Influence des arbres sur les teneurs en carbone et azote du sol dans la zone sylvopastorale du Sénégal

Influence des arbres sur les teneurs en carbone et azote du sol dans la zone sylvopastorale du Sénégal

Le changement climatique s’est accru du fait de l’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère suite aux activités anthropiques (Edenhofer et al., 2014; Guesnerie, 2003). Ce réchauffement global de la planète induit la disparition de certains écosystèmes, l’acidification et l’élévation du niveau de la mer, la réduction de la biodiversité et la réduction des espaces cultivables (Edenhofer et al., 2014). Le dioxyde de carbone (CO2), l’oxyde nitreux (N2O), le méthane (CH4), sont les principaux gaz à effet de serre émis par le secteur de l’élevage (Edenhofer et al., 2014). Leur concentration dans l’atmosphère est telle qu’elle ne l’avait jamais été depuis ces 800 000 dernières années (Edenhofer et al., 2014). Dans les pays sahéliens, l’élevage et en particulier le système pastoral, représente jusqu’à 40% du PIB agricole, 50% de la production de viande et 70% de la production de lait (Gerber et al., 2012). En effet, la présence d’un climat aride à semi-aride et d’une végétation naturelle irrégulière instaurent le pastoralisme comme le système de production le mieux adapté à cette zone (Gerber et al., 2012). Au Sénégal, il contribue de manière significative à l’économie avec un taux de 35 % (Gning, 2003) à 78 % de participation au PIB agricole (Hatfield et Davies, 2006). Ce système de production, qui repose essentiellement sur la mobilité des animaux, exploite les pâturages naturels qui constituent la base de leur alimentation (Akpo et al., 2003; Diop, 2007). Ces parcours naturels sont formés d’une végétation herbacée continue et d’une strate arborée et arbustive plus ou moins éparse (Akpo et Grouzis, 2000) .

Importance des arbres dans l’écosystème

Du point de vue économique et socio-culturel, les arbres sont sources de produits commercialisables tels que les fruits, le bois, les fourrages, et les produits médicinaux. Par la gestion qui en est faite, ils rendent des services esthétiques dans le cadre du tourisme et l’aménagement des espaces verts (jardins botaniques, sites de détentes …). Ces bienfaits permettent aux populations de diversifier leurs revenus et d’améliorer leurs systèmes de production pour une meilleure résistance aux changements climatiques. En zone de savane africaine, les populations diversifient leurs revenus en ramassant le bois de chauffage, les fruits, les épices, les fourrages pour les vendre (Djoudi et al., 2013; Paavola, 2008; Poupon, 2013; Tougiani et al., 2009). En Afrique sahélienne, la production fourragère des arbres et arbustes est souvent le seul recours pour les éleveurs lors des périodes de soudure (Besse et al., 1998). En plus d’être une source d’aliments, de produits sanitaires et énergétiques, les arbres servent de lieu de rencontre pour résoudre les conflits, pour les activités récréatives et la fourniture de matériaux de construction.

Du point de vue écologique, les arbres permettent, par l’augmentation de l’évaporation d’accélérer l’évacuation de l’excès d’eau dans les parcelles agroforestières (Verchot et al., 2007). Ils contribuent à la régulation du cycle de l’eau, à une bonne structuration des sols, à une bonne régulation de la température et ils servent d’habitats aux pollinisateurs sauvages et aux prédateurs des ravageurs agricoles (Gabriele, 2013). Ils peuvent fournir des services d’ombrage, de refroidissement, d’interception, de stockage et d’infiltration des pluies (Akpo et Grouzis, 2000). Une étude menée au Niger montre que la réduction du ruissellement de l’eau de pluies et la création d’un microclimat en milieu urbain peuvent être corrélée avec l’augmentation du couvert végétal (Gill et al., 2007; Herz, 1988). Au sein des systèmes agroforestiers (association arbres, cultures et/ou élevages), les arbres constituent des moyens de lutte contre l’érosion éolienne et hydrique, ainsi que la désertification. Ils favorisent la conservation de la fertilité des sols, la régénération des sols dégradés et une utilisation efficiente des ressources en eau (Besse et al., 1998; Pramova et al., 2012). À partir de son système racinaire, l’arbre puise en profondeur l’eau et les nutriments et les rend disponibles pour les cultures. Ils constituent également des puits de carbone pour la réduction des gaz à effet de serre par la photosynthèse (Lessard et Boulfroy, 2008). Ils peuvent également favoriser le stockage de carbone et d’azote dans le sol (Blanfort et al., 2013; Steinfeld et al., 2009).

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