Approche contextuelle du traitement discursif de la « crise migratoire »

Approche contextuelle du traitement discursif de la « crise migratoire »

L’« événement » que représente l’augmentation des flux migratoires en Europe, et plus précisément en France pour notre étude, a donné lieu à la cristallisation de faits discursifs singuliers et identifiables : apparition de formules, intensification de l’emploi de certains termes au détriment d’autres, voire surgissement de néologismes. L’objet de cette première partie est de déceler et comprendre les différents éléments qui constituent cet « Migrant » tire son étymologie du verbe latin migrare, qui signifie « s’en aller d’un endroit, émigrer », dont dérivent également « immigrant » (« celui, celle qui immigre »25), « immigré » (« celui, celle qui a immigré »26), « émigrant » (« Celui, celle qui émigre »27) et « émigré » (« Celui, celle qui a quitté son pays, sa région d’origine pour l’étranger »28). Autant de termes  (suffixe ‘é’). Notons que dans cette famille lexicale, « migrant »29 semble être le plus généraliste car il est débarrassé du préfixe d’origine latine ‘im’ signifiant « dans » ou « intérieur » et de ‘é’ hérité du latin ‘ex’ pour « hors de » ou « extérieur ». De tous ces termes presque synonymes qui peuvent être employés comme adjectifs ou substantifs, c’est donc migrant qui est le moins précis car il ne suggère ni le dedans ni le dehors, ni l’arrivée ni le départ mais le mouvement seul. Il se serait d’ailleurs généralisé car il n’induit pas de « Remarque : « migrant » est un terme générique pour « immigrant » (celui qui vient de l’étranger) et « émigrant » (celui qui part s’installer à l’étranger), désignant une personne qui quitte un pays ou une région pour s’installer dans un(e) autre. ».

Le terme « exilé », issu du verbe latin exiliare, qui signifie « bannir » peut quant à lui induire une dimension contrainte, subite : « personne que l’on chasse de son pays ou qui choisit de le quitter »32. Ne renvoyant pas directement à la migration, le terme « clandestin » (du latin clandestinus, (« qui se fait en secret ; qui agit en cachette »), désigne celui « qui se soustrait par nécessité aux représentants de l’autorité en place et vit en marge des lois ; qui échappe à  « Aux fins de la présente Convention, le terme “réfugié” s’appliquera à toute personne : […] craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa catastrophe naturelle, une guerre, des persécutions politiques, raciales, etc.). » (CNRTL) ; « Personne ayant quitté son pays d’origine pour des raisons politiques, religieuses ou raciales, et ne bénéficiant pas, dans le pays où elle réside, du même statut que les populations autochtones, dont elle n’a pas acquis la nationalité. » (Larousse). statut juridique officiel : n’est pas réfugié qui le souhaite ou s’en réclame, mais qui est reconnu comme tel par l’OFPRA, établissement public administratif placée sous tutelle du ministère de l’Intérieur et/ou par la Cour Nationale du droit d’Asile (CNDA), entité juridictionnelle rattachée au Conseil d’Etat.

La reconnaissance du statut est matérialisée en France par l’obtention d’une carte de séjour temporaire d’une durée de un an renouvelable pour les bénéficiaires de la protection subsidiaire ; et d’une carte de séjour valable dix ans permettant notamment de séjourner sur le territoire, de travailler, et de voyager pour les autres. Notons également que le terme de « réfugié » renvoie à un historique singulier, car son usage a été généralisé au moment de la création du Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR) au lendemain de la « [En 1940] Civil qui quittait l’Est et le Nord de la France puis Paris menacés par l’avance allemande. Leur village, depuis dix jours, était inlassablement traversé par des réfugiés du Nord. Ils ont assisté, dix jours durant, à cet intarissable exode (St- Exup., Pilote guerre, 1942, p. 322). » « Jusqu’à présent le terme de réfugié évoquait l’idée d’un individu qui avait été contraint à chercher refuge en raison d’un acte ou d’une opinion politique. Or, s’il est vrai que nous avons dû chercher refuge, nous n’avons cependant commis aucun acte répréhensible, et la plupart d’entre nous n’ont même jamais songé à professer une opinion politique extrémiste. Avec nous, ce mot « réfugié » a changé de sens. On appelle de nos jours « réfugiés » ceux qui ont eu le malheur de débarquer dans Si les termes de « clandestin » et « sans-papier » notifient le fait de ne pas être conforme au droit, à la loi, (sans pour autant faire directement référence au fait d’être étranger), ils ne correspondent en aucun cas à un statut juridique. Ces termes ne sont d’ailleurs pas mentionnés dans le glossaire proposé par le Ministère de l’Intérieur (onglet « Immigration, asile, accueil et accompagnement des étrangers en France »).

 

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