La place de l’animal dans la ville

La place de l’animal dans la ville

Les études réalisées sur l’espace urbain ne s’intéressent généralement peu ou pas à la dimension naturelle. Mais l’émergence d’une demande de nature de la part des citadins, ainsi que les problématiques de qualité de vie en ville, posent la question de la place de la nature en ville ; d’une part d’un point de vue matériel et physique, et d’autre part, d’un point de vue culturel qui se réfère à la relation du citadin avec la nature, tant sur le plan des pratiques que des représentations (Blanc, 1996). Pour traiter cette problématique, des chercheurs de l’axe « interaction des systèmes naturels/systèmes sociaux » du laboratoire Strates ont entrepris d’interroger les citadins à propos de leur relation à la nature, et plus précisément les relations du citadin avec l’animal en milieu urbain. En effet, cette thématique n’a que très rarement été abordée lors des diverses études sur la nature en ville, et l’équipe de chercheur a choisi de traiter « l’animal urbain » pour sortir des sentiers battus du végétal. Cette étude établit que pour cerner la relation entre le citadin et l’animal, il est primordial de distinguer les notions d’animal désiré et d’animal non désiré (Blanc, 2000). Il existe peu de données sur les animaux non désirés, outre les couts de gestion qu’ils peuvent entrainer. Se démarquent alors les pigeons, les étourneaux, les rats ou encore les blattes, qui font l’objet de campagnes allant à leur encontre. Cette notion est essentielle car elle renvoie à la perception du citadin à la nature. L’animal non désiré n’y est souvent pas associé et est perçu comme dénaturé par la ville (rats qui prolifèrent, blattes qui inspirent la peur et le dégout, pigeon qui mangent les déchets, etc.). On peut alors se demander, qu’est ce qui est nature, et qu’est ce qui ne l’est pas ? L’animal quel qu’il soit en fait à priori partie (la nature est assimilée au vivant, à ce qui n’est pas humain), mais est ce que tous les animaux correspondent à la nature recherchée par le citadin ? Cette notion de désiré/non désiré renvoie bien à la question du désir et de l’affectivité, celle du dégout, de la peur…L’amour de la nature apparait donc comme très sélectif (CLERGEAU et al, 2011).

Animaux domestiques

Il convient tout d’abord de définir les termes d’animal domestique et d’animal de compagnie, deux notions souvent confondues, d’autant plus que les définitions de la nature dans la partie Introduction – I.3.2 Amélioration de la qualité de vie peuvent induire en erreur si l’on fait le rapprochement avec les animaux. Ainsi, un animal domestique est un animal appartenant à « une espèce qui a fait l’objet d’une pression de sélection continue et constante (c’est-à-dire qui a fait l’objet d’une domestication). Ceci a permis la formation d’un groupe d’animaux qui a acquis des caractères stables, génétiquement héritables » (Circulaire du 12 octobre 2004 relative à la Liste des espèces, races et variétés d’animaux domestiques). Cette définition est en réalité déduite de la définition inverse du code de l’environnement : « Sont considérées comme espèces animales non domestiques celles qui n’ont pas subi de modification par sélection de la part de l’homme.» (Article R411-5 du code de l’environnement français). Ces critères ont été précisés dans un arrêté ministériel du 11 aout 2006, qui énonce qu’un animal domestique appartient à « à des populations animales sélectionnées ou dont les deux parents appartiennent à des populations animales sélectionnées. » On notera donc bien qu’un animal né en captivité ou apprivoisé n’est pas considéré comme un animal domestique selon le droit français ; le code pénal français distingue d’ailleurs les animaux domestiques des animaux apprivoisés. L’animal de compagnie bénéficie d’un statut différent. Il est décrit dans le code rural et de la pêche maritime « On entend par animal de compagnie tout animal détenu ou destiné à être détenu par l’homme pour son agrément. » (Article L214-6). Le statut d’animal de compagnie peut donc inclure des animaux domestiques, des animaux sauvagesapprivoisés ou des animaux tenus en captivité. Ce statut confère à ces animaux une protection contre les mauvais traitements, dont l’exercice est puni par la loi. Le propriétaire d’un animal est également tenu de placer ce dernier dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. Les animaux sauvages ne sont pas concernés par cette loi 

L’animal , une nouvelle preoccupation sociale a integrer dans le fonctionnement des villes

