Fonctionnement de l’interaction entre le parasite et ses deux hôtes

Fonctionnement de l’interaction entre le parasite et ses deux hôtes

Cycle de développement du plasmodium

Le parasite du paludisme se développe en deux étapes; un cycle sexuel qui a lieu chez le moustique vecteur et un cycle asexué chez l’Homme. Figure 2 : représentation du cycle du Plasmodium chez le vecteur et chez l’homme Source : http://books.openedition.org/irdeditions/docannexe/image/10391/img-2.png 

cycle de vie chez l’hôte humain

Le cycle chez l’Homme se caractérise par une phase tissulaire hépatique, suivie d’une phase sanguine, responsable en dernier ressort de l’apparition de manifestations cliniques.

La schizogonie hépatique

Appelée aussi schizogonie exo-érythrocytaire c’est le cycle de reproduction asexuée qui a lieu dans les hépatocytes parasités. Le moustique femelle infecté pique l’Homme et lui injecte donc environ 10 à 50 sporozoïtes qui se trouvent dans ses glandes salivaires au cours de la prise de son repas sanguin qui seront largués dans la circulation sanguine. Les sporozoïtes qui sont des formes très mobiles envahissent les hepatocytes non pas rapidement comme les scientifiques l’ont toujours cru mais de nouvelles découvertes semblent indiquer l’existence d’un processus d’invasion plus complexe caractérisé par la persistance de sporozoïtes dans le  derme humain pendant des heures avec une libération lente dans les capillaires ainsi qu’une migration à travers le système lymphatique (R et al ., 2006 ; LM et al.,2007). Le stade de développement asexué érythrocytaire suit lorsque le parasite passe d’une forme annulaire à un trophozoïte endocytoplasmique qui grossit et dont le noyau se divise en plusieurs exemplaires . Après une durée moyenne de 6 à 15 jours, le cytoplasme de l’hépatocyte est envahi par plusieurs milliers de mérozoïtes provenant des schizontes( environ 10 000 chez P.vivax et P.ovale et jusqu’à 30 000 chez P.falciparum) où chacun va pénétrer dans une hématie .Cette multiplication intracellulaire provoque la rupture des globules rouges, avec la libération résultante de toxines dans le sang, se produisant dans des cycles synchronisés de 48 h pour P. falciparum, P. vivax et P. ovale et par cycles de 72 h pour P. malariae . La phase tissulaire s’éteint à ce stade, à l’exception de P.vivax et P.ovale qui peuvent persister dans le foie comme des «hypnozoïtes» qui sont à terme responsables du phénomène de rechute (Antinori et al., 2012).

La schizogonie érythrocytaire

Au moment où le cycle érythrocytaire commence on note les manifestations des signes cliniques. Le cycle sanguin est mis en place par l’envahissement des érythrocytes par les mérozoïtes , un processus complexe qui nécessite une reconnaissance entre récepteurs (sur érythrocyte) et ligands (sur mérozoïtes) , le parasite se multiplie alors de façon asexuée les trophozoïtes deviennent mature de 24 à 72 heures au sein des érythrocytes (Antinori et al.,2012) , mais c’est un phénomène qui dépend de l’espèce, avec la production de schizontes sanguins contenant chacun de 6 à 36 mérozoïtes. La rupture des schizontes libère dans le sang une nouvelle vague de mérozoïtes capables d’infecter d’autres érythrocytes. Certains de ces mérozoïtes asexués se différencient en gamétocytes mâles (microgamétocytes) et femelles (macrogamétocytes) qui assureront la transmission du parasite si ce dernier est ingéré par l’anophèle femelle et qui vont initier le cycle sporogonique. II.1.2.Cycle de développement chez le moustique vecteur Chez le vecteur, le cycle sporogonique débute lorsque l’anophèle femelle ingère de gamétocytes mâles et femelles matures qui circulent dans le sang périphérique de l’hôte lors de son repas sanguin. La gamétogénèse se déroule entièrement dans l’hôte humain (Talman et al., 2006) et la fécondation (entre macrogamète et microgamète) se déroule dans l’estomac de l’anophèle femelle . Le zygote formé se transforme en ookinète qui se développe par la suite en oocyste. Chaque oocyste produit des milliers de sporozoïtes qui vont, pour une partie  d’entre eux seulement (que l’on estime à 10-20 %), gagner les glandes salivaires où ils vont subir une maturation qui les rend infectieux (Sultan et al., 1997). la durée de l’ensemble du développement sporogonique est fonction, notamment, de l’espèce plasmodiale et des conditions de température. II.3. facteurs favorisant la transmission La transmission en un lieu donné dépend de la présence d’anophèles compétents, de leur taux d’infection et du nombre de piqûres reçues. La diversité comportementale entre les espèces d’anophèles ainsi que les conditions climatiques, géographiques et l’action de l’homme sur le milieu conditionnent l’interaction homme- vecteur et influencent la transmission du paludisme. Elle nécessite des conditions climatiques, telles que le régime des précipitations, la température et l’humidité (température > 18°C pour P. falciparum et > 16° pour P. vivax) et d’altitude (< 1500 m en Afrique).

