Application du Système d’information Géographique à la recherche opérationnelle

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Prévention

La lutte anti vectorielle reste le principal moyen de réduire la transmission du paludisme au niveau communautaire. C’est la seule intervention qui peut ramener une forte transmission à des niveaux quasiment nuls. Pour les personnes, la protection individuelle contre les piqûres de moustique représente le premier moyen de défense contre le paludisme. Deux formes de lutte anti vectorielle sont efficaces dans beaucoup de situations. Ce sont :
Les Moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILDA) : en 2009, 82% des ménages disposaient au moins d’une Moustiquaires Imprégnées d’Insecticides et 80% d’entre elles d’une MILDA. L’utilisation de ces moustiquaires était estimée à 45% chez les enfants de moins de cinq ans et 48% chez les adultes[49]. Suite à une distribution ciblée des MILDA sur l’étendue du pays, il est apparu que « 38,9% des ménages possèdent au moins une MILDA pour deux personnes, 21,6% possèdent au moins une MILDA par lieu de couchage, et 34,7% de la population générale a dormi sous MILDA la nuit précédant l’enquête ». Les enquêtes effectuées en 2010-2011 ont également révélé une variation de la disponibilité des MILDA par ménage. A Dakar, 37% des ménages disposent d’au moins une MILDA, alors que cette proportion est de 95% à Kolda et 94% dans les régions de Sédhiou et de Kédougou[49].
Ces résultats ont encouragé l’adoption de stratégies pour une couverture universelle en MILDA qui a démarré en 2009 dans les districts de Saraya et Vélingara, puis s’est étendue graduellement sur l’ensemble du territoire. La phase IV de distribution s’est tenue dans les régions de Saint Louis et Matam de Septembre 2011 à Janvier 2012. Elle a permis de distribuer 535 803 Milda pour un besoin exprimé de 536 267 Milda. L’Aspersion Intra Domiciliaire (AID) est « la pulvérisation d’insecticides à effet rémanant sur les surfaces intérieures des murs, plafonds ou toits des habitations et autres structures d’une zone donnée, dans le but de tuer les vecteurs adultes se reposant sur ces surfaces ». Elle est encore peu utilisée comme moyen de prévention. Entre 2007 et 2009, seuls trois districts (Vélingara, Nioro, Richard toll) représentant chacun une zone écologique, étaient couverts, avec 97% de personnes protégées. En 2010, trois autres districts ont été ajoutés notamment ceux de Guinguinéo, Malem Hoddar et Koumpentoum. Ces trois derniers sont tirés d’un lot de 16 districts considérés comme prioritaires par le PNLP sur la base de leur morbidité et de leur mortalité. La population couverte par les six districts est estimée à 1 054 848 habitants. Le coût des opérations constitue à ce jour une limite majeure de la couverture en AID dans le pays. Le département de Parasitologie et Mycologie de la Faculté de Médecine de l’UCAD en collaboration avec le laboratoire d’écologie vectorielle de l’UCAD mène également depuis 2013 une intervention pilote d’élimination du paludisme dans 30 postes de santé réunissant près de 700 villages au centre du Sénégal. Une approche communautaire d’AID a été proposée. La pulvérisation d’Actellic 300 est faite par des agents volontaires de la communauté et bien formés par des agents du Service National d’Hygiene (Badara Cisse, communication personnelle et images). Le Traitement Préventif Intermittent (TPI) de la femme enceinte : La prévention du paludisme chez la femme enceinte a longtemps été un casse-tête pour les décideurs politiques. L’administration d’une dose thérapeutique de Sulfadoxine Pyriméthamine aux second et troisième trimestres de grossesse a été instituée en 2003 au décours d’un changement de politique de prévention et de traitement du paludisme [50]. Cette 34 intervention est intégrée dans le suivi de routine des femmes enceintes, lors des consultations pré natales (CPN). L’objectif du programme est de protéger 80% des femmes enceintes par le TPI. Cependant, la couverture en TPI restait encore relativement basse en 2011, située à 38,6% avec des variations selon les zones urbaine ou rurale. L’Information, l’éducation et la sensibilisation : Cette communication a également occupé une place importante dans la prévention du paludisme. Une quinzaine de districts avait dans un premier temps été sélectionnée sur la base de critères définis dans l’initiative P15 qui avait pour objectif de « contribuer à accélérer la mise à l’échelle des interventions afin que la communauté et les organisations communautaires de base s’approprient les stratégies de prévention et de prise en charge des cas de fièvre en menant des activités coordonnées et supervisées par le district ». Une convention a été signée entre ces districts et le PNLP, et l’évaluation du projet P15 en 2005 a découlé sur l’initiative « ABCD ». Ce projet qui, à nos jours s’est étendu graduellement sur l’ensemble des districts a permis une meilleure appropriation des interventions par les communautés.

