APPLICATION DE LA RADIOTHÉRAPIE INTERNE VECTORISÉE DANS LE MÉNINGIOME

APPLICATION DE LA RADIOTHÉRAPIE INTERNE VECTORISÉE DANS LE MÉNINGIOME

En 2014, Kaley et al. ont émis des valeurs d’intérêts probables (benchmarks) pour évaluer l’efficacité des nouvelles thérapeutiques dans le cadre des méningiomes réfractaires à la chirurgie et à la radiothérapie. Ils recommandent d’utiliser les valeurs suivantes : la survie sans progression (SSP) à 6 mois doit être >50% dans les grades I et >35% dans les grades II et III afin que la thérapeutique soit intéressante. Ces recommandations ont été émises pour évaluer les thérapeutiques médicamenteuses, cependant il apparaît intéressent de l’extrapoler dans l’évaluation de la radiopeptidothérapie concernant la même population (méningiomes réfractaires) (32). En septembre 2019, Laudicella et al. ont publié les résultats des principales études concernant la radiopeptidothérapie dans le méningiome. La revue de la littérature concerne essentiellement les peptides radiomarqués à l’90Yttrium et au 177Lutétium et très peu à l’111Indium. Nous avons vu supra que la pénétration tissulaire du 177Lu et de l’90Y était différente. Malheureusement, dans les études où ces deux MRP ont été utilisés, seuls les résultats globaux sont disponibles. Ainsi, nous ne pouvons pas définir la réponse thérapeutique imputable à chaque MRP dans l’étude de Seystahl et al. et Marincek et al. (102,103). En 2009, Bartolomei et al. ont publié la plus grande cohorte de méningiomes traités par 90Y-DOTATOC, composée de 29 patients. Trois mois après la fin de traitement 66% des patients étaient stable et 34 % montraient une progression (99). Cependant, il faut noter que la réponse thérapeutique a été évaluée via les critères SWOG qui sont des critères plus « optimistes » que les critères RECIST effectués dans d’autres études. En effet, la maladie stable est définie par la somme des plus grands diamètres des lésions cibles ne variant pas de plus ou moins 50%. La survie sans progression (SSP) médiane des méningiomes OMS grade I était de 69 mois contre 31 mois pour les méningiomes OMS II et III. La plus grande cohorte de méningiomes traités par 177Lu-DOTATATE a été publiée par Seystahl et al. en 2016 avec 16 patients traités. La SSP à 6 mois était de 42% contre 49% dans la cohorte de Bartolomei et al. (99,102). Au total, selon la revue de la littérature, environ 28 patients ont été traités par 177Lu-DOTATATE seul, et un nombre inconnu de patients ont reçu du 177Lu- DOTATOC seul dans l’étude de Marincek et al. (103). Avec l’incertitude de l’étude de Marincek et al. sur le nombre de patients exact ayant reçu chacun des MRP, on dénombre environ 95 patients traités par 90Y-DOTATOC seul. Globalement, dans toutes les études, le nombre de patients traités est relativement faible, le suivi est court. Cependant, la tendance des résultats est plutôt positive. Les données de la cohorte de Kreissl et al. ont été complétées par une nouvelle publication faisant état du suivi à long terme (9 ans) après le traitement par 1 cycle de 177Lu-DOTATATE et radiothérapie externe (104,105).

Le Tableau 15 résume les résultats des principales publications concernant la radiopeptidothérapie dans le méningiome complété par quelques précisions par rapport au tableau de Laudicella et al. (106). Le Tableau 16 présente la survie sans progression selon le grade WHO des tumeurs traitées par 177Lu- DOTATATE ou 90Y-DOTATOC dans les six plus grandes cohortes publiées, complété par les données d’une cohorte traitée par radiothérapie et 1 cycles de 177Lu-DOTATATE. Il existe néanmoins des données manquantes dans certaines cohortes. La survie sans progression à 6 mois des méningiomes de grade I varie entre 78% et 100% et chute à quasiment 0% dans les grade III. Concernant les grades II, la SSP à 6 mois des patients ayant un méningiome de grade II est non connue dans la cohorte de Bartolomei et al. (seule la SSP de l’ensemble des grades II et III est connu) rendant l’analyse totale imprécise. Il est nécessaire de compléter les données de la littérature par des résultats de patients traités par 177Lu-DOTATATE. En effet, de nos jours, l’90Y-DOTATOC n’est quasiment plus utilisé et comme déjà évoqué ci-dessus, comparer des résultats de patients traités avec des MRP différents semble imprécis. En plus du grade tumoral et des thérapeutiques déjà effectuées, il serait pertinent de rajouter le volume tumoral traité (déjà précisé dans certaines études) et l’index de prolifération (Ki67) dans les futures études pour affiner les critères prédictifs de meilleure réponse thérapeutique.

Effets secondaires

Des hémopathies à type de myélodysplasie ou leucémie aiguë myéloïde peuvent apparaître dans les années qui suivent la RIV. Le taux est estimé selon plusieurs études entre 0,2 et 5,4% (112,113). Globalement, la toxicité de la RIV dépend de l’âge, de la clairance rénale si elle est limite (environ 60% du radiopharmaceutique est éliminé par les urines dans les 24 heures), de la forte masse tumorale, des lignes thérapeutiques antérieures et des comorbidités. La toxicité est plutôt limitée pour ce type de traitement avec des toxicités transitoires et totalement réversibles pour la plupart des patients. De plus, les résultats de l’étude de Kreissl et al. complétés par la publication du suivi à long terme des patients (9 ans) par Hartrampf et al. concernant les méningiomes traités par radiothérapie externe et 1 cycle de 177Lu-DOTATATE confirment une balance bénéfice/risque préservée quant à l’utilisation de ce traitement de façon combinée à la radiothérapie externe (104,105). Sur le plan clinique, classiquement il est décrit l’apparition d’une asthénie, d’une xérostomie et plus rarement d’une alopécie. Les patients traités dans le cadre d’un méningiome peuvent également décrire différents symptômes selon la topographie des lésions : apathie, augmentation de la fréquence des crises d’épilepsie, perte de mémoire.

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