ESTIME DE SOI ET DEPRESSION

ESTIME DE SOI ET DEPRESSION

ESTIME DE SOI 

Le terme « estimer », du latin « oestimare », signifie « déterminer une valeur » et « avoir une opinion favorable sur ». D’après Ayotte V dans son livre l’Evaluation d’un programme visant à développer l’estime de soi des adolescents, l’estime de soi est l’évaluation globale qu’un individu a de sa valeur personnelle [13]. L’estime de soi a fait l’objet de plusieurs études depuis le XIXe siècle et a beaucoup évoluer dans sa définition. W. James (1892) a émis la formule [14] suivante pour définir l’estime de soi : Estime de soi= Réussites (réalisations) Aspirations (prétentions) Selon W.James (1892), tant que les réussites d’une personne s’approchent de ses aspirations, elle aura une bonne estime d’elle-même. L’inverse est aussi vrai. L’estime de soi est le rapport entre ce que nous sommes et ce que nous voudrions être [8]. Ainsi l’estime de soi dépend de l’individu lui-même. C. Cooley (1902), Coopersmith (1967) et d’autres psychologues plus contemporains comme S. Harter ont introduit l’aspect social de l’estime de soi [13-15]. L’approbation et l’évaluation positive venant des personnes significatives pour un individu exerçant un rôle dans le développement de son estime de soi. L’estime de soi est une attitude intérieure basée sur la perception d’une personne d’elle-même et celle que son environnement lui reflète [16].C’est l’évaluation 6 positive de soi-même, fondée sur la conscience de sa propre valeur et de son importance en tant qu’être humain selon M. Bergeron(2011) 

Développement de l’estime de soi

Le développement de l’estime de soi commence dès l’enfance et se poursuit toute la vie. Pendant l’enfance, elle se construit sous l’influence des parents [15]. L’enfant se sent comme il pense que les personnes qui s’occupent régulièrement de lui le voient c’est-à-dire les adultes les plus significatifs de son entourage [18]. A l’adolescence s’y ajoute l’influence d’un entourage plus éloigné représenté surtout par les pairs ainsi que l’image que l’adolescent aura de lui-même. C’est une période cruciale en ce qui concerne le développement et la consolidation de l’estime de soi [19]. L’adolescent estimera aussi sa valeur à travers ses compétences dans des domaines qui auront de l’importance pour lui. A ce moment l’individu commence à être plus réceptif aux regards extérieurs, aux remarques qui viennent d’autrui. Charles Cooley parle alors de l’effet de miroir social (looking glass self) : c’est le regard des autres qui renvoie des indications permettant au sujet de connaître l’opinion qu’ils ont de lui [18]. A ce stade d’exploration de soi-même et de son entourage, l’estime de soi prend forme mais jamais de manière définitive parce qu’à l’adolescence elle est particulièrement prédisposée à l’altération [4]. Devenu adulte, l’environnement joue encore un rôle important dans l’estime de soi en plus des événements du passé [1]. Les vécus heureux et les événements négatifs ou échecs contribueront à son développement favorable ou à son altération. L’estime de soi a tendance à se stabiliser [4]. La construction de l’estime de soi dépend non seulement de la personne 7 elle-même mais surtout de son entourage. Elle est sociale dans sa genèse et sa structure [20]. L’estime de soi se construit progressivement (on ne naît pas avec) et son développement est un processus dynamique et continu 