Les déterminants environnementaux du paludisme

Le principal facteur de l’environnement influant dans la transmission du paludisme est d’abord d’ordre météorologique. Les conditions climatiques jouent un rôle central dans la détermination de la portée du vecteur, les habitudes de l’hôte, et certaines contraintes de longueur de cycle des parasites. Le paludisme est limité aux régions situées entre les latitudes 65o N et 40o S et à des altitudes inférieures à environ 3000 mètres en raison des limites climatiques du vecteur. Dans ces conditions de limites, la température et les conditions météorologiques, continuent d’affecter les capacités de transmission et de développement du parasite. Les températures inférieures ralentissent les cycles naturels du parasite, parfois en les prolongeant au-delà de la durée de vie du moustique, et de cesser l’activité métabolique du parasite si température descend en dessous 16o C [51].La pluie est un facteur important, influant et déterminant de l’environnement des espèces plasmodiales, mais il est complexe dans ses effets. Bien que les précipitations augmentent la quantité d’eau disponible pour l’anophèle femelle, des quantités souvent importantes de pluie perturbent les particules permanentes de l’eau, en les transformant et en déplaçant les ruisseaux ou rivières qui ne permettent pas le développement des larves. D’autres sources d’eau stagnante et des fossés d’irrigation de surface ont des effets dangereux sur la transmission du paludisme parce qu’elles permettent la présence de zones inondables et de l’humidité en plus d’offrir un terrain favorable au développement des vecteurs. Les facteurs environnementaux ou écologiques tels que les plans d’eau (barrages, des rivières et des canaux d’irrigation) ont été considérés comme des facteurs de risques pour les populations vivant dans les zones où ils sont implantés [52].Dans la même étude sur la variation spatiale du risque de paludisme la prévalence ponctuelle sur les données liées à l’infection palustre a été utilisée pour cartographier les zones à risque du paludisme. L’étude a monté que les zones à haut risque se situent le long des plans d’eau tels que le lac, la vallée du fleuve, les zones centre des plaines. Cependant les populations vivant au niveau des montagnes présentent un risque faible. Cela a également été documenté par d’autres études[53][54].Cela, en réalité, suggère que ces zones à haut risque pourraient éventuellement produire des cas de létalité du paludisme beaucoup plus que les zones à faible risque.
Plusieurs études ont montré que la proximité à des sites de reproduction (par exemple la distance par rapport à une zone d’inondation ou d’une autre maison proche à de potentiels gites larvaires) [4] demeurent des facteurs de risques du paludisme. Cependant, cette proximité n’est pas le seul facteur de risque pour le paludisme parce qu’il y’a une variation en termes de la productivité et de la longévité des sites de reproduction d’anophèles. Mais cette association peut aussi être due à des facteurs confondants tels que le climat, le niveau de vie socio-économique des ménages[55] et la présence d’hôte alternative comme le bétail.

