ASSAINISSEMENT PUBLIC ET PRATIQUES POPULAIRES A THIES

ASSAINISSEMENT PUBLIC ET PRATIQUES POPULAIRES A THIES

Travail de terrain

Dans cette phase, le plus clair du temps a été consacré aux campagnes d’UobservationU, de collecte de données à travers des UenquêtesU, des Uentretiens individuelsU avec les personnes ressources, d’UinterviewsU au niveau de la zone d’étude. En ce sens, il s’agit d’ausculter le terrain, de discuter avec les différents acteurs concernés par cette problématique : populations ; Collectivité Locale ; services décentralisés ou déconcentrés de l’Etat ; personnes ressources, etc. Un certain nombre de matériels a été utilisé : GPS ; appareil photographique ; questionnaire ; guides d’entretien ; etc. Il faut rappeler dans cette partie les discussions informelles (récits de vie) avec les acteurs non institutionnels disponibles dans la zone. Le centre d’intérêt de ce questionnaire est essentiellement axé sur : ¾ les pratiques populaires, les logiques de fonctionnement et les problèmes posés dans et par les déchets ménagers ; ¾ les stratégies d’adaptation populaires, institutionnelles et les aspects socioculturels (perceptions, comportements et pratiques des acteurs concernés). Ce questionnaire a été administré spécialement aux femmes, principales responsables des travaux ménagers. Elles sont les gardiennes du bien-être de la famille et les   gestionnaires de la propreté de la concession. Elles veillent constamment à ce que la parcelle soit propre et accueillante. Si celles-ci étaient absentes, leurs remplaçants (es) étaient interrogé (es). En outre, une grille démographique avec comme différentes rubriques : ¾ âge ; ¾ sexe ; ¾ lieu de naissance ; ¾ lien de parenté ; ¾ situation matrimoniale ; ¾ ethnie ; ¾ religion ; ¾ niveau d’instruction ; ¾ statut résidentiel ; ¾ profession/Activité principale ; ¾ revenu, a été administrée à tous les membres du ménage afin de voir leurs incidences sur la prise en charge des déchets au niveau des maisons à travers les pratiques et comportements des populations. Une fiche habitat dont les paramètres sont : ¾ le titre de propriété ; ¾ le statut résidentiel ; ¾ le mode d’acquisition de la parcelle ; ¾ la taille ou superficie de la parcelle ; ¾ le type de construction ; ¾ matériaux de construction ; ¾ la destination du logement ; ¾ l’état du bâti ; ¾ le revêtement de la cour ; ¾ la durée de séjour/date d’implantation ; ¾ l’accès à l’eau potable ; ¾ le lieu d’aisance ; ¾ l’évacuation des eaux usées, etc. a été remise au chef de ménage afin de voir leurs différentes influences sur la question étudiée.   Pour les besoins d’une information qualitative, des guides d’entretien ont été délivrés aux principaux responsables de cette question d’assainissement, notamment la Collectivité Locale, le service d’hygiène, le service régional de l’environnement etc. Les points développés dans ces interviews sont relatifs à : ¾ leurs missions ; ¾ leurs objectifs et moyens mis en place ; ¾ les différentes difficultés dans l’exécution de leurs fonctions respectives ; ¾ les perspectives dans le cadre de leurs missions. Une autre méthode, non moins importante, consiste également à l’observation directe sur le terrain pour saisir l’état du cadre de vie dans ses permanences comme dans ses mutations. Cette méthode a permis de rendre visibles les différents comportements et pratiques des populations par rapport au déchet et leur espace de vie. 0.2.5.Traitement et analyse des données A la suite de ces campagnes, des phases de traitement, de synthèse, de capitalisation et de rédaction ont été menées. Ce traitement s’est fait à travers une analyse socioéconomique des ménages afin de connaitre le profil de la population étudiée, leurs types d’activités et les caractéristiques de l’habitat. Et ceci n’a été possible qu’avec les données recueillies à partir de la grille démographique et de la fiche habitat. Une analyse environnementale notamment de la question des déchets ménagers dans l’espace évolutif a été faite et accompagnée par des photographies. Une analyse socioculturelle à travers les perceptions, les comportements des populations et des stratégies populaires est venue fortifier et donner beaucoup plus d’équilibre à la recherche. Il s’agit également de procéder à une analyse minutieuse des perspectives qui s’offrent à la ville et qui peuvent permettre aux populations de vivre dans un cadre épanoui et à l’abri des nuisances causées le plus souvent par les manquements dans la prise en charge des questions d’assainissement public. Ce sont les données recueillies dans les questionnaires et entretiens individuels qui ont permis de réaliser ces analyses. Thiès : un espace urbain dynamique Babacar DIOUF Thèse de Doctorat unique de Géographie 2015-2016 44 « Une notion, un concept n’a de valeur qu’en regard d’une situation qu’il permet de mieux expliquer, de mieux formaliser »F 32F.

