GÉOMORPHOLOGIE DE LA RÉGION

Les reliefs actuels portent dans leur morphologie des témoins de processus qui les ont construits. Leur étude fait l’objet d’une discipline : la géomorphologie, description et explication des formes de reliefs continentaux et sous- marins dans le temps et leurs relations dans l’espace [DELCAILLAU, 2004]. La géomorphologie étudie les formes du relief terrestre [VIERS, 1970]. II-1-1/ Relief Le pays de la Calle offre, au point de vue botanique, un intérêt tout particulier pour l’Algérie. Là, en effet, on trouve réunis, sur un étroit espace nettement délimité, des montagnes forestières (Pht.04), des plaines basses occupées par des lacs (Pht.05) et par des prairies coupées de marécages (Pht.06), de bois et de broussailles, de sables, de roches maritimes et de dunes (Pht.07) ; or, ces éléments topographiques constituent autant de stations botaniques à caractère tranché, dont l’ensemble est très propre à prêter à une flore locale une physionomie distincte et variée d’aspects [LEFRANC, 1867]. Le relief du Parc National d’El Kala (Fig.21) se compose d’une juxtaposition de dépressions, dont le fond est occupé par des formations lacustres ou palustres, et de hautes collines aux formes variées : dômes, escarpements, alignements de crêtes généralement couverts par une végétation dense [DE BELAIR, 1990]. Le parc national d’El Kala est connu par un relief très diversifié qui évolue depuis le littoral (Pht.08) au Nord jusqu’à la côte la plus élevée qui est indiquée par le Djebel Ghorra (1202m) (Pht.09) qui représente les hautes montagnes au Sud (Fig.22). Le littoral s’étend sur environ 45Km de largeur, borné à l’Ouest par les éminences de Bou Fhal (Bou Lif) et à l’Est par la Haddeda fréquemment connues par leurs promontoires du cap Rosa à l’Ouest et du cap Segleb (cap Roux) à l’Est. Un littoral constitue de dunes et des rochers récifaux insérés de baies, de plages et d’anses où abonde une vie aquatique typique de la région d’El Kala. E. Lefranc (1867) a cité qu’un golf large et profond existait mais il était fermé à son ouverture par une barrière de collines qui s’élevaient brusquement à des altitudes de 60, 100 et 200 mètres. Le massif de Bou Lif, à l’Ouest, formait le relief principal de ces collines ; vers l’Est, ces hauteurs allaient se dégrader, en décrivant une anse au fond de laquelle des dépôts argileux crétacés recouverts de sables argileux avaient constitué la terre-pleine en talus où la ville d’El Kala était bâtie. Il a mentionné aussi qu’une force soulevante éleva cette barrière des collines d’El Kala, comme pour réunir par une formidable jetée le cap Rosa et le  cap Roux. Le golf dépossédé de la mer avait gardé des témoins de son existence éphémère. A l’Est, les bassins de la Messida et du Tonga ; à l’Ouest, le bassin du Mellah. Ce dernier et celui du Tonga, les contre- forts du massif des collines d’El Kala et du Bou Lif allaient s’étaler et se fondre sur une surface en cuvette où avait pris place le lac Oubeïra. Son plan se continuait au loin, dans la direction Sud-Ouest, vers les coteaux du Tarf et les basses terres du Bou Fhal. Les formations dunaires dans le territoire étudié s’étalent largement dans la région du cap Rosa vers le sud ; aux pieds ouest et sud du Djebel Koursi où elles occupent des terrains de Ouled Dieb, sur une largeur méridienne de 15km, atteignant la hauteur de la plaine d’El Tarf et qui prennent une orientation Nord- Ouest/ Sud- Est. Les dunes se développent à l’Ouest de la ville d’El Kala, entre la mer et les deux lacs ; Mellah et Oubeïra. Des bas-fonds occupent les masses sableuses sous forme de Garaets et de mares d’eau : le lac Noir (Pht.10), au