Gestion communautaire et grenier communautaire villageois

Gestion communautaire et grenier communautaire villageois

 Le GCV : un bien commun

Le bien commun est un bien accessible à tous les membres d’une communauté ; chacun peut l’employer ou le consommer sans que les autres membres puissent l’en empêcher; le bien commun est limité en quantité. Un grenier communautaire villageois est un bien commun car il est accessible à tous les membres du village bénéficiaire. La communauté est ici le village. Chaque membre a les mêmes droits (droit d’accès, d’usage ou d’exclusion des non membres) étant donné que c’est une propriété commune et les mêmes obligations. Le GCV : application de la gestion communautaire Les greniers communautaires suscitent un rapport coopératif et une plus grande solidarité car leur mode de gestion est « communautaire ». La mise en place de ces greniers consolide la cohésion sociale et rassemble les forces : ceci entraîne une meilleure efficacité des actions entreprises pour l’amélioration des conditions et de la qualité de vie de tout un chacun, par extension de tous les membres bénéficiaires. En outre, les greniers, gérés communautairement, font naître des responsabilités individuelles et collectives. Ils éduquent et conscientisent également les villageois. La gestion communautaire des greniers élimine peu à peu la tendance et la dépendance des villageois bénéficiaires aux institutions d’appui, car ils les rendent au fur et à mesure autonomes. Le GCV : un modèle de gestion des risques à base communautaire L’objectif de la gestion à base communautaire des risques de catastrophe est de réduire les vulnérabilités et de renforcer la capacité des populations à faire face aux risques de catastrophe auxquels ils sont confrontés. Tel est l’objectif principal du projet DIPECHO II, projet en cours appuyant cette analyse, qui œuvre aux actions de préparation et de mitigation aux cyclones. Ce projet procède à la gestion des risques à base communautaire en la construction de diverses infrastructures telles que les GCV pour faire face aux cyclones. 43 La mise en place d’un GCV est une gestion à base communautaire des risques dans le sens où il : – contribue à la réduction de leur vulnérabilité, – contribue à la réduction de leur pauvreté, – contribue au renforcement de leur capacité, – améliore les conditions de vie alimentaire des villageois. La destruction des cases d’habitation après le passage d’un cyclone, par exemple, fait disparaitre les récoltes, les vivres et les semences qui y sont gardés. Pour faire face contre ce risque de perte de denrées, la mise en lieu sûr de celles-ci bien avant la période des cyclones s’avère être la plus bonne stratégie. Compte tenu du peu de moyen de stockage sécurisé dont dispose les gens des campagnes, la mise en place de GCV est souvent la solution préconisée par les institutions d’appui à ces communautés de l’arrière-pays. Dans ce sens : – le GCV est une action d’épargne physique, collective nécessitant une gestion communautaire lorsqu’il n’existe pas une institution ou organisme de proximité pour prendre en charge directement cette gestion comme les Institutions de Micro-Finance ; – le GCV est également une action de lutte contre l’insécurité alimentaire après le passage des cyclones, donc une action de réduction des risques de catastrophes. Le chapitre qui suit en donnant les résultats de l’analyse des risques liés aux greniers communautaires villageois construits par CARE.

Résultats de l’analyse des risques liés aux GCV

Le constat du contexte local des trois villages de la région d’Analanjirofo abordé dans le chapitre précédent a amené CARE à construire des GCV. Après l’analyse de la mise œuvre de ces GCV (Section 1), leur évaluation sera faite pour affirmer ou infirmer leur pertinence (Section 2). Section 1. Analyse de la mise en œuvre des GCV à Analanjirofo I. Analyse contextuelle de la mise en œuvre des GCV Ces greniers ont été construits après le passage des cyclones Fame et Ivan43 en 2008. Chaque grenier est constitué d’un local indépendant situé proche des villages.

Interprétation 

Les faibles rendements sont dus notamment à la destruction des champs de culture et des récoltes après chaque passage cyclonique, mais aussi aux difficultés d’achat d’engrais et d’intrants agricoles. Le peu de récolte restant, du aux manques de ressources pécuniaires, est vendu à bas prix. Cela entraine un faible revenu, source d’endettement et d’insuffisance de quoi à manger. Grenier d’Andapa Il s’agit d’un grenier en demi dur mis en place en début de l’année 2009 par CARE International. Sa capacité de tonnage est de 5 tonnes.Ce grenier n’a jamais fonctionné depuis. En décembre 2009, les villageois ont stocké leur paddy dedans pendant une semaine, la Food and Agriculture Organization (FAO) est ensuite venue les acheter. C’était la seule fois où ce grenier a été utilisé par les villageois. Un comité de gestion (COGES) non officiel composé de 18 membres existe. Ces membres affirment n’avoir jamais reçu de renforcement de capacité en la matière. Ils se sont juste mis d’accord d’être membres et n’ont jamais travaillé en tant que tels. Questionnés sur la raison d’une telle situation, les membres du comité n’ont pas pu donner une réponse concrète ; ils savent tout simplement que la gestion du grenier est à leur charge et qu’ils devaient en planifier l’utilisation mais tout s’arrête là. Photo 1 : GCV d’Andapa 46 Grenier d’Anove-Sud Le village d’Anove-Sud dispose d’un grenier communautaire construit par CARE International en Février 2009. Ce grenier de 5 tonnes est en demi dur avec un plafond en « falafa ».Ce grenier n’a jamais fonctionné depuis sa mise en place, par conséquent aucun ménage ne stocke dans ce grenier. Néanmoins, un comité de gestion non officiel de treize (13) membres s’est créé au sein de ce dernier, comité qui n’a jamais fonctionné. Il n’a pas fait l’objet d’une réception officielle, la clé a été remise à un villageois. Photo 2 : GCV d’Anove-Sud Grenier de Vohibao Betsiriry CARE International a mis en place ce grenier de Vohibao en 2008. C’est un grenier en demi dur de 5 tonnes. La gestion du grenier a été confiée à la population locale qui a créé un comité de gestion. Ce comité était au nombre de 11 au début mais les uns se retiraient après les autres du fait que le grenier n’a pas fonctionné. En effet, le grenier n’a pas encore vraiment fonctionné en tant que GCV depuis son existence au sein du village. Au mois de janvier 2011, cinq familles parmi les membres du comité de gestion ont stocké 19 « vatra44 » soit 342kg de 44 1 vatra est environ 17kg 47 paddy dans le grenier. A la fin du mois d’Avril, ces familles ont vendu leur paddy aux villageois voisins. La plupart des paddy qui ont été stockés dans le grenier a été détruite par des rats et leurs propriétaires n’ont pu vendre qu’une petite quantité. Notons que le grenier n’a pas été réceptionné officiellement, la clé a été juste remise aux villageois. Photo 3 : GCV de Vohibao Betsiriry

Analyse conceptuelle des GCV en matière de risque 

Aucune personne ni infrastructure n’est à l’abri des risques, mais il est possible d’atténuer les dégâts occasionnés par ces risques en mieux se préparant. Les risques relatifs aux GCV ont deux sources, celles qui leur sont exogènes d’une part et celles qui leur sont endogènes d’autre part. Les risques peuvent être à l’origine du mauvais voire non fonctionnement des greniers. Ils sont de deux sortes : les risques exogènes aux greniers (ce sont les risques externes, qui n’ont pas de lien direct aux GCV) et les risques endogènes aux greniers (ce sont les risques propres aux greniers, c’est-à-dire liés aux greniers).  Tableau 6 : Les risques exogènes et endogènes aux GCV Risques exogènes aux greniers Risques endogènes aux greniers -La pauvreté et la vulnérabilité des villageois qui peuvent annihiler toute volonté de ceux-ci à stocker leur production ou d’autres denrées ; -l’insuffisance des parcelles de culture (en moyenne 0,25ha au total) associée à la faiblesse des rendements et des récoltes qui peuvent entraîner l’inexistence de denrée à stocker ; -les problèmes d’irrigation entraînent aussi la faiblesse de la production agricole locale et peuvent avoir aussi comme conséquence l’impossibilité d’avoir des denrées à stocker ; il est à noter que l’insécurité alimentaire sévit généralement dans les trois localités étudiées: les récoltes, notamment le riz, ne suffisent que 4 mois sur 12 ; -l’indisponibilité et/ou l’impraticabilité des infrastructures routières font que les paysans locaux sont obligés de payer cher l’achat des produits de première nécessité tels que l’huile, le sucre ou le savon; seul achat qu’ils font d’ailleurs car tellement ils ont rarement les moyens de se permettre d’acheter des autres biens ; -les problèmes environnementaux : les changements climatiques (entrainent, par exemple dans cette région, l’absence de pluie qui à son tour cause la non disponibilité des revenus de la terre) ; la déforestation ; l’improductivité des sols due à leur utilisation abusive ; -l’emplacement géographique : ces trois villages se situent dans une zone à risque cyclonique ; -les problèmes politiques et institutionnels : l’instabilité politique et le changement fréquent des dirigeants politiques sont des freins au développement local et par extension même au développement national. Ils sont : -concernant le côté technique, l’existence de certaines vices de construction et le non-respect de certaines normes : les greniers ne sont pas sécurisés et permettent par exemple l’introduction des rongeurs ; -l’absence de réception officielle après l’achèvement de l’infrastructure ; -la non intégration des GCV dans la vie des villageois : due à l’absence d’information, d’éducation et de communication (IEC) en la matière, nombreux d’entre eux ne savent pas l’utilité exacte des greniers ; -la tragédie des communaux (le conflit entre intérêt individuel et bien commun) : malgré le fait que les greniers n’ont pas fonctionné, celle-ci aurait été un risque au fonctionnement des greniers étant donné que le grenier est un bien commun, qu’il existe au sein de ces villages une exclusion sociale et que les divers membres des villages ont des vulnérabilités et des capacités différentes. Source : Création propre de l’auteur Les analyses contextuelle et conceptuelle de la mise en œuvre des trois GCV montrent que ceux-ci n’ont pas fonctionné. Nombreux risques sont à l’origine de ce non fonctionnement. Ceci nous amène à les évaluer dans la section qui suit.

Table des matières

Introduction générale
Partie 1 : Cadre institutionnel et cadre théorique de la mise en place des greniers
communautaires villageois à Analanjirofo
Chapitre 1 : Cadre institutionnel de l’analyse des greniers communautaires villageois à Analanjirofo
Chapitre 2 : Cadre théorique de l’analyse : « la gestion communautaire »
Partie 2 : Analyse des greniers communautaires villageois d’Analanjirofo
Chapitre 1 : Contexte de l’étude et présentation générale de l’approche GCV
Chapitre 2 : Résultats de l’analyse des risques liés aux GCV
Conclusion générale
Annexes
Bibliographie

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