Les propriétés physico-chimiques et biologiques des sols des sites réhabilités évoluent vers celles de la forêt naturelle

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Hydrographie

La partie Ouest de la région de la mine se déverse dans le bassin versant de la rivière Mangoro, de longueur 135km. Le Mangoro prend ses sources au-delà de la Commune d’Andaingo et grossit en cours de route par les principaux affluents suivants : le Sahamadio (26km), le Sahamarirana (44 km) et le Manambolo (28 km). La rivière Sahamarirana et la rivière Antsahalava drainent le gisement d’Ambatovy au Sud et à l’Ouest, respectivement, alors que les rivières Ankaja et Sakalava drainent le gisement d’Analamay au nord.
La partie Est du secteur de la mine comprend des bassins versants des rivières Vohitra (45km) et Rianila. Les eaux de surface de la région de la mine qui s’écoulent vers l’Est atteignent le Sahatandra, l’affluent de la rivière Vohitra, et traversent la partie orientale du district de Moramanga sur une longueur de 70km) avant de rejoindre la rivière Vohitra. Cette dernière coule vers l’Est et se joint à la rivière Rianila près de la côte Est de Madagascar. La rivière Rianila se jette dans l’Océan Indien près de la ville d’Andevoranto; son bassin versant a une superficie totale de 7820km².
Les autres principaux cours d’eau sont le Sahatany (52km), l’Ihofika (43km), le Lakato (22km). La rivière Firikana à la sortie du marais de Torotorofotsy et le Manampotsy (24km) sont les autres affluents de la rivière de Lakato (Dynatec corporation, 2006).
Le Marais de Torotorofotsy, un des sites RAMSAR, et le marais de Mokaranana se trouvent aussi dans le district de Moramanga et non loin du site Ambatovy-Analamay.

Géomorphologie

Le secteur de la mine est composé de vestiges érodés appartenant à un plateau situé à une altitude d’environ 1100 mètres au-dessus du niveau moyen de la mer. Ce plateau est bordé à l’ouest par la large plaine alluviale du Mangoro et à l’est par les Marais de Torotorofotsy et des collines couvertes de forêts.
La géomorphologie du secteur de la mine se caractérise par des pentes relativement abruptes, des collines et des vallées remplies d’alluvions. Les processus tectoniques (forces impliquées dans la déformation de l’écorce terrestre) sont responsables de la présence des failles, des fractures et des dykes. Ces caractéristiques créent des zones de faiblesse facilement érodées. La topographie s’adoucit et le fond des vallées s’élargit à l’ouest de la mine, le long de la prise d’eau proposée dans la rivière Mangoro.
Dans ce secteur, les reliefs ou modelés sont recouverts de latérites (sols ferralitiques) pouvant subir le phénomène d’érosion. L’eau souterraine s’infiltre puis s’écoule le long de l’interface entre la roche mère et la latérite. Cet écoulement préférentiel est à l’origine de l’érosion sous forme de lavaka. Les lavaka contribuent à l’alignement linéaire des vallées le long de ces zones de faiblesse (DYNATEC CORPORATION, 2006).