CLARIFICATION TERMINOLOGIQUE

La géographie a son propre corpus lexical. Les autres disciplines emploient des termes de la géographie mais dans d’autres sens. Quand s’affirme une science, quand s’étend un champ de la connaissance, il faut que s’explicite et s’évalue leur vocabulaireF 33F. Cependant, une analyse scientifique requiert deux types de définition de concepts dont chacune est utilisée de façon appropriée à différents niveaux de l’analyse. ƒ Une définition nominale : c’est-à-dire une formulation verbale par laquelle les scientifiques s’accordent sur des jeux de mots ou de symboles en lieu et place d’autres. C’est cette définition qui est utilisée au niveau théorique ou langage courant et que l’on retrouve par exemple dans le « Larousse ». ƒ Une définition opérationnelle marque le passage du niveau théorique à un niveau concret de la recherche. C’est une définition en termes de critères spécifiques, observables ou mesurables. Elle indique les procédures exactes ou opérations à suivre pour mesurer un concept. Dans le cadre de cette étude, les termes suivants méritent d’être clarifiés. Assainissement public/Ecologie (urbaine)/Déchet : Selon le guide de l’assainissement individuel de l’Organisation Mondiale de la Santé de 1995, c’est l’ensemble des travaux que doivent effectuer en se conformant aux différents codes et règlements en vigueur liés à l’assainissement, les particuliers, les collectivités et les pouvoirs publics pour faire disparaitre dans les agglomérations toute cause d’insalubrité. C’est donc « une action visant à améliorer et à contrôler tous les facteurs, qui, dans le milieu physique où évolue l’homme, sont susceptibles d’influencer défavorablement son développement physiologique, sa santé et sa longévité ». Cette formule s’inscrit dans le cadre de cette étude, dans un domaine beaucoup plus large appelé : écologie. Cette dernière renvoie à l’étude des interactions diverses qui s’établissent entre les êtres vivants et leur milieu. Ramenée à l’échelle du domaine    urbain, elle désigne les relations du citadin avec son environnement physique : la ville, porte d’entrée choisie pour étudier les relations au déchet. Qu’est-ce qu’un déchet ? Etymologiquement, déchet vient du latin « discadere ». La racine « dis » renvoie à la notion d’éloignement et « cadere » signifie tomber. Le mot a ensuite évolué pour devenir au XIVe siècle, « déchiet » signifiant il déchoit, du verbe déchoir. D’une façon commune et générale, le déchet est un bien dévalorisé, déconsidéré et rejeté par son propriétaire ; il est objet de discrédit, deux niveaux à distinguer : le mépris et l’exclusion. Le premier niveau, le plus dépréciatif, signale la puanteur, l’impureté : c’est l’immondice (immundus en latin), le « non-propre » ; c’est l’axe de l’ordure, de la répulsion attachée au porc dévoreur opportun des « immondices » dans les rues des villes anciennes. Ce contenu péjoratif s’est, par la suite, consolidé dans le vocabulaire de l’insulte. L’autre niveau, plus abstrait, dérive en français du verbe déchoir : en 1283, on appelle deschié un bien dévalorisé. À ce sens premier du terme s’est ajouté celui de résidu inutilisable, de rejet agressif et polluant. Comme l’écrit GOUHIER J., pour mieux montrer son exclusion, on lui attribue donc une nuisance plus ou moins fondée : laid, sale, malsain, dangereux, il parait nécessaire de le dissimuler, de l’enfouir, de le détruireF 34F. Usuellement dans le langage courant, un déchet (détritus, ordure, résidu) désigne : la quantité perdue dans l’usage d’un produit, ce qui reste après l’utilisation. De nos jours, ce terme tend à désigner n’importe quel objet ou substance ayant subi une altération d’ordre physique, chimique, le destinant à l’élimination ou au recyclage. Par conséquent, les déchets peuvent être abordés de différentes manières en fonction de leurs propriétés. Leur classification peut se faire en fonction de leur état physique (solide, liquide, gazeux), de leur provenance entre autres (déchets ménagers, déchets industriels, déchets biomédicaux etc.). La variété de ces propriétés et des points de vue que l’on peut adopter lorsqu’on s’intéresse aux déchets pousse la plupart des auteurs à dire qu’il n’existe pas encore de définition satisfaisante du déchet. LAREDO R. et BARBIER P.F 35F [1997] considèrent les déchets comme des « choses déchues dont on se défait ou dont on a l’obligation de se défaire ».LE DORLOT E. : « Les déchets ménagers : pour une recherche interdisciplinaire », Strates [En ligne], 11 | 2004, mis en ligne le 14 janvier 2005, Consulté le 15 novembre 2012. URL : Hhttp://strates.revues.org/410H (consulté le 16/11/2012). Thiès : un espace urbain dynamique Babacar DIOUF Thèse de Doctorat unique de Géographie 2015-2016 46 Sur le plan réglementaire, l’approche légale qui sert de référence dans la définition du déchet au Sénégal est la loi n° 2001-01 du 15 janvier 2001 portant code de l’environnement. Le déchet y est défini comme : « Toute substance solide, liquide, gazeuse, ou résidu d’un processus de production, de transformation, ou d’utilisation de toutes autres substances éliminées, destinées à être éliminées ou devant être éliminées en vertu des lois et règlements