CLASSIFICATION DES INTOXICATIONS

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Traitement évacuateur

Le traitement évacuateur où décontamination vise à raccourcir la durée de contact du toxique pour limiter ses effets locaux et à prévenir son absorption pour réduire ses effets systémiques. Selon la voie de pénétration on peut mettre en œuvre une décontamination cutanée et oculaire ou une décontamination digestive.

Décontamination cutanée et oculaire

En cas d’exposition cutanée ou oculaire à des produits toxiques irritants, la sévérité de l’intoxication est proportionnelle à la durée de contact avec le produit. Une décontamination aussi précoce que possible s’impose donc.
 Exposition cutanée
En cas de projection cutanée, un rinçage immédiat et prolongé à l’eau tiède (30 minutes à 2 heures) est indiqué dans tous les cas, y compris les projections d’acides forts comme l’acide sulfurique. Les brûlures par les bases demandent un rinçage particulièrement prolongé. Après rinçage, les brûlures chimiques se traitent de la même manière que les brûlures thermiques. Pour certains produits, il existe un traitement spécifique c’est le cas des brûlures à l’acide fluorhydrique qui se traitent par l’administration de sels de calcium. L’existence d’un traitement spécifique ne doit jamais retarder le rinçage à l’eau. La peau est une voie d’entrée importante pour certains toxiques (l’aniline, l’acide monochloroacétique, certains pesticides organophosphorés ou carbamates).
 Exposition oculaire
En cas d’exposition oculaire, un rinçage à l’eau ou au sérum physiologique est toujours indiqué. Le recours à l’ophtalmologue doit être systématique en cas de projection oculaire de base ou d’acides forts. L’irrigation doit être poursuivie pendant au moins 20 à 30 minutes et plus longtemps encore dans les brûlures alcalines sévères. En cas d’atteinte d’un seul œil, des précautions doivent être prises pour éviter la contamination de l’autre œil.

Décontamination Digestive

L’ingestion de toxiques est la situation la plus fréquemment rencontrée. Pour prévenir leur absorption par le tube digestif, diverses approches ont été proposées.
 Vomissements provoqués
Les vomissements provoqués sont indiqués en cas d’ingestion de toxiques très dangereux comme la colchicine, la théophylline depuis moins de 30 minutes. Elle doit être répétée une fois si aucun vomissement n’est survenu 20 minutes après l’ingestion. Plusieurs méthodes ont été utilisées comme l’attouchement pharyngé, l’administration de sirop Ipéca, l’administration du chlorhydrate d’apomorphine, l’administration de sulfate de cuivre. Quels que soient les moyens utilisés, l’induction de vomissements n’est plus recommandée. Par exemple l’administration de sirop d’ipéca car cette technique ne permet pas de retirer des quantités significatives de toxique de l’estomac et peut aussi retarder l’administration de charbon activé (Jones et Dargan, 2008). Les vomissements provoqués sont contre-indiqués en cas de trouble de la conscience ou de diminution du réflexe de toux, en cas d’intoxication par l’amitriptyline ou l’imipramine ou par des caustiques et substances volatiles.
 Lavage gastrique
Le lavage gastrique est réservé à l’ingestion depuis moins d’une heure d’une quantité de toxique susceptible d’engager le pronostic vital. Il s’agit d’une méthode d’évacuation digestive des toxiques pris par voie orale. Il a longtemps été considéré comme un élément essentiel dans le traitement des intoxications. Cependant son utilisation systématique est très discutable. Dès 1997, l’American
Academy of Clinical Toxicology et l’European Association of Poison Centres and Clinical Toxicologists ont conclu que l’intérêt clinique pour le patient n’était pas démontré et que l’utilisation en routine de cette technique ne se justifiait pas. Ces prises de positions ont été réévaluées en 2013 et n’ont pas changé (Benson et coll, 2013). Le lavage gastrique est contre-indiqué en cas d’ingestion de produits caustiques (risque de perforation), d’ingestion de produits moussants ou volatils (risque d’inhalation), de convulsions, de survenue brutale possible, de troubles cardiaques ou d’une dépression respiratoire.
 Charbon activé
L’utilisation du charbon activé diminue la biodisponibilité des toxiques par adsorption. Il est réservé à l’ingestion depuis moins d’une heure de quantités toxiques de substance carbo-adsorbable lors des intoxications alimentaires, des empoisonnements, des intoxications par médicaments (benzodiazépines, paracétamols, salicylés, barbituriques etc.). Il doit être utilisé à fortes doses car l’adsorption est d’autant plus efficace que le rapport charbon/toxique est plus élevé. En pratique, les doses initiales de charbon sont de l’ordre de 50 à 100 g puis elles passent de 20 à 40 g toutes les 4 heures. Le charbon activé est contre-indiqué en cas de trouble de conscience ou de voies aériennes non protégées (Ducluzeau, 1995 ; Roupie, 1998). Il faut tenir compte de certaines interactions, le charbon actif peut neutraliser la N-acétylcystéine que l’on administre per os dans l’intoxication par le paracétamol. Les produits non adsorbables par le charbon actif sont principalement le lithium, les alcools et les métaux lourds.
 Irrigation digestive
L’irrigation intestinale a été préconisée afin de réduire l’absorption intestinale d’un toxique en diminuant son temps de passage dans l’intestin. Son intérêt repose sur l’administration d’une solution non absorbable de polyéthylène glycol qui cause une diarrhée liquide et réduit l’absorption du toxique en accélérant son transit dans le tube digestif. L’irrigation intestinale est indiquée dans l’ingestion de doses potentiellement toxiques de médicaments à libération prolongée ou retardée, de fer, d’alcool et de glycols, de lithium et de ‘‘boulette’’ de drogues.

Traitement Epurateur

Le traitement épurateur ou élimination consiste à augmenter l’élimination du toxique et à diminuer la gravité de l’intoxication. Diverses méthodes peuvent être utilisées pour accélérer l’élimination naturelle d’un toxique. Diurèse osmotique La diurèse osmotique a pour but d’augmenter l’élimination urinaire des toxiques, soit en augmentant le volume des urines ou soit en modifiant le pH urinaire. Elle se limite à des substances à clairance rénale élevée, à faible liaison protéique, de faible volume de distribution. Elle est indiqué actuellement en cas d’intoxication par salicylés, par le phénobarbital ou en cas d’intoxication grave par un herbicide. La diurèse osmotique est interdite en cas d’insuffisance cardiaque ou rénale et chez les personnes âgées. Hémodialyse L’hémodialyse basée sur le principe de la diffusion à travers une membrane semi-perméable permet d’éliminer efficacement les molécules hydrosolubles, de faible poids moléculaire ou peu liées aux protéines plasmatiques et dont le volume de distribution est faible. Elle est recommandée en cas d’intoxication sévère au lithium, aux salicylés, à l’éthylène glycol et au Méthanol. Dialyse péritonéale La dialyse péritonéale est un phénomène passif d’échanges à travers une membrane dialysant (le péritoine). L’échange se fait du milieu le plus concentré (sang) vers le milieu le moins concentré (liquide de dialyse) jusqu’à l’équilibre. Elle est réalisée en cas d’intoxication massive par des toxiques dialysables, chez les patients à fonction rénale et/ou cardiaque perturbée ou lorsque l’hémodialyse n’est pas réalisable. Exsanguino- transfusion Elle est réservée aux intoxications rebelles au traitement symptomatique par des poisons méthémoglobinisants ou par des toxiques hémolytiques intravasculaires (venin de serpent, cuivre, plomb,). Ces méthodes consistent à échanger la totalité ou une partie du contenu du secteur vasculaire. Elles sont rarement indiquées et doivent être entreprise très vite.

Traitement antidotique ou spécifique

L’antidote est un médicament spécifique d’un toxique dont le mécanisme d’action est établi chez l’animal et chez l’homme et dont l’utilisation améliore le pronostic fonctionnel ou vital d’une intoxication. Il est capable de modifier la cinétique ou de diminuer les effets du toxique au niveau des cibles spécifiques ou des récepteurs. La plupart des intoxications ne nécessitent qu’un traitement symptomatique. En revanche, dans certaines intoxications, les antidotes sont des thérapeutiques indispensables. Leurs mécanismes d’action permettent de les classer en 4 groupes (Bismuth, 1992). On distingue :
Les antidotes qui forment un complexe inerte avec le toxique, et en bloquent l’absorption digestive ou en favorisent l’élimination. Par exemple l’utilisation du charbon activé diminue la biodisponibilité de certains toxiques (l’aspirine, théophylline, phénobarbital). Les antidotes qui empêchent le toxique d’atteindre son site d’action : en accélérant sa détoxification ou en inhibant la synthèse d’un métabolite plus agressif. Par exemple l’administration de N-acétylcystéine (Fluimicil®) lors de l’intoxication par le paracétamol permet de neutraliser le métabolite toxique du paracétamol, la N Acétyl parbenzoquinone imine (NAPQI), avant sa liaison avec la cible. Les antidotes qui déplacent le toxique de son site d’action. Par exemple l’injection de naloxone (Narcan®) permet de déplacer le toxique de son récepteur. Il est utilisé en cas d’intoxication aux opiacés. Les antidotes qui corrigent les effets du toxique. Par exemple L’utilisation du glucagon lors de l’intoxication par les bétabloquants permet de corriger les effets du toxique.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES INTOXICATIONS
I-DEFINITIONS
I.1-Intoxication
I.2-Toxique
II-CLASSIFICATION DES INTOXICATIONS
II.1- Selon l’origine
II.1.1-Intoxication endogène
II.1.2-Intoxication exogène
II.2- Selon le délai de survenue
II.2.1-Intoxication aiguë
II.2.2-Intoxication chronique
II.3-Selon les circonstances d’intoxication
II.3.1-Intoxication accidentelle
II.3.2-Intoxication volontaire
II.4- Selon les substances en cause
II.4.1-Intoxication médicamenteuse
II.4.2-Intoxication aux produits d’entretien ménagers.
II.4.3-Intoxication alimentaire
II.4.4-Intoxication par les plantes
II.4.5-Intoxication par les pesticides
II.4.6-Autres intoxications
III-DIAGNOSTIC DES INTOXICATIONS
III.1- Anamnèse
III.2- Signes cliniques
III.3-Investigations complémentaires
III.3.1- Analyse biologique
III.3.2 Analyse toxicologique
III.3.3-Autres examens complémentaires
IV-PRISE EN CHARGE DES INTOXICATIONS
IV.1-Traitement symptomatique
IV.2-Traitement évacuateur
IV.2.1-Décontamination cutanée et oculaire
IV.2.2- Décontamination Digestive
IV.3-Traitement Epurateur
IV.4-Traitement antidotique ou spécifique
V-PREVENTION DES INTOXICATIONS
DEUXIEME PARTIE : TRAVAIL PERSONNEL
I- CADRE DE L’ETUDE
II-MARETERIELS ET METHODES
II.1- Type et période d’étude
II.2- Population d’étude
II.3- Collecte des Données
II.4- Analyse des données
III-RESULTATS
IV-DISCUSSION
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
ANNEXES

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