Dieu dans la theorie cartesienne de la connaissance

La philosophie n’a pas cessé d’évoluer depuis l’antiquité. Mais malgré les différentes formes de philosophies, le but reste constant : trouver la vérité. La vérité est ainsi l’objet de toutes recherches philosophiques quelle que soit l’époque en question.

L’époque moderne est surtout marquée par le fait que la raison humaine occupe une place importante et très authentique dans l’étude de la vérité. En effet, le rationalisme moderne marque un tournant de l’Histoire de la Philosophie, justement à cause de cette importance donnée à la lumière de la raison humaine. Descartes procédait aux preuves de l’existence de Dieu par voie de raisonnement.

René Descartes, philosophe, physicien et mathématicien a été surtout remarqué pour ses formules algébriques et pour sa participation à la découverte de la géométrie analytique. Il a également mené des études en astronomie et en médecine. Toutes ses études scientifiques ont certainement marqué son esprit.

LA THEORIE CARTESIENNE DE LA CONNAISSANCE

L’IMPORTANCE DU BON SENS

Le bon sens, une faculté universelle

Selon Descartes, aucune vérité ni connaissance ne peut être trouvée sans le bon sens. Selon ce point de vue, tout ce qui existe est prétendu intelligible pour le bon sens de l’homme. La première phrase du Discours est très significative sur ce point lorsque Descartes affirme que « le bon sens est la chose la mieux partagée du monde » . Cela signifie, avons-nous dit précédemment, que la raison appartient à tout le monde sans exception. Par conséquent, l’homme est en quelque sorte porteur de lumière.

Il a remis en question les enseignements qu’il avait reçus au Collège de la Flèche durant son enfance . A son avis, puisque nous avons naturellement une lumière en nous, nous pouvons l’utiliser par nous-mêmes pour trouver ce qui est vrai.

Ainsi, Descartes affirme que la connaissance de ce qui existe dépend de la raison car celle-ci est bien « une lumière naturelle » et un don de Dieu . Pour lui, l’homme est naturellement doté de la faculté naturelle de découvrir tous les savoirs par le bon sens qui l’identifie spécifiquement. Grâce à la raison, tout peut être connu, révélé et découvert.

Si cette raison appartient à tout le monde, c’est qu’elle n’est pas de nature matérielle mais spirituelle car elle est égale en nous tous. C’est la raison pour laquelle Descartes va oser utiliser le doute méthodique. Il savait que cette faculté universelle est de nature non matérielle.

On voit bien que selon la vision cartésienne, la raison comme faculté de connaître tient une place importante dans notre identification en tant qu’être humain, c’est-à-dire en tant que « sujet pensant ». Regarder tout homme comme un « être qui pense » ou « un être pensant », revient du système cartésien qui voit dans la raison un don que Dieu a donné à tous les êtres humains qui qu’ils soient et où qu’ils soient.

Ainsi, selon la vision cartésienne, la raison a naturellement la puissance d’établir une vraie connaissance et fait de l’homme un être connaissant et un être pensant. S’il y a une erreur, cela ne viendra pas du tout de la raison en tant que telle, mais de la volonté qui acceptera une donnée non confirmée par l’analyse rationnelle.

Le bon sens, une faculté de jugement

La raison ou le bon sens est défini par Descartes comme étant « la puissance de bien juger et de distinguer le vrai d’avec le faux » . Cette raison nous aide à bien juger ce qui est vrai et à éviter l’erreur car cette dernière « consiste à affirmer ce qui n’est pas » . La raison représente un moyen honnête qui permet de bien discerner le bien du mal et le vrai du faux. Pour Descartes, la raison ou l’entendement est là pour nous assurer la vérité d’une chose ou pour la nier. En effet, Léon-Louis GRATELOUP explique : « juger est défini, en un sens cartésien comme l’action de notre esprit qui joint des idées, et non pas simplement en sens platonicien comme contemplation purement passive des idées » . Les commentaires d’Emile THOUVEREZ nous indiquent bien que la question de l’erreur vient du concours des deux facultés, à savoir « l’entendement fini et la volonté infini » . La volonté, puisqu’elle est infinie et libre, peut donner ou refuser son accord vis-à-vis de ce qui lui est présenté à tout moment. Très souvent, elle accepte une représentation confuse comme vraie. C’est la raison pour laquelle Descartes nous invite à suspendre notre jugement jusqu’à ce que nous soyons sûrs que notre idée est claire et distincte. Même les savoirs et les opinions acquis dès son enfance seront mis en doute, donc jugés par Descartes car « la première et la principale cause de nos erreurs, dit-il, est les préjugés de notre enfance » . Or, les préjugés sont justement le contraire des jugements réfléchis. Ils sont des croyances qui se sont insensiblement installées dans nos esprits sans que leur contenu n’ait jamais été examiné. Les enfants mémorisent progressivement ces préjugés et les considèrent comme vrais même plus tard .

