HYDROGRAPHIE ET LES FORMATIONS VEGETALES DANS LA CUVETTE

HYDROGRAPHIE ET LES FORMATIONS VEGETALES DANS LA CUVETTE

La rivière qui draine la cuvette de Vinaninony prend ses sources dans les hauts massifs volcaniques qui constituent la bordure de ce dernier.

Une hydrographie perturbée par l’activité volcanique

Le réseau hydrographique dans la cuvette de Vinaninony a subi des modifications depuis sa formation. Les profils des cours d’eau ont changé : à l’est, l’effondrement de la cuvette a accentué leur pente, tandis qu’à l’ouest, ils ont été freinés par l’escarpement de faille nord-sud. Le bassin versant est drainé par la rivière Vinaninony et ses principaux affluents : Anorana, Ankazondrano, Ankafotra et Ambatonjiolahy (cf. figure 12). En arrivant dans la cuvette, ces cours d’eau sont endigués par des réseaux de drainage pour une maîtrise hydrologique. La rivière Anorana et Ankazondrano se trouve à l’ouest de la limite de bassin alluviale. Les deux cours d’eau traversent des basaltes, des trachytes et des andésites et qui s’écoulent du nord au sud avant d’arriver dans la cuvette. Elles prennent ses sources dans les massifs élevés qui portent leur nom et elle s’écoule d’est en ouest. La rivière Ankafotra et son affluent Ambohimandroso se situent au sud-est de la zone alluviale ; elle traverse des basaltes. La rivière Ambatonjiolahy au sud de la cuvette se diffère des autres puisqu’elle traverse le socle et les coulées volcaniques. De ce fait, la sédimentation dans la cuvette se présente différemment. De plus, en amont, elles sont de types torrentiels. Mais, il faut aussi en tenir compte des cours d’eau qui drainent le nord de la cuvette en traversant des trachytes, puisqu’ils ont aussi contribué aux apports de sédiment pour combler la cuvette. La rivière Vinaninony et ses affluents traversent deux types de topographie : la zone élevée et la zone de plaine. Dans la zone élevée, la rivière a une tendance à éroder le substrat sur laquelle elle s’écoule. Tandis que dans la zone plate, la sédimentation y domine. Et sur le versant Est qui borde la cuvette, les réseaux hydrographiques sont denses ; tandis qu’à l’ouest, c’est le contraire. 

Les formations végétales et leurs rôles dans l’évolution de la cuvette

La cuvette de Vinaninony et ses environs contiennent plusieurs types de végétation. Ces formations végétales sont le résultat de l’action de reboisement très récent dans la région pendant la première république. Straka H. (1996) a fait une étude sur l’histoire de la végétation de Madagascar en effectuant des analyses sur les anciens pollens. La cuvette de Vinaninony était l’une de sa zone d’étude. Pour ce chercheur, la cuvette était occupée par des éricacées/vacciniacés ; les formations se terminent à 9500 BP environ. Puis, elle est composée par l’augmentation des filicinaehsoporeae. À la fin, il a conclu que la forêt vierge s’est approchée des 1800 à 1850 m d’altitude. En ce moment, les formations végétales les plus dominantes sont les bozaka et les graminées. Ces formations sont dues aux périodes displuviales 8 et à l’activité humaine (feu de brousse). En effet, la bordure de la cuvette de Vinaninony est toujours soumise au feu. Les feux sont dus au « sorokahitra » mal maitriser. Les paysans pratiquent cette méthode pour avoir des engrais pour la culture de patate douce ou de maïs. En effet, les cendres mêlées au sol constituent un excellent engrais. La cuvette de Vinaninony est occupée par des Acacias dealbata (mimosa), de Pinus khesya (pin d’Indochine) et de Pinus patula (pin argenté) (Figure 13). Ces deux espèces de pins (Pinus Khesya et Pinus Patula) sont les plus dominants. Cependant, les plantations de pins couvrent une faible surface dans la zone. Elles se localisent surtout sur les terrains rocailleux à pentes fortes (kisilatra)9 . La plantation de pin s’est développée à la suite de l’application de la politique de reboisement faite par l’État dans les années 70. Les acacias dealbatas sont des espèces très envahisseuses dans la région. En effet, elles commencent à pénétrer dans les champs de culture. Les formations végétales dans la zone de recherche ont pour rôle de stabiliser les versants des massifs volcaniques, elles permettent aussi la rétention des eaux pluviales. La couverture végétale a pour rôle de protéger le sol contre le ruissellement et l’ensablement des rizières. En ce moment, la dégradation de la forêt ripicole conduit à l’assèchement de la cuvette par la disparition des sources, car la formation végétale a un rôle de rétention d’eau. 8 BOURGEAT, F., 1972, sols sur socle ancien à Madagascar. 9 Kisilatra mot malgache désignant les versants de forte pente. 45 Figure 13. Carte occupation du sol 46 En outre, le sol est surtout occupé par des champs de cultures. Les champs gagnent la totalité des versants et des parties sommitales des montagnes. Les seules qui ne sont pas mises en valeur sont les versants rocailleux à fortes pentes. Cette deuxième partie de notre recherche a fait l’objet d’un long travail de réflexion et d’introspection des milieux naturels qui constitue la bordure et la cuvette de Vinaninony. Pour la troisième essayera d’avancer des résultats scientifiques sur la formation et l’évolution de la cuvette de Vinaninony. 

