La réception de l’oeuvre de Gombrowicz en France

La réception de l’oeuvre de Gombrowicz en France

Modalités de transfert culturel par la traduction 

Introduction Pour réaliser mes recherches sur les traductions des œuvres de Gombrowicz, j’ai tenté de répondre à la question : qu’est-ce l’opération de traduire ? Traduire c’est avant tout comprendre que soi-même, on parle une langue parmi d’autres, que nous ne sommes pas « seuls »26. Dans mon approche j’ai analysé les travaux de traductologues dont les recherches ont permis de jeter des regards croisés sur cette discipline bimillénaire. L’encyclopédie Wikipédia nous en donne la définition suivante : « La traductologie en tant que science, étudie le processus cognitif et les processus linguistiques inhérents à toute reproduction (traduction) orale, écrite ou gestuelle, vers un langage, de l’expression d’une idée provenant d’un autre langage (signes vocaux (parole), graphiques (écriture) ou gestuels). » Quand ce travail ne porte pas sur des textes, on parle aussi de « transposition intersémiotique » ou « transmutation » dont parlaient Jakobson et Umberto Eco. J’ai effectué un examen attentif des théories d’entre autres Antoine Berman, Georges Mounin, Umberto Eco, Michel Oustinof et Henri Meschonnic. Ce sont les travaux de ce dernier qui semblent éclairer de façon la plus complète le processus de traduire et ses enjeux en mettant au premier plan le rythme comme élément clé du processus de traduction, en continuité des travaux sur la poétique de Jakobson et également sur ceux du philologue Émile Benveniste qui à partir d’Héraclite, déplatonise le rythme27. Alors que Mounin suppose l’enfermement possible des communautés linguistiques dans des univers anthropologiques dont les frontières sont difficiles à traduire, Meschonnic lui, en fait le thème majeur de ses travaux. Les théories de Mounin, Berman ou Meschonnic sont complémentaires ; l’importance de la recherche de Mounin portant sur les universaux est aujourd’hui indiscutable. L’originalité de ma recherche consistera à rechercher le rythme dans les textes de Gombrowicz et dans les traductions françaises de ces textes à travers les plus récentes théories de traduction ; cette recherche portera sur trois œuvres Ferdydurke, Yvonne Princesse de Bourgogne et Le Mariage, leurs traductions et retraductions ; je tenterai de répondre à la question suivante : comment les textes de Gombrowicz au premier abord intraduisibles ont pu être traduits aussi brillamment et dans quelles conditions ? La question d’intraduisibilité avancée par Mounin est–elle légitime ? D’après Meschonnic non. Il articule sa recherche autour de la poétique du traduire et c’est en me basant sur ses travaux que j’ai choisi d’effectuer le travail comparatif entre les différentes versions. Regardons de plus près. Chapitre I : Traduire la langue de Gombrowicz – Question de rythme 1. Qu’est-ce traduire ? La langue est le système du langage qui identifie le mélange inextricable entre une culture, une littérature, un peuple, une nation, des individus et ce qu’ils font. C’est pourquoi si au sens linguistique du mot, traduire, c’est faire passer ce qui est dit d’une langue dans une autre langue, comme tout le reste suit, le bon sens qui s’arrête à la langue est court. Henri Meschonnic, Poétique du traduire La traduction c’est de l’énergie, l’ouverture. C’est cet espace ouvert qu’évoquait Hölderlin dans son poème Viens dans l’ouvert. Toute rencontre veut une agora. L’agora de l’art c’est l’Ouvert. Traduire c’est aussi « penser le monde » comme l’a dit Wirginia Wolf, traductrice de Dante, et le dialogue intime entre les langues et les littératures.28 Traduire c’est sortir de la solitude, du « moi, moi, moi », du solipsisme. C’est en quelque sorte une invitation de l’autre à sa