De la Pluralité Ethnique au Dynamisme Socioculturel

De la Pluralité Ethnique au Dynamisme Socioculturel

LA RECHERCHE ET LE TRAITEMENT DES DONNEES

En vue de mener à bien l’étude « De la pluralité ethnique au dynamisme socioculturel avec une approche sociolinguistique de l’influence du mandingue sur le fulakunda dans le département de Vélingara (Kolda) », il nous paraît important de dégager la problématique en précisant la méthode de recherche et du traitement des données adoptés dans le présent travail. Également, dans ce même chapitre une définition de certains concepts et de les situer dans le cadre de notre problématique au sein des sciences du langage. Cela nécessite au préalable de situer théoriquement cette recherche en discutant les notions et concepts qui permettront de construire l’objet de la recherche. C’est ce dont nous avons rendu compte dans ce second chapitre intitulé la recherche et le traitement des données. Ainsi, ce chapitre de la thèse nous a permis de faire une présentation plusieurs concepts clés spécifiées en sociolinguistique. Une telle démarche invite à poser quelques balises étymologiques quant aux concepts choisis. De telles précisions se veulent indicatrices ; car l’un des objectifs réflexifs est également d’interroger la portée de ces concepts et de leurs pouvoirs. Ce qui invite aussi aux premières esquisses étymologiques, avec notamment la notion de contact de populations, contacts de langues, diglossie, multilinguisme, emprunts, codeswitching, code-mixing, plurilinguisme, bilinguisme, sociolinguistique, anthropologie linguistique et adaptation des emprunts, sachant que de nouvelles nuances ou précisions viendront nourrir les approches premières, voire parfois même les contredire. II.1. Problématique La variété Pulaar du Fuladu (Fulakunda) parlée en haute Casamance, fortement influencée par le mandingue, s’inscrit dans une longue tradition de métissage linguistique et culturelle. Ainsi, s’intéresser aux emprunts linguistiques du Fulakunda au Mandingue au Fuladu ne saurait se faire sans une mise en perspective historique de cette dynamique. Ce grand brassage a entraîné un mélange de langues qui se retrouve dans la pratique communicative de ces derniers. Avant de voir que ces emprunts s’inscrivent dans la continuité d’une longue tradition de cohabitation-imprégnation entre ces deux langues, il est peut-être bon de préciser ce qu’on entend par emprunt. Selon Dubois et al. : « Il y a emprunt linguistique quand un parler A utilisé et finit par intégrer une unité ou un trait linguistique qui existait précédemment dans un parler B et que A ne possède pas ; l’unité ou le trait emprunté sont euxmêmes appelés emprunts. » (Dubois et al. 1973 : 188). Les conséquences du contact de langues se voient à tous les niveaux de la structure linguistique, pourtant le lexique est un des domaines les plus affectés par le contact (Poplack1982, 1993, 1997). Le questionnement sur le degré d’impact du bilinguisme et du contact des langues sur la composante lexicale en […] représente le deuxième volet de cette thèse. Dans ce cadre, nous examinons l’hypothèse 94 générale d’une corrélation des facteurs liés au bilinguisme et au contact […] (intensité de contact, niveau de compétence […], fréquence d’emploi des langues dans le quotidien) avec la fréquence distributionnelle de l’emploi des variables lexicales étudiées. (Barysevich, 2012 : 3). Trois facteurs ont participé à cette situation, ils sont d’ordre historique, migratoire et institutionnel. Le premièr remonte à l’histoire du « Gaabu » ou « Kaabu ». La formation de ce royaume est suivie par des tensions entre Peulhs et Mandingues mais aussi entre musulmans et animistes. Le second est d’ordre migratoire marqué par la chute de l’empire du Mali et la présence de vagues migratoires de peuples mandingues venus s’installer au « Gaabu ». Le troisième a trait aux mariages interethniques entre peuls et mandingues. L’usage quotidien de certaines expressions mandingues et leur intégration dans le répertoire langagier des Fulakundas s’explique par les besoins expressifs de ces derniers. Un tel processus conduit inévitablement à ce que l’on appelle l’hybridation. L’hybridation de la langue a été notée dans l’interaction quotidienne des Fulakundas du Fuladu. Dans un contexte diglossique comme celui du Sénégal, la langue de l’État (le français), qui est en situation minoritaire, n’influe que sur le plan économique et social par opposition aux langues de la majorité (les langues nationales) qui sont usitées dans les activités quotidiennes comme le commerce, l’élevage, l’agriculture, etc. Ces dernières ne jouissent que d’un statut « honorifique » de langue nationale dont l’apprentissage et la connaissance