Il est évident que pour Descartes, la raison est le seul à pouvoir juger du vrai et du faux. C’est seulement après le jugement de la raison que la volonté doit accepter que telle ou telle chose soit vraie. Ainsi, commettre une erreur signifie, dans la vision cartésienne, manqué à la démarche méthodique. Il faut noter donc que l’erreur n’appartient pas du tout à la raison en tant que telle. Dieu nous l’a donnée en tant que faculté capable de connaître tout ce qui est connaissable et en tant que lumière. Or, une lumière ne peut donner que la lumière, elle ne peut pas être une obscurité. S’il y a une erreur, la responsabilité reviendra alors à la volonté et non à la raison qui est naturellement dotée du pouvoir de faire la distinction entre ce qui est vrai et ce qui est faux.

La méthode doit donc accompagner la raison et cette méthode consiste à respecter les règles prescrites. Contrairement à ses prédécesseurs, Descartes voit dans l’intuition quelque chose d’intellectuel et non une sensation extérieure. Il s’en suit que pour lui, la déduction est la grande règle à respecter et non l’induction conseillée depuis Aristote. C’est ce que nous allons aborder par la suite.

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Le bon sens et la méthode

L’intuition de Descartes est d’ordre intellectuel. Nous l’avons déjà signalé plus haut. Elle ne vient pas des sens comme le passent les esprits communs. Relativement à cela, Descartes optera pour la méthode déductive.

a. La règle d’intuition

Il a été mis en évidence que la raison a le pouvoir de juger selon Descartes. En conséquence, elle permet, non seulement de juger et de découvrir la vérité, mais également de voir clair dans les actions et les chemins à suivre.

Dans la théorie cartésienne de la connaissance, « voir » et « avoir des règles» vont de pair. Ainsi, afin que l’homme puisse découvrir la vérité, il ne peut pas se contenter de sa simple façon de voir ni de sa simple conception, mais il doit se conformer à des règles : « la raison toute seule n’est pas suffisante, dit-il, car ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon mais le principal est de l’appliquer bien » . La raison en tant que telle est naturellement bonne, mais elle ne suffit pas si le sujet qui l’utilise n’est pas méthodique. Cette méthode consiste à suivre une méthode de démarche gérée par des règles.

En effet, Descartes fait recourir à l’intuition dans la recherche de la vérité mais sans passer par l’expérience. Pour lui, l’intuition est définie comme la connaissance claire, évidente, vraie et certaine, qui saisit immédiatement les objets à connaître. « C’est une connaissance première, gratuite et certaine que nous touchons de l’esprit avec plus de confiance qui nous n’en donnons au rapport de nos yeux » . Elle permet de découvrir et de capter rapidement les objets à connaître en excluant toute expérience sensible.

Si telle est la conception générale de cette notion, aux yeux de Descartes, les vérités découvertes par l’intuition seront des vérités simples. Voici ce qu’il dit encore : « j’entends par l’intuition, la conception d’un esprit sain et attentif si facile et si distinct, qu’aucun doute ne reste sur ce que nous comprenons » . L’intuition révèle ainsi une connaissance vraie par la raison et pour la raison. Elle exclut l’expérience sensible pour saisir son objet. L’intuition est alors une opération de la raison qui saisit directement les vérités. Pour qu’une connaissance soit validée, elle doit être saisie par l’intuition. François-Joseph THONNARD poursuit : « l’intuition cartésienne, alors, est une vraie connaissance de vérité » .

b. La règle de la déduction

Par la règle de la déduction, la raison humaine peut affirmer la généralité d’un phénomène. Dans la théorie de la connaissance cartésienne, une connaissance est rationnelle si elle est issue d’une règle de déduction. Contrairement à l’induction qui part du particulier, la déduction se réfère à la généralité c’est-à-dire à un principe directeur qu’on ne peut pas éclipser. En tant que principe, la déduction gère l’activité en l’orientant toujours en fonction du général, de l’universel et non des cas particuliers qui peuvent changer tout le temps.