en vigueur »F 36F. Dans cette définition, l’idée d’une « élimination » marque une réduction de valeur, un déclassement, une mise à l’écart du déchet de la part de son producteur. Il ressort également de cette définition que les autorités institutionnelles du Sénégal privilégient jusqu’à présent l’idée d’une élimination qui se résume essentiellement à une mise en décharge pure et simple des déchets au détriment du recyclage et de la valorisation qui du reste demeurent très embryonnaires. Et à travers ce code, il est défini également toute une panoplie d’articles (L30, L31, L32, L33, L34, L36, L37, L41 et L42) expliquant les modalités dans lesquelles les déchets doivent être traités. Sont compris sous la dénomination de déchets ménagers F 37F : les détritus de toute nature comprenant notamment : déchets domestiques, cendres, débris de verre ou de vaisselle, papiers, balayures et résidus de toute sorte, déposés dans des récipients individuels ou collectifs ; les déchets provenant des établissements industriels et commerciaux, bureaux, administrations, cours et jardins privés ou publics déposés dans des récipients individuels ou collectifs ; les crottins, fumiers, feuilles mortes, boues et, d’une façon générale, tous les produits provenant du nettoiement des voies et places publiques, voies privées, jardins publics, parcs, cimetières et leurs dépendances, rassemblées en vue de leur évacuation ; les produits de nettoiement et détritus des halles, foires, marchés, lieux de fêtes publiques, lieux d’attache des bêtes de somme ou de traite, rassemblées e vue de leur évacuation ;       BARBIER R. et LAREDO P. : « L’internalisation des déchets : le modèle de la Communauté urbaine de Lille » ; Ed. Economica ; 1997 ; pp.18 36 REPUBLIQUE DU SENEGAL : Code de l’environnement ; 2001 ; 79p. 37 Décret n°74-338 du 10 avril 1974 réglementant l’évacuation et le dépôt des ordures ménagères (article 2). Thiès : un espace urbain dynamique Babacar DIOUF Thèse de Doctorat unique de Géographie 2015-2016 47 les résidus en provenance des écoles, casernes, hôpitaux, prisons ou tous bâtiments publics groupés sur des emplacements déterminés dans des récipients réglementaires (à l’exclusion des produits souillés et des issues d’abattoirs) le cas échéant, tous objets abandonnés sur la voie publique ainsi que les cadavres de petits animaux. Ne sont pas compris dans la dénomination ordures ménagères : les déblais, gravats, décombres et débris provenant des travaux publics et particuliers ; les cendres et mâchefers d’usines et, en général, tous les résidus provenant d’un commerce ou d’une industrie quelconque ainsi que des cours et jardins privés, sauf l’exception prévue au paragraphe deux ci-dessus, les déchets anatomiques ou infectieux provenant des hôpitaux ou cliniques ainsi que les déchets et issues d’abattoirs ; les objets visés au paragraphe six ci-dessus qui, par leur dimension, leur poids ou leur nature ne peuvent être chargés dans les camions bennes à ordures. Le coté économique fait introduire la notion de valeur. Sous ce rapport, le déchet désigne le reste sans valeur de quelque chose c’est-à-dire un objet qui n’a aucune valeur marchande aux yeux de son producteur. Cette conception du déchet épouse celle de TA THU THUY « un objet ou un matériel ayant perdu sa valeur pour son détenteur ». NGNIKAM E. et TANAWA E.F 38F [2006] ajoutent à cette définition deux éléments essentiels : le moment et le lieu où cet objet est appelé déchet. Dans le cadre de cette étude, les types de déchet dont il s’agit sont essentiellement ceux ménagers, principale source de déchets considérés comme « l’ensemble des produits issus des différentes activités de consommation des populations et devant être éliminés par leurs producteurs »F 39F. Du fait de leur assimilation avec ces derniers, s’y ajoutent les déchets issus des lieux commerciaux, bureaux, administrations, cours et jardins privés ou publics. TONON F.F 40F [1987] parle des déchets ménagers comme des résidus de l’activité domestique ou de consommation des populations.TONON F. : Contribution à l’étude de l’environnement en République Populaire du Bénin. Espace urbain et gestion des déchets solides dans la ville de Cotonou ;  Pour TABEAUD MF 41F. [2000], il s’agit d’un objet exclu de la consommation, dont on n’a plus besoin et qui n’a (normalement) plus d’usage. On peut alors se demander à partir de quand est-ce qu’un objet est-il déprécié ? Pourquoi ? Par qui ? Et dans quel lieu ? Autant de questionnements qui confortent l’existence d’une hypothétique définition du concept de déchet. Définir le déchet est donc une tâche difficile de prime abord, à cause du caractère relatif de l’objet « déchet ». Sa relativité se justifie par le fait que ce qui est considéré comme déchet ne l’était peut-être pas auparavant alors qu’il était encore un objet ou une substance utilisable et ne le sera peut-être plus après, dès lors qu’une nouvelle technologie ou que le changement d’un paramètre aura fait apparaitre les potentialités du nouveau rebut. Relatif, le concept de déchet l’est surtout par rapport à son formulateur. Une chose peut être vue comme déchet par son producteur et être un objet de luxe pour une autre personne. 