scientifique ne procurent ni emploi ni prestige social au sein de la société. Les pays Africains sont caractérisés par la présence de plusieurs langues qui sont en contact permanent. De ces situations de contacts permanents naissent des phénomènes linguistiques très variés. La problématique de notre étude tourne autour des échanges lexicaux. Le contact de locuteurs et de culture présente un intérêt certain pour la sociolinguistique. La convocation de facteurs historiques et géographiques dévoile les rapports politiques, sociaux, économiques et culturels entretenus par les peuples dont la durée et l’intensité déterminent le degré d’intégration des emprunts linguistiques. En effet, au cours de leur histoire commune, les Peuls et les Mandingues ont connu des types de relations allant du partenariat au conflit. Ces événements ont laissé des séquelles sur la culture et les pratiques linguistiques des uns et des autres. Notons que la théorie sociolinguistique postule que dans un tel contexte, la direction des influences est à apprécier du groupe dominant vers celui dominé. L’on note également que le pulaar a été, dans bien des cas de contact, soumis à l’influence d’autres idiomes de son environnement.  L’hybridation linguistique se conçoit ici comme un mélange de codes linguistiques dans un discours ou un énoncé. C’est-à-dire des formes de mixités linguistiques. 95 Dans le Fuladu qui est notre zone d’étude, les interactions quotidiennes favorisent un échange bilatéral entre les deux principales communautés résidentes, à savoir les Peuls et les Mandingues, et induisent des mécanismes linguistiques pour favoriser l’intercompréhension. Aujourd’hui, il faut reconnaître que de toutes les pratiques de transcodisme identifiées, c’est bien l’emprunt qui assure le mieux cet objectif d’intercompréhension, d’où l’orientation de notre recherche. D’ailleurs, les observations réalisées dans le cadre de la pré-enquête ont permis de constater que les groupes ethniques en contact avec le mandingue intègrent parfaitement cette langue dans leurs pratiques linguistiques et culturelles. A titre d’exemple, nous pourrions citer, entre autres, les cérémonies initiatiques telles que la circoncision. Ce passage de Chérif Mbodj illustre bien la situation de multilinguisme des pays africains, D’une manière générale, les pays africains sont caractérisés par une multiplicité ethnique et linguistique très ancienne. Cependant, cette situation de multilinguisme, loin d’être un damier linguistique inextricable, était fondé sur une répartition fonctionnelle assez claire des langues en présence ; chacune des langues assumait une fonction de communication intra-ethnique, la communication interethnique étant prise en charge par un certain nombre d’entre elles qui assumaient de ce fait le rôle de langues véhiculaires.Au Sénégal, la politique linguistique a permis de promouvoir certaines langues aux statuts de langues nationales. La promotion de ces langues est un prétexte pour leur introduction dans le système scolaire pour un enseignement efficient qui prenne en compte les langues dites locales. Dans le cadre de notre étude, on note que le dynamisme linguistique en Casamance et plus particulièrement au Fuladu n’est pas sans conséquence avec l’influence de la langue mandingue sur le fulakunda. Ce dernier groupe ethnique, (fulakunda) étant en situation de contacts intensifs et d’interaction de longue durée avec le mandingue nous fait interroger sur son parler qui est truffé de mots mandingues que l’on retrouve dans notre zone d’observation. Dès lors, nous assistons à une considérable diglossie et contacts de langues. Généralement, dans une telle situation, les langues ne sont pas à l’abri des changements sémantiques, syntaxiques ou même morphonologiques des emprunts, des alternances codiques (le codeswitching et le code-mixing). C’est d’ailleurs ce que tente d’élucider en ces termes Herbert Schendl pour qui : “One of the reasons why languages change is that they come into contact with other languages. This contact typically involves bilingual speakers, i.e. people who speak the two (or more) languages involved; at least to a certain extent. The  languages of such individuals may act upon and influence each other in a wide range of ways: in the adoption of features of pronunciation, borrowing of words, or modification of grammar.” 145 Cette même remarque est faite par Friederike Lüpke comme le stipule sa pensée : “Contemporary West Africa is characterized by extensive societal multilingualism going hand in hand with cultural hybridity. This situation type is characterized by a complex interaction between two or more languages in an individual’s brain as well as in an entire society. The historical causes of the multilingual profile of this region lie in the succession of empires emerging in the area from 300 BCE onward […]” 146 Ceci revient à dire que le langage est le reflet, voire le miroir d’un groupe social et comme le précise d’ailleurs Coulibaly A. (2004) dans les lignes qui suivent, « (…) un produit d’une société, d’une communauté, d’une ethnie données caractérisées par leur environnement, sinon leur écologie, leur histoire et leurs aspirations ». Ce passage de Coulibaly, nous renvoie aux fonctions de la langue qui ne se limite pas seulement à la communication mais remplit d’autres fonctions. C’est dans cette perspective que Klinkenberg, (2015 : 13-14) disait : Elle est un milieu de vie ; elle véhicule de puissantes imageries ; elle joue un rôle capital dans la constitution même du lien social. La langue, en l’occurrence, joue le rôle d’une révélatrice. Elle exprime, rend sensible ou cristallise un grand nombre de problèmes sociaux. Et sur ce terrain, elle est la pire et la meilleure des choses. Elle peut contribuer tant à aggraver qu’à réduire la fracture sociale ; elle peut susciter cette méfiance entre citoyen et monde politique qui fait le lit de l’extrême droite comme elle peut aussi en préserver ; elle peut condamner des collectivités entières à l’arriération ou, au contraire, les faire participer à la culture vivante d’aujourd’hui. Il est bien vrai que la langue est un instrument de communication : ne permet-elle pas le transfert des savoirs culturels, scientifiques, techniques, des opinions et des croyances ? Mais il faut assurément se défier du mot « communication », un mot qui, avec son compère  « L’une des raisons pour lesquelles les langues changent est quelles se mettent en contact avec les autres langues. Ce contact implique typiquement les locuteurs bilingues, c’est-à-dire les gens qui parlent deux (ou plus) langues concernées, au moins dans une certaine mesure. Les langues de tels individus peuvent agir sur et s’influencer dans une vaste gamme de manière : dans l’adoption des traits de prononciation, d’emprunts de mots, ou de modification de la grammaire ». Traduction libre.  Friederike Lüpke, 2007, “Multilingualism and Language Contact in West Africa : Towards a Holistic Perspective”, in Colloque international sur l’enseignement du français et du portugais dans le contexte plurilingue africain à braia du 12 au 13 novembre, p1. [En ligne] sur « http://eprints.soas.ac.uk/12415/1/JLC_THEMA_3_complet.pdf ». [Consulté le 10 décembre 2014]. « L’Afrique de l’ouest contemporaine est caractérisée par un multilinguisme intensif sociétal accompagné d’une hybrité culturelle. Cette situation type est caractérisée par une interaction complexe entre deux ou plusieurs langues dans le cerveau d’un individu de même que dans une société toute entière. Les causes historiques du profil de multilinguisme de cette région reposent sur la succession de l’émergence d’empires dans la zone en cours depuis 300 ans avant JC. » Traduction libre. 147 A. Coulibaly, 2004, « Onomastique et création romanesque chez Amadou Kourouma : le cas d’Allah n’est pas obligé. » dans Ethiopiques N° 73, Littérature, philosophie et art, 2e semestre. [En ligne] sur « www.refer.sn/ethiopiques ». [Consulté le 12 décembre 2014]. 97 transparence », monte à notre firmament au fur et à mesure que les ténèbres s’épaississent autour de nous. Panacée, et idéologie : aujourd’hui, un pape est moderne non par le contenu de son message, mais parce qu’il communique ; une ministre se sent coupable non parce qu’elle a menti, mais parce qu’il y a eu chez elle un « défaut de communication » ; et l’union européenne souffrirait de ne pas avoir de langue de communication commune. (Ibid., 2015 : 21). Klinkenberg (2015 : 21-22) va plus loin en précisant en ces termes que : Même dans cette première fonction instrumentale de communication, la langue doit, il faut le noter, répondre à des besoins diversifiés, voire antinomiques. Par exemple ceux de la communication de type scientifique comme ceux de la communication affective. Or pour jouer ces deux rôles, la langue ne mobilise pas les mêmes ressources. Sur le premier terrain, elle tendra à utiliser des signes obéissant strictement à l’idéal de la bi-univocité. Sur le second, elle n’hésitera pas à jouer de l’équivoque, à créer des significations momentanées et plurielles, comme celles que l’on observe dans ces énoncés bizarres où un chat cesse d’être un chat pour devenir un « greffier » ou l’ « orgueil de la maison », et où des tigres s’introduisent dans les moteurs. Elle sert aussi à influencer et à faire agir les autres : les faire voter pour tel ou tel, les amener à croire à telle histoire, les faire acheter tel produit, admettre que tel évènement s’est passé de telle manière, adhérer à telle idée… Parfois, la langue ne se contente pas de décrire des actions : elle est l’action elle-même. C’est ce qui se produit dans des formules comme « je t’avertis que », ou « je te promets que » : les actes consistant à avertir et à promettre n’existeraient pas sans ces verbes, qui finissent par devenir l’équivalent d’un geste. Enfin, il arrive que la langue se moque de toute communication interpersonnelle. Elle joue alors les démiurges, en créant des codes inouïs. Quand la lune des astronomes cesse d’être un corps céleste pour devenir une « faucille d’or dans le champ des étoiles », et quand la plage à marée basse devient, comme chez Saint-John Perse, « le lit refait des sables ruisselants », nous assistons bien à la création d’un langage nouveau. Dans le langage poétique, comme parfois en publicité, la manière neuve dont les choses sont dites compte plus que ce qui est communiqué, et qui est le plus souvent banal. (Ibid., 22).

Contexte et justification de la recherche

Le travail que nous présentons aujourd’hui, est la suite d’un projet commencé plus tôt dans le cadre de notre mémoire de master élargi à la dimension culturelle et linguistique. Son intérêt scientifique réside dans son approche tri-dimensionnelle associant la linguistique descriptive chargée de mettre en place les systèmes qui vont entrer en contact par l’intermédiaire des pratiques langagières des locuteurs, la sociolinguistique qui pose le cadre théorique des situations plurilingues et de contact de codes, et l’analyse des interactions verbales qui permettent d’actualiser la situation de contact. Il s’y ajoute que la question de l’influence socioculturelle du Mandingue sur les Fulakunda de Vélingara est une problématique nouvelle qui n’a pas encore été étudiée de façon approfondie, et c’est en cela qu’elle recèle une grande originalité et une grande pertinence qui justifient son choix comme thème de recherche. Les conséquences du phénomène du contact de langues sont nombreuses, parmi cellesci, les influences socioculturelles issues de cette interaction ont retenu l’attention des chercheurs et linguistes. C’est cet intérêt sans cesse grandissant qui nous fait dire que l’impact de la société sur la langue à travers les contacts est aujourd’hui l’un des thèmes centraux en sociolinguistique. C’est également pour cette raison que nous avons construit notre question de recherche autour des dynamiques linguistique et culturel en haute Casamance, et plus particulièrement à Vélingara afin de fournir une analyse approfondie du contact entre Peul du Fuladu et Mandingue dans son versant linguistique. Nous pouvons donc retenir que la présente étude vise avant tout à contribuer à définir l’état actuel de l’usage du Mandinka dans le parler des Fulakunda dont le statut est majoritaire au Fuladu à travers l’analyse rigoureuse des mécanismes d’intégration des emprunts mandingue en Fulakunda. Compte tenu du contexte de multilinguisme qui caractérise la Casamance en général et plus particulièrement le Fuladu, nous pouvons formuler l’hypothèse que le mandingue, langue dominante du milieu d’étude, occupe une bonne place dans les pratiques linguistiques des usagers du fulakunda de la localité. Ce rapport diglossique nous permet également de postuler que les influences linguistiques de ce contact vont dans la direction du mandingue vers le pulaar alors que l’inverse, s’il existe, s’opère dans une moindre mesure. De façon plus directe, nous pouvons postuler que la culture mandingue est un véritable vecteur d’intégration dans cette zone et que la longue coexistence entre peuls et mandingues au Fuladu et l’intensité de leurs rapports présage, au plan linguistique, un grand nombre d’emprunt du mandingue dans le fulakunda. L’intégration plus ou moins parfaite des emprunts au 100 mandingue constitue la preuve d’une symbiose linguistique et culturelle parfaite dans la zone d’où son caractère enrichissant. Notre principal foyer de recherche est Vélingara (le Fuladu, actuelle région de Kolda qui faisait partie du Gaabu). Dans le contexte de la Sénégambie, le Gabou, situé entre les fleuves Casamance et Gambie, fut un État relativement considérable par ses dimensions et son poids démographique, politique et social. C’était l’extrémité occidentale du Mali. Avec le déclin de cet empire, le Gabou devint pratiquement indépendant, tout en conservant la langue et d’autres faits culturels mandingues. Selon certaines sources, au moment de l’apparition des navigateurs portugais sur la côte sénégambienne, la présence des populations mandingues était bien assise sur les deux rives de la Gambie, de l’ouest à l’est. Ce déclin de l’empire du Mali a, en effet, entraîné, dans le sud du pays, un mouvement migratoire Nord-Sud des populations du Mali, du Macina où vivaient déjà les communautés Baïnounk. Cette situation a conduit à l’accroissement des groupes ethniques dans cette zone. Dans ce contexte de migration, nous avons tenté de nous pencher la problématique de présente étude. II.1.2. Position du problème Le phénomène du contact de langues a plusieurs conséquences, parmi celles-ci, l’étude des influences socioculturelles d’un groupe sur les autres a retenu l’attention des chercheurs et linguistes. Ainsi, l’impact de la société sur la langue à travers les contacts est devenu un thème central en sociolinguistique pendant ces dernières décennies. C’est pourquoi l’étude de l’interaction entre Fulakunda et Mandingue est pour nous d’une importance capitale, car elle permet de retracer l’histoire des groupes ethniques qui ont cohabité pendant des siècles. La question de l’influence socioculturelle du Mandingue sur les Fulakunda de Vélingara est une problématique nouvelle qui n’a pas encore été étudiée de façon approfondie et c’est en cela qu’elle recèle une grande originalité et une grande pertinence qui justifient son choix comme thème de recherche. La culture mandingue s’est épanouie dans une aire géographique homogène. Son influence a pu certes, déborder le cadre spatial de cette aire, mais l’espace culturel mandingue parait bien correspondre pour l’essentiel à la sous-région appelée « Afrique occidentale » 148 . L’étude des influences socioculturelles des langues africaines a toujours aiguisé la curiosité de beaucoup de chercheurs et linguistes. Ainsi, depuis le début de la linguistique africaine, plusieurs chercheurs se sont appuyés sur la méthode comparative dans le but de démontrer la parenté éventuelle qui existerait entre les langues. (*) Communication présentée par la délégation guinéenne. 1993 « La culture manding, facteur d’intégration sous-régionale ouest africaine », in Ethiopique n°57-58s (Actes du colloque des journées culturelles de Sédhiou). 101 Mais, l’approche sociolinguistique que nous avons choisie va au-delà de cette simple comparaison. Le choix de ce thème se justifie par notre statut en tant que mandingue ayant vécu dans un milieu multilingue où cohabitent mandingue, diola, peul fouta, fulakunda, balante, sarakholé, badiaranké, bassari, koñagi, wolof, etc. Dans ce milieu, nous avons constaté que les groupes ethniques en contact avec le mandingue adoptent les mêmes pratiques linguistiques mais aussi culturelles à travers les cérémonies initiatiques telles que la circoncision. Ces pratiques sont tellement visibles que nous nous sommes dit que ce n’est pas le fait d’un simple hasard. Il y a certainement des raisons plausibles qui expliquent ce fait socioculturel. Par ailleurs, d’après quelques linguistes la culture mandingue est considérée comme intégrationniste dans l’espace ouest-africain. La culture mandingue est fortement présente dans les modes de vie et de pensée des populations de l’Afrique de l’ouest. Sa vitalité sous-tend toutes les formes d’activités grâce au dynamisme de la langue, véritable élément d’unité et de cohésion dans le but de promouvoir la culture mandingue et d’en faire un facteur dynamique d’intégration sous-régionale, la mise en œuvre d’une politique de revalorisation du patrimoine culturel mandingue… La présente recherche a pour objet de se pencher sur le sujet : De la Pluralité ethnique au dynamisme socioculturel. Approche sociolinguistique de l’influence du mandingue sur le fulakunda à Vélingara. Nous appuyant sur l’environnement sociolinguistique et surtout en prenant en compte les faits sociaux et tribo-ethniques ambiants, nous voulons montrer qu’au Fuladu nous sommes en présence des facteurs qui conjuguent ou plutôt influent sur la culture des groupes ethniques de la zone, contribuant ainsi, à l’instauration d’une variété culturelle hybride à cause de l’impact de la culture mandingue. Cet état de fait, a beaucoup affecté la compétence socioculturelle des groupes linguistiques du Fuladu ; notamment des Fulakunda. C’est alors le lieu de mieux comprendre les rapports qui existent entre d’une part l’environnement sociolinguistique et les pratiques langagières et culturelles, et d’autre part, l’impact du contact de langues et du multilinguisme. C’est pourquoi, les questions suivantes et bien d’autres ont fait l’objet d’une investigation très approfondie dans le présent travail : Quel est l’impact réel de l’environnement sociolinguistique et de la configuration culturelle du Fuladu quant à l’approche sociolinguistique de l’influence du mandingue sur le fulakunda ? Quel en est son impact véritable sur la compétence et la construction des connaissances culturelles sur les fulakundas ? 

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
CHAPITRE I : BREVE PRESENTATION DU PAYS ET DE L’ENVIRONNEMENT SOCIOLINGUISTIQUE
I.1. Brève présentation du pays et de l’environnement sociolinguistique
I.2. La politique linguistique du Sénégal
CHAPITRE II : LA RECHERCHE ET LE TRAITEMENT DES DONNEES.
II.1. Problématique
II.2. Cadre conceptuel et Méthodologique
CHAPITRE III : RAPPORT ENTRE LA SOCIOLINGUISTIQUE, LA SOCIOLOGIE,
L’ANTHROPOLOGIE LINGUISTIQUE ET LA GEOGRAPHIE
III.1. Rapport entre la Sociolinguistique et la Sociologie
III.2. Rapport entre la Sociolinguistique et l’anthropologie
III.3. Rapport entre la sociolinguistique et la géographie
DEUXIEME PARTIE : DONNEES ETHNOLINGUISTIQUES, ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES
CHAPITRE IV: CADRE HISTORIQUE DE L’HISTOIRE DU GAABU À CELUI DU FULADU
IV.1. Bref rappel historique
IV.2. Bref rappel historique du Gaabu et du Fuladu
CHAPITRE V: CARACTERISTIQUES GENERALES DE VELINGARA
V.1. Présentation de Vélingara
V.2. Données géographiques, humaines et climatiques
V.3. Activités économiques à Vélingara
V.4. Situation du secteur d’appui à la production
V.5. Les structures financières
V.6. Situation de l’Éducation et de la Formation
V.7. La Santé
V.8. La Voirie urbaine
V.9. L’Énergie
V.10. Sécurité et protection civile
V.11. Dynamiques institutionnelle et organisationnelle
V.12. Partenariat et coopération décentralisée
V.13. Les Sociétés de développement
CHAPITRE VI : SYSTÈMES PHONOLOGIQUES DU
MANDINGUE ET DU PULAAR
VI.1. Système phonologique du Pulaar
VI.1.1. Bref rappel de la grammaire du Pulaar
VI.2. Le système phonologique du Mandingue
VI.2.1. Généralités sur la langue mandingue
VI.2.2. Bref rappel de la grammaire du Mandingue
CHAPITRE VII : L’INFLUENCE LINGUITIQUE ET CULTURELLE DU MANDINGUE SUR LE
FULAKUNDA
VII.1. L’influence linguistique du mandingue sur le Fulakunda à Vélingara
VII.1.1. Analyse du corpus et Interprétation
VII.1.2. Interprétation des données
VII.1.3. Les catégories grammaticales des mots empruntés
VII.2. L’Influence culturelle du mandingue sur le fulakunda
VII.2.1. Définition de la culture
VII.2.2. Les différents personnages mystiques qui interviennent lors des cérémonies initiatiques
VII.2.2.1. Le kankura
VII.2.2.1.1. Son origine
VII.2.2.1.2. Ses fonctions
VII.2.2.2. Le Fambondi
VII.2.2.2.1. Son origine
VII.2.2.2.2. Ses fonctions
VII.2.2.3. Les différentes phases préparatoires du Kuya et du Kuya baa
VII.2.2.3.1. La vie dans le bois sacré
VII.2.2.3.2. Les chansons qui accompagnent les initiés durant leur séjour au Kuya
VII.2.2.4. Préparation de la sortie des initiés ou circoncis
VII.3. Banquet ou « siibondoo »
CONCLUSION

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