Cours autisme: Elaboration d’un programme d’habiletés sociales

Extrait du cours autisme: Elaboration d’un programme d’habiletés sociales

L’acquisition d’habiletés sociales est un enjeu d’importance majeure pour plusieurs personnes présentant une déficience intellectuelle ou un trouble envahissant du développement. Les intervenants sont donc appelés à développer une programmation pour favoriser ces apprentissages (intervention individuelle ou en petits groupes). Ce document présente de façon sommaire les principales questions qui doivent attirer notre attention. Il vise à informer, à donner des exemples, et à susciter la réflexion lors de l’élaboration d’une programmation. Plusieurs exemples sont donnés pour l’intervention de groupe, mais peuvent très bien être adaptés pour une programmation individuelle.
1. QUELLE DÉFINITION DONNER AUX HABILETÉS SOCIALES ?
Les habiletés sociales sont habituellement définies comme étant la capacité de démontrer un comportement approprié dans une variété de contextes comme à la maison, à l’école ou au travail et dans la société en général (Brown, 2003). Douaire (2008), dans sa thèse de doctorat, retient la définition de Michelson et al. (1986), qui intègre les différentes composantes des habiletés sociales :
1) Les habiletés sociales sont principalement développées par apprentissage (par exemple via l’observation, le modelage); 2) les habiletés sociales comprennent des comportements spécifiques et discrets, verbaux et non verbaux; 3) les habiletés sociales se composent d’initiations et de réponses appropriées et efficaces; 4) les habiletés sociales maximisent les renforcements sociaux; 5) les habiletés sociales sont de nature interactive et impliquent des réactions efficaces et appropriées (par exemple un timing d’un comportement spécifique, une réciprocité); et 6) les déficits et excès dans le fonctionnement social peuvent être spécifiés et représenter les cibles d’une intervention (Douaire, 2008, p. 11).
2. POURQUOI CERTAINES PERSONNES ONT-ELLES DE LA DIFFICULTÉ À  ACQUÉRIR DE BONNES HABILETÉS SOCIALES ?
Pour la plupart d’entre nous, l’apprentissage d’habiletés sociales peut sembler simple et naturel.
La situation est différente pour beaucoup de personnes qui ont des besoins particuliers (De George, 1998; Elksnin & Elksnin, 2000). Selon le type d’incapacité, certains facteurs peuvent prendre une importance plus ou moins grande, mais il est possible de résumer ces difficultés en affirmant que ce sont surtout leurs limitations sur le plan de la communication, de la perception ou de l’auto-régulation qui font en sorte que les interactions sociales posent un plus grand défi (Sukhodolsky et Butter, 2007).
Les personnes présentant une déficience intellectuelle ont plus de difficultés à entretenir des relations interpersonnelles ou à créer des liens d’amitié (Bebko et al, 1998). Il est plus difficile pour elles de percevoir les situations sociales adéquatement et de résoudre les petits conflits qui peuvent en résulter. Certains facteurs peuvent expliquer cette situation:
 Elles ont des difficultés avec le raisonnement non-verbal et les subtilités du langage corporel ou verbal;
 Elles ont moins d’opportunités, car elles participent moins aux activités communautaires;
 Il y a chez ces personnes un manque de motivation, car elles comprennent mal l’importance d’acquérir de bonnes habiletés ou n’y trouvent pas d’intérêt;
 Leur estime de soi est souvent faible, elles se demandent comment elles sont perçues;
 Elles ont un faible niveau de compréhension du contenu enseigné;
 Elles ont besoin de soutien pour le transfert et la généralisation.
(Gendron et Chabot, 2008; Logsdon, 2009)
Chez les personnes qui ont un trouble envahissant du développement, les difficultés inhérentes à leur condition rendent la compréhension des situations sociales plus complexe. En effet, des anomalies qualitatives sur le plan de la communication et des interactions sociales font en sorte qu’elles ont de la difficulté à :
 établir un contact visuel et à initier l’interaction;
 reconnaître les expressions faciales;
 comprendre les intentions, les pensées et les sentiments des autres (capacités  d’empathie et de réciprocité limitées).
C’est pourquoi ces personnes ont souvent des relations interpersonnelles distantes, passives, réticentes ou inadaptées. Même si les acquis sociaux sont différents d’une personne à l’autre, on sait que la reconnaissance des situations sociales est généralement atypique et ne se fait pas implicitement (Bernier, Lamy et Mottron, 2003). L’enseignement doit donc être effectué en tenant compte de leurs particularités cognitives pour être bien intégré (Poirier & Bernard, 2005; Quill, 2000).
3. POURQUOI S’ATTARDER À L’ENSEIGNEMENT DES HABILETÉS SOCIALES?
S’il est nécessaire de soutenir l’acquisition des habiletés sociales, c’est qu’elles ont un impact direct sur le fonctionnement en société et donc sur l’inclusion sociale. « La maîtrise de comportements sociaux de base est un des plus forts prédicteurs de l’adaptation sociale »  (Parent, Boisvert, Paré, Gariépy et Ayotte, 1995, p.101). De bonnes habiletés sociales sont associées à une meilleure performance dans le milieu scolaire, tout comme dans le milieu du travail (Centre for Innovations in Education – CISE, 2005). À l’opposé, le manque d’habiletés sociales peut entraîner de la difficulté à s’intégrer à l’école et à se faire des amis pour les enfants, et des difficultés d’adaptation dans le milieu de travail pour les adultes. Il faut aussi considérer qu’une vulnérabilité est généralement associée à l’isolement (Sukhodolsky et Butter, 2007).
Finalement, le manque d’habiletés sociales et la difficulté à exprimer ses émotions provoquent souvent des comportements inadéquats. C’est pourquoi il est possible de considérer les programmes d’entraînement aux habiletés sociales dans une perspective préventive (Ouellet et L’Abbé, 1986).
Des stratégies adaptées et un enseignement explicite sont souvent nécessaires pour aider les personnes qui sont malhabiles sur le plan relationnel. Un programme qui cible leurs besoins particuliers devient fort utile pour améliorer la qualité des interactions. C’est le cas pour les personnes présentant une déficience intellectuelle ou un trouble envahissant du développement.
La participation à un programme d’intervention sur les habiletés sociales favorise une meilleure connaissance de soi, permet de mieux comprendre la réalité des autres et d’apprendre de nouvelles façons de faire. Lorsque l’intervention se fait en groupe, c’est aussi l’occasion de partager des expériences et de s’entraider. Un épisode de services en groupe a aussi l’avantage de multiplier les sources d’apprentissages et donne l’occasion de varier les situations d’entraînement.

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