voisinage de Bordj Ali Bey, le lac Bleu (Gareat Ez Zerga) (Pht.11) à l’Est du lac Mellah et les marées de Bou Redim dans la région de Bouteldja. La région lacustre de la Calle, incluse dans le domaine forestier des confins algérotunisiens septentrionaux, comprend, dans sa zone occidentale, les lacs Oubeïra et Mellah, puis dans sa zone orientale, l’ancien lac Tonga (garaa Mta El Hout) : à sa bordure nord se dessine la petite plaine de la Calle. Entre cette plaine et la cuvette du Tonga s’élèvent les couteaux boisés des Brabtia, formés, vers le Nord, de dunes couvertes de chênes kermès et, vers le Sud, de grès, dont les affleurements sont masqués par la forêt de chênes- lièges de la Calle. Le lac Mellah (Pht.11) est une lagune marine, séparée par un seuil de 44 mètres de hauteur du lac Oubeïra situé à la cote 25 : ce seuil présente une pente raide vers le lac Mellah (42 mètres de hauteur sur 200 mètres de largeur) et une pente douce vers le lac Oubeïra (24 mètres sur 1000 mètres). Le lac Oubeïra (Pht.12) correspond à une nappe d’eau douce, entourée de coteaux argilo- gréseux également couverts de forêts. Le seuil séparant l’Oubeïra du Tonga atteint la cote 37 : il présente une inclinaison douce vers le lac Oubeïra (13 mètres sur 2500 mètres) et une pente raide vers le lac Tonga (35 mètres sur 1500 mètres) [JOLEAUD, 1936]. Les plaines sublittorales présentent un relief plat à ondulé et occupent environ 40% du territoire de la région d’El Kala [BENTOUILI, 2007]. Au Nord- Est du Tonga s’étend la plaine d’Oum Teboul entourée de collines abritées de broussailles (Kef Mechtob, Kef Reboua et Kef Oum Teboul et kef Medjoub 164m), constituées de roches gréseuses, auxquels sont juxtaposés des massifs de dunes (Argoub Erched et Koudiat El Hercha). A l’Est du lac Mellah se trouve la plaine sablo- argileuse de Boumalek (ou Souk Reguibet-El Mellah), entourée de collines gréso-argileuses de la Numidie CHAPITRE II ANALYSE DU MILIEU PHYSIQUE 46 Photo n°10: Vue panoramique du lac Noir. Photo n°11: Vue panoramique du lac Mellah et du lac Bleu. Photo n°12: Vue panoramique du lac Oubeïra. Photos personnelles prises en 2013 CHAPITRE II ANALYSE DU MILIEU PHYSIQUE 47 (K t Aïn Techia – K t Er Reguibet et Kef Lahrech 259m). A l’intérieur du PNEK, les plaines d’Aïn Khiar (El Tarf) et d’Aïn Assel présentent un intérêt hydrologique et hydrogéologique considérable par la présence de cours d’eau intense de l’oued El Kébir- Est et de quantités d’eaux présentes en profondeur. Les deux plaines sont constituées d’alluvions limoneuses du font et des moyennes terrasses des vallées, auxquels sont accolés des massifs gréso-argileux (Dj Hellelif 188, kef Deheb, Kef Lechheb 288). Les monts d’El Kala (la Calle), avec les monts de la Cheffia, font partie intégrante des monts de la haute Medjerda. Au Sud du parc d’El Kala, la chaine des montagnes, formant la frontière entre l’Algérie et la Tunisie, compte la plus haute altitude. Le point supérieur est celui de Djebel Ghorra, dont le niveau s’élève à 1202 m. La contrée des monts d’El Kala est moins peuplée par rapport aux autres régions du parc du fait de la présence des forêts denses de chênes- lièges et la nature rocheuse de ces monts. A l’Est de Bougous, à Ouled Ali Achicha et au Fedden, la ligne de crête de Djebel Gramia à Dj Tegma, atteignant les 700 mètres, indique la frontière d’état algéro- tunisienne qui traverse les basses terrasses d’oued El Kébir- Est. A l’Est d’El Aioun, la ligne de crête redessine la limite d’état depuis Djebel Oum Skek (583m) jusqu’à Dj Addeda (532m) à l’Est de Oum Teboul et se termine vers le nord à un point en contact de la mer, nommé : oued Souani Es Sbâa.