Différentes modes de transmissions La transmission du paludisme peut se faire de différentes manières

Transmission congénitale

Chaque année, près de 25 millions de femmes enceintes, dont 20% de primipares, sont confrontées aux conséquences du paludisme en Afrique subsaharienne (OMS ,2014). Le paludisme congénital est défini par la présence de formes asexuées du parasite dans le sang périphérique du nouveau-né dans les sept premiers jours de vie (Loke ,1982).Le placenta en effet est le site préférentiel de séquestration et de développement des plasmodiums pendant la grossesse (Bamba et al., 2013) la femme enceinte a donc une forte chance d’être infestée par Plasmodium falciparum. Ceci s’explique par une forte fréquence d’épisodes palustres avec une densité parasitaire élevée par rapport aux femmes non enceintes (Diagne et al.,2000). On en distingue deux formes: le paludisme congénital infestation (PCI, défini par la présence du Plasmodium dans le sang du cordon ou sur sang périphérique chez un nouveau-né asymptomatique âgé de moins de sept jours) et le paludisme congénital maladie (PCM) où le nouveau-né est symptomatique. L’Afrique de l’Ouest a enregistré la plus forte prévalence d’insuffisance pondérale (liée au paludisme pendant la grossesse) chez le nouveau-né (OMS, 2019). 

transmission transfusionnelle ou accident

La transfusion sanguine est utilisée pour sauver des vies mais dans certains cas elle peut être la cause d’une infection parasitaire potentiellement fatale. Le paludisme transfusionnel est une réalité en Afrique Sub-saharienne, en raison des transfusions sanguines répétées, peu ou non contrôlées et où les donneurs sont en majorité potentiellement porteurs (asymptomatiques) d’hématozoaires (Bassandja et al., 2014). Il a été estimée qu’environ 40% (13 million d’unités) de sang donné dans les pays en développement ne font pas l’objet d’un dépistage de principales infections transmissibles par le sang (Lee et Allain ,2004). En zone d’endémie, la prévalence des donneurs de sang impaludés varie selon les régions et peut aller jusqu’à 55%, ce qui traduit un risque potentiel de transmission du parasite par cette voie (Kinde et al., 2000 ; Noubouossie et al.,2012).

.transmission par piqure d’anophèle

L’anophèle femelle infestée pique l’Homme et lui injecte ses sporozoïtes qui vont lui transmettre la maladie.

Transmission, incidence et prévalence du paludisme sur quelques pays africains

En épidémiologie, la prévalence est une mesure de l’état de santé d’une population, dénombrant le nombre de cas de maladies à un instant donné ou sur une période donnée. Par contre, l’incidence d’une maladie est une mesure de l’état de santé d’une population dénombrant le nombre de nouveaux cas sur une période donnée. Ce sont les deux indicateurs les plus utilisés en épidémiologie pour évaluer la fréquence et la vitesse d’apparition d’une maladie. • Situation au Nigéria Avec une population estimée à 203 millions d’habitants en 2018, le Nigéria est le pays le plus peuplé de l’Afrique. Le paludisme causé par Plasmodium falciparum reste un défi majeur pour la santé au Nigeria malgré la baisse globale de son incidence et de son taux de mortalité et on estime que le paludisme tue entre 81 000 et 150 000 personnes chaque année dans ce territoire (OMS,2015).La situation géographique du Nigéria rend le climat propice à la transmission du paludisme dans tout le pays et c’est toute l’année dans la plupart des régions du pays (Adigun et al., 2015). Environ 30 % de la population nigériane vit dans des zones à haut risque et 67 % dans des zones à risque modéré. Selon Benkimoun Le paludisme connaît une recrudescence entre avril  et octobre, avec une durée de la période de transmission qui diminue à mesure que l’on remonte du Sud vers le Nord. D’après le programme national de lutte contre le paludisme (NMCP), la maladie est responsable de 60% de visites ambulatoires dans les établissements de santé, de 30% de décès d’enfants de moins de cinq ans, de 11% de mortalité maternelle et d’environ 300 000 décès par an .

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