Les collectivités sont aujourd’hui conduites à s’interroger sur les modes de gestion et d’intégration de l’animal dans la cité. En effet, la présence animale dans la ville est un fait avéré, puisqu’à l’heure actuelle, 51% des foyers possèdent un animal de compagnie, dont un tiers vivent en milieu urbain, et ce chiffre est le résultat d’une augmentation de 40% depuis une vingtaine d’année (INSEE). Cette croissance de la présence des animaux de compagnie BOYER Eva – La Nature et le Citadin : Quelle nature souhaitée dans les parcs et jardins de Tours ? 23 s’est accompagnée de la mise en place de lois visant à mieux définir le statut de l’animal. Ainsi, en 1976, une loi reconnait alors l’animal comme un « être sensible » ; en 1999 le code rural fait apparaitre une nouvelle catégorie juridique d’animaux : les animaux de compagnie (définis précédemment) ; enfin, en 2005 le Ministère de la Justice se montre favorable à la distinction de l’animal d’un bien, comme il est définit dans le code civil. Cependant, la ville reste un espace vu comme d’ordre humain, et si les animaux de compagnie sont appréciés et acceptés par une grande partie de la population, la question de leur présence en ville divise et ne fait pas l’unanimité. Alors comment appréhender le « vivre ensemble », notion impliquant le partage de l’espace public et la tolérance ? Considérer l’animal en ville implique de s’interroger sur le rapport des citadins à l’animalité et sur la nature des liens unissant l’homme et l’animal. Or, les regards de l’Homme envers l’animal sont plus que divers et variés : compagnon, il peut aussi être un outil de travail, ou une source de nourriture et bien d’autres choses…mais c’est un fait, la place de l’animal prend de plus en plus d’importance dans notre société ; il devient une nouvelle préoccupation sociale. La « société souhaite non seulement que l’animal bénéficie d’une protection accrue, mais aussi que soit revue la conception même de l’animal en droit civil » (Suzanne ANTOINE, Rapport sur le régime juridique de l’animal, 2005). Ainsi, les mentalités évoluent, et la ville doit permettre au citadin de vivre avec son animal de compagnie dont le rôle social est reconnu. Il semble alors que de nouveaux enjeux apparaissent pour les villes de demain, comme définir au mieux le rôle et le statut du vivant au cœur de la cité. En effet, intégrer l’animal dans les villes implique de se demander dans quelles conditions, dans quelles limites, et surtout à quel couts ! Bien souvent, l’animal est associé à la saleté ; une prolifération de rats ou de blattes est connotée à un environnement sale, insalubre. Il en va de même pour les animaux domestiques qui font clivage au sein des usagers de la ville, à cause des nuisances qu’ils peuvent générer (sonores, déjections sur la voie publique, qui de plus entrainent des couts d’entretien…). Pourtant, l’animal serait un élément contribuant au bien-être des Hommes, du moins c’est ce qu’affirme l’AFIRAC au sujet des animaux de compagnie, en défendant le fait qu’ils participent à l’équilibre du mode de vie urbain. Lors des rencontres « Animal et Sociétés » en 2008, le rapport des groupes de travail met en évidence le rôle social et éducatif de l’animal, et encourage sa bonne intégration au sein des vies et des villes, en prônant une complémentarité entre l’Homme et l’animal essentielle à un bon équilibre.Les études réalisées sur l’espace urbain ne s’intéressent généralement peu ou pas à la dimension naturelle. Mais l’émergence d’une demande de nature de la part des citadins, ainsi que les problématiques de qualité de vie en ville, posent la question de la place de la nature en ville ; d’une part d’un point de vue matériel et physique, et d’autre part, d’un point de vue culturel qui se réfère à la relation du citadin avec la nature, tant sur le plan des pratiques que des représentations (Blanc, 1996). Pour traiter cette problématique, des chercheurs de l’axe « interaction des systèmes naturels/systèmes sociaux » du laboratoire Strates ont entrepris d’interroger les citadins à propos de leur relation à la nature, et plus précisément les relations du citadin avec l’animal en milieu urbain. En effet, cette thématique n’a que très rarement été abordée lors des diverses études sur la nature en ville, et l’équipe de chercheur a choisi de traiter « l’animal urbain » pour sortir des sentiers battus du végétal. Cette étude établit que pour cerner la relation entre le citadin et l’animal, il est primordial de distinguer les notions d’animal désiré et d’animal non désiré (Blanc, 2000). Il existe peu de données sur les animaux non désirés, outre les couts de gestion qu’ils peuvent entrainer. Se démarquent alors les pigeons, les étourneaux, les rats ou encore les blattes, qui font l’objet de campagnes allant à leur encontre. Cette notion est essentielle car elle renvoie à la perception du citadin à la nature. L’animal non désiré n’y est souvent pas associé et est perçu comme dénaturé par la ville (rats qui prolifèrent, blattes qui inspirent la peur et le dégout, pigeon qui mangent les déchets, etc.). On peut alors se demander, qu’est ce qui est nature, et qu’est ce qui ne l’est pas ? L’animal quel qu’il soit en fait à priori partie (la nature est assimilée au vivant, à ce qui n’est pas humain), mais est ce que tous les animaux correspondent à la nature recherchée par le citadin ? Cette notion de désiré/non désiré renvoie bien à la question du désir et de l’affectivité, celle du dégout, de la peur…L’amour de la nature apparait donc comme très sélectif (CLERGEAU et al, 2011).

