du plancher pelvien, l’intervalle de confiance est significatif et de petite amplitude. On peut donc considérer que les résultats sont applicables pour l’ensemble de la population. Même si trois études ont trouvé une différence statistiquement significative pour certaines valeurs de la force du plancher pelvien, les trois autres n’ont pas eu les mêmes résultats. Il n’est donc pas possible de conclure quant à un effet supplémentaire d’une technique de rééducation par une autre. Nous pouvons seulement dire que les deux traitements, PFMT seul ou PFMT avec biofeedback semblent améliorer la force musculaire du plancher pelvien avant et après traitement. De plus, la multitude des échelles utilisées pour évaluer ce critère de jugement ne permet pas de conclure de manière certaine à propos d’un traitement en faveur d’un autre.

Les critères de jugement subjectifs 

Indices de fuite

 Cinq études (Aukee and all, Berghmans and all, Fitz and all, Hirakawa and all, Ong and all) ont utilisé le score de fuite urinaire comme critère de jugement. Ce score de fuites a été évalué via plusieurs modalités : journal mictionnel du patient, indice de fuite comprenant des activités susceptibles de provoquer des fuites, questionnaires spécifiques sur la question. Parmi ces études, Aukee and all, Berghmans and all et Ong and all ne précisent pas si les résultats obtenus après le traitement à l’intérieur des groupes sont significatifs ou pas. Il semble cependant que le traitement favorise une diminution des fuites urinaires. Fitz and all rapporte une amélioration significative des fuites urinaires après traitement pour tous les groupes. Hirakawa rapporte une diminution significative du nombre de fuite entre les groupes uniquement dans le groupe contrôle, résultat très étonnant, de tous les résultats de toutes les études, c’est le seul en faveur du groupe témoin par rapport au groupe intervention. Ce résultat peut être causé par l’échantillonnage ou une meilleure adhésion au traitement dans le groupe contrôle par rapport au groupe intervention. Quant à Ong and all, les données proposées ne permettent pas de conclure à propos d’un effet mélioratif du traitement sur les fuites urinaires à l’intérieur des groupes. Pour ce qui est de l’évaluation inter-groupe, aucune étude n’a trouvé de résultat significatif entre les groupes intervention et contrôle. Il n’est donc pas possible de conclure pour ce qui est d’un effet supplémentaire d’une technique de rééducation par rapport à une autre. Cependant, le PFMT, comme le PFMT + BF, semble avoir un effet bénéfique dans la réduction des fuites avant et après traitement chez les femmes ayant participé aux études. Là aussi, les modalités de jugement de ce critère et les différentes échelles ne favorisent pas une conclusion claire et n’aident pas à trancher en faveur d’un traitement ou d’un autre. 

Questionnaires de qualité de vie 

Sur sept études incluses dans cette revue, six (Berghmans and all, Bertotto and all, Fitz and all, Hirakawa and all, Ong and all, Ozlü and all) évaluent l’impact du traitement et de l’incontinence sur la qualité de vie, au moyen de plusieurs échelles ou questionnaires : questionnaire symptômes ou échelles de qualité de vie reconnues et validées (ICIQ-SF, I-QoL, KHQ, AFPQ, IIQ7). 40 VAQUIE – de LAVERGNOLLE DE 2020 Les aspects de la vie quotidienne évalués par ces questionnaires sont variés : impact de l’incontinence sur la vie sociale, sur la gêne qu’elle implique, le comportement humain, les activités humaines, les relations sociales et personnelles, les émotions, le sommeil, les limitations physiques etc… L’incontinence urinaire ayant un véritable impact sur la vie quotidienne, les interactions sociales et les activités que peuvent faire les femmes, il est nécessaire de les évaluer. L’incontinence est une maladie très personnelle, qui touche à l’intime des femmes, avec des conséquences psychologiques extrêmement importantes. Il est donc nécessaire d’investiguer sur la qualité de vie des femmes souffrant d’incontinence urinaire, en plus des critères de jugement objectifs. Ceux-ci peuvent être différents, amélioration subjective de la qualité de vie mais pas l’inverse ou guérison objective mais pas d’amélioration subjective de la qualité de vie. Cette dernière devant rester un objectif principal pour le thérapeute. Toutes les études montrent une amélioration de la qualité de vie après traitement chez les femmes. Ces améliorations sont significatives dans la quasi-totalité des études, seuls Berghmans and all et Ong and all ne disent pas si ces résultats sont significatifs ou pas. Fitz and all et Hirakawa and all détaillent tous les aspects des questionnaires de qualité de vie utilisés dans leurs protocoles : comportement humain, impact psychosocial, embarras social pour l’échelle I-QoL utilisée par Fitz and all, perception générale de la santé, impact de l’incontinence, limitations de rôle, sociales et physiques, relations personnelles, émotions, sommeil et énergie, gravité de l’incontinence pour le score KHQ chez Hirakawa and all, fréquence des fuites, quantité des fuites, interférence avec la vie quotidienne, score total de l’échelle ICIQ-SF chez Hirakawa and all, ce que n’ont pas fait Bertotto and all qui ont pourtant utilisé cette même échelle ICIQ-SF dans leurs critères de jugement. Parmi tous ces critères, certains ont été améliorés au cours de l’étude, d’autres n’ont subi aucun changement significatif avec le traitement (les items perceptions générales de la santé, sommeil et énergie dans l’échelle KHQ chez Hirakawa and all). On peut rester sur le fait que, de manière générale, toutes les études montrent une amélioration de la qualité de vie chez les femmes après traitement, peu importe celui-ci. En revanche, toutes études, mis à part Ozlü qui indique un p significatif mais un intervalle de confiance qui ne l’est pas, montrent qu’il n’y a pas de différence significative entre les traitements pour ce qui est de l’amélioration de la qualité de vie. Là encore, on ne peut pas conclure quant à une meilleure efficacité d’un traitement par rapport à un autre pour ce qui est de l’amélioration de la qualité de vie. Les deux traitements semblent efficaces, mais pas l’un par rapport à l’autre. Pour ce critère de jugement aussi la multitude d’échelles existantes ne favorise pas l’apparition d’une différence significative dans le traitement de l’incontinence urinaire pour le critère de jugement de la qualité de vie. 

Satisfaction et succès du traitement

 Trois études (Fitz and all, Ong and all et Ozlü and all) sur les sept de cette revue de littérature ont évalué la guérison subjective, Ozlü and all ont de plus évalué la satisfaction par rapport à ce traitement. Ong and all et Ozlü and all montrent une satisfaction pour tous les groupes, intervention ou contrôle. Ozlü montre une satisfaction supérieure dans les groupes intervention, l’intervalle 41 VAQUIE – de LAVERGNOLLE DE 2020 de confiance étant significatif et l’amplitude de l’intervalle faible, ce qui permet d’extrapoler les résultats à la population générale. Mais Fitz ne montre aucune amélioration significative, que ce soit intra-groupe ou inter-groupe. Les données des études étant diverses et contradictoires, il n’est pas possible de conclure au sujet de l’apport bénéfique d’un traitement par rapport à un autre pour ce qui est de la satisfaction du traitement. En revanche, il semble que les deux traitements proposés soient appréciés par les femmes en ayant bénéficié.

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