table d’écriture. Comme une langue, une œuvre n’est jamais close et une traduction n’est jamais close non plus. Il y a plus d’une bonne traduction de même qu’il y a plus d’une langue, Humboldt est le philosophe qui l’a le mieux dit, bien avant Derrida, à la fin du 19ème siècle allemand. Il explique que chaque langue est comme une vision du monde, et que chaque traduction est aussi une réappropriation d’une œuvre et c’est ce qu’on voit avec Poe, Baudelaire, Mallarmé, Artaud, Pessoa, tous traduisent et se fabriquent eux-mêmes en traduisant. Chacun de ces poètes c’est lui. On entend Baudelaire, Mallarmé, Artaud, Pessoa, en entendant Poe. Et c’est à travers eux que Poe devient le grand écrivain qu’il est, devient ce que Baudelaire voulait faire de Poe, qui était un écrivain anglais méconnu, un grand écrivain français29. 28 Ce lien d’intimité entre les langues a été le sujet du colloque « Apprendre de l’intime. Entre littérature et langues », et présenté par Mireille Duchêne dans sa conférence intitulée : Des langues anciennes à une langue à soi : apprendre de l’intime chez Virginia Woolf. L’intime et l’apprendre (les langues), Mar 2016, Dijon, France. In « Apprendre de l’intime. Entre littérature et langues : actes du colloque international L’intime et l’apprendre (les langues), tenu à l’Université de Bourgogne les 27-28 mars 2014 », Louvain-la-Neuve : EME éditions, DL 2016. 29 Passo doble, le grand entretien de l’actualité culturelle par Tewfik Hakem. Entretien avec Barbara Cassin, philosophe et spécialiste de la traduction, commisaire de l’exposition au Mucem de Marseille « Après Babel, traduire » en décembre 2016. France Culture, 28/02/2017. 28 À travers l’excellente traduction de Cosmos réalisé par Allan Kosko ou celle de Transatlantique par Konstanty Jelenski et Geneviève Serreau, Gombrowicz assoit sa posture d’écrivain majeur à la fin des années soixante en France et reçoit pour Cosmos, le grand prix des éditeurs à Formentor. Dans Les problèmes théoriques de la traduction Georges Mounin reprend cette théorie d’Humboldt selon laquelle les langues exprimeraient des visions du monde irréductibles les unes aux autres. Ses recherches vont ainsi se baser sur les études attentives de la communication interhumaine, la recherche des invariants ou universaux qui rendent la traduction possible. Dans l’introduction à l’ouvrage de Mounin, Dominique Aury effectue un petit exercice, qui d’emblée, démontre les enjeux de la traduction. Ainsi, en anglais par exemple « la pensée ne court pas sur les mêmes rails ». Pour la phrase « Il traverse la rivière à la nage », cela donne en anglais « He swam across the river ». L’anglais commence ici par le mouvement du corps (he swam), notion concrète que le verbe exprime, le lieu de ce mouvement étant confié à une simple préposition (across). Le français relègue le mouvement du corps à un complément circonstanciel (à la nage), et pour lui, le mouvement est un déplacement abstrait (il traverse). Le point fixe des deux langues se trouve dans ce cas dans l’objet. Ici le mot reste indécis puisque en anglais « river » peut désigner aussi bien la rivière que le fleuve. En polonais cela donne « Przepływa on przez rzekę wpław ». Ici l’action de nager est déjà exprimée comme pour l’anglais par le verbe przepływać qui veut dire traverser en nageant et la locution prépositionnelle formant un lexème wpław (w+pław qui vient de płynąć) nager directement dans l’eau et non pas dans une barque ou un bateau. En polonais ce type de formation, même si un peu archaïque, est très fréquent : wprzódy, wstecz, wtem, wtenczas. Un autre élément caractéristique pour le polonais – l’utilisation du préfixe przepour former de nouvelles significations et que nous explorerons lors de l’analyse des textes de Gombrowicz qui en dégorgent. 