Pédologie

Les sols dans la région sont généralement connus comme des latérites, sols définis comme sols tropicaux fortement altérés et riches en fer (Young 1976 in EIE, 2006).Les formations de latérite impliquent la redistribution et la concentration de sesquioxydes dans le profil pédologique. Elles sont classifiées comme « ultisols » et « oxisols » dans le système de classification du département de l’agriculture américain (USDA2) (Whitmore, 1975 in EIE, 2006). Tel que décrit dans USDA (1975), le terme latérite est indicatif des propriétés pédologiques suivantes:
 matériaux riches en oxydes de fer et/ou d’aluminium
 une combinaison de phénomènes physiques et chimiques résultant de l’altération extrême de la roche formant le sol; séparation du Fe, Al, Mn et Ti dans les horizons et migration de la silice vers la base du pédon et formation des cuirasses, ou carapaces ferralitiques, indurées
 teneur extrêmement faible de bases alcalines échangeables
 faible capacité d’échange cationique (16 méq/100 g de sol ou moins)
 rapports SiO2/Al2O3 < 2
 argiles tachetées molles qui se changent de façon irréversible en carapaces ou cuirasses indurées sous exposition d’une alternance d’humidité et de sécheresse
 concrétions ou nodules dans une matrice de matériaux consolidés et non consolidés
Quatre types de sol majeurs résumés ci-après caractérisent la région :
– Les sols à carapace ferralitique sur plateaux topographiques possédant une couche de surface indurée. Ces sols sont classifiés comme oxisols dans le système de classification USDA. Par endroits, on peut rencontrer des sols plus récents (les entisols de la classification USDA)
– Les sols pisolithiques à des positions topographiques plus basses que les premiers. Ce type peut contenir un éventail de concrétions et de cuirasses cassées, selon la position de pente et d’autres facteurs de formation du sol. Une couche d’argile enrichie peut souvent être observée sous l’horizon durci et ces sols ont généralement été classifiés comme oxisols dans le système de classification USDA.
– Les sols ferrallitiques rouges/jaunes sur bas des pentes. Ces sols ont moins de concrétions et ont été classifiés comme ultisols ou oxisols.
– Les sols organiques ont été repérés dans les dépressions. Ils se forment à partir d’une matière d’origine organique, sont acides et ont une faible saturation en bases. Ces sols sont classifiés comme histosols.

Milieu biologique

Flore

Le secteur environnant le site de la mine comprend des forêts et des terrains broussailleux intacts et dégradés, des zones très herbacées, des plantations d’Eucalyptus, des terres boisées et des rizières dont la présence est associée aux conditions géographiques du secteur concerné. Certains types de végétation présentent un intérêt particulier du point de vue floristique et biologique. Elle contient trois types de formation dont :
• Formation de type zonale : composé de forêts denses humides de l’Est de moyenne altitude, sur des zones pédologiques argileuses où les espèces sont très variées avec des différentes strates. Les familles de LAURACEAE, MYRTACEAE, CUNNONIACEAE, CLUSIACEAE, EUPHORBIACEAE, MORACEAE, SARCOLENACEAE, FLACOURTIACEAE, RUBIACEAE, STERCULIACEAE, PANDANACEAE, CYATHEACEAE sont les plus nombreuses. (GERP, 2008)
• Formation de type azonale sur sol ferralitique, dominée par les végétations buissonnantes sclérophylles dont les familles les plus représentées sont : LAURACEAE, ERICACEAE, ASTERACEAE et SARCOLANENACEAE.
• Formation de transition entre les deux, sur les carapaces peu ferralitiques argilacées et dont les familles SARCOLENACEAE, ASTERACEAE, EUPHORBIACEAE, ET RUBIACEAE sont dominantes.
Ces formations couvrent une superficie totale de 22 893 ha (Dynatec EIE 2006). Des botanistes du Missouri Botanical Garden (MBG), basés à Madagascar ont fait l’étude de cette région en profondeur et ont identifié les espèces préoccupantes (Dynatec EIE, 2006). Jusqu’à maintenant, 127 espèces de flore sont considérées comme préoccupantes dont 53 figurent actuellement à une des annexes de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).

