Analyse de la population incluse totale 

Analyse de la population incluse totale 

75 patients hémodialysés chroniques au sein du service d’hémodialyse de l’Hôpital de la Conception à Marseille ont été inclus dans l’étude EVITUPH. Sur ces 75 patients, 58 patients ont répondu au 1er questionnaire, 46 au questionnaire n°2, 42 au questionnaire n°3 et 32 au questionnaire n°4. Seuls 30 patients ont rempli les 4 questionnaires. Nous nous sommes focalisés pour ce travail sur le premier questionnaire afin d’éviter l’interférence de la prise d’antibiotiques sur les taux de toxines (pouvant interférer sur la composition du microbiote). Sur les 17 patients qui n’ont pas rempli le questionnaire, 2 l’ont rempli ultérieurement. Sur les 15 autres, la contrainte du recueil alimentaire a été jugé trop importante. Sur les 75 patients, 8 patients sont décédés au cours du suivi, 9 ont bénéficié d’une transplantation rénale et 3 ont changé de centre.

Les caractéristiques clinico-biologiques des 58 patients inclus sont décrites dans le tableau 1. La population était majoritairement des hommes (64%), âgés de 65,8  12,3 ans (24 à 84 ans). Tous les patients étaient dialysés chroniques, depuis en moyenne 5,07  7,4 ans. 40 patients (69%) avaient une diurèse résiduelle et 18 patients (31%) étaient anuriques. 54 % des patients dialysaient sur une fistule artério veineuse. L’analyse du premier questionnaire alimentaire est résumée dans le tableau 2. Leur apportcalorique était en moyenne de 1484  443 kcal/j soit 22  9,2 kcal/kg/j. Leur apport venait pour 42% d’apport sous forme de glucide, 18% sous forme de protide et 37% de lipide, ce qui correspondait à 2,3  1,1 g/kg/j de glucide, 0,95  0,3 g/kg/j de protide et 0,92  0,4 g/kg/j de lipide. La consommation protéique était majoritairement d’origine animale avec en moyenne 44,6  13,2 g/j de protéine animale vs 18,5  7,4 g/j de protéine d’origine végétale. Concernant les glucides : l’apport en fibre journalier était en moyenne de 14,6  5,2 g/j, en amidon de 76,5  32 g/j et l’apport en sucre était de 57,2  25,3 g/j. L’index protéine/fibre était de 4,9  1,8. Les apports lipidiques étaient composés de 23,8  9,5 g/j d’acide gras saturé et 8,2  4,7 g/j Tableau 1 : Caractéristiques clinico-biologiques de la population ayant répondu au premier questionnaire et en fonction de la diurèse. Données présentées en moyenne +/- écart type [25%-75%] ou médiane (%). P est calculé selon t test entre les patients anuriques et ceux à diurèse conservée. H/F : Homme/ Femme, AOMI : artériopathie oblitérante des membres inférieurs, FAV : fistule artério-veineuse, Kt : cathéter, RA : réserve alcaline, IS : indoxyl sulfate, PCS : p-crésyl sulfate.

Corrélation entre les toxines urémiques et les ingestats 

Tableau 2 : Caractéristiques des ingestats suite au premier questionnaire alimentaire dans la population totale et en fonction de la diurèse. Données en moyenne ± écart type [25%-75%] ou nombre (%). p est calculé selon t test entre les patients anuriques et ceux à diurèse conservée. IS : indoxyl sulfate, PCS : p-crésyl sulfate.avec l’apport en fibre (r=-0,76, p<0,001) notamment en amidon et également avec l’apport en potassium et en protéine d’origine végétale. Il existe une corrélation positive avec l’apport en protéine d’origine animale. L’apport en potassium est corrélé positivement à l’apport en fibre (r=0,72, p<0,001). Il est faiblement corrélé à la kaliémie (r=0,34, p=0,01). Devant l’absence de corrélation entre les apports alimentaires et les taux de toxines, nous avons décidé de nous concentrer sur les patients anuriques pour s’amender de l’élimination rénale des toxines du fait d’une diurèse résiduelle. Nous avons divisé notre population en 2 : 40 patients avec une diurèse résiduelle et 18 patients anuriques. Les données cliniques, biologiques et alimentaires de ces deux groupes sont résumées dans le tableau 1. Il n’a pas été retrouvé de différence significative entre les patients anuriques et non anuriques concernant l’âge, le sexe (prédominance masculine dans les deux groupes), le poids et les comorbidités cardiovasculaires. Cependant les groupes étaient différents sur leurs caractéristiques morphologiques telle que l’IMC. Les patients anuriques avaient en moyenne passé plus de temps en dialyse. De manière logique les patients anuriques avaient une créatinémie au branchement plus importante, ainsi que des taux d’IS plus élevés. Par contre les kaliémies ainsi que les taux du pCS n’étaient pas significativement différents. Concernant les ingestats (tableau 2) rapportés au poids, les apports énergétiques ainsi que les apports protéiques notamment les protéines animales étaient inférieures chez les patients anuriques comparativement aux patients ayant une diurèse conservée. En revanche, les apports en glucide et en lipide ne différaient pas. Leur consommation en fibres était moindre sans que le rapport protéine/fibre ne soit différent.

Dans cette population où les taux d’IS et de pCS dépendent principalement des apports alimentaires, nous avons analysé les corrélations entre les taux de nos deux toxines d’intérêts et les ingestats déclarés. Nous mettons en évidence une corrélation négative entre les taux de pCS et la consommation de fibres (en g/j) et une corrélation positive avec le rapport protéine/fibre. De manière similaire, les taux d’IS sont corrélés positivement avec le rapport protéine/fibre (tableau 5). En régression linéaire en prenant en compte les facteurs de confusion potentielles sur les concentrations des toxines urémiques (l’âge, le sexe, le diabète) il existe une association significative (p=0,018) entre le ratio protéine/fibre et l’IS. Cette donnée n’est pas retrouvée avec le pCS.

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