Mesure de l’estime de soi

Longtemps en Occident, l’humilité a été un idéal. Emmanuel Kant avait ainsi écrit : « L’amour de soi, sans être toujours coupable, est la source de tout mal. » Puis l’individu est devenu la valeur primordiale de nos sociétés, et avec lui son ego. Si Blaise Pascal avait écrit : « Le moi est haïssable », quelques siècles plus tard, la formule était ironiquement complétée par Paul Valéry : « Mais il s’agit de celui des autres. » L’estime de soi est aujourd’hui devenue une aspiration légitime aux yeux de tous, considérée comme une nécessité pour survivre dans une société de plus en plus compétitive. Ainsi, l’État de Californie avait décrété qu’il s’agissait d’une priorité éducative et sociale de premier ordre (California task force to promote self-esteem and social responsability, 1990) soulignant que « le manque d’estime de soi joue un rôle central dans les difficultés individuelles et sociales qui affectent notre État et notre nation » [21]. L’estime de soi peut se mesurer d’une manière globale ou multidimensionnelle. Elle se base sur des questionnaires qui se portent généralement sur ce que la personne qui s’auto évalue pense de sa propre valeur comme le « Rosenberg self esteem scale » [22].Elle peut aussi prendre en compte différents domaines de la vie et les compétences comme le « self perception profile » de Harter .

Concept associé à l’estime de soi 

Le narcissisme Ou encore l’amour excessif porté à l’image de soi. Freud distingue deux types de narcissisme. Le narcissisme primaire, étape normale du développement de la personnalité, résulte de l’intériorisation de l’amour maternel et permet à l’enfant de s’aimer suffisamment lui-même pour investir à son tour le monde extérieur. Le 8 narcissisme secondaire s’observe dans certaines psychoses, principalement la schizophrénie. Le sujet devient alors l’objet de sa propre libido [6]. Pour nous éclairer sur la différence entre l’estime de soi et le narcissisme, nous avons emprunté les propos de Bergeret en 1996 qui souligne que « les patients narcissiques souffriraient d’une mauvaise régulation de l’estime de soi qui résulterait de l’ensemble des frustrations que peuvent apporter les relations interpersonnelles et la nonréalisation des idéaux. »[17] 2-5 Mythes concernant l’estime de soi Certaines personnes imaginent, en effet, que l’estime de soi est proche de l’égoïsme, si ce n’est que de la suffisance ou de l’arrogance. Cette croyance vient de la confusion entretenue entre une véritable estime de soi et sa prétention. Ces personnes cacheraient leur manque d’estime d’elles-mêmes en se survalorisant et en tentant, ouvertement ou non, de dévaloriser les autres pour cacher leur insécurité de base.[10] Ces personnes chercheraient aussi à trouver ailleurs des réponses qui cadreraient mieux avec l’image idéalisée qu’elles tenteraient de conserver d’elles-mêmes (De Saint-Paul, 1993). L’entourage pourrait facilement se tromper et prendre l’arrogance pour de l’estime de soi, alors qu’il s’agirait plutôt d’un exemple de «fausse» estime de soi (De Saint-Paul, 1993) Au contraire de l’égocentrisme et de l’intolérance, les personnes présentant une bonne estime d’elles-mêmes s’accepteraient mieux et donc, auraient tendance à la bienveillance et à la tolérance vis-à-vis autrui ainsi que face aux idées et comportements qui leur seraient étrangers. Ces individus seraient en réalité, plus amicaux, confiants et sociables, que ceux présentant une moins bonne estime de soi (Paul, et al, 1998). En deuxième lieu, nous allons voire la dépression.

DEPRESSION 

La dépression est un trouble mental caractérisé par une humeur dépressive, une perte d’intérêt ou du plaisir, une baisse d’énergie, des sentiments de culpabilité ou de faible estime de soi, un trouble du sommeil ou de l’appétit et un manque de concentration durant plus de 15jours et nécessitant une thérapie[5] .

Epidémiologie

Selon l’OMS, 5% de la population mondiale sont touchées par la dépression en Octobre 2012 [5]. Sa prévalence chez l’adolescent est de 0,4% à 8,3% [23]. Le suicide fait partie du risque évolutif de tout épisode dépressif. On estime que les troubles psychopathologiques en lien avec le suicide sont pour 70 % des cas la dépression, 15 % les psychoses et 2 % l’alcool. Le suicide est la deuxième cause de décès chez les jeunes de 15 à 24 ans [2]. Près d’un million de vies sont perdues précocement chaque année à cause du suicide, quise traduit par 3000 décès chaque jour [23]. 3.3 Diagnostics 3.3.1. Diagnostic positif Le diagnostic de la dépression est essentiellement clinique. Le patient présente un syndrome dépressif. Le syndrome dépressif présente trois types de troubles [24] dont  Le ralentissement psychomoteur qui se traduit par un ensemble de plaintes caractéristiques : 10 a) le ralentissement psychique caractérisé par : – Sur le plan cognitif : une bradypsychie, un monoïdéisme, des difficultés d’attention et de concentration et des troubles mnésiques. – Sur le plan affectif : un sentiment d’indifférence, une incapacité à éprouver des sentiments d’amour, de joie, de peur ou de colère. – Sur le plan conatif (relatif à la motivation): une inhibition de la volonté avec réduction des capacités d’initiative et de maintien des activités [25]. b) le ralentissement moteur avec la posture du déprimé inerte, une amimie, des mouvements de faible amplitude, lents et rares. Entre autres le sujet a du mal à se motiver, à bouger, la personne semble molle.  L’humeur dépressive qui est une tristesse pathologique accompagnée parfois d’irritabilité extériorisée par des reproches incessants et d’anxiétés généralisées. Elle se distingue de la tristesse ordinaire par sa capacité à imprégner l’ensemble de la vie mentale et par sa permanence. Elle est sans motif ou apparaît disproportionnée avec les causes invoquées [26].  Et les troubles somatiques : on peut distinguer une insomnie du petit matin ou d’endormissement ou plus rarement une hypersomnie ; une anorexie, le plus souvent, mais aussi parfois une augmentation de l’appétit ; une diminution de la libido, une impuissance et une frigidité. La personne déprimée peut aussi exprimer des plaintes vagues, sans substratum anatomique comme : – des troubles neurovégétatifs qui sont plus fréquents lorsque le niveau d’anxiété est élevé, – des troubles digestifs (état saburral, constipation, nausées voir diarrhée en cas d’anxiété sévère), – des troubles urinaires (pollakiurie anxieuse), énurésie, 11 – des troubles cardio-vasculaires (palpitation, hypotension et bradycardie, parfois hypertension, tachycardie,) – des troubles neuromusculaires (tremblements ou crampes musculaires, paresthésies, troubles cénesthésiques, céphalées, douleurs erratiques) [25]. 

Les critères diagnostiques

Les critères diagnostiques peuvent être utilisés dans le diagnostic de la dépression chez les adolescents. Les plus utilisés étant : – Le critère diagnostique de la dépression majeure, DSM-IV (Annexe 1) – La classification statistique internationale des maladies dixième version ou CIM-10 (Annexe 2)

Les échelles diagnostiques

Plusieurs échelles sont aussi utilisées pour évaluer la profondeur de la dépression. Dans notre étude nous avons utilisé la Major Depression Inventory For Children c’est l’échelle que nous avons estimé la plus adapté pour notre population d’étude. Cependant il existe d’autres échelles pour des auto ou hétéro-évaluation : a) les échelles d’auto évaluation :  . Auto-évaluation du degré de dépression Inventaire de Beck [27] elle mesure essentiellement le ressenti subjectif de l’amélioration des symptômes de la dépression. C’est la plus utilisée et la plus pratique.  CES-D Center for Epidemiologic Studies-Depression [28] b) les échelles d’hétéro évaluation les plus utilisés et les plus pratiques :  Echelle MADRS :Montgomery and Asberg Depression Rating Scale [29]recommandée dans les évaluations des pathologies psychiques susceptibles d’être liées aux travail 12  Echelle de dépression de Hamilton [30] elle permet de mesurer la gravité de la dépression d’un patient et d’évaluer l’évolution des symptômes. 