Faune

Les espèces de faune préoccupantes dans le secteur de la mine comprennent des espèces localement et régionalement endémiques, des espèces rares et des espèces interdites de commerce sous la convention CITES.
Soixante-sept (67) espèces d’amphibiens et soixante (60) espèces de reptiles ont été recensées durant les inventaires herpétologiques dont cinq (5) espèces régionalement endémiques et considérées préoccupantes au plan de la conservation. Plus de 98% de ces espèces sont endémiques de Madagascar (seulement deux espèces ne le sont pas: Ptychadena mascareniensis et Pelusios subniger). (DYNATEC CORPORATION, 2006)
L’espèce d’oiseaux la plus importante a été observée dans le marais de Torotorofotsy. Cette espèce est le râle de Waters (Sarothrura watersii), une espèce endémique à Madagascar qui fait face à une sévère perte d’habitat. Quinze des espèces d’oiseaux observées dans le secteur de la mine figurent sur la liste de l’UICN et celle de CITES (DYNATEC CORPORATION, 2006).
Chez les mammifères, neuf espèces de Lémuriens ont été inventoriées dans le secteur de la mine. Tous les Lémuriens sont endémiques de Madagascar et sept des espèces observées sont sur la liste de l’UICN. Un petit mammifère, un tenrec appartenant au genre Microgale, pourrait s’avérer être une nouvelle espèce. Deux espèces de mammifères recensées sont sur la liste de l’UICN, mais aucune n’est sur la liste CITES. Six espèces et un genre de chauves-souris ont été observés au cours de l’inventaire des chauves-souris, dont une espèce de la liste de l’UICN, mais aucune de la liste CITES (DYNATEC CORPORATION, 2006).
Pour les insectes, une découverte importante fut l’observation de colonies de fourmis Pilotrochus à proximité d’Ambatovy. L’observation suggère que le genre Pilotrochus soit localement endémique. Une espèce de fourmi (Pheidole oculata) est inscrite comme vulnérable par l’UICN, mais aucune n’est sur la liste CITES. La détection du papillon Hovala2 est l’observation la plus significative, étant donné sa rareté. Il existe moins de 10 spécimens connus de ce Hovala non décrit, qui semble confiné à la région d’Analamazaotra. Aucune espèce de lépidoptères ne figure sur la liste CITES. (DYNATEC CORPORATION, 2006)

Milieu humain

Population locale

Les terroirs (sub-villages) de Berano, Behontsa, Andranovery et Ampangadiantandraka sont les plus proches du site. La population totale du secteur d’étude avoisine les 80 000 personnes en 2003, dont moins de la moitié de celle de la ville de Moramanga (DYNATEC CORPORATION, 2006). Le tableau suivant récapitule la répartition de la population suivant les cinq communes environnantes.
La population rurale, composé en majorité du groupe ethnique Bezanozano, est très jeune dont plus de la moitié à moins de 16 ans. Le nombre de ménages dirigés par des femmes varie entre 15 % et 20 %. Les infrastructures sont encore rares localement. Vu l’échelle de l’usine, les retombées économiques locales s’avèrent importantes: création d’emplois, contributions aux institutions d’enseignement et améliorations aux infrastructures. Actuellement, des écoles et des CSB2 (Centre de santé de base, niveau 2) sont en cours de construction dans quelques villages.

Activités économiques

L’économie y a un caractère à la fois rural et urbain. Dans l’ensemble, l’économie rurale se caractérise par de multiples sources de revenus dont l’agriculture, l’élevage, la production artisanale, et l’exploitation forestière. Le tableau suivant indique la place qu’occupe chaque activité dans les sources de revenu.
L’agriculture est une culture de subsistance reposant largement sur la culture du riz et du manioc. A l’exclusion d’Andasibe où peu de ménages ont accès aux terres, quasiment toutes les communes pratiquent la riziculture (DYNATEC CORPORATION, 2006).
Concernant l’élevage, presque tous les ménages pratiquent l’aviculture tant pour l’autoconsommation que la vente. Il en est de même pour la pisciculture, trois nouveaux projets de pisciculture ont été démarrés à Andasibe et Marovoay. 10% des ménages d’Andasibe et 70 % de ceux de Menalamba pratiquent l’apiculture (DYNATEC CORPORATION, 2006).
L’activité artisanale primaire tourne autour de la vannerie. C’est une activité exclusivement féminine mais arrivant à couvrir les besoins des ménages. Les résultats du sondage lors de l’étude d’impact environnemental en 2006 montrent que 75 % des ménages ont recours à cette activité
(DYNATEC CORPORATION, 2006).
L’exploitation forestière constitue un moyen de subsistance additionnel. Elle comprend la coupe de bois d’œuvre dans les forêts naturelles et celle de bois de service (fabrication de charbon de bois) dans les plantations d’Eucalyptus.