Animaux domestiques

Il convient tout d’abord de définir les termes d’animal domestique et d’animal de compagnie, deux notions souvent confondues, d’autant plus que les définitions de la nature dans la partie Introduction – I.3.2 Amélioration de la qualité de vie peuvent induire en erreur si l’on fait le rapprochement avec les animaux. Ainsi, un animal domestique est un animal appartenant à « une espèce qui a fait l’objet d’une pression de sélection continue et constante (c’est-à-dire qui a fait l’objet d’une domestication). Ceci a permis la formation d’un groupe d’animaux qui a acquis des caractères stables, génétiquement héritables » (Circulaire du 12 octobre 2004 relative à la Liste des espèces, races et variétés d’animaux domestiques). Cette définition est en réalité déduite de la définition inverse du code de l’environnement : « Sont considérées comme espèces animales non domestiques celles qui n’ont pas subi de modification par sélection de la part de l’homme.» (Article R411-5 du code de l’environnement français). Ces critères ont été précisés dans un arrêté ministériel du 11 aout 2006, qui énonce qu’un animal domestique appartient à « à des populations animales sélectionnées ou dont les deux parents appartiennent à des populations animales sélectionnées. » On notera donc bien qu’un animal né en captivité ou apprivoisé n’est pas considéré comme un animal domestique selon le droit français ; le code pénal français distingue d’ailleurs les animaux domestiques des animaux apprivoisés. L’animal de compagnie bénéficie d’un statut différent. Il est décrit dans le code rural et de la pêche maritime « On entend par animal de compagnie tout animal détenu ou destiné à être détenu par l’homme pour son agrément. » (Article L214-6). Le statut d’animal de compagnie peut donc inclure des animaux domestiques, des animaux sauvages apprivoisés ou des animaux tenus en captivité. Ce statut confère à ces animaux une protection contre les mauvais traitements, dont l’exercice est puni par la loi. Le propriétaire d’un animal est également tenu de placer ce dernier dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. Les animaux sauvages ne sont pas concernés par cette loi 

L’animal , une nouvelle preoccupation sociale a integrer dans le fonctionnement des villes

Les collectivités sont aujourd’hui conduites à s’interroger sur les modes de gestion et d’intégration de l’animal dans la cité. En effet, la présence animale dans la ville est un fait avéré, puisqu’à l’heure actuelle, 51% des foyers possèdent un animal de compagnie, dont un tiers vivent en milieu urbain, et ce chiffre est le résultat d’une augmentation de 40% depuis une vingtaine d’année (INSEE). Cette croissance de la présence des animaux de compagnie BOYER Eva – La Nature et le Citadin : Quelle nature souhaitée dans les parcs et jardins de Tours ? 23 s’est accompagnée de la mise en place de lois visant à mieux définir le statut de l’animal. Ainsi, en 1976, une loi reconnait alors l’animal comme un « être sensible » ; en 1999 le code rural fait apparaitre une nouvelle catégorie juridique d’animaux : les animaux de compagnie (définis précédemment) ; enfin, en 2005 le Ministère de la Justice se montre favorable à la distinction de l’animal d’un bien, comme il est définit dans le code civil. Cependant, la ville reste un espace vu comme d’ordre humain, et si les animaux de compagnie sont appréciés et acceptés par une grande partie de la population, la question de leur présence en ville divise et ne fait pas l’unanimité. Alors comment appréhender le « vivre ensemble », notion impliquant le partage de l’espace public et la tolérance ? Considérer l’animal en ville implique de s’interroger sur le rapport des citadins à l’animalité et sur la nature des liens unissant l’homme et l’animal. Or, les regards de l’Homme envers l’animal sont plus que divers et variés : compagnon, il peut aussi être un outil de travail, ou une source de nourriture et bien d’autres choses…mais c’est un fait, la place de l’animal prend de plus en plus d’importance dans notre société ; il devient une nouvelle préoccupation sociale. La « société souhaite non seulement que l’animal bénéficie d’une protection accrue, mais aussi que soit revue la conception même de l’animal en droit civil » (Suzanne ANTOINE, Rapport sur le régime juridique de l’animal, 2005). Ainsi, les mentalités évoluent, et la ville doit permettre au citadin de vivre avec son animal de compagnie dont le rôle social est reconnu. Il semble alors que de nouveaux enjeux apparaissent pour les villes de demain, comme définir au mieux le rôle et le statut du vivant au cœur de la cité. En effet, intégrer l’animal dans les villes implique de se demander dans quelles conditions, dans quelles limites, et surtout à quel couts ! Bien souvent, l’animal est associé à la saleté ; une prolifération de rats ou de blattes est connotée à un environnement sale, insalubre. Il en va de même pour les animaux domestiques qui font clivage au sein des usagers de la ville, à cause des nuisances qu’ils peuvent générer (sonores, déjections sur la voie publique, qui de plus entrainent des couts d’entretien…). Pourtant, l’animal serait un élément contribuant au bien-être des Hommes, du moins c’est ce qu’affirme l’AFIRAC au sujet des animaux de compagnie, en défendant le fait qu’ils participent à l’équilibre du mode de vie urbain. Lors des rencontres « Animal et Sociétés » en 2008, le rapport des groupes de travail met en évidence le rôle social et éducatif de l’animal, et encourage sa bonne intégration au sein des vies et des villes, en prônant une complémentarité entre l’Homme et l’animal essentielle à un bon équilibre.

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