Analyse CLHP et établissement de signatures chimiques

Analyse CLHP et établissement de signatures chimiques

Par la structure anatomique, les pièces de bois ainsi que les Bitter-cups proviendraient de la même espèce. Dans le but d’établir des signatures chimiques, la CLHP va permettre de le confirmer tout en mettant en évidence d’éventuelles différences phytochimiques. On observe sur la figure 4 un premier groupe de pics entre 1 et 3 minutes, puis une petite série de pics, entre 4 et 6 min, et enfin un pic important à 7,52 min, dont le maximum d’absorption, à 256 nm, laisse supposer qu’il s’agit d’un quassinoïde, vraisemblablement la quassine. Aucun produit n’est élué après dix minutes. Le bois A (figure 5.a) diffère du témoin au niveau du premier groupe de pics, où les produits sortant entre 2,5 et 4 min sont en quantité plus importante. Cependant, entre 4 et 6 minutes, même si leur concentration est assez faible, on note deux petits épaulements qui pourraient correspondre à ceux observés pour le témoin (figure 4). De même, on retrouve à 7,63 min la quassine, bien qu’en concentration moindre, et son épaulement. Cet échantillon peut donc tout à fait correspondre au témoin. Ces plantes ayant poussé à plus de 450 kilomètres de distance, et n’étant pas du même âge, il est raisonnable d’observer des différences dans la composition chimique, notamment au niveau des concentrations des produits.

Gobelets

Nous avons par la suite réalisé les chromatogrammes des macérats des gobelets amers. Le chromatogramme CLHP du macérat aqueux du gobelet A1 (figure 6.a), est assez similaire aux chromatogrammes précédents. Le pic à 7,95 min est assimilable à la quassine (composé qui sortait précédemment vers 7,6 min) car leurs spectres UV sont identiques. Le glissement du pic vers la droite peut être dû à de nombreux facteurs, dont le fait que les chromatogrammes ont été réalisés sur plusieurs jours ou un encrassement de la colonne. Le gobelet amer C, provenant de Sandygron, et soi-disant façonné à partir d’un grand arbre aux fleurs jaune, à un profil similaire au bois C et au témoin. Le chromatogramme (figure 8) permet de mettre en doute la bonne fois du tailleur quant à l’origine botanique.

Le chromatogramme CLHP du macérat aqueux du gobelet D1 (figure 9), est légèrement différent des précédents par la présence de deux pics précédant la quassine (7,02 et 7,32 min). Néanmoins, ces deux pics se retrouvent chez le témoin (figure 4). Une nouvelle fois, on peut difficilement contredire l’hypothèse d’une même espèce botanique à l’origine des Bitter-cups. Les données apportées par ces différents chromatogrammes CLHP semblant suffisantes, c’est volontairement que les chromatogrammes des gobelets suivants n’ont pas été ajoutés ici, ceux-ci étant similaires aux présents.

Temoin négatif Simarouba amara

Afin d’avoir un élément de comparaison, et pour parachever cette étude sur l’origine du bois, il était nécessaire d’utiliser un témoin négatif. Nous avons donc choisi de tester Simarouba amara Aublet. Cette Simaroubaceae est souvent employée par les Saramaka en artisanat traditionnel, notamment pour la confection de petits objets décoratifs (14). De couleur blanc crème, son bois est également peu dense. De par sa grande taille (20 m en moyenne), son diamètre pouvant atteindre 50 cm et ses inflorescences jaune verdâtre, il pouvait s’agir de la plante évoquée par les tailleurs de bois et le guérisseur de Sandygron, d’autant que son bois possède une amertume prononcée (16). Le profil chromatographique CLHP du macérat aqueux de S. amara (figure 10) présente aussi un groupe de pics entre 1 et 3 minutes, ce qui n’est pas étonnant du fait de la proximité taxonomique des deux espèces. On note cependant l’absence du composé sortant vers 7,6 minutes supposé être la quassine, absente de S. amara (17).

par CLHP permettent de confirmer l’hypothèse de départ. La similarité des profils, sur lesquels on voit clairement des éléments communs (notamment un composé supposé être la quassine), associée à l’analyse anatomique rend difficile toute autre interprétation. Le témoin négatif, s’il possède une relative homologie avec les autres échantillons, ne présente pas tous les éléments caractéristiques. Il aurait également été intéressant de tester Picrasma excelsa (Swartz) Planch., notoirement confondu avec Q. amara lors des exportations en Europe, et qui aurait été signalé sur le bouclier des Guyanes (18). On peut donc conclure que les Bitter-cups et les pièces de bois vendus sur les marchés de Paramaribo, ainsi que ceux que l’on trouve plus à l’intérieur du pays, proviennent de Q. amara. Essais Les boissons tirées des Bitter-cups ne présentent pas d’activité antipaludique. Cela explique, d’une certaine manière, le fait que l’indication majeure de ces objets est stomachique avant d’être antimalarique. Cependant, il se pourrait aussi que l’activité antimalarique des macérats ne soit pas révélée par le test biologique utilisé. En effet, certaines molécules ont besoin d’être métabolisées pour devenir antimalariques. C’est le cas du proguanil inactif qui le devient lorsqu’il est transformé dans l’organisme en cycloguanil (20). De plus, la littérature fait état de l’utilisation de Q. amara comme remède traditionnel antipaludique (19, 21) mais, dans ces références, les organes utilisés sont les feuilles (en décoction dans l’eau).

Cours gratuitTélécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *