Erosion hydrique

Erosion hydrique

Le choix et la pondération des critères

Quand nous parlons d’érosion hydrique, le climat est un facteur déterminant qui permet de caractériser les zones vulnérables à l’érosion. Mais comme les données climatiques (température et précipitation) ne proviennent que d’une seule station météorologique (station d’Ambohitsilaozana) pour toute la Région, nous n’avons pas pu prendre ce critère en considération dans notre analyse. Ainsi, selon la disponibilité et la fiabilité des données, nous avons retenu six critères qui sont respectivement les types de sols, la lithologie, la pente, l’altitude, l’occupation du sol et la forme du bassin versant. Parlons de la pondération des critères. Deux conditions doivent être remplies pour pouvoir hiérarchiser les critères : le degré d’importance (l’échelle du bas en haut traduisant le moins vulnérable au plus vulnérable) et le recouvrement spatiale (un critère présentant des informations moins variées ne doit pas cacher un autre qui présente plus d’informations). A l’échelle de priorisation des facteurs, les quatre critères (type de sol, lithologie, pente et altitude) sont à pieds d’égalité. Les deux critères restants (occupation de sol et forme du BV) sont des critères supplémentaires. Si nous attribuons le même poids pour les quatre critères, déjà la méthode ne sera plus hiérarchique, mais en plus, le résultat va donner aucune distinction de vulnérabilité à l’érosion hydrique. Comme nous venons de les qualifier égaux, nous n’obtenons qu’une seule information : toute la zone serait fortement vulnérable. Mais alors, quel critère à mettre en premier rang ? Passons dans la deuxième condition, le critère contenant moins de variations d’informations sera en second plan pour ne pas cacher les autres critères. Les critères « types de sols » et « lithologie » remportent sur la deuxième condition. La pente représente plus de variation d’information par rapport à l’altitude. Quant aux deux premiers critères, le sol est plus vulnérable à l’érosion hydrique que la lithologie qui, elle l’est mais au second degré (le sol est le produit d’altération de la roche). Cela, même s’ils ont le même degré d’importance. Ainsi la matrice de jugement (Fig.32) dérive de la traduction matricielle de ces phrases. La relation entre chaque critère en les comparant deux à deux : L’altitude et l’occupation du sol : donnent référence au relief. Les bas-fonds avec l’altitude faible entre 702 à 800m sont occupés par les rizières, la zone marécageuse et les plans d’eau. Les moyennes collines (800 à 1000m) sont couvertes par de la savane arborée et de la savane herbeuse. L’altitude entre 1000 et 1200m présente des savanes herbeuses et des forêts. La pente et l’occupation du sol : donnent référence à la relation entre le ruissellement et le couvert végétal. Les pentes moyennes et les fortes pentes ne varient pas d’un couvert végétal à un autre car elles peuvent se situer aussi bien dans des savanes que dans des forêts. Il y a exception pour les pentes très faibles 0 à 2° et les pentes faibles 2 à 5° qui représentent les rizières, les plans d’eau et les marécages.  La pente et l’altitude : donnent référence à la topographie. Il y a une parfaite nuance entre ces deux critères car pour une pente faible de 0 à 5°, l’altitude correspondant est également faible (702 à 800m). Il en est de même pour la pente forte de 15 à 30° repartie sur les altitudes moyennes à fortes (800 à 1200m). La lithologie et l’occupation du sol : donnent référence à la relation entre la topographie et le couvert végétal. Les alluvions, le sable, les grés et l’argile kaolinique sont associés aux rizières et aux marécages. Les gneiss sont recouverts par de la savane herbeuse tandis que pour les migmatites, par de la savane arborée. Les leptynites, les migmatites granitoïdes et les granites migmatitiques s’étendent sous des savanes herbeuses. La lithologie et l’altitude : Les alluvions, les grés et l’argile kaolinique se situent à une faible altitude (702 à 800m). Quant aux gneiss et aux migmatites, ils se répartissent entre 800 à 1000m d’altitude. La lithologie et la pente : Même constat que les critères précédents. Les pentes faibles entre 0 à 5° sont destinées aux alluvions. Alors que les pentes fortes entre 15 à 30° concernent les migmatites granitoïdes et les granites migmatitiques. Les types de sols et l’occupation du sol : Pour ce qui va suivre les types de sols vont être numérotés pour éviter la répétition de leur nomenclature. Les sols hydromorphes (N°1) rassemblent les rizières, les plans d’eau et les marécages. Les sols typiques rouges sur roches acides (N°2) sont couverts par de la savane arborée tandis que pour les sols typiques rouges en phase érodée (N°3), par de la savane herbeuse. Et les sols typiques jaunes sur rouges sur roches acides (N°4) sont superposés par de la savane herbeuse et par la forêt. Les types de sols et l’altitude : donnent référence à la morphopédologie. Les sols N°1 sont localisés dans une altitude faible (702 à 800m). Les sols N°2 appartiennent à la catégorie « altitude moyenne » (800 à 1000m). Pour les sols N°3, l’altitude varie de moyen à fort de chaque fourchette de valeur (800 à 1200m). Quant aux sols N°4, il entre dans toutes les classes d’altitude. Les types de sols et la pente : Les sols N°1 ont une pente faible (0 à 2°). Les sols N°2 et les sols N°4 possèdent une pente variant de moyen à fort degré (5 à 30°). La majorité des sols N°3 ont une pente forte (15 à 30°). Les types de sols et la lithologie : Les sols N°1 s’associent avec des alluvions. Les sols N°2 proviennent des migmatites, des migmatites granitoïdes et des granites migmatitiques. Il en est de même pour les sols N°3 mais rajoutés à des leptynites. Pour le sol N°4, c’est sur du gneiss et des leptynites qu’ils se trouvent. 

La gestion des sols ferralitiques

La fertilité chimique des sols ferralitiques est basse. Les minéraux altérables sont rares ou absents et la rétention des cations par la fraction minérale du sol est faible. Une gestion appropriée nécessite le maintien de la fertilité avec du fumier, du paillage (Fig .47), des jachères de durée suffisante, la pratique de l’agroforesterie et la protection contre l’érosion de surface. L’agriculture de subsistance sédentaire ou l’agriculture itinérante sur les sols ferralitiques permettent la production d’une grande variété de plantes annuelles ou pérennes. Le choix des engrais et le mode et calendrier de leurs applications sont déterminants pour la réussite des cultures sur les sols ferralitiques. Des applications d’engrais phosphatés retard (roche phosphatée) de plusieurs tonnes par ha éliminent les carences en P pour plusieurs années. La solution rapide est l’usage de superphosphate double ou triple, bien plus soluble, qui sera appliqué en doses beaucoup plus petites, en particulier si elles sont au contact des racines des plantes. 

Les méthodes antiérosives

Les méthodes mécaniques : Les méthodes mécaniques (à titre correctif) font intervenir des engins mécaniques afin de modifier soit la longueur de la pente. Les méthodes mécaniques (terrasse, banquettes, billonage) peuvent être adaptées au bassin versant d’Alaotra. En prenant référence aux résultats expérimentaux des techniques antiérosives de la côte d’Ivoire que le pédologue Roose a entrepris, nous retrouvons les conditions similaires de facteurs d’érosion hydrique : Etant également dans un climat tropical humide pendant une longue saison, ayant comme types de sols ferralitiques très érodables, et des variations de pentes et d’altitudes traduisant un relief accidenté. Ces méthodes tentent de limiter mécaniquement la longueur de la pente et d’augmenter l’infiltration. L’aménagement foncier avec bandes d’arrêt (fossés, bourrelets) permet de fixer un cadre cadastral à l’intérieur duquel il sera facile d’appliquer les techniques d’intensification de l’exploitation agricole tout en codifiant progressivement la topographie .

Terrasses

Cette technique s’applique aux pentes moyennes à fortes, où la charge caillouteuse est importante. Les murs sont alignés suivant les courbes de niveau et dont l’espacement augmente quand la pente diminue (Fig.39). Figure.39 Schéma d’une terrasse

Gradins en marche d’escalier

Ce sont la succession des terrasses. Ce sont des constructions qui arrivent à casser la pente. Ces terrasses tirent leur nom de la forme qu’elles donnent au versant lorsque celui-ci est totalement aménagé (Fig.40). Les successions de terrasses prennent en effet la forme d’un escalier ou de gradins. Ces terrasses, accrochées au versant, doivent s’adapter à la pente de celui-ci : lorsque la pente augmente les terrasses rétrécissent tandis que le mur (ou le talus) de soutènement prend de la hauteur. Les gradins permettent de cultiver des pentes très fortes. Mais cette technique est très coûteuse et n’est valable qu’en présence d’une population très dense. 

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