Evaluation des besoins de standardisation

Evaluation des besoins de standardisation

Evaluation de la comparabilité des résultats de mesure de la PCT

Des études de corrélation sont souvent menées pour démontrer les performances analytiques suite à la mise sur le marché d’une nouvelle méthode de dosage de biomarqueurs. Ces études sont établies à partir des résultats obtenus par deux méthodes de dosages données sur un large panel d’échantillons de patients et permettent d’évaluer la comparabilité des résultats entre les méthodes. Il existe différentes méthodes pour analyser ces résultats de corrélation. Dans la plupart des cas, une régression linéaire est établie entre deux séries de résultats provenant de deux méthodes de dosage et les évaluations reposent sur l’analyse de la pente de la droite générée et du coefficient de corrélation de Pearson. Or, cette approche présente certaines limites. En effet, le coefficient de corrélation est très dépendant du nombre d’échantillons et de la gamme de concentrations étudiée, et sera d’autant plus grand que la gamme de concentrations est large. En outre, la pente de la droite ne permet pas d’examiner la réelle différence observée entre les deux résultats d’un échantillon donné. L’analyse de biais par l’approche Bland-Altman, présentant la différence des résultats en fonction de la moyenne de ces deux résultats, est alors utilisée pour apprécier le biais entre les résultats obtenus (270). Cependant, le biais moyen obtenu selon cette approche est également dépendant de la gamme de concentration évaluée. Il est donc difficile de comparer les différentes études de corrélation entre elles, notamment dans le but d’évaluer l’évolution de la comparabilité des résultats dans le temps. Enfin, afin de compléter les informations obtenues par les approches précédentes, une information supplémentaire obtenue par les études de corrélation est l’accord de classification des patients aux différents seuils de décision clinique selon les méthodes de dosage utilisées. Ce paramètre permet d’évaluer l’impact de la variabilité des résultats sur la décision clinique. Outre les études de corrélation, plusieurs campagnes d’EEQ sont régulièrement réalisées dans différents pays. Comme cela a été présenté précédemment, les EEQ permettent grâce à des échantillons de contrôle de comparer les performances d’un laboratoire par rapport à d’autres LBM. Les LBM n’utilisant pas forcément la même méthode de dosage, les EEQ permettent alors d’apprécier la dispersion des résultats obtenus au sein d’une même méthode ou entre les différentes méthodes. Cette donnée permet d’apprécier la différence du résultat obtenu par rapport à la concentration moyenne obtenue par l’ensemble des participants de l’EEQ. Cependant, il est nécessaire d’avoir une participation équivalente entre les méthodes afin d’éviter un éventuel biais qui pourrait être introduit sur la concentration moyenne par la méthode la plus représentative. Ainsi, afin de documenter et comprendre la variabilité des résultats obtenus entre les différentes méthodes de dosage de la PCT, une évaluation de la comparabilité des résultats a été réalisée à partir d’études de corrélation et d’EEQ. Ce travail a été mené par une analyse de Chapitre I. Evaluation des besoins de standardisation 103 31 études de corrélations (7 documents du processus d’approbation FDA et 24 articles de recherche) et de 137 EEQ menées par dix organismes d’EEQ dans sept pays européens (France, Suisse, Suède, Allemagne, Finlande, Pays-Bas, Royaume-Uni) et en Australie. La première partie de ce travail est dédiée aux études de corrélations en analysant les trois différents aspects décrits précédemment : l’analyse de régression linéaire, l’analyse de biais par l’approche BlandAltman et l’accord de classification aux différents seuils de décision clinique du sepsis et des infections des voies respiratoires inférieures (0,1 ng/mL, 0,25 ng/mL, 0,5 ng/mL, 2 ng/ml et 10 ng/mL). La deuxième partie est dédiée aux EEQ en analysant l’influence de la concentration, de la matrice et des différentes méthodes de dosage utilisées. L’évaluation s’est principalement basée sur l’analyse des coefficients de variation des différents résultats fournis par les participants lors des EEQ. 

Evaluation des études de corrélation

La majorité des études de corrélation a utilisé les méthodes Brahms PCT Sensitive Kryptor et Vidas BRAHMS PCT comme méthode comparative. Ainsi, l’évaluation de la comparabilité des résultats a été principalement focalisée sur ces études. Selon les auteurs, la corrélation entre les différentes méthodes est bonne avec un coefficient de corrélation supérieur à 0,85. Cependant, comme décrit précédemment, ce coefficient dépend des caractéristiques des échantillons. Concernant l’étude des pentes de la droite de corrélation, les études menées pour le processus d’approbation FDA ont montré une pente très proche de 1 (valeur idéale) avec un biais inférieur à 6 % par rapport à cette valeur, tandis que pour les études menées dans les articles de recherche, ce biais peut atteindre 51 %. Dans certaines études, impliquant d’autres méthodes comparatives (Elecsys Brahms ou Architect Brahms) un biais de 79 % a été démontré pour la méthode Liaison Brahms. De manière intéressante, notre étude a montré que certaines méthodes de dosage présentent systématiquement un biais positif ou négatif par rapport à la méthode comparative. Par exemple, la méthode Vidas Brahms présente un biais positif par rapport aux méthodes Brahms Kryptor, Architect Brahms, Lumipulse Brahms et Elecsys Brahms. Selon les analyses Bland-Altman réalisées au sein des études de corrélation, un biais positif a constamment été rapporté en comparant les immunoessais Lumipulse Brahms, Vidas Brahms, Liaison Brahms, Access, Maglumi à la méthode Brahms Kryptor, ce qui confirme les observations précédemment soulignées par la méthode Vidas Brahms. Il est intéressant de noter qu’une étude récente a montré un biais de plus 20 % au sein des méthodes du groupe Brahms pour lesquelles un effort d’harmonisation a été mené avec l’utilisation d’un étalon commun (271). Cette observation a souligné que l’harmonisation au sein du groupe Brahms n’est pas encore optimale. Cependant, dans un contexte clinique, il est important de connaître l’accord de classification aux différents seuils de décision clinique. Un accord de plus de 90 % a été rapporté pour 90 % des études publiées, et jugé satisfaisant par les différents auteurs des études de corrélation. Or, cet accord de classification dépend Chapitre I. Evaluation des besoins de standardisation 104 grandement de la distribution des concentrations étudiées. En effet, un meilleur accord sera obtenu si les concentrations sont éloignées de la valeur de décision clinique. Un accord inférieur à 90 % est observé en particulier pour les faibles concentrations (0,25 µg/L et 0,5 µg/L), ce qui peut par exemple engendrer une mauvaise classification des patients atteints de sepsis en fonction de la méthode de dosage. Cependant, selon certains auteurs de ces études de corrélation, les décisions cliniques ne sont que modérément impactées par ces différences entre les résultats observés. Malgré un accord de classification entre les méthodes, les études de corrélation ont conclu que le suivi longitudinal des patients doit être mené sur la même méthode de dosage d’immunoessai afin d’éviter les variations entre les méthodes.