Langue au contact de l’étranger

 En 1828 Schleiermacher dit : Nous sentons, que notre langue ne peut vraiment développer sa pleine force que par les contacts les plus multiples avec l’étranger.Par cette thèse Antoine Berman commence son étude sur la traduction. Dans l’Epreuve de l’étranger, il tente de répondre à la question : qu’est-ce l’histoire de la traduction ? Pour Berman, c’est le rapport à la langue maternelle, aux langues étrangères, à la littérature, à l’expression. Faire l’histoire de la traduction « c’est redécouvrir patiemment ce réseau culturel infiniment complexe et déroutant dans lequel à chaque époque, ou dans des espaces différents, elle se trouve prise. » Il rappelle le fameux traduttore tradittore – traducteur traitre, qui prouve que la condition des traducteurs se résumait autrefois à une condition ancillaire. Or, traduire « c’est servir deux maîtres » (Franz Rosenzweig) : premièrement servir l’œuvre, l’auteur, la langue étrangère et deuxièmement servir le public et la langue propre. Choisir le maître numéro un, c’est imposer leur pure étrangeté à son propre espace culturel au risque d’apparaître comme un étranger, un traître aux yeux des siens. C’est dans ce sens que l’esprit de traduire se développe à partir du XIXème siècle. La traduction sera considérée en quelque sorte comme un métissage, « féconder le propre par la méditation de l’étranger ». L’essence de la traduction est d’être ouverture, dialogue, métissage, décentrement.59 Berman définit donc la mauvaise traduction comme celle qui généralement sous couvert de transmissibilité opère une négation systématique de l’étrangeté de l’œuvre étrangère. En est l’exemple la traduction ethnocentrique qui tend à détruire le système de l’original. Dans Poétique du traduire Meschonnic reproche aux traductions courantes de la Bible, de traduire l’énoncé, non l’énonciation ; la langue non le discours, le sens coupé du 58 Antoine Berman, L’épreuve de l’étranger, Culture et traduction dans l’Allemagne romantique, Paris, Gallimard (coll. « Les essais » CCXXVI), 1984, dernière de couverture. 59 « Dans la traduction, il y a quelque chose de la violence du métissage. Herder l’a bien senti, en comparant une langue qui n’a pas encore été traduite à une jeune fille vierge. Peu importe qu’au niveau de la réalité une culture et une langue vierges soient aussi fictives qu’une race pure. Il s’agit ici de souhaits inconscients. Toute culture voudrait être suffisante en elle-même pour, à partir de cette suffisance imaginaire, à la fois rayonner sur les autres et s’approprier leur patrimoine. », Berman, op.cit., p.16 38 rythme, au lieu de prendre son effet global où tout fait sens, rythme et prosodie autant que lexique et syntaxe. Goethe considérait par exemple que l’œuvre traduite est parfois « régénérée » sur le plan culturel et social et d’interprétation. Elle éveillerait des possibilités de lecture latente. Il distingue d’ailleurs trois types de traduction : celle qui informe, celle qui réécrit, et celle qui recrée la spécificité de l’original. Enfin sur l’exemple de la retraduction de la Bible par Luther, Berman souligne l’importance de la retraduction qui ouvre au lecteur l’accès à des œuvres dont la puissance d’interpellation avait fini par être menacée à la fois par leur « gloire » et par des traductions appartenant à une phase de la conscience occidentale qui ne correspondait plus à la nôtre. Maurice Nadeau disait à propos de l’excellente traduction de Trans-Atlantique : « la langue française s’est vu enrichir par cette traduction ». Je proposerai de regarder de plus près les modalités de cette traduction en tandem Konstanty Jeleński et Geneviève Serreau qui ont su rendre merveilleusement l’esprit de cette œuvre au lecteur français. 3. La recherche du rythme Kundera constate RYTHME. J’ai horreur d’entendre le battement de mon cœur qui me rappelle sans cesse que le temps de ma vie est compté. C’est pourquoi j’ai toujours vu dans les barres de mesure qui jalonnent les partitions quelque chose de macabre. Mais les plus grands maîtres du rythme ont su faire taire cette régularité monotone et prévisible. Les grands polyphonistes : la pensée contrapuntique, horizontale, affaiblit l’importance de la mesure. Beethoven : dans sa dernière période, on distingue à peine les mesures, tellement, surtout dans les mouvements lents, le rythme est compliqué. Mon admiration pour Olivier Messiaen : grâce à sa technique de petites valeurs rythmiques ajoutées ou retirées, il invente une structure temporelle imprévisible et incalculable. Idée reçue : le génie de rythme se manifeste par la régularité bruyamment soulignée. Erreur. L’assommant primitivisme rythmique du rock : le battement du cœur est amplifié pour que l’homme n’oublie pas une seconde sa marche vers la mort.60 Dans sa Critique du rythme, anthropologie historique du langage parue en 1982 et suivie du Poétique de traduire en 1999 Henri Meschonnic se penche sur le sens du rythme. « Ce ne sont pas les mots qu’il faut traduire, mais le rythme du discours ». Aussi, la théorie du rythme est solidaire de la théorie et de l’histoire des pratiques littéraires. En France, c’est Baudelaire, avant tout théoricien, qui a eu l’idée de la valeur des fréquences dans le vocabulaire. I

Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE 8
Première partie : Modalités de transfert culturel par la traduction
Introduction
Chapitre I : Traduire la langue de Gombrowicz – Question de rythme
1. Qu’est-ce traduire ?
2. Langue au contact de l’étranger
3. La recherche du rythme
4. Rythme et traduction : poétique de traduire
5. La transformation du discours pour le rythme
Chapitre II : Traduction de Ferdydurke – « féconder le propre par la méditation de l’étranger »
1. Traduction de Ferdydurke de Gombrowicz en Argentine
2. Transfert de Ferdydurke en Europe
3. Modalités de traduction de Ferdydurke par Brone et par Georges Sédir
3.1. Traduction auctoriale et traduction allographe
3.2. Analyse comparative des textes ; méthodologie de travail
3.3. Marqueurs forts du rythme de Gombrowicz
3.3.1. Interjections, injures, insultes
3.3.2. Diminutifs
3.3.3. Sexualité
4. Contexte et difficultés de la première traduction française de Ferdydurke de Brone à Buenos
Aires
4.1. Analyse de la table
4.2. Analyse du texte
4.3. Chansons, poèmes, couplets
Conclusion
Chapitre III : Les différentes traductions de l’œuvre théâtrale
Introduction
1. Modalités de traduction d’ Yvonne princesse de Bourgogne par Constantin Jelenski et Geneviève Serreau (1965) et par Yves Beaunesne, Agnieszka Kunor et Renée Wentzig (1998)
1.1. État factuel : extraits de correspondance entre Gombrowicz et Jeleński
1.2. La recherche des marqueurs rythmiques : paronomase, répétition, ponctuation, grotesque
1.3. Yvonne comme reflet perverti d’Ophélie, le mélange du « pas sérieux » et du « terrible »
1.4. Le « visiteur mystérieux » pour semer la discorde
1.5. Bouc émissaire ou victime sacrificielle ? Dimension anthropologique de l’œuvre. Les mythes fondateurs
Conclusions
2. Modalités de traduction du Mariage par Koukou Chanska et Georges Sédir (1965) et par
Boguslawa Schubert et Daniel Martin (1985)
Introduction
2.1. La langue de Gombrowicz dans Le Mariage
2.2. Structure et anti-structure
2.3. Margot et la crise mimétique
2.4. Traduction et Doppelgänger
2.5. Théâtre et son double
2.6. L’intersubjectivité ou l’église terrestre
Conclusions
3. Extraits de correspondance (traduits par nos soins) à propos des traductions des autres œuvres
Deuxième partie : Gombrowicz et son milieu socioculturel. Généalogie littéraire de l’ecrivain
Introduction
Chapitre I : « je me trouvais toujours « entre », je n’étais inséré à rien »
1. Retour vers l’enfance : le giron familial de Małoszyce (1904-1911)
2. À la découverte de la capitale (1911-1928)
3. Varsovie et ses courants artistiques
4. Contre Paris – premiers voyages en Europe
5. Retour à Varsovie et débuts littéraires
5.1. Mémoires du temps de l’immaturité
5.2. Yvonne, princesse de Bourgogne
5.3. Ferdydurke
5.4. Les Envoûtés
Conclusion
Chapitre II : L’exil vers le « no mans land argentin »
Introduction
1. Première période de l’exil – vie « tzigane »
2. Retour à la littérature 1945-1947
3. A partir de 1955 – le dégel en Pologne
Chapitre III : Lutte pour la gloire – retour en Europe
1. Contexte
2. Le roman français après la guerre
3. Le théâtre en France après la guerre
3.1. Jorge Lavelli
3.2. Jacques Rosner
Conclusion
Troisième partie : Réception : traduction et édition des œuvres comme marqueurs forts du rythme de la réception littéraire
Introduction
Chapitre I : Un bref aperçu des théories de la réception
Chapitre II : Analyse de la rythmicité : réception audiovisuelle de l’œuvre de Gombrowicz
1. Bibliographie commentée : les archives INA
Conclusion
Quatrieme partie : Correspondance, dialogues, reception académique
Introduction
Chapitre I : Première phase de réception
1. Correspondance, dialogues
1.1. Confrontations avec Czesław Miłosz
1.2. De l’art – échanges avec Jean Dubuffet
1.3. François Bondy
1.4. Les Polonais en France : Jerzy Giedroyc et Konstanty Kot-Jeleński
Chapitre II : Les influences littéraires
1. Kundera, Finkielkraut, Proguidis
1.1. La traduction et la réécriture chez Kundera
1.2. Homo sentimentalis
1.3. « Le territoire où le jugement moral est suspendu »
Chapitre III. L’humanisme
1. « L’homme, là-bas, n’est plus un objet à sa portée mais déjà, et sans prévenir, le prochain. »
Alain Finkielkraut
2. Eglise interhumaine, visage, l’homme nu
Chapitre IV : La recherche académique en France
1. Les gombrowiczologues
2. La réception de Kronos
2.1. « Je n’écris rien »
2.2. Kronos ou la littérarité perdue.
2.3. L’angoisse de l’agonie et l’érotisme
2.4. La réception de Kronos en France
Conclusion
Index des noms
BIBLIOGRAPHIE .
1. Œuvre de Witold Gombrowicz en polonais
2. Œuvre de Witold Gombrowicz en français
3. Correspondence
4. Traductologie et linguistique
5. Réception, critiques, études sur l’œuvre de Witold Gombrowicz
6. Etudes générales en sciences humaines
7. Autres oeuvres littéraires
ANNEXES
Article présenté lors de la journée des doctorants en 2013
EXEMPLES DE NOTICES INA
Notice INA 1
Notice INA 2
Notice INA 3
BIBLIOGRAPHIE RADIO INA
BIBLIOGRAPHIE TELEVISION INA
Entretien avec Rita Gombrowicz
Photographies Rita Gombrowicz
Correspondance Maurice Nadeau – Witold Gombrowicz : Archives privées de Rita
Gombrowicz
Photographies et documents réception Kronos en France
Photographies et documents ouverture espace muséal Vence
Abstract

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