Milieu d’étude proprement dit

Le milieu d’étude proprement dit est catégorisé en trois (03) catégories de sites selon leur état : l’état de référence naturel (2 sites), l’état zéro (un site) et l’état réhabilité (2 sites). Un témoin laissé à l’état nu durant 3ans est également étudié. En tout, il existe six (06) sites d’intervention.

Sites d’état de référence naturel

Il existe deux types d’état de référence naturel qui doivent être considérées: la zone sous couverture forestière zonale et la zone sous couverture forestière azonale. L’étude des sites de référence naturelle doit donc se porter au niveau de ces deux zones afin d’évaluer laquelle des deux présente des caractéristiques pédologiques et biologiques plus proches à celles des sites réhabilités. Il est à noter que les sites d’état de référence naturel étudiés sont ceux inclus dans la zone de conservation de l’empreinte minière afin de veiller au bon fonctionnement d’un suivi quelconque et de la continuité de l’étude.
Photo 1: Forêt zonale d’Ambatovy Photo 2: Forêt azonale d’Ambatovy
Source : cliché de l’auteur, 2013 Source : cliché de l’auteur, 2013
La zone sous couverture forestière zonale prise comme site d’étude est la forêt d’Ampangadiantrandraka. Tandis que pour la zone sous couverture forestière azonale, c’est la forêt d’Ampanatovana qui a été étudiée.

L’état zéro (sites de la mine)

Les sites de la mine d’Ambatovy sont regroupés en deux (02) catégories, à savoir :
– Les sites qui ont subi un simple décapage et qui sont destinés à la construction des infrastructures (routes, bâtiments, etc.). Ils ont subi un décapage à 50cm en dessous du sol.
– Les sites minés sur lesquels est effectuée l’extraction des minerais (Nickel, Cobalt). La fosse minière peut atteindre jusqu’à 60m de profondeur.
Photo 3: Site décapé sans extraction de minerais Photo 4: Fosse minière
Source : cliché de l’auteur, 2013 Source : cliché de l’auteur, 2013
Toutefois, selon le planning de réhabilitation dans cinq (05) ans élaboré par Ambatovy, les sites de la mine (que ce soit avec ou sans fosse minière) seront conçus de telle sorte qu’ils forment des plateformes afin de faciliter la revégétalisation. Dans ces plateformes, la différenciation des horizons n’est plus marquée puisque les différentes couches du sol sont déjà mélangées (résidus d’extraction, déchets industriels, sols stériles, etc.).
Photo 5: Plateforme de réhabilitation pour 2015 (24ha)
Source : cliché de l’auteur, 2013
La plateforme prête à être réhabilitée en 2015 a une superficie de 24ha. C’est un site récemment exploité qui est le premier site préparé pour la réhabilitation. Il est composé de terres stériles, des résidus d’extraction et des déchets d’exploitation (cf. photo 5). Cette plateforme est choisie comme le site de référence initial ou état-zéro puisque c’est l’état auquel va ressembler chaque site à la fin d’exploitation et auquel il restera si on ne procède pas à la réhabilitation.

Essai de réhabilitation à long terme (ERLT)