Application du Système d’information Géographique à la recherche opérationnelle

D’un point de vue général, un Système d’Information Géographique (SIG) est un outil informatique (logiciel) permettant d’effectuer des traitements divers sur toutes sortes d’informations, du moment qu’elles peuvent être référencées dans l’espace [56]. Il peut s’agir des informations graphiques (objets géographiques, cartes) ou des informations attributaires, qui décrivent les caractéristiques des objets géographiques. Par exemple, si les objets géographiques considérés sont des maisons, préalablement géo référencées, les données attributaires associées peuvent être la surface habitable, le nombre de pièces et le nombre de personnes qui y vivent. Les informations dérivées du traitement des images de télédétection peuvent donc être intégrées dans un Système d’Information Géographique. Fonctionnellement, un SIG est un outil informatique qui permet de saisir, représenter, transformer, interroger, mettre à jour les informations référencées dans l’espace dont nous avons parlé plus haut [57]. L’analyse spatiale proprement dite se fait grâce à des requêtes du type inclusion, exclusion, contiguïté, proximité etc… Les requêtes permettent d’établir les liens existant entre les différents paramètres inclus dans le système (les couches thématiques). Le SIG permet également l’édition des résultats de l’analyse sous forme cartographique.
L’utilisation des systèmes d’information géographique dans l’analyse des facteurs de risque en santé publique tend à s’étendre. Les SIG peuvent en effet être utilisés pour identifier les zones favorables à une maladie (par exemple les zones de présence du vecteur, les zones de contact hôte/vecteur, les cours d’eau contaminés, etc.), donc potentiellement à risque en cas de contact avec un hôte susceptible [58][59]. L’approche méthodologique consiste à établir des corrélations entre certains paramètres environnementaux et des données épidémiologiques, l’ensemble de ces informations étant au préalable inclut dans un SIG. L’une des méthodes possibles repose sur le calcul de la proportion de chaque type d’occupation du sol dans un certain périmètre autour du cas de la maladie, qui est géo référencé[60]. Le risque est évalué en fonction de la fréquence d’apparition d’un ou plusieurs paramètres autour des cas. Ainsi, si la présence d’eau dans un rayon de 200 mètres autour des cas est détectée dans 95% des points observés, il est possible de créer un indice de risque en fonction de la quantité d’eau présente dans un environnement considéré. Cette corrélation ne définit cependant en rien une relation de cause à effet. Ce type d’analyse aboutit généralement à l’édition de cartes de la densité de population de vecteurs, de cartes d’incidence d’une maladie, de cartes de risque, etc.

Table des matières

Introduction Générale
Chapitre 1 : Synthèse Bibliographique
1. Définition du paludisme
2. Faciès épidémiologique du paludisme
3. Transmission
3.1. Espèce : Plasmodium
3.2. Cycle biologique
4. Situation du paludisme
4.1. Le paludisme au Sénégal
4.2. Parasites et vecteurs au Sénégal
4.3. Dynamique de la transmission et stratification
5. Diagnostic Prévention et Traitement
5.1. Diagnostic
5.2. Traitement
5.3. Prévention
6. Les déterminants environnementaux du paludisme
7. Application du Système d’information Géographique à la recherche opérationnelle
7.1. L’analyse spatiale
7.2. Emergence des foyers résiduels ou hotspots du paludisme
Chapitre 2 : Populations et Méthodes
Etude 01 : Etude du Profil démographique du Site de Surveillance Démographique Keur Socé
1. Introduction
2. Objectifs
3. Méthodologie
3.1. Recensement initial
3.2. Les mises à jour
3.3. Qualité des données
Etude 02 : Identification et caractérisation des hotspots du paludisme à Keur Socé
1. Problématique
2. Objectifs
3. Population et méthodes
4. Collecte des données
5. Analyse des données
5.1. Grappes spatiales et temporelles
5.2. Cartographie des hotspots du paludisme
5.3. Utilisation d’analyse en composante principale
6. Considérations éthiques
Etude 03 : Modélisation des déterminants des hotspots du paludisme à Keur
1. Problématique
2. Objectifs
3. Population et méthodes
3.1. Population
3.2. Surveillance passive
3.3. Définition des cas
4. Collecte des données
La gestion et le nettoyage des données
5. Analyse des données
6. Considérations éthiques
Chapitre 3 : Résultats
Résultat 01 : Etude du Profil démographique + Article en Préparation
1. La répartition spatiale de la population
2. Le profil démographique de KSHDSS
3. La fécondité
4. La migration
Résultats 02 : Identification et caractérisation des hotspots + Publication
1. Caractèristique de la population
2. Prévalence du paludisme
3. Distribution spatio temporelle des hotspots
4. Facteurs de risque des hotspots
Résultat 03 : Modélisation des déterminants des hotspots + Publication
1. Profil démographique et caractéristiques cliniques
2. Variabilité du paludisme
3. Modélisation spatiale des hotspots
4. Déterminants majeurs des hotspots
Chapitre 4 : Discussion des résultats
1. La dynamique démographique à Keur Socé
2. Identification des hotspots à Keur Socé
3. Modélisation des hotspots à Keur Socé
Conclusion générale et Perspectives
Références Bibliographiques
Annexes
Communications

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