Evidence Based Practice en orthophonie

Evidence Based Practice en orthophonie

La pratique fondée sur les preuves ou Evidence Based Practice (EBP) a pour objectif la réduction de l’incertitude lors d’une décision clinique. Cette méthode facilite le choix thérapeutique en utilisant les meilleures preuves de la recherche scientifique. L’EBP prend également en compte l’expérience clinique et l’avis du patient. Cependant, la mise en œuvre de l’EBP est difficile en orthophonie car les thérapeutes s’appuient plus sur l’expérience clinique que sur les preuves de recherche afin de prendre leurs décisions (O’Connor et Pettigrew, 2008). La recherche en orthophonie demeure problématique car les essais contrôlés et randomisés ne reproduisent pas la pratique et questionnent sur la pertinence et l’utilité de la recherche en orthophonie (McCurtin et Roddam, 2012). Les orthophonistes encadrent leurs interventions en utilisant davantage leurs théories issues de la pratique et en adaptant les interventions à l’hétérogénéité des enfants qu’en se référant à la recherche en orthophonie.

Comprendre les modèles utilisés au quotidien par les thérapeutes aiderait les chercheurs dans la conception d’études afin de refléter les théories de la pratique et ainsi maximiser les chances d’intégration des études dans les interventions orthophoniques (Morgan et al., 2019). À ce jour, les tentatives visant la mise en œuvre de l’EBP se sont concentrées sur l’amélioration de la capacité des praticiens à accéder à la recherche et à évaluer de manière critique les preuves. Peu de recherches examinent l’EBP du point de vue des orthophonistes, c’est-à-dire en regardant leur pratique quotidienne. Les études qui ont tenté de comprendre les points de vue des praticiens sur la pratique concluent qu’une grande partie de leurs connaissances est tacite et ne devient explicite que dans les situations où ils réfléchissent concrètement à leur pratique (Morgan et al., 2019).

Recommandations de la HAS 

D’après la Haute Autorité de Santé (ANAES, 2002), en fonction de l’âge et des potentialités de l’enfant, la prise en soin orthophonique chez un enfant de 3 à 6 ans comporte les objectifs suivants : – remédier aux différents aspects déficitaires du langage – améliorer la communication de l’enfant – faciliter l’acquisition des apprentissages scolaires, en particulier du langage écrit, quand l’enfant entrera à l’école Avant 4-5 ans, une prise en soin est nécessaire en cas d’inintelligibilité et/ou d’agrammatisme ou de trouble de la compréhension. La prise en soin comporte alors de la guidance parentale et/ou une rééducation orthophonique de l’enfant. Après 5 ans, la prise en soin orthophonique est nécessaire si le bilan confirme l’existence d’un trouble spécifique du langage oral.

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Les acteurs de cette prise en soin doivent être particulièrement coordonnés en cas de répercussions sur l’intégration scolaire et sociale et doivent être avertis des objectifs de la rééducation. B. Intervention précoce dans la pratique orthophonique : Selon Van der Horst (2010), « Une intervention spécifique, au niveau du langage, doit être précoce car les étapes essentielles du développement du langage sont franchies de quatre à six ans et la socialisation, le développement émotionnel, la vie familiale, la poursuite des apprentissages académiques dépendent de la qualité du langage oral ». Dans les situations de troubles sévères du développement, une rééducation précoce des fonctions du langage permet de limiter les sur-handicaps causés par la frustration de ne pouvoir s’exprimer (agitation, colère, difficultés alimentaires, difficultés d’adaptation à la vie en collectivité…) (Van der Horst, 2010). Cette idée est partagée par Billard (2002) qui affirme qu’un déficit spécifique et sévère du langage oral impose, dès 3-4 ans, une prise en soin orthophonique spécifique mais aussi une prise en soin pluridisciplinaire pour pallier les troubles secondaires du langage.

Chez le jeune enfant, les séances sont le plus souvent conduites en présence et avec la participation active du/des parent(s) (Cuny et al., 2004). Ainsi, l’orthophoniste aide le(s) parent(s) à donner des informations verbales de manière adaptée pour l’enfant. Selon Van der Horst (2010), « les formulations de l’adulte doivent être simples mais correctes, supportées par une expression mimique et une gestuelle adaptées, répétées à un rythme calme, en laissant des temps d’intégration à l’enfant ». La présence des parents pendant la séance permet également la mise en place ou l’ajustement de certaines méthodes selon les besoins de chaque famille.

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