Aspects théoriques de la terminologie

Aspects théoriques de la terminologie

Le chapitre 1 nous a servi d’introduction à la terminologie, que nous avons essayé de définir dans ses grandes lignes. Le but de ce deuxième chapitre sera d’aborder et d’approfondir des questions théoriques d’importance fondamentale dans l’histoire de cette – relativement – jeune discipline qu’est la terminologie. Tout d’abord, nous reviendrons sur la définition de terminologie, mais cette fois-ci il ne s’agira plus de se limiter à la consultation de dictionnaires : nous donnerons la parole à quelques terminologues, linguistes-terminologues et linguistes de différentes orientations qui se sont exprimés sur ce sujet. Définir la terminologie revient aussi à s’interroger sur son rapport à la linguistique et, comme dans un jeu de domino, cette enquête en entraîne d’autres.  Dans une deuxième étape, nous nous pencherons sur une autre tentative de nature définitoire, celle concernant le statut théorique du terme, qui a souvent été menée par le biais d’une comparaison avec le mot.  La définition des rapports entre terminologie et linguistique et la comparaison entre terme et mot nous conduiront vers une troisième étape, consacrée à la réception de la TGT dans les milieux de la recherche en terminologie, avec une attention particulière au monde francophone. Nous examinerons d’abord les réactions à la théorie de Wüster et à l’école autrichienne qui se sont concrétisées dans des modèles théoriques alternatifs, pour passer ensuite aux auteurs promouvant une relecture de l’œuvre wüstérienne.

 Qu’est-ce que la terminologie ?

Toute nouvelle discipline comporte un certain flottement dans sa définition à ses débuts. La terminologie n’a pas fait exception : après Wüster, de nombreux chercheurs ont apporté leur pierre à l’édifice épistémologique de la terminologie. Suivant AUGER 1988, CABRÉ (1998 : 27) identifie quatre phases dans l’évolution de la terminologie moderne. Dans une première phase que l’on pourrait étiqueter comme « les origines » (1930-1960), les premiers textes théoriques de Wüster et Lotte voient le jour et établissent les lignes- guides du travail de normalisation. La deuxième phase (1960-1975), définissable comme une phase de structuration de la discipline, a été marquée par des échanges scientifiques fructueux, qui se sont concrétisés surtout sous forme de colloques et collaborations encouragé bon nombre de travaux dans cette direction. Une troisième phase, que l’on pourrait appeler « l’éclatement de la terminologie » (CABRÉ 1998 : 28), est à situer entre 1975 et 1985, décennie pendant laquelle on assiste à une véritable explosion de la terminologie, tant au niveau de la pratique que de la réflexion théorique. Cette phase est favorisée aussi par le développement des premiers outils informatiques. À l’informatique Nous avons déjà eu l’occasion, dans le premier chapitre, de parler des origines de la terminologie, par une illustration assez détaillée de la théorie wüstérienne. Ce qui nous intéresse ici, c’est de mettre en lumière comment s’est bâti le débat autour des textes de Wüster et des politiques linguistiques. Nous avons mentionné l’OLF du Québec : c’est l’organisme qui a accueilli, en 1975, un colloque international fondamental, « Essai de définition de la terminologie », où ont été posés les jalons pour la réflexion en terminologie dans le monde francophone. D’éminents linguistes et terminologues y ont participé, parmi lesquels Wüster lui-même, avec un exposé en français sur « Die allgemeine Terminologielehre », parue dans Linguistics l’année précédente.

Durant ces journées scientifiques le but a été de définir la terminologie, sous différents angles d’analyse : le rapport avec la linguistique, les aspects théoriques et pratiques, les buts de la terminologie, la formation des terminologues, la présentation de quelques banques de données, pour n’en citer que quelques-uns. À l’exception de Wüster, Après les allocutions d’ouverture des autorités politiques, à Louis Guilbert d’ouvrir les travaux scientifiques du colloque OLF-STQ 1975. Sa contribution vise la délimitation des rapports entre terminologie et linguistique, suivant une articulation en quatre sections. « Selon la définition de la terminologie en tant que collection de termes, elle apparaît comme un secteur particulier du lexique, dont la problématique se confondrait plus ou moins avec celle du lexique global. Il s’agirait de définir sa place dans le système linguistique en la soumettant aux différentes théories selon lesquelles on intègre le lexique dans l’activité langagière. » (1976a : 13) « […] La conceptualisation préalable à l’acte de dénomination, en tant que processus intellectuel indépendant de la langue, […] pourrait […] se réaliser indépendamment de telle ou telle forme linguistique particulière et se transcrire en purs symboles « supranationaux ». Mais la formulation du symbole ainsi que la construction d’une syntaxe symbolique ne sauraient être abstraites du langage de départ. La relation entre la conceptualisation et la grammaticalisation, dans l’optique de la pure construction logique, suscite aussi des difficultés. La réalisation linguistique du concept doit-elle être conçue sous la forme d’un thème, amorphe grammaticalement, apte ensuite aux différentes réalisations grammaticales dans une langue ? Il semble au contraire que la formation des concepts soit étroitement liée au moins à l’une des formes grammaticales essentielles, nom ou verbe. » (1976a : 15-16).

 

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