Analyse des Evaluations Externes de la Qualité (EEQ)

En première approche, le coefficient de variation (CV) entre les résultats des laboratoires participants, obtenu pour chaque campagne EEQ, a été évalué afin de déterminer un CV moyen sur l’ensemble des campagnes. Un CV moyen de 15 % a été observé pour les niveaux de concentrations inférieures à 10 ng/mL et de 18,8 % pour les niveaux de concentrations supérieures à 10 ng/mL, confirmant les observations obtenues dans les études de corrélation et suggérant une harmonisation non optimale des résultats de mesure de la PCT. Cependant, ces EEQ ont été menées sur différents types de matrice à différentes concentrations (échantillon lyophilisé ou congelé supplémenté en PCT, lyophilisé ou congelé non supplémenté en PCT, pool d’échantillons frais, à des concentrations variant de 0,05 à 43,66 µg/L). En outre, ces EEQ ont été menées sur un nombre de campagnes et de types d’immunoessai différents en fonction du type de matrice et de la concentration. L’ensemble de ces éléments peut donc avoir un effet sur le CV moyen entre les résultats des laboratoires sur l’ensemble des campagnes, et ne semble donc pas être le meilleur évaluateur de la comparabilité des résultats. Une analyse plus détaillée a montré la variabilité du CV en fonction du type de matrice utilisée lors des EEQ. En particulier, les échantillons non frais supplémentés en PCT ont montré un CV plus élevé par rapport aux échantillons non frais non supplémentés (22,4 % vs. 7,5 % pour les échantillons lyophilisés et 21,0 % vs. 8,1 % pour les échantillons congelés). Les échantillons frais non supplémentés en PCT ont également montré un CV élevé (17,6 %). Cela peut être expliqué par le fait que ces échantillons sont obtenus par mélange d’échantillons de différents donneurs de concentration faibles et élevés, ce qui peut potentiellement impacter la commutabilité des échantillons. En effet, les échantillons de concentration élevée obtenus à partir de patients en cas de choc septique sont certainement très complexes et atypique et peuvent impacter la mesure de certains immunoessais. Une analyse détaillée a également été menée en fonction du type d’immunoessai utilisé par les participants. Comme observé précédemment, le CV des résultats au sein d’un groupe de méthodes immunoessai reste élevé pour les échantillons frais (supérieur à 11,5 %). Cela montre Chapitre I. Evaluation des besoins de standardisation 105 que la variation des résultats observée précédemment pour les échantillons frais (17,6%) est principalement expliquée par la dispersion des résultats obtenus au sein d’un groupe de méthodes immunoessais. La dispersion des résultats entre les différentes méthodes n’est pas la source majeure de cette variation. La même observation a été constatée pour les échantillons congelés non supplémentés en PCT (6,5 % au sein d’un groupe de méthode contre 8,1 % toutes méthodes confondues). Au contraire, pour les échantillons lyophilisés supplémentés en PCT, un faible CV au sein des différents groupes de méthodes immunoessai a été observé (inférieur à 8,1 %) et ne peut donc pas être la source principale du CV observé entre les laboratoires pour cette matrice toutes méthodes immunoessais confondues (22,4 %). Dans ce cas précis, cette variabilité est due à la différence de résultats obtenus entre les méthodes. En effet, les résultats obtenus par la méthode Vidas Brahms ont, par exemple, été environ 60 % plus élevés que ceux obtenus par la méthode Brahms Kryptor. En particulier, une grande dispersion des résultats entre les méthodes du groupe Brahms a également été observée dans les campagnes d’EEQ (différence de plus de 50 % entre la méthode Brahms Kryptor et les méthodes Elecsys Brahms, Advia Brahms et Architect Brahms). Cependant, l’origine des différences de résultats observées entre les méthodes immunoessais n’est pas facile à identifier : effet matrices de l’échantillon utilisé dans les EEQ ou réel biais introduit par le système d’étalonnage ? Enfin, la différence de résultats obtenus par un groupe de méthode d’immunoessai par rapport à la valeur moyenne obtenue pour chaque campagne a également été évaluée. Cependant, il est difficile d’apprécier ce paramètre en raison de la forte dispersion de la part du marché pour chaque méthode de dosage. En effet, parmi les méthodes commercialisées, les méthodes Elecsys Brahms et vidas Brahms sont les deux méthodes les plus représentatives à travers ces campagnes EEQ, la valeur moyenne obtenue peut être biaisée par les résultats obtenus par ces deux méthodes. 

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