Le service de l’eau dans les quartiers irréguliers des grandes métropoles du Tiers Monde

Les opérateurs privés du service de l’eau dans les quartiers irréguliers des grandes métropoles et dans les petits centres en Afrique

Le service de l’eau dans les quartiers irréguliers des grandes métropoles du Tiers Monde

De quels quartiers parle-t-on ?
Ce ne sont pas les adjectifs qui manquent pour désigner les quartiers les plus pauvres des grandes villes du Tiers Monde : quartiers précaires, mal lotis, populaires, insalubres, périphériques, spontanés,….et tous ces adjectifs ne s’appliquent pas avec un égal bonheur à tous les quartiers que nous avons étudiés. Cette étude concerne particulièrement :
• Des quartiers populaires construits « en dur », mais peu de véritables bidonvilles (à l’exclusion de quelques groupes de maisons à l’intérieur du quartier de Solino, à Port-au-Prince) ; ce sont donc des habitations durables et destinées à être occupées pendant encore longtemps ;
• Des quartiers souvent mal lotis (sans voies carrossables), ou irréguliers (ne respectant aucun plan d’occupation des sols) ;
• Des quartiers périphériques (à Nouakchott), mais aussi des quartiers interstitiels, c’est-à-dire un habitat qui se développe dans les « trous » de la trame urbaine « normale » (dans les ravines, les zones marécageuses…).

Le monopole du service public de l’eau
Dans toutes les villes étudiées, le service de l’eau a été concédé par l’Etat à une entreprise qui se trouve en position de monopole (CAMEP, à Port-au-Prince, ONEA, au Burkina Faso, SDE au Sénégal, SONELEC, en Mauritanie). Toutes ces entreprises sont publiques, à l’exception de la SDE, issue d’un récent processus de privatisation. Elles disposent d’une autonomie relativement étroite, particulièrement en matière de tarification et de politique de raccordement des nouveaux quartiers. En contrepartie de cette forte dépendance, elles bénéficient de subventions plus ou moins explicites.

L’action de l’Etat, des Municipalités et des entreprises publiques

Des réseaux toujours construits à l’initiative de l’Etat

La construction des réseaux de distribution d’eau dans les grandes métropoles est toujours engagée par l’Etat, qui mobilise pour cela des financements internationaux. Il ne faudrait pas en déduire qu’il existe une véritable politique urbaine de l’Etat, dont l’approvisionnement en eau constituerait simplement l’un des éléments. En pratique, l’Etat se contente de manière plus pragmatique de répondre aux demandes les plus pressantes de la population, en équipant par priorité les quartiers dont la population dispose du pouvoir coutumier, politique ou financier le plus important. Les entreprises qui assurent la distribution de l’eau n’ont généralement pas les moyens financiers d’une politique autonome d’équipement. Elles dépendent très largement de l’Etat pour la conception et la construction de nouvelles infrastructures. Ces entreprises ne sont pas de véritables concessionnaires (même si ce terme est employé dans certains contrats). Il s’agit plutôt d’entreprises disposant d’une délégation de gestion, exploitant des équipements qui restent totalement propriété de l’Etat (parfois au travers d’une société de patrimoine, comme la SONES au Sénégal).

La régie directe par les Municipalités, un modèle en voie d’extinction

Durant les années 50 à 70, alors que de nombreuses villes africaines prenaient leur premier essor, les municipalités jouaient un rôle direct dans la distribution d’eau, en assurant elles-mêmes l’exploitation du réseau, la facturation aux abonnés…Par la suite, et confrontées à une situation de déficit chronique, la plupart des municipalités ont rétrocédé le service de l’eau à une entreprise publique nationale, tout en gardant dans la plupart des pays la gestion des bornes fontaines, par l’intermédiaire desquelles elles assuraient un service public minimal, non payant, à destination des couches populaires de la population. Leur équilibre financier reposait sur la perception de taxes municipales (patentes, taxes de marché, taxes foncières…).Depuis une dizaine d’années, les municipalités abandonnent l’exploitation directe des bornes-fontaines, car le faible niveau de leurs recettes fiscales ne leur permet plus d’assurer le financement du service « bornes-fontaines ». Elles laissent alors les entreprises concessionnaires fermer petit à petit les bornes-fontaines publiques.Dans la plupart des pays (comme le Mali, le Sénégal, la Mauritanie…), certaines bornes-fontaines ont été rouvertes et concédées à des gérants privés, qui font l’objet de la présente étude.
Les municipalités ne jouent actuellement pratiquement plus aucun rôle, même pas dans la définition des tarifs de vente ou dans la planification des équipements.

Le développement des réseaux n’a pas suivi la croissance urbaine

La croissance de la population des grandes métropoles du Tiers Monde a été extrêmement rapide depuis le seconde guerre mondiale (voir ci-contre l’exemple de Port-au-Prince, en Haïti). Les infrastructures de service public, comme les réseaux de distribution d’eau potable, sont loin d’avoir suivi le même rythme de croissance. En particulier, les quartiers populaires sont largement sous-équipés en matière d’infrastructures de service public, qu’il s’agisse de quartiers périphériques, comme à Nouakchott, ou de quartiers interstitiels, comme ceux qui se sont développés dans toutes les ravines qui traversent la ville de Port-au-Prince.

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