L’essai de réhabilitation a été mise en œuvre en Juin 2010 ; les premiers sites réhabilités sont donc âgées de 33mois (soit 3ans environ) au moment de la présente étude. En Juin 2012, un deuxième essai a été effectué dans une parcelle située à la piste water-pomp de Mangoro. Ce dernier est alors âgé de 9mois (soit 1an environ) au moment de la présente étude. Le protocole de réhabilitation appliqué tient compte de la trajectoire de la succession végétale naturelle d’Ambatovy. Les sites ont subi un décapage à une certaine profondeur pour imiter le contexte post minier.
Les parcelles d’essai de réhabilitation de Berano (33 mois) et celles du water-pomp de Mangoro (9mois) ont été mises en place en respectant le même contexte et en appliquant le même traitement de réhabilitation qui est le traitement dénommé T3+TS (traitement n°3 associé au topsoil) afin de pouvoir tester la réussite et l’évolution de l’effort de réhabilitation. Ce traitement consiste à déposer du topsoil de 25cm d’épaisseur sur le site pour ensuite y installer une plantation stratifiée composée de plusieurs familles (cf. annexe2). Ce sont ces deux parcelles qui sont prises comme dispositifs d’étude pour l’analyse d’évolution pédologique et biologique des sites réhabilités d’Ambatovy.
Photo 6: Parcelle d’essai de réhabilitation de Berano (3ans)
Source : cliché de l’auteur, 2013
Photo 7: Parcelle d’essai de réhabilitation du water-pomp Mangoro (1an) Source : cliché de l’auteur, 2013
Lors de l’implantation du premier essai de réhabilitation en 2010, une parcelle a été laissée à l’état nu et aucun traitement n’y a été effectué afin qu’il puisse servir d’un témoin.
Photo 8: Parcelle témoin à Analamay (3ans)
Source : cliché de l’auteur, 2013

Problématique et hypothèses

Contexte général

Industrie minière : un défi pour le développement économique d’un pays

L’existence d’une industrie minière dans un pays peut contribuer à réduire la pauvreté de diverses manières, essentiellement par la génération de revenu et par la création d’opportunités de développement d’industries latérales ou secondaires (R. Kunanayagam et al., 2000). Pour le cas de Madagascar, Ambatovy contribue pour des dizaines de millions de dollars par an en impôts, redevances, droits et taxes aux recettes de l’Etat Malagasy (Projet Ambatovy, 2011).
Le Nickel devient l’un des premiers produits d’exportation à Madagascar. Il constitue ainsi une très importante source de devises étrangères et contribuera au développement du secteur industriel à Madagascar (Projet Ambatovy, 2011).
Ambatovy extrait le minerai et le transforme au pays même, générant ainsi d’importantes valeurs ajoutées économiques, en l’occurrence :
– La création d’emplois : plus de 6 000emplois directs et bien plus encore d’emplois indirects ;
– Transfert de compétences et de technologie ;
– Développement de l’économie locale : investissement dans le développement de l’économie locale en assurant la formation, des services publics (éducation et services de santé) et des biens publics tels que : eau propre, transports, énergie et infrastructures ;
– Opportunités de marchés pour les entreprises Malagasy ;
– Opportunités de marchés pour les paysans qui vendent leurs produits au service-traiteur d’Ambatovy.

