Aluminium et alliages utilisés en milieu domestique

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Autres organes cibles

 Le foie
Les mêmes types de dépôts insolubles constitués d’aluminium et de phosphore ont également été décrits au niveau du foie, qui représente l’un des organes qui concentre le plus fortement l’aluminium lorsque celui-ci pénètre dans l’organisme sous forme soluble. Dans le foie, en cas d’intoxication aluminique, la concentration intralysosomale en aluminium est particulièrement importante et pourtant, paradoxalement, cette accumulation n’affecte que très rarement les fonctions du foie et s’observe, dans la majorité des cas, sans qu’une quelconque pathologie hépatique associée n’apparaisse [86]. Ceci peut être expliqué par le fait que les cellules hépatiques sont capables d’une part, de se diviser et de se régénérer lorsqu’elles sont détruites et, d’autre part, d’éliminer par voie biliaire les éléments qu’elles ont concentrés. Ces cellules sont donc capables de bien tolérer les surcharges en aluminium. Cependant, dans certains cas, il peut arriver que les dépôts intracellulaires soient tellement importants, que les cellules soient complètement détruites.
 Les reins
L’aluminium peut également provoquer des troubles rénaux [39, 40, 58]. Les cellules rénales, captent l’aluminium, le concentrent et il se forme localement un précipité. En pathologie humaine, des dépôts ont été observés dans le cadre de l’insuffisance rénale chronique.
 Le cœur
Les cellules myocardiques peuvent accumuler l’aluminium au sein de leurs lysosomes, mais elles ne sont pas capables d’éliminer les déchets et cette accumulation progressive peut aboutir à la formation de dépôts volumineux intracytoplasmiques contenant de l’aluminium et du phosphore en forte concentration. De tels dépôts ont été observés chez un patient décédé d’une cardiomyopathie après quinze ans d’exposition à l’aluminium [98]. Des expérimentations réalisées sur le muscle atrial de grenouille, ont montré que l’aluminium altérait la force de contraction du cœur et les courants ioniques membranaires, probablement en perturbant le relargage du calcium à partir de ses réserves intracytoplasmiques [99]. L’injection intraveineuse d’aluminium à des lapins a également permis de montrer que ce métal s’accumulait dans le myocarde de ces animaux et entraînait une profonde cardiomyopathie se traduisant sur le plan clinique par des arythmies et une mort brutale, et sur le plan anatomopathologique, par de nombreuses plages d’hyperplasies interstitielles, des nécroses des cellules musculaires et des myocardites [39, 100]. Le cœur apparaît donc comme un organe cible pour l’accumulation de l’aluminium qui est capable d’entraîner des perturbations profondes au niveau des propriétés électriques et mécaniques de cet organe.

Généralités sur la dialyse

Dialyse et Insuffisance rénale chronique

L’insuffisance rénale chronique est une réduction plus ou moins importante et irréversible de la fonction d’épuration des reins. La clairance à la créatinine (Clcr) et le débit de filtration glomérulaire (DFG) permettent de quantifier ce déficit et de classifier l’insuffisance rénale en cinq niveaux. L’insuffisance rénale chronique est définie par un DFG < 60 ml/min/1,73m². Le stade terminal
5) est atteint quand le DFG est strictement inférieur à 15 ml/min/1,73m². Ce dernier stade avant le décès apparaît vers 60 ans chez la plupart des insuffisants rénaux. Cependant, la dialyse et la transplantation rénale permettent d’augmenter leur durée de vie de plus de 20 ans en général, en évitant les complications graves[101,102]. La dialyse consiste à réaliser des échanges entre le sang et le dialysat à travers une membrane semi-perméable. Les petites molécules diffusent passivement et dans les deux sens à travers la membrane selon un gradient de concentration. Chacune d’elles se déplace du milieu le plus concentré vers le milieu le moins concentré. Le transfert d’eau, quant à lui suit le gradient de pression ou le gradient osmotique. La dialyse permet ainsi d’éviter l’accumulation de toxines dans l’organisme et de maintenir un équilibre acido-basique et hydrosodé. Elle se substitue donc aux fonctions vitales que les reins déficients ne sont plus en mesure d’assurer [101, 103,104]. Il y a, aujourd’hui, deux types de dialyse utilisés chez les insuffisants rénaux chroniques à un stade terminal : l’hémodialyse et la dialyse péritonéale. L’hémodialyse est la plus utilisée. En 2000, environ 27 000 patients étaient traités par cette technique. La membrane semi-perméable utilisée dans ce cas est une membrane artificielle située dans un appareil jouant le rôle du rein, appelé dialyseur. Le sang du patient circule en extracorporel dans une série de tubulures et traverse la membrane avant d’être réintroduit dans l’organisme. Cette technique est réalisée dans des structures et des lieux appropriés (éventuellement à domicile), à raison de trois séances d’au moins 4 heures par semaine. La dialyse péritonéale est en voie de développement. Seulement 2500 patients étaient traités par cette technique en 2000. Elle utilise une membrane naturelle, le péritoine, qui tapisse les parois de l’intestin. En effet, le dialysat est injecté dans la cavité abdominale grâce à un cathéter. Elle peut être de deux types selon le patient. La dialyse péritonéale continue ambulatoire est une méthode manuelle, avec passage continu du dialysat à travers le péritoine. La dialyse péritonéale automatisée, quant à elle, est soit continue, soit intermittente, puisqu’elle est régulée par un cycleur. Quelle que soit la technique utilisée, elle est réalisée quotidiennement à domicile, avec ou sans l’aide d’une infirmière [101, 103,104]. Le choix thérapeutique entre la transplantation, l’hémodialyse ou la dialyse péritonéale est effectué au cas par cas. Il tient compte des souhaits du patient, de son autonomie et de son implication, de la durée prévisible du traitement, des contre-indications éventuelles, etc. Elles sont toutes d’efficacité équivalente et ne sont pas concurrentes [101,103].