LA FORMATION DE LA CUVETTE EN RELATION AVEC LE VOLCANISME

Dans cette partie, la principale préoccupation consiste à déterminer les facteurs qui ont contribué à la formation et à l’évolution de la cuvette de Vinaninony. Ainsi, plusieurs phénomènes vont être analysés. De plus, une approche de connaissance des formations superficielles va être réalisée puisqu’elle peut être le témoin de l’histoire de la cuvette.

Les acquis antérieurs sur la mise en place de la cuvette

La mise en place de la cuvette de Vinaninony est déjà traitée par deux chercheurs : Mottet G et Raunet M. Les deux chercheurs ont les mêmes points de vue sur la formation de la cuvette intramontagnarde. Mais, l’étude de Mottet est plus approfondie que celui de Raunet.

Point de vue de Mottet G. 1974

Pour Mottet, la formation de la cuvette de Vinaninony est inséparable des petites cuvettes relais qui relient la cuvette de Vinaninony et la cuvette de Faratsiho. La formation de la cuvette s’établit comme suit : Premièrement, la formation de la cuvette est liée avant tout à son substratum, c’est-àdire le socle. À la fin du Crétacé, la bordure granitique de Vavavato et des migmatites granitoïdes ont été nivelées. Deuxièmement, les coulées basaltiques et les empilements acides s’étalent à la fin du Miocène en surface entre 1900 à 2000 m d’altitude. C’est la raison pour laquelle la cuvette de Vinaninony culmine à 1874 mètres. Troisièmement, une association de fracture de socle de direction nord-sud se produit à la fin du Pliocène et a atteint la zone de Vinaninony. Elle dénivelle le socle et la couverture volcanique de 50 à 200 m. L’extension du massif de l’Ankaratra a engendré l’affaissement qui va suivre le long de la ligne de fracture. C’est ainsi que s’est formée la cuvette de Vinaninony, le sud-est de la cuvette de Faratsiho et les petits bassins relais. Pour arriver à cette conclusion, Mottet a analysé la forme de relief qui constitue la bordure de la cuvette. Au nord il démontre qu’il y avait eu un escarpement d’origine tectonique. 49 Cet affaissement est entrainé par la faille nord-sud et le faille N 30 W qui se trouve à l’est de la cuvette. Donc Vinaninony et Faratsiho se trouvent sur une zone de faiblesse du socle, ainsi il y avait eu un amorçage de formation de graben.

Point de vue de Raunet M. 1997

Pour Raunet, la formation des cuvettes intramontagnardes de l’Ankaratra est indissociable à la formation de ce massif. Ainsi, les effondrements volcano-tectoniques pendant le pliocène sont les conséquences des émissions considérables de lave au Mio-pliocène et du bombement continu du socle. C’est-à-dire que l’effondrement est la compensation du vide sous les appareils volcaniques et le bombement du socle. Ainsi se sont formées les cuvettes intramontagnardes de l’Ankaratra.

Justification de l’existence des failles dans la zone de recherches

Pour pouvoir justifier l’existence des failles dans la cuvette de Vinaninony, deux méthodes vont être adoptées. La première est l’observation des reliefs qui constitue la bordure de la cuvette que ce soit sur une carte que sur le terrain. La deuxième est le traitement d’image satellite pour extraire les linéaments dans l’image.

Résultat sur l’observation des différentes unités de relief

L’analyse des différentes formes de relief qui bordent la cuvette peut démontrer l’existence d’une ou plusieurs failles. En effet, l’observation du paysage et l’analyse des photographies sur un stéréoscope mettent en évidence l’existence d’une faille qui se trouve à l’ouest de la cuvette. La faille située à l’ouest de la cuvette s’inscrit bien dans le paysage. Elle est prouvée par l’alignement des versants est des trois massifs qui s’y trouvent : Ampetsapetsa, Antaninandro et Mandazo. De même, il est très visible sur la carte topographique (figure 6). Sur la bordure orientale, trois massifs volcaniques basaltiques s’alignent symétriquement avec des versants raides à l’ouest. Cependant, il est difficile de voir l’existence d’une faille dans cette partie du relief. En effet, la présence de massif de Soaloka perturbe cette formation. Ce massif s’avance dans la cuvette en cachant la cicatrice qu’a subie le relief. Les différences altimétriques du socle ne sont certes pas des preuves formelles de subsistance de failles (Alsac, C., 1963). Elles peuvent être dues à l’activité de l’érosion. Ainsi, pour plus de précision, le traitement des images satellites Landsat 8 peut fournir une preuve de l’existence des failles qui est à l’origine de la cuvette.

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