Le concept du respect de l’enfant

Définition

Avant de préciser ce que nous voulons entendre par : respect de l’enfant, nous nous proposons d’abord d’expliquer ce qu’est un enfant. A cet égard, trois points de vue attirent notre attention, à savoir, le côté juridique, la part du psychologue et la position du philosophe.

Les trois points de vue 

Point de vue juridique 

Dans le monde juridique, le mot enfant est désigné par le terme mineur. Ici, chaque branche admet sa propre acception. Le droit civil notamment malgache, conçoit la majorité civile, à l’appui de l’ordonnance du 19 Septembre 1962 ; laquelle fixe à vingt et un ans la majorité civile. De ceci, nous pouvons déduire que la minorité civile correspond à tout âge inférieur à vingt et un. Le mineur est donc celui qui n’atteint pas sa vingt et unième année. Dans l’univers du droit civil, tout mineur ne bénéficie pas l’octroi de libre capacité d’exercer les droits civils, comme d’en jouir. Un mineur, par exemple, ne peut pas participer à un contrat relevant des affaires civiles et commerciales. Nous pouvons citer le contrat de vente entre autres. Si la majorité civile est de vingt et un ans, la majorité pénale s’avère fixée autrement. Là, les législateurs édictent :

Tout adolescent âgé de moins de dix-huit ans est considéré comme mineur. En concevant ainsi, les pénalistes supposent que les adolescents appartenant cette classe d’âge n’ont pas assez de faculté de discernement dans leurs actions. C’est pourquoi on détache d’eux la responsabilité pénale. En effet infliger une peine à un mineur présente plutôt des inconvénients que des avantages.

A côté de ces deux optiques, nous pouvons signaler la majorité électorale. Majorité qui précise l’âge minimum des citoyens permis de participer au suffrage universel. On parle ici du droit de vote.

Cette majorité coïncide généralement avec la majorité civile, qui est de vingt et un ans. Dans certains pays comme Madagascar, elle est abaissée à dix-huit.

Enfin, la majorité matrimoniale n’est pas à omettre. Cette majorité est liée à la capacité de procréer. Les spécialistes du droit de la famille ont estimé cette puberté à quatorze ans chez les filles et dix sept ans chez les garçons.

Tels sont les points de vue juridiques. Voyons la perspective psychologique.

Point de vue psychologique

Un dictionnaire définit l’enfance comme étant :

la période de la vie qui s’étend de la naissance à l’adolescence.

Et le concepteur du dictionnaire d’ajouter qu’il s’agit ici d’une étape nécessaire pour la transformation du nouveau-né en adulte. Un autre psychologue , DUCHE , partage le même point de vue, pour ce qui est de l’idée de la transformation en adulte. Cette transformation s’aperçoit par la forte croissance de la taille et du poids durant les deux ou trois années menant à son terme l’adolescence biologique. Nous pouvons, en outre, remarquer l’apparition des caractères sexuels secondaires. Chez les garçons, la voix mue, la moustache et la barbe poussent. Chez les filles, la première menstruation apparaît. Chez les deux sexes, les poils de pubis se développent. Il s’agit d’un signe annonciateur de l’aptitude à la procréation. Nous nous imaginons que les juristes se seraient appuyés de cette maturité sexuelle, pour la fixation de la majorité matrimoniale. Mais encore faut-il souligner l’existence de ce qu’est l’adolescence sociale. SILLAMY, à travers son article, fait remarquer que la civilisation occidentale conçoit l’adolescence sociale autrement que pour l’adolescence biologique. La meilleure façon de définir la fin de l’adolescence, précise-t-il, est sans doute la plus empirique : c’est le moment où l’individu est reconnu comme étant adulte par la société à laquelle il appartient. Cette conception d’adolescence sociale fait rappeler le propos du philosophe ALAIN.

Acception du mot enfant, selon ALAIN.(1868-1951) 

Dans son livre intitulé : propos sur l’éducation, le philosophe dit :

J’appelle enfant l’être humain en pleine croissance, (…) avant qu’il ait le souci de gagner sa vie, ou ce qui est la même chose, avant qu’il puisse s’instruire par directe expérience, donc nourri, gouverné, et protégé par la famille.

Cette position d’ALAIN apparaît rejoindre le point de vue psychologique. En effet, l’expression « en pleine croissance » fait allusion à l’adolescence biologique. Tandis que les énoncés « souci de gagner sa vie » et « s’instruire par directe expérience » traduisent les vécus de la vie socio-économique. C’est là l’enjeu de l’altruisme. L’altruisme c’est la tendance à s’intéresser aux autres, à se montrer généreux et désintéressé. Cela fait l’objet d’un autre apprentissage : celui de la vie d’adulte. L’individu doit, par conséquent, se débarrasser de la dépendance nutritive. Il doit également se passer de la gouvernance et de la protection familiale. Bref, il doit travailler pour gagner son pain. Fini l’égocentrisme . Au lieu de tout ramener à soi, comme il fait depuis, il va apprendre à mieux décharger ses potentialités altruistes, à mieux servir les autres. C’est la réussite de ses activités altruistes qui garantit la meilleure productivité de son travail. Le jeune homme apprend, désormais, à ne pas être terrassé par l’échec ; mais plutôt de s’en servir en vue de mieux faire dans le futur. Le terme alainien d’« instruction par directe expérience » nous semble convenablement employé dans ce sens. C’est le principe de la formation de personnalité, donc de la maturité. D’après un certain MAUCO,

la maturité personnelle se manifeste par l’harmonie intérieure et l’harmonie des rapports avec le milieu.