L’Hémodialyse

L’hémodialyse est une technique d’épuration extra-rénale du sang. Ce dernier est mis en contact avec un liquide de dialyse (le dialysat) au travers d’une membrane semi-perméable synthétique, et épuré grâce à deux phénomènes physiques, la diffusion selon les lois de l’osmose et l’ultrafiltration selon un gradient de pression entre le compartiment sanguin et le dialysat. L’hémodialyse nécessite un circuit extracorporel, un dialyseur (la membrane de dialyse ou rein artificiel), un générateur d’hémodialyse, un système de traitement de l’eau servant à produire le dialysat par le générateur et un abord vasculaire (fistule artério-veineuse ou cathéter veineux central). Elle est habituellement réalisée 3 fois par semaine avec des séances de 4 à 5 heures, dans une structure spécifique (centre d’hémodialyse). C’est une technique d’épuration extra-rénale discontinue [105].

Table des matières

INTRODUCTION
Première partie : Généralités sur l’aluminium et la dialyse
I Généralités sur l’aluminium
I.1 Historique
I.2 Propriétés physico-chimiques de l’aluminium
I.2.1 Description de l’élément
I.2.2 Comportement de l’aluminium en solution aqueuse
I.3 Utilisations de l’aluminium
I.3.1 Aluminium et alliages utilisés en industrie agro-alimentaire
I.3.2 Aluminium et alliages utilisés en milieu domestique
I.4 Métabolisme de l’aluminium
I.4.1 Les apports
I.4.2 Absorption de l’aluminium
I.4.3 Transport de l’aluminium
I.4.4 Répartition dans l’organisme
I.4.5 Elimination de l’aluminium
I.5 Toxicité de l’aluminium
I.5.1 Sources d’exposition
I.5.1.1 Sources Industrielles
I.5.1.2 Sources médicamenteuses et cosmétiques
I.5.2 Physiopathologie de la toxicité de l’aluminium
I.5.2.1 Action au niveau du système nerveux
I.5.2.2 Action au niveau des catécholamines
I.5.2.3 Action au niveau de l’ADN
I.5.2.4 Action au niveau des plaques séniles
I.5.2.5 Action au niveau de l’os
I.5.3 Signes cliniques et facteurs influençant
I.5.3.1 Toxicité neurologique
I.5.3.2 Toxicité osseuse
I.5.3.3 Toxicité hématopoïétique
I.5.3.4 Autres organes cibles
II : Généralités sur la dialyse
II.1 Dialyse et Insuffisance rénale chronique
II.2 L’Hémodialyse
II.2.1 Principes physico-chimiques
II.2.2 Mécanismes de transfert
II.3 Evaluation des performances des dialyseurs
II.4 Matériels d’hémodialyse
II.4.1 Dialyseurs
II.4.2 Membranes de dialyse
II.4.3 Générateurs-moniteurs
II.4.4 Composition du dialysat
II.4.5 Traitement de l’eau de dialyse
II.5 Critères de dialyse adéquate
II.5.1 Critères cliniques
II.5.2 Critères biologiques
Deuxième partie : Travail expérimental
I Cadre d’étude
II Objectifs
III Matériel et méthode
III.1 Matériel
III.1.1 Echantillons
III.1.2 Appareillage et verrerie
III.1.3 Réactifs
III.2 Méthode de dosage
III.2.1 Principe
III.2.2 Préparation des réactifs
III.2.3 Préparation des solutions étalons
III.2.4 Dosage de l’aluminium dans les solutions de dialyse
IV Résultats
IV.1 Courbe d’étalonnage
IV.2 Quantités d’aluminium présent dans les solutions de dialyse
V Discussion
Conclusion
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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