La pédogenèse : un processus trop lent

Le sol est un milieu qui évolue. Deux grands facteurs peuvent être retenus : les facteurs bioclimatiques généraux et les facteurs de la station. Ces derniers sont plus importants vu qu’ils déterminent la variation du sol sur de petites surfaces. Parmi ces facteurs, le relief tient une place importante. Dans les régions à topographie accidentée, l’effet de l’érosion est fort. Plus la pente est forte plus l’effet de l’érosion s’accentue. D’où la dominance des sols peu évolués. (Lavoisier, 1988)
La pédogenèse s’effectue dans des conditions assez uniformes, où règnent des températures élevées et des précipitions abondantes tout au long de l’année (Cadet, 1980).
La dégradation d’un sol correspond à un phénomène de rajeunissement du sol (Lavoisier, 1988). Au début de la formation d’un sol, la roche-mère est peu à peu colonisée par les microorganismes (bactéries, champignons microscopiques) puis par la végétation (algues, lichens et mousses, puis herbacées, suivies d’une strate d’arbustes et finalement forestière). Parallèlement se forme un premier horizon humifère (dit horizon A), puis des horizons minéraux sous-jacents (horizons B). Chaque étape successive est caractérisée par une certaine association sol/végétation et milieu.
Après un certain temps d’évolution du système sol-végétation, un état d’équilibre dynamique est atteint, dit «climacique».
Les cycles d’évolution naturelle des sols ont des durées très variables, entre un millénaire pour les sols à développement rapide (horizon A uniquement) à plus d’un million d’années pour les sols à développement lent. (Lavoisier, 1988)
Figure 2: Processus de la pédogenèse
Source : tiré de Cadet, 1980 ; Lavoisier, 1988 ; http://www.symbiose.ca, 2013.
 : Roche mère non altérée
 : C= Roche mère ; altération physique, désagrégation
 : C= Roche mère; A= roche mère désagrégée + apport de matière organique + humification
 : C= Roche mère ; A= apport de matière organique + humification ; B = mélange d’humus, d’argiles, fer et fragments de roche mère, résulte d’une forte altération chimique de la roche mère et diffère de A par la structure.
La formation d’un sol résulte de la fragmentation des roches en particules de plus en plus fines et de l’incorporation de celles-ci à de la matière organique en cours de décomposition. L’eau, les racines et les alternances de gel et de dégel contribuent à la fragmentation des roches. La roche désagrégée constitue la roche mère, qui s’amenuise petit à petit. Les animaux et les végétaux participent à la formation des sols, en agissant sur la fragmentation des roches, et après leur mort, en fournissant de la matière organique fraîche. À mesure que le sol se développe, des couches appelées horizons s’individualisent. L’horizon A, proche de la surface, est en général riche en matière organique, tandis que l’horizon C est surtout minéral et possède une composition très voisine de la roche initiale. Un sol évolué est associé à un couvert végétal dense, qui l’entretient par recyclage de la matière organique. À ce stade, le sol comporte un horizon B, qui correspond à l’accumulation de minéraux lessivés (entraînés mécaniquement depuis la surface). (http://www.symbiose.ca)

Objectifs principaux

En tenant compte de la problématique énoncée précédemment, deux objectifs principaux sont alors retenus pour le présent travail de recherche:
 Evaluer la réussite ou l’échec du projet de réhabilitation effectuée par Ambatovy par l’analyse de l’évolution pédologique biologique des sites d’essai.
 Améliorer la qualité physique, chimique et biologique du sol pour la réussite de la réhabilitation forestière effectuée par Ambatovy.

Problématique

En plus des perturbations d’origine naturelle (cyclones) ou causées localement par l’exploitation forestière et l’agriculture itinérante sur brûlis, la présence même de l’exploitation minière est une pression entraînant la dégradation des sols à Ambatovy. En effet, l’empreinte minière d’Ambatovy est estimée à 1 700 ha et son exploitation va durer une trentaine d’années. Par ailleurs, la superficie de forêt à conserver aux alentours du site minier est de 4 900 ha. Des défrichements sont effectués dans des zones de sondage au sein de l’empreinte minière. L’extraction de Nickel et de Cobalt requiert la trouaison des fosses minières jusqu’à 60m de profondeur (Archives Département Mine, 2012). Une fois l’exploitation dans une fosse terminée, la zone est conçue sous forme d’une plateforme et les couches pédologiques ne sont plus différenciées. Le remblai est composé par des terres stériles et des blocs de pierres. Ne comportant plus de couverture végétale et comblé par les résidus d’extraction, le site devient sensible à l’érosion, défavorable à l’activité biologique et menacé par des risques de toxicité. Par contre, le processus de la pédogenèse est trop lent et dure jusqu’à plus d’un million d’années (tiré de Lavoisier, 1988). La réhabilitation des sites miniers dégradés est, alors, devenue une préoccupation importante des acteurs de l’industrie minière (IRD, 2013 in http://www.biodiversite.nc).
Ainsi, dans le cadre de la restauration de l’empreinte minière laquelle figure dans son engagement environnemental, Ambatovy a mis en place une vitrine de revégétalisation sur un espace couvrant 4ha dans l’empreinte de la mine. Il s’agit de parcelles de démonstration et d’expérimentation qui refléteront l’image à laquelle ressembleront dans le futur, la réhabilitation et la restauration écologique conduites par Ambatovy. Des travaux de génie civil, effectués pour remodeler la mine, contrôler l´écoulement des eaux et stabiliser les décharges, précèdent le dépôt du topsoil et la revégétalisation. On y installe ensuite une nouvelle couverture végétale, constituée d’espèces issues de cet écosystème notamment pour lutter contre l´érosion (Ambatovy, 2013). Cette vitrine est garnie de 16500 plantules de 34 espèces issues des pépinières du projet et de pépinières paysannes. L’aire de réhabilitation abrite bon nombre de populations d’espèces endémiques de la faune et de la flore locales. (Midi Madagasikara, 2011)

