L’INALIENABILITE DE LA LIBERTE DE L’HOMME

L’INALIENABILITE DE LA LIBERTE DE L’HOMME

L’ ILLEGITIMITE DU POUVOIR ABSOLU

Il était important de considérer la conception lockéenne de l’état de nature et de l’état civil car, c’est de là qu’il est possible de comprendre l’origine du pouvoir politique et, par conséquent de la finalité qu’il doit s’assigner. Ainsi nous savons que du point de vue de John Locke, le pouvoir politique vient d’une commune volonté du peuple de vivre ensemble dans le but de préserver leur droit naturel dont quelques vices de l’état de nature avaient mis dans une situation précaire. Cependant, il faut admettre que le pouvoir politique et son exercice ne sont pas conçus de la même manière par les penseurs de la philosophie politique. D’ailleurs, de l’antiquité à nos jours, plusieurs régimes politiques se sont succédés. La nature de chacun d’eux était tributaire de la conception dont ses théoriciens se faisaient de la mesure la plus efficace pour un espace sociale libre et paisible.

Il faut alors dire que, quelle que soit la forme que puisse avoir un pouvoir politique, son but reste la paix et la tranquillité de son peuple. Ainsi toute théorie du pouvoir politique se fonde sur une anthropologie bien définie. Dans cette perspective, une conception négative de la nature de l’homme est à l’origine de l’instauration de l’absolutisme. C’est un régime de pouvoir absolu, un pouvoir politique total et illimité qui s’applique à la population dans une perspective de tranquilliser la vie sociale. Les tenants d’une telle opinion se justifient par l’idée selon laquelle l’homme est naturellement méchant. Laissé à lui seul, il est agressif et s’attaque souvent à ses prochains. On ne saurait évoquer cette conception pessimiste de la nature de l’homme sans parler de Thomas Hobbes. Cet auteur qui fait une profonde analyse de la condition naturelle de l’homme, montre que ce dernier est animé par un sentiment d’égoïsme qui le pousse à vouloir tout pour lui seul. Sous ce même angle, Terestchenko nous fournit une approche définitionnelle de l’homme aussi spectaculaire que négative. Pour lui, « la définition de l’homme comme individu conduit par ses passions et ses intérêts est liée à l’idée que l’homme qui se fait centre du tout et qui apporte tout à soi. L’individu est cet être égoïste qui, en raison de sa nature déchue, est en toute chose mû par l’amour propre ou l’amour de s’efforcent de se détruire ou de subjuguer l’un l’autre »45. Par rapport à cette situation de défiance, de méfiance et d’insécurité permanente, Hobbes préconise une forme d’association à travers laquelle chaque membre renonce exclusivement à son droit naturel. Et on met sur pied un corps politique qui détient un pouvoir absolu de contrainte sur tous les membres de la société. Car, de son point de vue, c’est de cette seule manière qu’il est possible de maintenir les hommes en paix, c’est-à-dire par la toute-puissance de l’autorité souveraine.

Cependant, il convient de faire ici une objection car, il semble que cette tradition, qui prône l’absolutisme du pouvoir, n’a pas pris en compte, dans l’institution du pouvoir absolu, la conception négative de la nature humaine qui lui a servi de point de départ. Elle donne l’impression d’ignorer que ce pouvoir absolu est exercé par un homme (monarchie) ou par quelques hommes (aristocratie) donc qui sont susceptibles eux aussi de faire prévaloir leur partialité inhérente à leur nature d’homme. Alors s’il en est ainsi, il faut dire que tout pouvoir absolu tombe inéluctablement dans l’arbitraire. Notre auteur en est convaincu. Rappelons-le, John Locke a vécu dans une Angleterre marquée par l’exercice absolutiste du pouvoir politique par la dynastie des Stuarts. De cette expérience vécue, Locke soutient que « celui qui s’imagine en effet que le pouvoir absolu purifie le sang de l’homme et élève la nature humaine, n’aurait qu’à lire l’histoire de notre époque ou de quelque autre pour se convaincre ces rois détenaient un pouvoir absolu dont l’exercice n’était rien d’autre que l’expression de la négation de la liberté de l’homme. Le peuple était dépossédé autant de sa liberté politique que de sa liberté de conscience. Car l’anglicanisme qui était élevé au rang de religion d’Etat était imposé à la population. Et cela était d’autant plus justifiable que le spirituel et le temporel étaient confondus. Autrement dit, l’Etat et l’église étaient ensembles. Ces souverains voulaient unir l’Etat et la religion dans la construction d’une monarchie. L’Angleterre sombre dans une guerre intestine. Les anticonformistes sont persécutés ou poussés à l’exil.

C’est vrai qu’il est arrivé dans l’histoire du monde qu’une autorité se retrouve à la tête d’un peuple par l’oppression et donc par la force. Cependant, du point de vue de Locke, cette autorité ne déteint aucune légitimité et n’est pas souverain pour ce peuple. Car dans tout Etat, il y a des lois instituées par l’organe de législation à partir desquelles on désigne ceux qui doivent être revêtus du pouvoir politique. « Quiconque entre dans l’exercice de quelque partie du pouvoir d’une société, par d’autres voies que celles que les lois prescrivent, ne peut prétendre être obéi, (…) puisqu’en ce cas, la personne qui gouverne n’a pas était désignée et nommée par les lois et par conséquent par les peuples. ni un tel usurpateur, ni aucun descendu de lui, ne saurait avoir une domination juste et légitime, jusqu’à ce que le peuple ait eu la liberté de donner son consentement et l’ait actuellement donné, en sorte qu’il ait approuvé et confirmé l’autorité et l’exercice du pouvoir d’un tel homme, dont, sans cela, le au plus un acte de prudence »50. Ainsi, Rousseau, tout comme Locke, ne légitiment pas un pouvoir acquis par la force. « La force ne fait pas le droit »51 a-t-il ajouté.

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