Analyse mycologique et mycotoxicologique des aliments importés au Sénégal le cas du maïs

Analyse mycologique et mycotoxicologique des aliments importés au Sénégal le cas du maïs

Le maïs est la troisième céréale la plus consommée au Sénégal. La majeure partie des quantités utilisées provient de l’extérieur. Toutefois, aucune donnée de contamination n’est disponible à ce jour pour le maïs importé au Sénégal. L’objectif de cette étude est déterminé le niveau de sécurité sanitaire du maïs importé au Sénégal par la mesure des taux d’aflatoxine présent dans ce maïs et par l’identification des moisissures potentiellement productrices de mycotoxines. Le dosage de la teneur en aflatoxine de chaque échantillon a été réalisé par HPLC. Le milieu de culture gélose glucosée à l’extrait de pomme de terre (PDA) a été utilisé pour l’isolement, la purification et l’identification des parasites infestant les échantillons de maïs. Les résultats obtenus ont montré que les teneurs en aflatoxines des échantillons varient de 1,9 à 4,05 ppb pour la France, de 1,8 à 6,5 ppb pour l’Argentine et de 2,2 à 5,7 ppb pour les Etats Unis. 27 % du total des échantillons ont des teneurs en aflatoxines qui dépassent le niveau maximal admissible pour les aflatoxines par l’Union européenne (4μg/kg). Par ailleurs, les analyses mycologiques des échantillons ont révélé la présence de cinq espèces d’Aspergillus (A. flavus, A. fumigatus, A. terreus, A. parasiticus et A. repens), une espèce de Penicillium (Penicillium sp) et une espèce de Fusarium (Fusarium sp) dans le maïs importé. Les tests mycotoxicologiques ont confirmé le caractère aflatoxinogène des souches A. flavus et A. parasiticus identifiées.

En Afrique sub-saharienne, l’infestation des denrées alimentaires par les moisissures et les mycotoxines qu’elles produisent constituent un réel problème dans le domaine de l’industrie agroalimentaire. En effet, elles peuvent être à l’origine d’importantes dégradations des propriétés physicochimiques entraînant une altération de la qualité des denrées alimentaires (Lecellier, 2013). De plus, elles peuvent avoir des effets néfastes sur la santé et sur l’économie (Dieme et al., 2016). La flore fongique naturelle associée aux aliments est dominée par trois genres : Aspergillus, Fusarium et Penicillium (Murphy et al., 2006) qui représentent les contaminants les plus fréquents des aliments du point de vue économique et sanitaire (Fendri, 2018). Ils produisent souvent des mycotoxines qui rendent les denrées sur lesquels elles sont présentes impropres à la consommation humaine ou animale (Somda, 2016). Les principales mycotoxines qui posent des problèmes de santé publique sont les aflatoxines, les ochratoxines, les fumonisines, la zéaralénone et la patuline (Hussein et Brasel, 2001 ; Creppy, 2002 ; Jarvis et Miller, 2005). Ces mycotoxines notamment les aflatoxines sont très proéminentes dans les légumineuses, céréales et oléagineux tels que le niébé, le maïs, le sorgho et l’arachide. Parmi les aflatoxines les formes B1 et M1 sont classées cancérogène humain de catégorie 1 par l’Agence Internationale de la Recherche sur le Cancer (IARC, 1993, 2002).

Généralités sur le maïs

Le maïs (Z. mays L.) est une plante herbacée tropicale annuelle de la famille des Poacées (Graminées), de grande taille (40 cm à 10 m généralement, entre un à trois mètres pour les variétés cultivées), à gaines se recouvrant les unes les autres et à limbes développées nettement distiques (ACIA, 1994). Le maïs comporte une tige unique de gros diamètre, constituée d’un empilement d’entrenœuds et de nœuds au niveau desquels sont insérés une feuille et un bourgeon axillaire. Selon les variétés, chaque plante porte entre 12 et 20 feuilles, de grande tailles (jusqu’à 10cm de large et 1 mètre de long) et réparties alternativement d’un côté et de l’autre de la tige. Le maïs est une plante monoïque (les fleurs mâles et femelles sont portées par la même plante mais placées à des endroits différents). L’inflorescence mâle est une panicule située au sommet de la tige, formée d’axes sur lesquels s’insèrent par pair des épillets. Les fleurs femelles sont groupées sur un ou plusieurs épis insérés à l’aisselle des feuilles situées sur la moitié inférieure de la tige. L’épi est enveloppé par les spathes (Mukungilwa, 1979 ; Ristanovic, 2001). Le système racinaire du maïs est fasciculé : de nombreuses racines dites adventives se développent à la base de la tige et forment un réseau de racines d’égale dimension.

Origine et répartition géographique

L’histoire du maïs débute dans la moyenne vallée du Rio Balsas, au milieu de la Sierra Madre del Sur, au Sud du Mexique, il y a 9 000 ans. On trouve toujours dans cette zone l’ancêtre sauvage du maïs, la téosinte (Beigbeder, 2013). Bien que les chercheurs ne s’accordent pas tous sur le fait qu’elle en soit l’ancêtre direct (c’est-à- dire que le maïs est une version domestiquée du téosinte) (Galinat, 1988). Les travaux de Doebley en 1984 ont mis fin à des décennies de polémiques sur les origines du maïs grâce à l’apport de la génétique moderne en accréditant la théorie selon laquelle la téosinte est l’ancêtre du maïs cultivé (Beigbeder, 2013). Cultivé du Canada au Sud de l’Amérique latine pendant des millénaires, la culture du maïs s’est ensuite propagée sur l’ensemble du continent américain, le maïs n’a traversé l’Atlantique qu’avec le retour de Christophe Colomb (Philogène et al., 1989). Puis, à partir du XVIème siècle le maïs est cultivé sur tous les continents, en zone tropicale comme en zone tempérée. Il serait arrivé en Afrique au XVIIème siècle (Cissokho, 2010). Au cours de sa domestication, le maïs a gagné de nombreux attributs importants sur le plan agronomique, mais il a perdu la capacité de survivre à l’état sauvage. Sa domestication est telle que les grains ne peuvent tomber de l’épi et se disséminer sans l’intervention de l’homme (ACIA, 2004).

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