Table des matières

Partie 1. Introduction
Partie 2. Méthodologie
1 Présentation de la zone d’étude
1.1 Milieu physique
1.2 Milieu biologique
1.3 Milieu humain
1.4 Milieu d’étude proprement dit
2 Problématique et hypothèses
2.1 Contexte général
2.2 Objectifs principaux
2.3 Problématique
2.4 Hypothèses
3 Démarche globale
3.1 Phase préparatoire
3.2 Phase de collecte de données
3.3 Phase de traitement et d’analyse des données
3.4 Phase de synthèse et de rédaction
4 Démarche spécifique à chaque hypothèse
4.1 Hypothèse 1 : Les propriétés physico-chimiques et biologiques des sols des sites réhabilités évoluent vers celles de la forêt naturelle
4.2 Hypothèse 2 : Les caractéristiques de la végétation sur sites réhabilités évoluent vers celles de la forêt naturelle
5 Cadre opératoire
6 Schéma récapitulatif de la méthodologie
7 Contraintes méthodologiques
7.1 Problème lié à la collecte des données
7.2 Problème lié à l’analyse et traitement des données
7.3 Problème lié à l’échelle spatio-temporelle
Partie 3. Résultats et interprétations
1 Evolution des propriétés du sol
1.1 Sur le plan physico-chimique
1.2 Selon l’activité biologique
1.3 Conclusion partielle
2 Evolution des caractéristiques de la végétation
2.1 Composition floristique
2.2 Structure totale
2.3 Structure verticale
2.4 Relation sol – végétation
2.5 Conclusion partielle
Partie 4. Discussions et recommandations
1 Discussions sur les résultats
1.1 Propriétés physico-chimiques et biologiques des sols
1.2 Particularité de la végétation
2 Discussions sur les hypothèses
3 Discussions sur la fiabilité de l’étude
3.1 Résultats des analyses en laboratoires : écarts-type non connus
3.2 Une recherche ponctuelle: insuffisante pour déterminer une information essentielle
4 Recommandations et perspectives
4.1 Valorisation des acquis
4.2 Promotion des travaux de recherche complémentaires
Partie 5. Conclusion générale
Références
Bibliographie
Webiographie
Autres sites internet
Cours professés
ANNEXES
1 Schéma récapitulatif des résultats
2 Le traitement de réhabilitation T3+TS
3 Propriétés physiques des sites d’étude
3.1 ZC Zonale
3.2 ZC Azonale
3.3 Zone rehab 3ans : Berano
3.4 Témoin nu 3ans
3.5 Zone rehab 1an /PK5
3.6 Site miné
4 Analyses physico-chimiques en laboratoire
4.1 Mode opératoire (FOFIFA, 2013)
4.2 Résultats des analyses
5 Analyses microbiologiques
5.1 Méthodes d’analyses (CNRE, 2013)
5.2 Résultats des analyses
6 Données floristiques
6.1 Liste des espèces inventoriées par site d’étude
6.2 Structure totale
6.3 Structure verticale
7 Traitement statistique sur la pédofaune
7.1 Données d’inventaire
7.2 Analyse de la variance
8 Classification taxonomique de la pédofaune
9 Clé de determination de la pédofaune
10 Rôle de la pédofaune (Courrier de l’environnement de l’INRA n°49, juin 2003)
11 Classification de la macrofaune suivant leur fonction trophique
12 Chronogramme des activités
13 Différentes cartes illustratives sur la zone d’étude

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