Conditions, modalités et freins au développement de l’énergie solaire au Maghreb

Conditions, modalités et freins au développement de l’énergie solaire au Maghreb

Les politiques énergétiques récemment initiées au Maghreb se coordonnent aux initiatives mises en oeuvre aux échelles régionales. Ainsi, « Sans le Plan Solaire Méditerranéen [PSM], les plans solaires nationaux n’auraient pas vu le jour, du moins pas pour le moment »175. Les politiques énergétiques maghrébines reposent désormais sur un triptyque : (i) les efforts de recherche et d’exploration pétrolière et gazière ; (ii) la recherche d’une meilleure efficacité énergétique et (iii) enfin le développement significatif des énergies renouvelables. Les investisseurs, très attendus pour assurer la réalisation des projets, ont par ailleurs besoin de transparence, de prévisibilité et de cohérence au niveau réglementaire et juridique. L’existence d’un cadre légal et réglementaire clair est en effet propice à la participation du secteur privé dans le développement de l’électricité d’origine renouvelable. Le chapitre 8 caractérise les contextes énergétique, politique et juridique de la transition énergétique « bas carbone » au Maghreb. Il cherche à définir les conditions et les freins au développement de l’énergie solaire au Maghreb. La première partie présente les profils énergétiques hétérogènes des pays du Maghreb et explique dans quelle mesure une diversification des mix énergétiques nationaux est nécessaire pour chacun d’eux, au-delà de la seule injonction climatique (I). La deuxième partie évoque les prémisses des politiques maghrébines liées à la maîtrise énergétique afin de mettre en évidence des continuités et des ruptures par rapport aux orientations énergétiques récemment promues. Ces dernières ont donné lieu à la mise en place de plans et programmes nationaux ambitieux de développement des énergies renouvelables176. Nous questionnons également le système d’acteurs impliqués dans la concrétisation des objectifs nationaux ainsi que leurs conflits (II). La troisième partie s’intéresse à la structuration des secteurs électriques nationaux. Elle montre dans quelle mesure cette structuration conditionne la manière de légiférer dans le domaine des énergies renouvelables. Elle s’attarde notamment sur l’intervention de nouveaux acteurs dans le segment de la production d’électricité (III).

Les pays du Maghreb et l’énergie : une nécessaire diversification du mix-énergétique

L’analyse des politiques publiques dans le domaine des énergies renouvelables ne peut faire l’économie d’un état des lieux des profils énergétiques maghrébins car ils la conditionnent en partie. Le déploiement des énergies renouvelables s’inscrit dans des contextes énergétiques nationaux très hétérogènes au Maghreb. Pour autant, la diversification du mix-énergétique national s’avère indispensable pour les trois pays retenus. L’Algérie, État rentier, se doit de réduire sa dépendance à l’égard ses exportations d’hydrocabures, dans un contexte de forte volatilité des prix de l’énergie (A) ; la Tunisie, qui doit remédier au déficit structurel de sa balance énergétique, cherche à optimiser les ressources énergétiques locales (B) ; et enfin, le Maroc qui dépend à 96 % des importations d’énergie et fait face à une demande électrique croissante, n’a guère le choix que d’exploiter dans l’immédiat les énergies renouvelables (C). Afin de mener une comparaison qui tienne compte à chaque fois des trois pays, nous devions nous appuyés sur les chiffres de l’année 2014. et la rente des hydrocarbures : un équilibre précaire. Avec une production en énergie primaire de 155,3 Mtep en 2014, l’Algérie est sans conteste le premier producteur d’énergie parmi les trois pays retenus. La production énergétique algérienne a globalement augmenté entre 1990 et 2005, avant de stagner puis de décroitre entre 2008, année qui correspond au début de la crise financière mondiale. Depuis 2012, cependant, la production est de nouveau en hausse [cf. graphique 23].

L’Algérie produit quasi exclusivement des hydrocarbures dont 51 % de gaz naturel et 48 % de pétrole. En 2014, les réserves prouvées en gaz naturel et en pétrole du pays s’élèvent respectivement à 4,5 milliards de m3 et de 12,2 milliards de barils (BP, 2015). L’Algérie est ainsi le pays qui dispose, en termes de réserves prouvées, du gisement gazier le plus important du continent africain. Avec l’électricité d’origine thermique, la part de l’électricité dans la production énergétique totale de l’Algérie représente 7 %. La hausse de la production d’énergie primaire est notamment corrélée à une forte demande en énergie et liée à une économie d’exportation. La consommation en énergie primaire a en effet doublé en l’espace de 25 ans passant de 22,2 à 43 Mtep entre 1990 et 2014 [cf. graphique 24]. L’analyse de l’évolution de la consommation énergétique totale révèle ainsi une croissance plus forte que celle de la production durant la période 1990-2014, avec un taux annuel allant de 5 à 7 %. La consommation énergétique totale a par exemple atteint 55,9 Mtep en 2014 contre 51,9 en 2013 soit une croissance de +7,8 %, tirée essentiellement par la hausse de la consommation de gaz naturel, d’électricité et de produits pétroliers.

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