La barrière de l’Esseillon d’hier…

La barrière de l’Esseillon d’hier…

Localisation

La barrière de l’Esseillon, classée site d’intérêt régional et « Grand site » par le Conseil Général de la Savoie, est constituée de quatre forts et une redoute. Ce site naturel, architectural et historique grandiose est édifié sur une barrière rocheuse de calcaire dolomitique. En amont de Modane, dominant la vallée de l’Arc sur deux kilomètres, le contrefort rocheux de l’Esseillon est une muraille naturelle d’une centaine de mètres de hauteur qui barre l’accès à la vallée de la Haute-Maurienne et du col du Mont Cenis, entre la France et l’Italie. De l’ensemble du site se dégage une forte cohérence entre les édifices de par leur conception architecturale et leur parfaite intégration paysagère. Cependant, cette cohérence d’ensemble a souffert du découpage administratif puisque la barrière est aujourd’hui édifiée sur les communes d’Avrieux et d’Aussois. Figure 15 : Vue d’ensemble de la barrière de l’Esseillon Source : google image Réalisation : Cindy FRESSARD La barrière de l’Esseillon d’hier… Quatre forts se situent sur la commune d’Aussois. Le fort Marie-Christine se trouve à 800m du village au Sud-Ouest à une altitude de 1525m ; le fort CharlesAlbert se situe à 700m au Sud-Est du village à 1555m d’altitude ; le fort Charles-Felix est à 2 km au Sud-Ouest d’Aussois à 1380m d’altitude et enfin le fort VictorEmmanuel se trouve à 2,8 km au Sud-Ouest du village à une altitude de 1250m. La redoute Marie-Thérèse, située à 3,5 km au sud d’Aussois (8km par la route) à une altitude de 1150m, appartient à la commune d’Avrieux et se trouve en rive gauche de la vallée, séparée des quatre forts par les gorges de l’Arc. Ces imposantes fortifications représentent aujourd’hui les seuls forts sardes construits dans les Alpes françaises.

Une histoire liée à celle de la Savoie

La barrière de l’Esseillon est un site gorgé d’histoire, tout comme la Savoie qui ne devint française qu’en 1860, après avoir appartenu au Royaume de PiémontSardaigne. Ainsi, il était impossible de ne pas la souligner. La chaine fortifiée de l’Esseillon met en évidence une étape importante de l’histoire de la Savoie. Son édification est liée à l’époque napoléonienne (Napoléon Ier) et dictée par le Congrès de Vienne en 1815. Ce traité condamna la France suite à la défaite de Napoléon à Waterloo et son abdication. Les États coalisés autour de l’Autriche décidèrent de tout mettre en œuvre pour éviter le retour éventuel des troupes françaises, toujours à craindre. Cinq ouvrages furent ainsi élevés sur l’éperon rocheux de l’Esseillon, l’évasement de la vallée mettant l’ensemble hors de portée de l’artillerie ennemie qui viendrait à s’installer sur les sommets alentours. Ainsi, la barrière de l’Esseillon constitue un véritable verrou de sécurité sur l’une des grandes voies de passage au travers des Alpes. Ce système de défense servait plus à interdire un éventuel passage des troupes françaises qu’à protéger la Savoie. Historiquement, la Savoie, partie intégrante du Royaume de Piémont-Sardaigne, jouait un peu le rôle d’un « État tampon » entre les grandes puissances européennes et notamment l’empire AustroHongrois et la France. L’histoire du site est liée à l’histoire de la Savoie et aux différentes alliances à l’intérieur de l’Europe : en 1848, lors de la guerre austro-piémontaise, la France passe désormais du statut d’ennemi potentiel à celui d’allié du Royaume de PiémontSardaigne. Ainsi, la barrière n’eut jamais à subir l’épreuve du feu : elle n’a été utilisée que pour le stationnement des garnisons et comme «Prisons Royales». Reconquête de la barrière de l’Esseillon Cindy FRESSARD – Projet individuel – 2011/2012 26 De 1860 à nos jours, l’occupation des forts est le « baromètre des relations franco-italiennes » 10 . Quand tout va bien entre les deux pays, les forts ne sont occupés que de manière symbolique, ou même abandonnés comme aujourd’hui. Au contraire, en période de tension, les forts sont occupés et équipés. Jusque dans les années 1970, le site a souvent été utilisé comme cantonnement de troupes, quelques fois dans un rôle particulier de camp d’entrainement, au cours des guerres 14-18 et 39-45 en particulier. Leur dernière fonction (celle du fort Victor-Emmanuel surtout) fût d’être un terrain d’exercices pour unités de commandos. C. Une architecture unique : le système Montalembert Construits par des entrepreneurs piémontais entre 1819 et 1834, sous l’égide du capitaine Olivero, les forts de l’Esseillon furent chacun baptisés du nom de certains des membres de la famille royale et de leurs épouses : Marie-Christine, Marie-Thérèse, Charles-Albert, Charles-Félix et Victor-Emmanuel. Le système de fortifications alors adopté est l’application des conceptions du général marquis de Montalembert11 . Les théories de Montalembert prônaient la construction des forts de manière à permettre une défense perpendiculaire à la progression de l’ennemi et une superposition de la puissance de feu. Ces théories furent pour la plupart rejetées en France car s’opposant au système défensif de Vauban. En effet, le Fort Boyard, situé en Charente-Maritime, est le seul autre exemple en France de ce type de fortification, mais il n’est que partiellement représentatif des conceptions architecturales de Montalembert. C’est pourquoi la barrière de l’Esseillon constitue un site remarquable et unique en France.

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