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
Chapitre 0 : Eléments introductifs
PREMIERE PARTIE : ETUDE SOCIODEMOGRAPHIQUE ET URBAINE DE THIES
Chapitre I : Présentation générale de la zone d’étude
Chapitre II : Historique de la formation de Thiès : du poste de garnison au plan de la ville
Chapitre III : Croissance démographique et dynamisme économique
Chapitre IV : Etude de la dynamique spatiale : Thiès, une ville dévoreuse d’espaces avec un tissu urbain contrasté
DEUXIEME PARTIE : POPULATION-ACTIVITES-CADRE DE VIE ET BILAN DES ACTIONS SUR LE DECHET MENAGER
Chapitre V : Profil démographique et socio-économique
Chapitre VI : Cadre bâti et niveau de confort des ménages
Chapitre VII : Rappel du cadre juridique, du processus de la décentralisation et bilan des actions sur le déchet ménager
TROISIEME PARTIE : LE DECHET MENAGER DANS LE QUOTIDIEN DES POPULATIONS
Chapitre VIII : Des espaces et des conditions de gestion mixtes des déchets ménagers
Chapitre IX : Aspects organisationnels et structurels de la gestion des déchets ménagers
Chapitre X : Thiès et les déchets ménagers ; un bras de fer sans fin ?
Chapitre XI : Dynamique populaire et problèmes d’assainissement public
Chapitre XII : Perspectives urbaines et gestion des déchets
CONCLUSION GENERALE

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