Comme il a été dit pour la règle de l’intuition, ce sont des idées simples qu’on peut saisir, tandis que les idées complexes sont à découvrir. Pour Descartes, toutes les vérités, existant dans notre monde, doivent être démontrées. Face à tout cela, la raison exige la déduction pour avoir une connaissance vraie. La déduction est alors: « une opération par laquelle on conclue rigoureusement d’une ou plusieurs propositions prises pour prémices […] » . La déduction doit tenir compte de la présence de l’intuition pour parvenir à la vérité.

Nos idées ne viennent pas de notre faculté propre, ni de notre volonté. Elles nous sont innées, dit Descartes mais elles ne sont pas toujours simples. Elles sont parfois complexes et ont besoin d’être réduites en idées simples pour être saisies intuitivement. Après, on devra les synthétiser. Cette fonction de la raison permet d’avoir les idées claires et distinctes, c’est la règle de la déduction.

Dans la conception cartésienne de la connaissance, la règle de déduction représente le principe à suivre. La raison, pour atteindre la vérité, l’utilise. Les règles d’intuition et de déduction sont différentes l’une de l’autre, mais elles ne sont pas contradictoires, elles sont complémentaires.

Pour avoir une connaissance parfaitement rationnelle, la raison doit utiliser ces deux règles. Descartes est convaincu de l’efficacité de ce système. Pour lui, seule l’intuition qui, avons-nous dit, ne passe pas par les sens, et la déduction qui part du général en tant que principe, peuvent nous faire atteindre la connaissance des choses sans risque de commettre des erreurs.

Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE : LA THEORIE CARTESIENNE DE LA CONNAISSANCE
INTRODUCTION
I-I: L’IMPORTANCE DU BON SENS
I-I-1: Le bon sens, une faculté universelle
I-I-2: Le bon sens, une faculté de jugement
I-I-3: Le bon sens et la méthode
a. La règle d’intuition
b. La règle de la déduction
I-II: DES REGLES DE LA METHODE AU DOUTE METHODIQUE
I-II-1: Les règles proprement dites
a. La règle d’évidence
b. La règle d’analyse
c. La règle de synthèse
d. La règle de vérification
I-II-2: L’idée du doute
a. Le doute cartésien et le doute sceptique
b. L’universalité du doute méthodique
c. Le doute hyperbolique
d. Le doute métaphysique
I-III: LE « COGITO » COMME PREMIERE EVIDENCE
I-III-1: La découverte du cogito
I-III-2: Le « je suis » du cogito
I-III-3: L’évidence du spirituel
CONCLUSION
DEUXIEME PARTIE : LA CONCEPTION CARTESIENNE DE DIEU
INTRODUCTION
II-I: LES PREUVES DE L’EXISTENCE DE DIEU
II-I-1: La preuve introspective de Dieu
a. La preuve par l’idée de Dieu en moi
b. Dieu, cause de sa propre idée
c. L’idée de l’existence de Dieu, claire en l’homme
II-I-2: La preuve cosmologique
a. L’homme, le sujet créé
b. Dieu, cause universelle
II-I-3: La preuve ontologique
a. La Preuve par l’idée en soi
b. Le rapport avec les idées mathématiques
c. L’approche spécifique de la question
II-II: LE DIEU DE DESCARTES
II-II-1: Dieu omnipotent et omniscient
a. Dieu créateur
b. Dieu vérace
II-II-2: Dieu garant
a. Dieu, garant des vérités rationnelles
b. Dieu, garant de l’existence
II-II-3: Les impacts
a. Dieu, le fondement des connaissances
b. Dieu, le dépassement de l’incertitude
c. Théodicée cartésienne
CONCLUSION
CONCLUSION GENERALE

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