Diagnostics différentiels

– Pathologies organiques : un grand nombre d’affections médicales peuvent entraîner l’apparition de symptômes dépressifs mais il existe généralement d’autres signes et symptômes associés. Citons : une maladie thyroïdienne – La consommation d’alcool et d’autres drogues – La prise de certains médicaments – Deuil et facteurs de stress psychosociaux majeurs (troubles de l’adaptation) – Trouble bipolaire – Trouble anxieux – Trouble de la personnalité (particulièrement du groupe B)

Diagnostics étiologiques

La dépression n’est pas faite d’une cause unique .Généralement elle résulte d’une combinaison de facteurs comme : – Un déséquilibre des substances chimiques neuronales – Antécédents familiaux – Des pensées ou des croyances qui augmentent le risque de dépression Ces causes seront ensuite bousculées par des éléments déclencheurs parmi lesquelles on retrouve : – des évènements pénibles ou marquants comme la perte d’un proche, une rupture sentimentale, un licenciement – des troubles médicaux comme une hypothyroïdie, maladie de Parkinson, un accident vasculaire, une douleur chronique, le lupus. – L’emploi de certains médicaments notamment des corticostéroïdes, des narcotiques, des benzodiazépines, la progestérone, les drogues illicites comme l’amphétamine.

Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : RAPPELS
1. L’ADOLESCENCE.
1 .1 .Définitions.
1.2. Modification biologique et psycho-sociale.
2. ESTIME DE SOI
2.1. Définitions .
2.2. Développement de l’estime de soi .
2.3. Mesure de l’estime de soi
2.4. Concept associé à l’estime de soi.
2.5. Mythe concernant l’estime de soi.
3. DEPRESSION
3.1. Définition
3.2. Epidémiologie
3.3. Diagnostic
3.3.1. Diagnostic positif
3.3.2. Diagnostics différentielles
3.3.3. Diagnostics étiologiques
3.4. Dépression à l’adolescence
3.4.1. Clinique et diagnostique
3.5. Traitements
3.5.1. Buts
3.5.2. Moyens
3.5.3. Indications
3.5.4. Surveillance
3.5.5. Prévention
DEUXIEME PARTIE : METHODE ET RESULTATS
1. METHODE
1.1. Cadre d’étude
1-2 Type d’étude
1.3. Population d’étude
1.4. Echantillonnage
1.5. Critère d’inclusion
1.6. Critère de non inclusion
1-7 .Critère d’exclusion.
1.8. Paramètres d’études
1.9. Instrument et procédure
1.10. Saisie et analyse des données
1.11. Considération éthique 2
2. RESULTATS
2.1. Informations socio démographiques
2.1.1. Age
2.1.2. Genre
2.1.3. Niveau d’instruction
2.1.4. Type de famille
2.1.5. Appartenance à un groupe
2.1.6. Type d’établissement scolaire
2.1.7. Situation parentale
2.1.8. Nombre de fratrie
2.1.9. Rang dans la fratrie
2.1.10. Niveau économique
2.1.11. La ou les personnes avec qui l’adolescent vit
2.1.12. Relation avec les parents
2.1.13. Rendement scolaire
2.1.14. Relation avec les professeurs
2.1.15. Relation avec les autres élèves
2.1.16. Le nombre d’amis
2.2. Estime de soi
2.2.1. Niveau d’estime de soi
2.2.2. Estime de soi et paramètres socio démographiques
2.3. Dépression
2.3.1. Répartition des adolescents déprimés et non déprimés
2.3.2. Intensité de la dépression
2.3.3. Dépression et genre
2.3.4. Dépression et paramètres socio démographique
2.4. Estime de soi et dépression
2.4.1. Corrélation entre le niveau d’estime de soi et la dépression
2.4.2. Répartition des adolescents selon le niveau d’estime de soi et la dépression
TROISIEME PARTIE
1. DISCUSSION ET SUGGESTION
CONCLUSION

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