Le reflet de l’intervention humaine

Le reflet de l’intervention humaine

Tout au long du XIXe siècle, l’Orge est relativement peu touchée par une pollution de type industrielle. A vrai dire, « il faut attendre juillet 1894 pour voir la première grande pollution de l’Orge provoquée par les rejets des tanneries de Longjumeau »427, lesquelles « souillent l’Yvette avec leurs nouveaux procédés de traitement de cuir à base de chrome »428. L’Yvette se jetant dans l’Orge, si la première est polluée, la seconde se voit également contaminée. Il en va de même avec tous les autres affluents de l’Orge, et notamment la Rémarde à Arpajon, fortement occupée par les activités humaines. La santé de la rivière dépend en partie de l’état des eaux qu’elle reçoit tout au long de son parcours. Elle dépend aussi et surtout de l’utilisation de son cours principal. Nous avons déjà évoqué la présence d’un certain nombre de tanneries à Arpajon. Celles-ci rejettent leurs produits dans l’Orge et corrompent les bords de la rivière rendant l’eau impure à la consommation, si bien que les habitants doivent aller la puiser au centre de la rivière -là où elle est plus pure- au moyen de planches montées sur des pieux429. Outre ces tanneries qui polluent l’Orge même faiblement mais de façon avérée, certains établissements classés comme dangereux et insalubres se situent non loin du cours d’eau et sont susceptibles de le souiller, que ce soit volontairement par le déversement d’eaux usagées ou accidentellement lors d’inondations par exemple. Le registre de ces établissements dangereux et insalubres fait part de deux installations se trouvant à proximité de l’Orge. La première est située à Athis, il s’agit d’un marteau-pilon mû par la vapeur, à l’usine d’acier de M. Baudry430. Et la seconde est située à Viry, il s’agit d’un four pour fabrication sur place et cuisson de la poterie appartenant à M. Blanchard431.

Le four en question est installé sur un terrain au bord de la route impériale n°7, à gauche en se dirigeant vers Paris432 (Annexe 34). Or, à cet endroit ont été creusés des fossés qui mènent les eaux pluviales vers le bras dit de décharge de l’Orge. Par conséquent, les eaux qui lavent le sol de la propriété et charrient de nombreuses saletés sont dirigées tout droit vers la rivière.Bien plus en amont, au domaine de Vaucluse, l’asile d’aliénés devient très vite une source de pollution pour l’Orge. Les travaux débutent en 1865, et l’établissement ouvre ses portes le 26 janvier 1869. Dans l’un de ses ouvrages, Jacques Peyrafitte cite l’instituteur d’Épinay, lequel note dans sa monographie que les eaux de la rivière « en passant à l’asile de Vaucluse […] sont en grande partie employées dans l’établissement [et] reviennent au lit chargées de souillures, contaminées »433.La dégradation des eaux de l’Orge n’intervient réellement que fin XIXe siècle, elle s’accélère à partir des années 1870 puis des années 1880. A Savigny par exemple, ce n’est que le 20 décembre 1904 qu’est pris un arrêté par le maire interdisant le déversement des eaux industrielles dans la rivière434. Auparavant, un rapport daté du 18 septembre 1891 fait état d’un manque de poissons dans les rivières d’Orge, de Rémarde et d’Yvette du fait du déversement des eaux industrielles435. Un autre rendu un an plus tôt cible plus particulièrement l’Orge depuis l’Yvette jusqu’à la Seine, et explique le dépeuplement de la rivière par ses eaux insalubres qui empoisonnent les poissons436. Ceci permet de mettre en évidence l’importance de la pollution des eaux de l’Yvette qui se déversent dans l’Orge.

A certains endroits, l’Orge est chargée de boues et d’immondices. A Arpajon notamment, la rivière sert d’égout aux habitations riveraines. Les immondices, herbes et autres corps étrangers qui sont rejetés dans la rivière descendent alors le cours de l’eau et s’accumulent le long des berges, rendant les abords de l’Orge tout à fait impropres à quelque utilisation que ce soit437. Dans cette commune, c’est principalement au niveau du terre-plein que la rivière, bordée d’habitations, est sujette à envasement438. En effet, plus la présence de l’Homme est importante, plus elle a tendance à se faire sentir sur l’environnement. Ici, c’est la rivière d’Orge qui pâtit des déversements résiduaires des propriétés riveraines. Un rapport d’ingénieur en date du 28 janvier 1860 nous apprend que les riverains ne sont pas les seuls à envoyer dans le cours d’eau des matières encombrantes et insalubres -lesquelles pourraient d’ailleurs être moindres en appliquant avec plus de zèle le règlement de police, mais que la commune d’Arpajon elle-même s’adonne à cette pratique439. Par ailleurs, toujours à Arpajon, l’Orge reçoit les eaux de la boële Morand qui sert également d’égout aux propriétés lui étant riveraines et qui charrie un grand nombre d’immondices440. A cela viennent s’ajouter les eaux pluviales, lesquelles lavent le sol et emportent jusqu’à la rivière une quantité non négligeable de terre et de saletés diverses441. L’encombrement de l’Orge aval pose d’importants problèmes d’hygiène qui se retrouvent dans plusieurs communes tout au long du cours d’eau, depuis Arpajon jusqu’à la Seine.

 

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