Signification du mot : respect

Observons, pour commencer, ce qu’a écrit LE PETIT LAROUSSE.

Signification selon le dictionnaire, Le PETIT LAROUSSE, illustré, 1994

Selon ce dictionnaire, le substantif respect désigne le sentiment qui porte à traiter quelqu’un ou quelque chose avec de grands égards, à ne pas porter atteinte à (ce quelqu’un ou quelque chose).

Le respect est donc, tout d’abord, un sentiment, c’est-à-dire une émotion, une chaleur affective. Cette chaleur affective doit être particulièrement ouverte à l’enfant. Puisque la chaleur dégage de l’énergie, la fonction motrice opérée par cette énergie doit porter l’individu stimulé, sans doute adulte, à traiter l’enfant avec de grands égards. Qui dit grands égards dit attentions considérables.

Signification d’après KANT

Chez KANT, le seul sentiment compatible avec le devoir moral, ce n’est pas un sentiment pathologique qui relève de la sensibilité comme tous les autres, c’est-à dire de la partie passive de notre être, mais la ,

représentation d’une valeur qui humilie mon amour-propre et qui exprime la conscience que j’ai de la subordination de ma volonté à une loi émanant de la raison.

Nous pouvons tirer de cette conception kantienne, que le respect est bel et bien un sentiment, comme LAROUSSE le conçoit. Toutefois, il s’agit d’un sentiment « non pathologique ». Le premier moteur de ce respect ne correspond pas à la chaleur affective, comme chez ALAIN. Ce respect relève plutôt d’une « loi émanant de la raison ». Par analogie à la conception platonicienne, le respect relève de l’activité de la troisième partie de l’âme humaine. En effet, aux yeux de PLATON, l’âme humaine comporte trois parties, à savoir, la raison, la colère, la concupiscence.

Signification suivant Oxford power dictionary, 1993

Pour ce qui est du substantif respect, voici ce qu’a écrit ce dictionnaire britannique :

respect for sb/sth : care for or attention to sb/sth care (for sb ) 2/ looking after people so that they have things they need ; responsibility for sb/sth .

Il est donc, tout d’abord, de care for, de soins. Soins octroyés particulièrement à quelqu’un, ici, à l’endroit de l’enfant. Ces soins spécifiques à l’égard de l’enfant, admet pour but, la satisfaction de ses besoins. L’enfant n’étant pas encore à même de satisfaire à ses aspirations, la prise de responsabilité de l’adulte ne doit pas tarder. L’adulte, en d ‘autres termes, est appelé à s’engager. L’engagement en question se manifeste par les soins apportés à l’enfant. Soins qui constituent l’élément primordial de l’éducation à la conception kantienne.

Ce que nous entendons par : respect de l’enfant

L’enfant, nous l’avons vu, est un être humain qui vit encore dans une instabilité physique et psychologique. L’humanité en lui ne doit pas, par conséquent, être absorbée dans l’humanité de l’adulte. Ce sont deux natures différentes qui ne méritent pas être confondues. Il ne faut donc pas le faire agir à la merci de l’adulte. Il doit agir à sa façon. C’est cela qui est conforme à sa nature d’enfant. Il doit agir également pour son intérêt, mais pas pour l’intérêt de l’adulte, ni pour la société. Il n’appartient à lui de s’adapter ni à la société, ni à l’école. Ce sont ces dernières qui doivent ployer leurs efforts pour lui. L’enfant, étant encore inachevé, du point de vue physique et psychologique, il appartient à l’adulte de le faire sortir de cet état d’inachèvement. Par le truchement d’une éducation appropriée, évidemment. Toutes failles commises dans ce domaine de l’éducation façonnent de faux adultes. Nous entendons donc par : respect de l’enfant, une intervention appropriée, des praticiens de l’éducation en vue de faire de l’enfant, un futur véritable adulte, mûr, non seulement du point de vue physique, mais aussi intellectuellement et moralement. Ce respect de l’enfant fait l’objet d’une déclaration, adoptée par les Nations Unies ; déclaration à partir de laquelle nous allons approfondir un peu plus notre investigation. C’est ce que nous sommes sur le point d’entamer.

Table des matières

INTRODUCTION
Première partie : Le concept du respect de l’enfant
Chapitre premier : Définition
Chapitre 2 : Le respect de l’enfant et la déclaration universelle des droits de l’enfant du 20 novembre 1959
Chapitre 3 : Le respect de l’enfant et l’éducation
Deuxième partie : Le respect de l’enfant en milieu rural malgache
Chapitre premier : Le respect du droit à l’entretien
Chapitre 2 : Le respect du droit à l’éducation et à l’instruction
Chapitre 3 : L’inadaptation et la délinquance juvénile comme répercussion dangereuse à la promotion de l’enfant
Troisième partie : L’école de proximité
Chapitre premier : Formation des jeunes pionniers de relancement économique
Chapitre 2 : Ouverture d’un centre d’éducation fonctionnelle
Chapitre 3 : L’école du premier degré
Chapitre 4 : Recrutement pour l’école du second degré
CONCLUSION

Télécharger le document complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *