Le savoir-faire des plans

Le savoir-faire des plans

En un temps très court, l’urbanisme devient, dans l’Angleterre en reconstruction des années 1940, un sujet important aux yeux des professionnels et du public. Cet intérêt général donne lieu à la publication de nombreux « plans » urbains et il favorise la construction d’une nouvelle représentation de l’urbaniste comme expert professionnel. Celle-ci s’accompagne de la volonté de constituer une discipline spécifique, le « town design », et de diffuser les savoirs qu’elle développe. Dans ce chapitre, je montre d’abord en quoi cette diffusion, facilitée par les nouvelles réglementations, s’appuie sur la production d’un ensemble de documents urbanistiques : plusieurs manuels issus d’un groupe de recherche du ministère de l’Aménagement du territoire, les directives émises au sein du LCC et de nombreux plans de villes. J’étudie ensuite quatre plans qui me paraissent représentatifs des démarches urbaines de l’époque. Je montre comment ces plans sont des supports pour la construction de doctrines. Si je m’intéresse tout particulièrement aux méthodes mises en place, je me penche aussi sur les concepts qui y sont en jeu et plus particulièrement sur celui, essentiel, de neighbourhood unit. l’urbanisme sont publiés : les rapports Barlow, Uthwatt et Scott28. En 1939, le rapport Barlow émet des recommandations de nature stratégique, comme la mise en place d’un ministère de l’Aménagement du territoire (Ministry of Town and Country Planning). Il préconise la lutte contre la congestion urbaine et l’équilibre du développement industriel au niveau régional. Le second rapport, publié en 1942, répond à des interrogations sur la reconstruction des zones bombardées. Ses recommandations pour le contrôle et la définition de zones qui devront être réaménagées comme un tout, aboutit à la loi de 1944 qui habilite les autorités locales à prendre possession des zones détruites. Le troisième rapport traite des zones rurales et prévoit leur protection.

Les nouvelles législations en matière d’urbanisme après-guerre

Avant-guerre, les questions d’urbanisme dépendaient du ministère de la Santé. Pendant la guerre, suite aux bombardements qui ont dévasté la ville, le gouvernement met en place un « ministère de la construction et de l’urbanisme » dont la charge est confiée à lord Reith. Sous cette autorité, de nouvelles commissions prennent en charge les problèmes d’urbanisme. En février 1941, le premier « Cabinet Committee » dédié aux questions de reconstruction est formé. Un des bureaux du nouveau ministère, le Planning Technique Office, placé sous la direction de William Holford et, par la suite, de son très bon ami Gordon Stephenson29, développe alors un programme de recherches urbaines. L’objectif est la préparation de projets de reconstruction qui pourront être lancés trois ans après la guerre. Le champ de recherche de ce comité est l’urbanisme opérationnel, comprenant propositions spatiales et aspects législatifs des réformes du Town and Country Planning. Le travail du Planning Technique Office donne lieu, en 1947, à la publication d’un manuel, le Handbook on the Redevelopment of Central  Le ministère, face à l’absence de cadre législatif qui permettrait de contrôler le développement urbain autrement que par un avis des conseils locaux sur les propositions des promoteurs privés, instaure une première loi sur le développement urbain en 1944. La loi de 1944 met en place les “reconstruction areas”. La loi de 1944 permet aux services d’urbanisme des autorités locales de définir des zones urbaines, dénommées « designated areas », dont la reconstruction, après les destructions liées aux bombardements, devrait se faire de manière globale. Le Town and Country Planning Act permet ainsi aux autorités locales de déposer des demandes d’acquisition des zones bombardées et de leurs alentours afin de pouvoir prendre en charge leur reconstruction. Ces CDA ou reconstruction areas mettent le plus souvent en place une séparation des fonctions. Ces projets, comme le relève Gold, sont en fait souvent des outils de planification appliqués au développement des centres-villes, incorporant des bureaux et des commerces, et n’ayant que peu d’impact sur la construction de propriété du sol ne donne pas le droit de développer un terrain. Son développement ne peut avoir lieu qu’après l’obtention d’un permis d’urbaniser (planning permission) donné par un service d’urbanisme d’une autorité locale ou par le ministère en charge de l’urbanisme. Le pouvoir de délivrer ces permis est accordé à 145 départements sur les 1400 existants. Ces 145 départements d’urbanisme ont également la tâche d’établir des « plans de développement des villes » (outline development plans) et de les soumettre au ministère de l’Aménagement du territoire pour approbation, le gouvernement gardant ainsi un contrôle sur la construction des villes. Les autorités locales doivent produire des « plans de développement » auxquels les nouveaux développements devront se conformer.

 

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